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A deux vitesses
Le Canada affrontera la France quatre jours après avoir battu les Tonga. Les Français, eux, auront eu six jours de repos. La Coupe du monde semble à deux vitesses.
Le calendrier est décidément le pire ennemi des rugbymen. Et la Coupe du monde ne fait pas exception. Les premiers matches de poule ont clairement mis en lumière une organisation à deux vitesses où le petites nations doivent enchaîner les matches à un rythme effréné quand les grandes nations peuvent se reposer et préparer sereinement leurs échéances. Une situation mise en exergue par Kieran Crowley, l'entraîneur du Canada: « Ça me fait rire que les équipes de niveau 2 aient quatre jours pour récupérer et celles du niveau 1 sept jours .» Ainsi, ses Canucks rencontreront la France dimanche (10h30, HF) quatre jours après avoir battu les Tonga (25-20). Des Français qui n'ont plus joué depuis samedi dernier et une victoire sur le Japon (47-21).
Se pose alors la différence de traitement entre les équipes de niveau 1 (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Australie, France, Angleterre, Irlande, Ecosse, Italie, Pays de Galles et Argentine), celles de niveau 2 (Canada, USA, Fidji, Japon, Roumanie, Samoa et Tonga) et celles de niveau 3 (Géorgie, Namibie et Russie). Dans ces conditions, il est bien difficile de se retrouver face à des surprises dans les premiers tours, même si les grosses nations ne sont pas particulièrement à la fête durant cette édition. « C'est bien d'avoir des équipes de niveau 2 qui rivalisent avec les meilleurs, mais pour avoir de la constance, il faut mettre les équipes sur un pied d'égalité », avance l'entraîneur roumain Romeo Gontineac.
Le problème de l'IRB face à cette situation est qu'elle n' pas vraiment les mains libres. Interrogé sur le sujet, Mike Jaspers, le porte-parole du tournoi, explique: « C'est une compétition avec un intérêt mondial. On a pris en considération différents facteurs : l'intérêt des supporters, les considérations commerciales et de retransmission ainsi que la santé des joueurs .» Les considérations commerciales et de retransmissions. Voilà le nerf de la guerre. Les revenus des droits TV étant réinvestis par l'IRB dans le développement des petites nations, il est indispensable que les grandes nations soient programmées le week-end pour assurer les meilleures audiences. Et le décalage horaire avec l'Europe crée même un embouteillage pour les rencontres en nocturne.
Mais certaines grandes nations se retrouvent parfois avec un calendrier démentiel, comme l'Ecosse qui a disputé ses deux premiers matches en quatre jours. « Jouer tous les quatre jours, les équipes peuvent le faire, mais c'est beaucoup de pression. Si vous avez un bon réservoir de joueurs comme les nations du haut du panier, ça va. Sinon, c'est très difficile. ». Le commercial contre le sportif, on en revient toujours au même problème. Un problème accentué par la récupération accrue nécessaire entre deux matches de rugby. En conséquence, on voit mal comment les Canadiens pourraient réitérer face à la France la performance qu'ils ont livrée face aux Tonga.
Bertrand LAGACHERIE, avec AFP
J'avais remarqué ce fait avant le Mondial. C'est tout simplement scandaleux, d'autant qu'avec le relèvement du niveau de pas mal de petites équipes, certaines auraient peut-être une carte à jouer si elles étaient traitées à égalité. N'oublions pas que derrière les 2 premiers, le combat pour la 3ème place est déterminant puisqu'il qualifie d'office pour la Coupe du monde suivante!
Il serait peut-être temps que l'IRB revoit les choses, sinon quel est l'intérêt d'avoir un mondial à 20 équipes? Autant la réduire à 12 comme l'avait proposé les Anglais pour 2007.