Jacky Lorenzetti, président du Racing 92 : « Notre défense est une passoire » ( et mon cul un entonnoir !!! NDLR)
Conscient des failles défensives de son équipe, huitième de Top 14, le président du Racing 92, Jacky Lorenzetti, appelle à une prise de conscience, mais reste optimiste pour la fin de saison.
Assis dimanche à l'Arena au côté de son homologue toulousain Didier Lacroix, Jacky Lorenzetti a passé une soirée oppressante à observer le yo-yo infernal de son équipe, capable de marquer 5 essais et de perdre 35-39. « Avec Didier, on ne tenait pas en place sur nos sièges. Il était en nage, moi aussi. » Même si Lorenzetti doit passer la main en fin de saison à son entraîneur, Laurent Travers, et si ses récents problèmes de santé doivent l'inciter à prendre du recul, il s'invite encore dans le vestiaire pour rappeler ses joueurs à leurs devoirs. Pour lui, il n'est pas envisageable de penser déjà à la saison prochaine.
« Comment avez-vous vécu ce match dingue contre Toulouse et cette nouvelle défaite ?
Il paraît que les spectateurs et téléspectateurs étaient ravis et enthousiasmés par le spectacle. Tant mieux, remarquez. Mais moi, désolé, je ne peux pas. J'ai vécu le match dans le stress. Pour moi, un beau match est d'abord un match qu'on gagne. Donc, je n'utiliserai pas ce qualificatif. On a pris 38 points à Pau, 45 à Lyon et maintenant 39 chez nous. Notre défense est une vraie passoire, on ne peut pas le nier.
Le Racing possède la meilleure attaque du Top 14 et la pire défense. Ce doit être un cas
de figure rarissime...
Tout est dit dans ces chiffres. On prend des dégelées comme jamais. Mais ça ne sert à rien de montrer du doigt Untel ou Untel. On est une équipe qui crée beaucoup de jeu, mais si on se fait encore transpercer comme dimanche, ça ne va pas s'arranger. Ce problème défensif existe, mais ça ne sert à rien de traumatiser les joueurs avec ça. Il faut garder le moral, tout reste à écrire. Ce qui est réconfortant, c'est qu'on a été solides devant contre le Stade Toulousain, qu'on a retrouvé une mêlée. Il reste six matches, on est 8es, à 3 points du 6e (Bayonne) et on va recevoir le 5e, le 6e et le 7e (UBB, Bayonne puis Toulon).
« Aujourd'hui, il faut s'imaginer qu'on est des nuls »
Malgré cette dynamique négative, vous croyez toujours à la qualification ?
Bien sûr. Mais, aujourd'hui, il faut s'imaginer qu'on est des nuls. Et ne pas commencer à se dire que le Racing s'est toujours qualifié depuis qu'il est remonté ou que le Racing a tel ou tel joueur. Priorité à l'humilité.
Ne pensez-vous pas que le changement de staff annoncé tôt dans la saison a pu peser sur le groupe ?
C'est sûrement le cas. Mais on a agi ainsi pour évacuer ce sujet le plus tôt possible. Le problème, c'est que Laurent Travers doit aujourd'hui assumer le passé, le présent et l'avenir. Ça fait beaucoup. La semaine dernière, il a reçu en entretien individuel tous les joueurs et beaucoup lui ont parlé de la saison prochaine. Ça me rend fou. La semaine prochaine, nous recevons Stuart Lancaster (futur manager du club). Une partie du staff sera là, celle qui va rester avec lui. Une autre non. Les messages sont délicats à faire passer mais c'est la vie d'un club. Ce qui me chagrine, c'est que Laurent, vu tout ce qu'il a donné au club, mérite une belle sortie avant de devenir président du directoire.
Le Racing éliminé dès la phase de poules de Coupe des champions et non qualifié pour la phase finale du Top 14, ce serait un coup d'arrêt terrible ?
Un coup d'arrêt, oui. Ça ferait mal, mais je me refuse de parler de ça maintenant. En tout cas, ce ne serait pas une catastrophe parce que nous sommes là pour construire sur du long terme et qu'une des lois immuables du sport, c'est que rien n'est jamais donné d'avance à personne.
C'en est fini du Lorenzetti qui éructe dans le vestiaire après une défaite gênante ?
Je n'avais pas l'intention d'aller y pousser une gueulante dimanche. Mais quand j'ai vu qu'une partie des joueurs n'allaient pas saluer le public, ça m'a horripilé. Je suis allé les chercher. Avant de venir au stade, j'avais regardé la Formule 1 et sur le podium, on a vu le deuxième et le troisième s'arroser de champagne avec le vainqueur. Ça fait partie de leur métier. Mais je vous le répète, le moral est bon. Et ce week-end, nos Gaudermen (moins de 15 ans), nos Alamercery (moins de 16 ans) et nos Crabos (moins de 18 ans) ont tous gagné. Et nos Espoirs sont allés s'imposer au Stade Toulousain. »