le topic des fringues et crampons
#1
Posté 23 février 2015 - 17:11
Je précise à wallis, Corsi, brockette et les autres qu'il n'est pas prévu de parler de louboutin sauf s'ils sortent une gamme à crampons
Sinon je commence par le matos que j'apprécie. (je joue 2e ou 3e latte en honneur depuis 7 ans maintenant, 15 ans de rugby au total)
Pour cette saison j'ai donc investi dans 2 nouvelles paires de crampons: une paire de Adidas flanker pour terrain humide. J'en suis plutôt satisfait car bonne accroche notamment en mêlée mais je les trouve un point lourde, sûrement en comparaison de ma seconde paire.
Ma seconde paire, certainement la meilleure chaussure que j'ai eu: under armour Speed Force FG Soccer Cleats. C'est une paire de moulée mais accroche très satisfaisante et surtout très légère et des véritables chaussons.
Voilà pour les dernières paires. Je rajoute les photos dès que je suis sur pc.
Maintenant à vous
#2
Posté 23 février 2015 - 17:21
d'où la précision, les Adidas sont en 18, je les ai acheté entre autres raisons pour le derby..."Je mets les pieds où je veux, Little John. Et c'est souvent dans la gueule."
#3
Posté 23 février 2015 - 17:37
J'ai des Stan Smith de 35 ans d'âge que je mets toujours pour aller aux asperges ....
#4
Posté 23 février 2015 - 17:37
Les classiques Adidas KAISER 5 en moulés et en vissés
pour FoOtiX
#5
Posté 23 février 2015 - 18:10
Voilà, tout est dans le titre, un topic pour échanger sur le matos que l'on peut utiliser pour ceux qui jouent encore un peu à la baballe.
Je précise à wallis, Corsi, brockette et les autres qu'il n'est pas prévu de parler de louboutin sauf s'ils sortent une gamme à crampons
Sinon je commence par le matos que j'apprécie. (je joue 2e ou 3e latte en honneur depuis 7 ans maintenant, 15 ans de rugby au total)
Pour cette saison j'ai donc investi dans 2 nouvelles paires de crampons: une paire de Adidas flanker pour terrain humide. J'en suis plutôt satisfait car bonne accroche notamment en mêlée mais je les trouve un point lourde, sûrement en comparaison de ma seconde paire.
Ma seconde paire, certainement la meilleure chaussure que j'ai eu: under armour Speed Force FG Soccer Cleats. C'est une paire de moulée mais accroche très satisfaisante et surtout très légère et des véritables chaussons.
Voilà pour les dernières paires. Je rajoute les photos dès que je suis sur pc.
Maintenant à vous
Je savais même pas qu'on pouvait/osait jouer au rugby en moulés.
Vous êtes nombreux dans ce cas ?
#6
Posté 23 février 2015 - 19:44
bah déjà 2 terrains dont un synthétique chez nous. Et pis perso je trouve un vrai confort en moulée sur terrain dur. Après c'est assez décevant sur le mec qui traîne sur le ballon.Je savais même pas qu'on pouvait/osait jouer au rugby en moulés.
Vous êtes nombreux dans ce cas ?
#7
Posté 23 février 2015 - 19:47
bah déjà 2 terrains dont un synthétique chez nous. Et pis perso je trouve un vrai confort en moulée sur terrain dur. Après c'est assez décevant sur le mec qui traîne sur le ballon.
Je m'en doutais, c'est plutôt pour le synthétique, qui n'existait pas à mon époque.
La notion de "confort sur terrain dur" n'existait pas non plus, on jouait quand même en vissés....
Mais qu'est ce que tu entends par "mec qui traîne sur le ballon" ?
#8
Posté 23 février 2015 - 19:57
C'est très agréable quand on est en 3e ligne aile de jouer en moulées, notamment pour lancer ses courses. La légèreté de la chaussure et les crampons moins haut handicap beaucoup moins.Je m'en doutais, c'est plutôt pour le synthétique, qui n'existait pas à mon époque.
La notion de "confort sur terrain dur" n'existait pas non plus, on jouait quand même en vissés....
Mais qu'est ce que tu entends par "mec qui traîne sur le ballon" ?
J'entends le armitage qui te pourrit ta sortie de balle, t'as beau lui refaire les côtes ça a peu d'effet, contrairement aux bon vieux 18.
#9
Posté 23 février 2015 - 21:44
Je m'en doutais, c'est plutôt pour le synthétique, qui n'existait pas à mon époque.
La notion de "confort sur terrain dur" n'existait pas non plus, on jouait quand même en vissés....
Mais qu'est ce que tu entends par "mec qui traîne sur le ballon" ?
De toute façon les moulés n'étaient pas compatibles avec notre rugby, t'imagines le pack de 77 en moulés, jamais ils font le grand chelem
C'est très agréable quand on est en 3e ligne aile de jouer en moulées, notamment pour lancer ses courses. La légèreté de la chaussure et les crampons moins haut handicap beaucoup moins.
J'entends le armitage qui te pourrit ta sortie de balle, t'as beau lui refaire les côtes ça a peu d'effet, contrairement aux bon vieux 18.
Il se demande juste qui est le gonze qui essaie de le faire marrer
#10
Posté 23 février 2015 - 21:56
De toute façon les moulés n'étaient pas compatibles avec notre rugby, t'imagines le pack de 77 en moulés, jamais ils font le grand chelem
Il se demande juste qui est le gonze qui essaie de le faire marrer
Ca, c'est certain que non, pas de grand chelem !!
#11
Posté 23 février 2015 - 22:48
De toute façon les moulés n'étaient pas compatibles avec notre rugby, t'imagines le pack de 77 en moulés, jamais ils font le grand chelem
Les gentils bandits du grand chelem 1977
Souvenirs. Des six grands chelems du rugby français, c’est incontestablement celui de 1977 qui a marqué le plus les esprits. Plus de vingt ans après, on parle encore de « la bande à Fouroux » comme on le disait de « la bande à Mias », témoignage d’une force affective considérable. On égrène, sans se tromper, les quinze noms qui ont fait l’histoire, sans prendre le moindre essai, sans changer un bouton de guêtre à la revue d’effectif, sans jamais se départir d’une âme guerrière, sans un cri, sans une plainte, inexorablement.
Plus de vingt ans après, le grand chelem n’a pas pris une ride, seulement quelques dizaines de kilos. Ses héros continuent de se fréquenter, de persister dans leurs différences, de se chamailler, mais ils sont toujours là, regroupés autour d’un pôle commun, bâti à coups d’épaules, de succès, de javas monstres et de fraternité.
Naissance de l’invincible armada
La scène se passe dans la salle de restaurant de l’hôtel briviste des Barbarians français, au soir du 22 novembre 1996, veille du premier match de la tournée des Springboks sud-africains. Déguisés en « Baa-baas », blazer bleu pervenche, chemise blanche, cravate club à rayures que l’on oublie pas, les « grands chelemards » de 1977 achèvent le repas fraternel, forcément arrosé de vin rouge de bonne qualité. Soudain le ton monte, sur fond de politique fédérale, entre Jacques Fouroux qui vient d’arriver, et Michel Palmié, plus officier de bouche de que jamais du président Lapasset. Au point culminant de l’accrochage, ils sont plusieurs à intimer l’ordre à leur petit capitaine et à leur grande momie de stopper les machines. Les machines s’arrêtent. Les portes s’ouvrent à nouveau. Les bouches se ferment. Les lèvres se plongent dans des verres de bière que Palmié sert à la louche. « Le Petit » et « La Palme » se coucheront à cinq heures du matin…
Cette scène résume, sans excès de sensibilité, l’histoire d’une équipe à nulle autre pareille, née plus de vingt ans auparavant. Si vous écoutez Bastiat, elle a vu le jour en 1974 en Argentine où Jacques Fouroux a commencé à mettre la main sur des âmes encore incertaines. A en croire Jean-Claude Skrela et Robert Paparemborde, elle s’est déclarée en 1975 en Afrique du Sud : « On a pris des branlées mais dans cette jungle, on a vu émerger de drôles de mecs », explique « Patou ». C’est là que Gérard Cholley, parti pilier droit, est revenu pilier gauche sur une idée du sélectionneur Michel Celaya. C’est là que Richard Astre s’est imposé sur le terrain en numéro 9 et Jacques Fouroux dans les coulisses : le Gersois de La Voulte était allé secouer les certitudes du directeur de tournée Marcel Batigne dans sa chambre où il tapait le carton avec Ferrasse et Basquet. Le petit homme avait tapé dans l’œil des gros pardessus, jetant ainsi les bases d’une omnipotence de quinze ans sur le rugby français.
Pour moi, l’aventure de 1977 a vraiment démarré au retour de ce voyage sud-africain, le 23 novembre 1975 à Bordeaux. Ce jour-là, les Roumains, pourtant équipés tout temps, ont pris un cinglant 36-12. Toute la partie, les joueurs d’Irimescu avaient entendu parler de la « fille à papa », sans rien comprendre. Il se trouve que, le matin du match, France Paparemborde était née et que ce malin de Toto Desclaux, l’entraîneur, avait décidé de tendre à mort l’arc de l’affectif.
Deux faits me remontent à la surface, qui annonçaient les conquêtes futures : dans ce vestiaire bordelais, « La Palme » me glisse à voix basse : « Des deuxièmes lignes meilleurs que moi, il y a en beaucoup en France, et même à Béziers. Mais je te pose la question : accepteraient-ils de se sacrifier comme je le fais ? » La réponse fuse trois heures plus tard au banquet où Irimescu vient se plaindre auprès de Fouroux que ses avants portaient sur leurs corps des marques du châtiment infligé. « C’est le soleil » répond le capitaine. « Non, Jacques, c’est pas le soleil » laisse tomber Irimescu en montrant un visage de Roumain tuméfié.
En terme de marketing, forcément cynique, on appelle cela se positionner. Une entreprise de démolition, en vérité, très florissante dans le Tournoi 1976 où le XV de France (avec encore Droitecourt, Dubertrand, Gourdon et Haget) lâche le grand chelem dans la dernière minute du match de Cardiff quand Skrela, toujours très altruiste, ne fait pas, sur l’aile de Gourdon, une feinte de passe devant J.P.R. Williams qui l’envoyait à dame.
Ce Galles-France est une référence, pas très reluisante d’ailleurs : jamais, en trente de reportages, je n’avais vu une équipe de France aussi remontée la veille d’une rencontre, à égalité avec Nantes 86 (victoire 16-3 sur les All Blacks) et Sydney 87 (demi-finale de la Coupe du monde). Rives et Skrela, pourtant calmes d’ordinaire, ne rêvaient que de faire monter au ciel J.P.R. Williams.
Juste avant de quitter les vestiaires, Cholley avait crevé le plafond d’un coup de poing rageur. D’entrée, Bastiat et Imbernon avaient marché sur le genou malade de Merwyn Davies. Ce n’était pas un accident… A un moment, J.P.R. Williams s’était fait attraper dans la ruche au centre du terrain. Il en ressortit en rugissant, griffé au visage et en slip. Le pilier Graham Price subit le même sort et… sortit. Autour de cette équipe, l’ambiance devient sulfureuse. Pourtant, c’est bien en 76 que s’est tramé le triomphe de 77.
Les rites des grands enfants
Comme des colosses aux pieds d’argile, les quinze français se nourrissaient de superstitions et, plus simplement, de rites savamment mis en scène.
Bien avant tout le monde, « la bande à Fouroux » avait inventé la montée anticipée à Paris. Tout démarrait à « L’Enclos de Ninon », un excellent restaurant du côté de Bastille tenu par des Ardéchois, amis de Jacques Fouroux. Le maître de cérémonie était Jean-Pierre Bastiat; c’est lui qui commandait le champagne, du Laurent-Perrier Cuvée Grand Siècle, parfaitement frappé. Il y avait toujours là des convives fortunés qui remettaient leur tournée. Ça tombait comme à Gravelotte, tant et si bien qu’avant de passer à table, nos « grands chelemards » étaient « ronds comme des queues de pelle ».
Ce qu’ils ingurgitaient étaient impressionnant. A la fin de ce match très spécial, les lascars filaient à la Cité d’Antin (siège de la Fédération). Ces retrouvailles étaient « top-secret ».
Jamais à l’époque, les dirigeants de la Fédération n’ont su que les matchs se préparaient à la fourchette. Pourtant, le mercredi soir à Rueil, personne ne touchait aux incontournables grosses soles. En racontant ces histoires, « Patou » s’esclaffe : « Toto Desclaux (l’entraîneur-chef) était aux anges. Il disait au toubib Didou Pène : « C’est bien, ils sont déjà dans le match ». On était tout simplement repus… »
Les repas suivants étaient toujours le prétexte à boire des canons. « Il fallait se cacher » avoue le Montferrandais Jean-Pierre Romeu. On revoit encore cette salle à manger à l’ancienne au premier étage du club-house de Rueil qui jouxtait un chouette terrain d’entraînement. Au rez-de-chaussée, un petit hall rond et un bar, où les journalistes et supporteurs patientaient.
Le fort du rite était concentré sur le samedi quand le match se jouait au Parc des Princes. Dès le matin, les gros se pointaient au petit déjeuner avant Toto Desclaux pour engloutir du solide, arrosé de vin rouge. Bastiat : «Et Toto ne le savait toujours pas… »
Carrefour immuable, la réunion de 11 heures pour les avants dans la chambre de Fouroux. « C’est vrai, c’était un rite, explique Skrela, et il s’est perpétué. Aujourd’hui ça se passe vers midi et demie ».
En ce temps-là, le match commençait à se jouer à la remise des maillots. C’est encore ce groupe qui a institué ce que tout le monde pratique désormais. Bastiat raconte encore : « Toto, c’était un maquignon.
Dans cette salle où les maillots étaient installés, il nous parlait de nos villages, des clochers, des grand-mères qui allaient nous filer des coups de cannes si on perdait. Il a été dit qu’il nous disait des choses horribles : faux. Il savait à qui il parlait.
A moi, il me disait qu’il ne pouvait rien me dire « parce que j’étais de Dax et que je n’en ferai qu’à ma tête. » Ses cibles, c’étaient Cholley, Imbernon et Palmié.
Le plus drôle, c’était « Chocho », il le faisait grimper aux murs et s’il savait essayé de retenir le maillot qu’il avait dans les mains, Gérard lui aurait arraché le bras… »
Deuxième temps fort du samedi : le voyage en bus. Chacun avait sa place. Cholley était au premier rang. Paparemborde au deuxième. « Et tu n’avais pas intérêt à leur piquer leur place », se souvient Romeu. Au fond du car, Fouroux avait l’habitude de tenir Bastiat par une jambe, Rives et Skrela étaient au troisième rang, à gauche.
A l’époque, les gars avaient exprimé des sentiments extrêmement forts durant le voyage Rueil-Le Parc, ouvert toutes sirènes hurlantes par des motards de la police qui prenaient des risques à vous en donner le frisson. Départ à 13h20, arrivée 13h40, ça vous dit, un samedi ? De l’intérieur du bus, le spectacle était extraordinaire.
Cholley : « J’avais l’impression, quand la route s’ouvrait devant nous, que je m’enfonçais avec le ballon dans la défense des autres ». Aguirre : « Ces motards qui dégageaient le terrain, me donnaient une sensation de puissance incomparable ».
Le rugby à quinze
Puis, les vestiaires. Là encore, chacun à sa place et interdit de prendre celle de l’autre. Les préparatifs : « Patou » a joué les quatre matchs avec le même maillot de bain, Skrela, chaussettes au poignet comme des gants, se massait à l’Algipan. L’échauffement ? Ah, l’échauffement dans une petite salle jouxtant le couloir menant au parking intérieur ! « Patou » explique : « C’était un spectacle inouï. Les gros étaient fous. « La Palme » et Imbernon se rentraient dedans, certains grimpaient en haut des murs, Jacques les excitait.
On faisait des mêlées terribles. Paco et moi, qui étions du genre calme, on se laissait prendre au jeu. Et le te garantis qu’on était prêts… » Commentaires avisés de Romeu : « Ça faisait peur ! » Réflexion de Skrela : « Ces monstres qui faisaient deux ou trois foulées sur les murs, c’était énorme, tu m’entends, énorme ! » Et lui, qu’est-ce qu’il faisait ? « Avec Jean-Pierres (Rives), on ne faisait pas certaines choses… »
Entrée sur le terrain, hymnes, derniers instants avant la délivrance.
Une nouvelle fois pionniers, les hommes de 77 se plaçaient en rond. Une trouvaille de Jacques Fouroux inaugurée en Écosse en 1976, à la fois pour protéger son groupe des atteintes de l’extérieur et pour les aiguillonner une dernière fois avant le combat. «Le Petit nous balançait des coups de poing. Il nous gueulait que parents, femmes et enfants nous regardaient. Et il fallait chanter « La Marseillaise ». Si tu ne le la savais pas, fallait faire semblant.
Sinon, Cholley… », se souvient Bastiat, non sans émotion.
Cette aventure restera dans l’histoire parce que le grand chelem n’appartient qu’à quinze bonshommes.
Exceptionnel destin suspendu à la force du groupe qui s’était replié sur lui-même, refusant la critique. Pire : nourrissant sa propre motivation des jugements de l’extérieur. « Pour la première fois depuis Lucien Mias, dit Jean-Michel Aguirre, un capitaine avait imposé ses choix et le grand mérite de Jacques Fouroux est d’avoir su transformer une sélection nationale en véritable équipe de club. »
Il est vrai qu’il était le plus exposé, à la fois soumis à la concurrence de Richard Astre (qui l’avait supplanté en 1975, et avec lequel il avait dû accepter l’alternance les deux années précédentes) et à l’hostilité du public. Commentaire de Jean-Michel Aguirre : « Jacques a servi le grand chelem et le grand chelem a servi Jacques ». Jugement différent de Romeu : « Desclaux avait choisi ses hommes et les joueurs avaient choisi Jacques. »
Quels étaient les autres joueurs menacés ? Jean-Pierre Romeu avoue qu’en 76, il était également sur la sellette et que c’est le groupe qui l’a maintenu en survie.
Paparemborde soutient que la source de motivation de partir et d’arriver à quinze hommes, avait fonctionné dès le premier match : « C’est Dominique Harize que l’on a protégé le plus, mais sans trop de mal, parce qu’à mon sens les sélectionneurs d’Élie Pebeyre faisaient corps avec nous. » Cette volonté exacerbée de rester « en famille » a donné lieu à un épisode tragi-comique lors de France-Écosse.
Récit de Jean-Pierre Romeu, qui était aux avant-postes : « Une cravate d’un Écossais fracture le nez de Jacques Fouroux. Il pisse le sang. Le docteur Pène lui met des mèches, mais ça pisse toujours autant. Alors, le toubib lui dit : « Mon petit Jacques, tu vas sortir… » D’après moi, il était prêt à quitter le terrain quand, en se retournant, il a aperçu Richard Astre en train de se préparer. Mon pauvre, ça lui a donné un coup de fouet, et il a fini le match avec le pif bourré de coton ! »
Aujourd’hui, la légende aurait tourné court. D’une part, on est obligé de sortir au moindre saignement. De l’autre, le coaching assure à l’affaire de 1977 une immunité historique.
Pas une seule fois sous les poteaux
L’autre exploit unique des grands chelemards de 1977 est de n’avoir encaissé aucun essai en quatre matchs. Il est vrai que cette équipe était dotée d’impressionnants moyens en défense.
En première ligne : …la troisième, composée de Rives et Skrela, il est vrai libérés de certaines contraintes par le sacrifice du « cinq de devant ». Deux poisons, deux ombres. Un de leurs adversaires expliqua qu’il ne les voyait jamais mais qu’il les devinait, tapis dans l’ombre, prêts à bondir dur la proie.
Le regard que le grand Gareth Edwards posa sur Skrela quand il entra en 1975 à la place de Saïsset blessé, en disait long aussi sur les affres du gibier traqué par une fine gâchette.
« Normalement, je défendais premier (en pointe) mais on sentait toujours où étaient les autres par rapport à nous et on partageait tout ce qui se présentait, raconte Skrela en ajoutant : là encore, ce n’était pas une affaire de physique ou de technique, mais d’état d’esprit. C’est à Twickenham qu’on a souffert le plus. On aurait pu prendre deux essais. Oui, mais on ne les a pas pris. Parce qu’on lâchait jamais rien ! »
Quant à Rives, les bras lui tenaient lieu de tenailles. Demandez-en des nouvelles à l’Anglais Ripley… Mais les deux Toulousains n’étaient pas les seuls : Paco chassait bien lui aussi, et Fouroux encore plus. Sans parler de Bertranne et d’Aguirre, qui imposait sa masse physique dans les combats aériens.
Qui pourra imiter cet exploit d’invincibilité absolue ? Quand on apprendra que les seuls à s’être approchés de la perfection étaient les Anglais grands chelemards de 1957 (seul Darrouy leur planta un essai), « la bande à Fouroux » peut renouveler son stock de cartes de visites avec états de services…
Quelques choses inavouables…
Ils vous l’avouent tous aujourd’hui, nos belluaires, ils ne craignaient rien ni personne. Et pour cause… La plus belle définition de la supériorité française est cette réflexion de l’Irlandais Hugo McNeill, écoutant chanter Jessie Norman pour le Bi-Centenaire de la Révolution Française : « C’est la plus belle « Marseillaise » que je n’aie jamais écoutée, parce que je savais que, derrière, je n’allais pas me prendre Palmié et Imbernon… »
On l’a signalé plus haut, c’est en 1976 à Cardiff que ce pack avait fait savoir au monde entier qu’il ne tendrait pas la joue gauche s’il prenait un coup sur la droite. Outre la masse considérable qui faisait penser à une troupe d’éléphants, il y avait là-dedans des joueurs qui avaient adopté, une bonne fois pour toute, la loi de la jungle. « Chacun avait sa spécialité : fourchettes dans les yeux, coups de griffes, tirage de testicules, etc… » confie Paparemborde. Quand on s’aventura à évoquer ces problèmes-là avec Michel Palmié, la réponse fusa : « Je ne sais pas de quoi tu me parles…
» Dites à un avant de 77 qu’Imbernon pouvait être l’ophtalmo qui transformait ses mains en fourchettes, un Paparemborde vous répond : « Impossible, il a un doigt coupé !
Le meilleur vecteur de communication avait été J.P.R. Williams, qui n’était pas revenu indemne d’une collision avec le pack français en 76. L’année suivante à Paris, ça sentait encore mauvais sur la piste des éléphants. Palmié était rentré sans crier gare dans des regroupements comme dans un service de porcelaine. Remarquez, il avait mis quatre fois le genou à terre. Revoyant les images où le soigneur l’aspergeait pour qu’il reprenne connaissance, il dira : « Je me souviens, je croyais qu’il pleuvait… » Plus de vingt ans après, toujours la loi du silence…
C’est dans une atmosphère de « muerte » que le XV de France s’en alla lever son deuxième pli du grand chelem à Twickenham. Jamais le « Temple » n’avait été aussi sordide. La presse allait lancer un cri : « La horde sauvage débarque ! »
Ce fut viril mais correct. Dans un exercice inconnu pour elle (diantre, allez demander, vous, à Cholley, Palmié et Imbernon de jouer les mains dans les poches !), cette équipe allait administrer la preuve de sa grande maturité, courbant l’échine sous l’insulte et ne pliant pas sous la pression.
Le match contre l’Écosse débuta par un coup de poing de Cholley sur Donald McDonald. Au banquet, le président Albert Ferrasse flingua publiquement le Castrais. On parla de Vaquerin pour le remplacer, mais la « famille » éleva la voix, et les juges se retirèrent.
Dans la dernière levée de Lansdowne Road, on ne dira rien car il ne se passa rien en surface, sinon qu’avant le match, sachant qu’il n’y a pas d’hymnes à Dublin, Toto Desclaux avait envoyé le grand air de Nabucco sur un magnétoscope grésillant. Par contre, dans la fournaise, il paraît que ce fut épique. Sachez simplement que le XV de France ne prit le large qu’après que Willy Duggan, fier combattant agrégé ès-hors-jeu, se soit « enlevé », saoulé de « ressemelage ». A quoi tient un grand chelem ?
Plus de vingt ans après, qu’est-ce qu’ils en pensent ? Palmié n’y va pas par quatre chemins : « On était des tueurs, mais seulement dans le sens où, pour survivre, il faut tuer l’autre.
Chaque fois, c’était l’Opération Kolwezi, la guerre sainte. C’est peut-être con, mais c’est la vie. » Paparemborde : « En Irlande, je me fais allumer d’entrée sur l’arcade. Derrière moi, j’entends quelqu’un qui gueule : « Et maintenant, il faut qu’il en tombe un en face. » Ce qui a été fait, et on s’est remis à jouer…
C’est vrai qu’on a un peu trop forcé le trait, mais on était pas les seuls; je sais de quoi je parle. Quand les gros sont partis, je suis resté avec Jean-Pierre Rives; en 1980, les Anglais m’ont laminé et les Irlandais sont devenus fous furieux… » Bastiat : « Oui, on a été cons. On l’a été parce que beaucoup de choses étaient préméditées. Je préférais jouer derrière eux que devant… »
Comme pour les 15 et les essais, ces faits-là ne sont plus de mise aujourd’hui. La vidéo balaye et les juges de ligne (« les collabos », comme les a surnommés un joueur de l’époque) surveillent. Pourtant, les Britanniques s’étaient aperçus de certains actes inavouables. En 1978, le président Ferrasse sacrifiait Palmié sur l’autel de l’entrée de la France à l’International Rugby Board.
Ce jeu était-il haïssable ?
A l’époque, le fossé s’est creusé entre cette équipe et la presse. On lui reprochait d’adopter un jeu en retrait par rapport à la supériorité de ses avants. Même à l’intérieur du groupe, certaines voix grondaient… en silence.
Mais écoutons l’ouvreur Romeu raconter sa semaine internationale avec Toto Desclaux : « Le lundi, il m’appelait au téléphone : « Jean-Pierre, on ne joue pas assez. Alors, cette fois, on ouvre grand. » Le mercredi, il me disait : « Bon, on est d’accord, on balance, mais attention, hé, pas dans nos 22 mètres ! » Le jeudi, c’était à partir des 40 mètres, et le vendredi, on en était aux 50. Le samedi matin, coup de fil dans ma chambre : « Passe chez moi ! ». Je le revois encore, les bras baissés en forme de croix : « Oublie tout ce que je t’ai dit et ferme tout ! »
A l’époque, personne ne bronchait. Le savaient-ils ? A l’heure actuelle, c’est un sujet de plaisanterie, d’autant que la plupart des joueurs admettent maintenant la remise en cause. Mais aucun ne regrette formellement.
Fouroux au cœur du débat
Jacques Fouroux fut le personnage central du grand chelem. Le chef, le capitaine, l’animateur, le bateleur, le bretteur, le ferrailleur. Un poids fantastique sur cette équipe et certains de ses éléments, moins sur d’autres.
En fait, c’est la personnalité de Fouroux qui était au cœur du débat. Sa rivalité avec Astre, tranchée sur l’affectif, sa passe à la Cambérabero, son goût pour les choses de devant qu’il partageait avec Ferrasse, Basquet, Desclaux mais aussi avec Cholley, Palmié et Imbernon, sa rigueur, l’inextinguible propension à ferrailler avec tout le monde, son aura de leader lui ont donné à jamais l’estampille « grand chelem 1977 », un vrai titre nobiliaire.
Sur Fouroux, tout est dit par Michel Palmié : « Je ne peux pas le suivre pour tout, mais il a joué avec nous et on a joué avec lui. Alors, on va défendre les quatre cheveux qui lui reste sur le caillou. Et surtout qu’on ne les lui touche pas ! »
Au cœur de l’hiver 1977, Jean-Claude Skrela m’avait prévenu : « Cette équipe n’évolue pas assez vite. Si ça continue, elle va se casser la gueule en juin en Argentine… » Jugement prémonitoire : victoire et nul à Buenos Aires, un test à un contre les All Blacks et, le 10 décembre, la défaite face à la Roumanie à Clermont-Ferrand. Fouroux jette l’éponge.
Au banquet, Ferrasse lui déclare : « Tu es un homme petit mais un grand monsieur! » Fouroux parti, Bastiat prend le manche et rate de peu un nouveau grand chelem en 1978 à Cardiff. Mais Ferrasse et Basquet promettent un nouveau destin national à Jacques Fouroux : le 9 août 1979 à Sarlat, les quinze du grand chelem fondent les Barbarians français. Cette histoire de « Baa-baas » a été une bénédiction pour les hommes de 1977. Ils avaient déjà une fantastique trajectoire sportive et humaine, elle leur a donné une autre image, un logo, un costume bleu, des chemises, une cravate rayée, un siège chez Castel (discothèque des vedettes), un mécène et surtout, la complicité de tous ceux que l’on aura voulu qu’ils le soient aussi, les Maso, Boniface, Blanco, etc…
Dans la mouvance du peuple de rugby, s’élevant une fois de plus contre cet éternel incompris qu’est Jacques Fouroux, le groupe de 77 implose au moment de la crise fédérale de 1990-1991. Face aux grognards du « Petit », les Cholley, Bastiat, Romeu, Bertranne et Averous, s’est dressé Robert Paparemborde dans le sillage duquel figurent les Paco, Palmié, Rives, Sangalli et Harize. Quant à Skrela et Aguirre, ils sont plutôt du côté de Fabre. Le seul non-recensé est Imbernon.
Mais, en 1997, vingt ans après, au Grand Hôtel de l’Opéra, fut reconstitué un des banquets d’antan, les leurs quand ils semaient la terreur sur tous les terrains. Il n’en manquera pas un…
L’équipe : Jean-Michel Aguirre – Dominique Harize, Roland Bertranne, François Sangalli, Jean-Luc Averous – (o) Jean-Pierre Romeu, (m) Jacques Fouroux – Jean-Claude Skrela, Jean-Pierre Bastiat, Jean-Pierre Rives – Michel Palmié, Jean-François Imbernon – Robert Paparemborde, Alain Paco, Gérard Cholley.
#12
Posté 24 février 2015 - 06:18
25 messages aux oubliettes, on y voit plus clair.
Veuillez ne pas pourrir le sujet SVP, si cela est occasionnellement amusant, il s'agit d'un sujet rugby ce qui est la raison d'être de ce forum.
Merci.
#13
Posté 24 février 2015 - 08:45
Les gentils bandits du grand chelem 1977
L’équipe : Jean-Michel Aguirre – Dominique Harize, Roland Bertranne, François Sangalli, Jean-Luc Averous – (o) Jean-Pierre Romeu, (m) Jacques Fouroux – Jean-Claude Skrela, Jean-Pierre Bastiat, Jean-Pierre Rives – Michel Palmié, Jean-François Imbernon – Robert Paparemborde, Alain Paco, Gérard Cholley.
Une belle leçon d'histoire pour ceux qui n'ont pas eu la chance de connaitre cette glorieuse époque du rugby français, on passait pour des tueurs mais pas pour des guignoles à cette époque.
#14
Posté 24 février 2015 - 11:39
ça fait longtemps mais j'ai toujours un brin de nostalgie quand je pense à mes Adidas World Cup pour l'essentiel de la saison vissées en 18...et à mes Copa Mundial pour les rencontres sur terrain sec ou billard de début ou fin de saisons...
ça c'était de la pompe, qui fleurait bon le cuir!!! La classe international même
#15
Posté 24 février 2015 - 11:44
Moi je n'ai pas de chaussure de sport sinon de vielles baskets que j'ai depuis 15 ans...je suis une grosse larve dans mon canapé.
Edit si mon fils de 9 ans arrive à me faire rejouer au basket dans le jardin.