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[luern]

10.09.2007
«Et un toast pour la Namibie!»

«L’essentiel, c’est qu’on ne passe pas pour des gamins. » Malkhaz a beau être Géorgien, et le Géorgien n’est pas trop porté vers le manque de confiance en soi, il reste conscient des qualités réelles du pack caucasien. Le poignet souple, il manie la bouteille de bière aussi finement que l’analyse technico-tactique et au vu de l’Irlande-Namibie qui se déroule sous nos yeux, l’objectif est clair. Pour les quinze gros bébés descendus des montagnes géorgiennes sur les pelouses françaises, qu’ils connaissent bien puisque presque tous jouent dans le championnat tricolore, l’essentiel c’est de battre la Namibie et surtout d’éviter la fessée anglaise de 2003, l’infamant 84-6 resté dans les mémoires. Guivi, chanteur d’opéra et ancien joueur de rugby comme Malkhaz, se laisse aller à des calculs improbables, « on joue l’Irlande avant leurs matches contre la France et l’Argentine, ils mettront peut-être une équipe B…».

Mais tous savent à quoi s’attendre et contre l’adversité d’un groupe un peu trop relevé, on préfère s’attacher aux fondamentaux : à savoir la troisième mi-temps lors de laquelle les Géorgiens peuvent en remontrer à pas mal de rigolos de l’hémisphère sud. Entre deux gorgées de bière, on enchaîne les toasts à la vodka. Les premiers sont pour la jeune génération, présente ce soir avec Irakli et Guio, qui jouent tous les deux en première division géorgienne et rêvent de suivre leurs aînés en France. L’occasion de verser une larme sur l’état du rugby géorgien qui s’exporte très bien (plus de 80 joueurs dans le championnat français, de Fédérale 3 au Top 14) mais totalement moribond ici, avec légèrement plus de 2.000 adhérents et surtout peu d’argent… Puis le toast bien sûr à la Namibie, «parce que c’est pas le foot ici, on respecte l’adversaire, et de toute façon à la fin c’est le plus fort qui gagne». Sacré Guivi. Le décor change, mais le rugbyman est le même…



Emmanuel Guillemain d'Echon,
depuis Tbilissi