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CA Brive Corrèze


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454 réponses à ce sujet

#346 el landeno

el landeno

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Posté 25 janvier 2023 - 06:48

Depuis son départ de Toulon en octobre 2021, Patrice Collazo (48 ans) s'était fait discret. Il raconte pourquoi et comment, au terme de quatorze mois, il a souhaité s'engager avec le CA Brive.

Dehors, un crachin insistant arrose la Corrèze. Sous les gradins du stade Amédée-Domenech, au coeur de la salle de vie des joueurs, Patrice Collazo, 48 ans, se raconte. Son divorce brutal avec Toulon (2018- oct. 2021), ses quatorze mois loin du terrain. Ce qui aurait pu être une traversée du désert est devenu une balade lumineuse. « J'ai toujours détesté être prévisible », se marre l'ancien pilier, devenu le nouveau manager du CA Brive (13e du Top 14) fin décembre.

 
 
 

« En rentrant chez vous, le lundi 25 octobre 2021, après avoir mis fin à votre aventure avec le RC Toulon, ressentiez-vous beaucoup de colère et de frustration ?
Non, j'ai ressenti du soulagement. Avec Bernard Lemaître (le président du RCT), on a toujours eu une relation franche, vraie. Après le match de La Rochelle (défaite 39-6, la veille), on a fait un constat réciproque : il fallait un électrochoc. J'en étais arrivé à une situation que je n'avais pas su contrecarrer. Point barre. L'institution devait perdurer, avancer.

Vous ne vous êtes jamais exprimé depuis...
La situation était compliquée. Balancer des grenades, je sais faire. Je n'en ai pas eu envie. Par respect pour Bernard, pour le club, pour 95 % des joueurs, et pour ceux qui ont repris derrière. Les gars qui n'ont pas été honnêtes avec le club, je leur ai dit en face. Quand le RCT est venu jouer à Brive (26-17, le 7 janvier), la plupart des joueurs ont traversé le terrain pour venir me saluer. Si j'avais été un connard, ils ne l'auraient pas fait. À Toulon, j'ai aidé un tas de gars à éclore. Deux-trois joueurs ont fait mine de ne pas me voir, ils ont baissé le regard. Aujourd'hui, je suis passé à autre chose. J'ai analysé mes erreurs, perdu trop d'énergie dans certains combats. Si c'était à refaire, je ferais différemment. Sauf sur un truc : l'intérêt perso du joueur ne passe pas avant celui de l'institution.

« Mes proches me connaissaient hyperactif, excessif. J'ai fait la place à un nouveau Patrice. Grâce à une succession de rencontres extraordinaires »

Patrice Collazo

 
 
 
 
 

Est-ce vertigineux de se retrouver seul avec soi-même ?
Prendre du temps pour soi plutôt que pour cinquante gars, au début, tu trouves ça presque anormal. Cette liberté n'est pas dans les gènes de l'entraîneur. C'est un tort. J'ai continué à me lever tôt, actif dès 6 h 30. Mais j'ai eu besoin de recul. Ma famille a été impactée. Par des menaces, des messages d'insultes de mecs cachés sous un pseudo sur les réseaux sociaux. Aucun n'a jamais traversé la rue pour me dire : "C'est moi qui ai écrit ça." Ça m'a fait du bien de couper avec le rugby pendant trois mois.

« Ça m'a conforté dans l'envie de vivre le job différemment. De façon moins conflictuelle. Et, bizarrement, plein de choses positives me sont arrivées »

Patrice Collazo

 
 
 

Avez-vous trouvé un nouveau "moi" en vous ?
C'est ça (il se marre). Un nouveau venu que tout le monde appréhendait. Mes proches me connaissaient hyperactif, excessif. J'ai fait la place à un nouveau Patrice. Grâce à une succession de rencontres extraordinaires. J'ai été invité à Paris par la BRI (Brigade de recherche et d'intervention). Ces policiers sont intervenus au Bataclan. De drôles de gonzes, des surhommes. Un de leurs officiers m'avait sollicité pour échanger sur la nature humaine, réfléchir à comment construire un squad. Il m'a dit : "Vous faites un métier compliqué." Ouais, mon commandant, mais on ne sauve pas des vies, nous. Et on ne met pas la nôtre en péril. Pour eux, les mots solidarité et fraternité ont un sens. Un de leurs gars m'a dit : "J'ai joué contre toi, j'étais à Montpellier en espoirs." Pour lui, passer du rugby à la BRI c'est un prolongement, "un truc d'équipe". Ça m'a ramené à la réalité de manière brutale. Dans le sport, on se fait chier pour des conneries.

Le milieu du rugby ne vous a pas manqué ?
J'ai reçu un tas de messages. Ça m'a surpris. Touché aussi. Dans la vie, il faut qu'il arrive un truc compliqué pour qu'on se mette à échanger. Des entraîneurs du Top 14, de Pro D2, de l'étranger. Le premier est venu d'Ugo Mola (l'entraîneur du Stade Toulousain). Je le connaissais sans le connaître. Sur le banc de touche tu peux devenir con, paranoïaque. Tu défends une institution. Ugo m'a dit : "Je t'invite à Toulouse quand tu veux." Là-bas, j'ai échangé avec Jean Bouilhou, Clément Poitrenaud, Virgile Lacombe. Ils m'ont donné accès à tout : système de jeu, réunions, terrain, données... Spontanés, avec une bienveillance hyper classe. D'autant que le rugby, c'est devenu secret-défense. Laurent Travers m'a invité au Racing, Pierre Mignoni à Lyon, Pierre-Henry Broncan à Castres. Ça m'a conforté dans l'envie de vivre le job différemment. De façon moins conflictuelle. Et, bizarrement, plein de choses positives me sont arrivées.

« Ces rencontres et celles qui ont suivi, c'est comme un road trip qui m'a conduit à Brive. Un périple initiatique que je n'aurais jamais connu si j'étais resté à Toulon, la tête dans le guidon »

Patrice Collazo

 
 
 

Comme coacher les Corsaires de Saint-Malo en Fédérale 3 ?
Voilà. Ça m'a permis de me reconnecter à un certain rugby. Micka Meunier, un pilier que je m'étais régalé à coacher en 2009, m'a recontacté. Il s'occupait des avants de Saint-Malo avec Jordi Rougé, entraîneur en chef. Ils jouaient l'accès en Fédérale 2 et m'ont demandé de venir passer la semaine avec eux. C'était en avril, j'ai roulé jusqu'à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Un stade à l'ancienne, un petit club house en bois. Les joueurs ont cru à une caméra cachée quand j'ai débarqué. Des mecs vrais, simples, à qui tu as envie de transmettre. L'un assureur, l'autre maçon ou étudiant... Ils font la démarche de s'entraîner le soir après le boulot. Ils sont l'âme du rugby. J'ai même coaché la réserve. Là c'est particulier (il rit), avec un mec qui n'a jamais joué, un autre qui a vu de la lumière et est entré (il éclate de rire). Les gars ont gagné leur match ! Putain, quelle soirée ! Je suis redevenu junior, ça m'a reboosté à fond. Ces rencontres et celles qui ont suivi, c'est comme un road trip qui m'a conduit à Brive. Un périple initiatique que je n'aurais jamais connu si j'étais resté à Toulon, la tête dans le guidon.

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Patrice Collazo, le 12 janvier, dirigeant une séance d'entraînement du CA Brive. (L. Hahn/L'Équipe)

Il paraît que le Sud-Africain Dick Muir vous a contacté pour entraîner avec lui en Russie ?
Oui, mais quelques semaines après, ça s'est compliqué avec la guerre... Après il y a eu l'été. Pour la première fois, j'étais dispo pendant les vacances. Ma fille en était inquiète (il rit). Je rêvais depuis longtemps de découvrir le Benetton Trévise, qui a accueilli des grands joueurs comme John Kirwan (1986-1990) . Alors j'ai appelé mon pote Marco Bortolami, qui en est devenu le manager. Avec Andrea Masi, Fabio Ongaro et Alexandro Troncon. On a tellement accroché qu'ils m'ont proposé de revenir en octobre. Ils y avaient invité Eddie Jones. Un soir, par un hasard du destin, on s'est retrouvés à dîner tous les deux à Trévise. Face à Eddie, j'étais en 3D. On a parlé quatre heures non stop. Il m'a posé mille questions. Moi autant. Il prenait un tas de notes, à noircir un demi-cahier. Il m'a raconté sa carrière de A à Z, avec sincérité. Cette rencontre m'a fait franchir plusieurs steps d'un coup. On a causé technique, prises de décision, évoqué le recul nécessaire. Le lendemain, tandis qu'on regardait jouer Trévise, il me fait : "J'aime ta vision des choses", puis m'a invité à le rejoindre en Angleterre.

En sélection, pendant les tests de novembre ?
Ouais, dans leur centre d'entraînement de Pennyhill Park. Quelle marque de confiance ! En immersion toute la semaine de préparation du match contre l'Argentine (29-30, le 6 novembre). Avant un match international, la pression est colossale. J'ai été accueilli par Richard Hill puis Anthony Seibold, alors entraîneur de la défense, m'a présenté aux joueurs. Un à un, ils sont venus me saluer. J'étais au coeur de la machine, à échanger avec Richard Cockerill, Matt Proudfoot, leur spécialiste de la mêlée. Eddie m'a dit : "Tu prends des notes. On en parlera." Il y avait tellement d'infos, je notais comme une dactylo. Une heure là-bas, ça vaut un an d'expérience. J'ai été surpris par l'autonomie des joueurs, le poids des leaders. (Owen) Farrell a une implication dingue. Avec (Billy) Vunipola, Tom Curry, Marcus Smith ou Jack Nowell, ils mènent le tempo, encadrés par le staff. Steve Borthwick, qui a succédé à Eddie à la tête de l'Angleterre (fin décembre), était invité lui aussi. On a échangé plus d'une heure.

« Tous les jours, à Brive, je suis surpris de l'engagement des gens et des joueurs. Et ça aussi ça me réconcilie avec le rugby »

Patrice Collazo

 
 
 

Quand l'Angleterre a perdu, ça n'a pas tout invalidé ?
Non, c'est si précieux de voir l'envers du décor. Ils avaient bien bossé toute la semaine, rien négligé. Un match reste un match : les conditions climatiques ont optimisé le jeu basique des Argentins, fait de pressing et de défense. Et puis, il y a eu cette rencontre formidable avec Eddie Jones. Avant de m'engager à Brive, j'en ai discuté avec lui.

Qu'est-ce qui vous a poussé à vous engager à Brive ?
J'avais eu l'opportunité de reprendre un club, Top 14 et Pro D2. Mais je voulais continuer à me découvrir. Je suis allé filer un coup de main à mon pote Pierre Caillet, dans le dur à Béziers (Pro D2). À Nice aussi, à Alex Compan (N). J'allais voir des matches, en anonyme. J'achetais ma place sur les sites Internet des clubs. Je voulais voir l'invisible, ce qu'on ne peut percevoir du bord du terrain. Du coup, on m'annonçait ici ou là. Des conneries. Brive, c'est surtout une rencontre humaine. Deux jours avant Noël, j'ai déjeuné à Bordeaux avec Xavier Ric, le directeur général du CAB, avec Jean-Luc Joinel et Sébastien Bonnet, directeur du centre de formation avec qui j'avais joué. Leur démarche était cohérente, avec une vision et une stratégie. Le lendemain, j'ai eu une longue conversation avec Simon Gillham, le président. Puis une visioconférence avec Ian Osborne, le nouvel actionnaire qui m'a exposé sa vision et souhaitait me connaître. Ce fut un bel échange. Mais avant de m'engager, j'avais besoin de parler avec Arnaud Méla, l'entraîneur en chef. Pour savoir si lui et son staff avaient envie de bosser avec moi. Pas question de me filer dans une galère humaine. La confiance, c'est capital pour s'engager dans une telle aventure : sauver le CA Brive, place forte du rugby français. Pour vivre un truc intense qui peut s'avérer bonnard à la fin. Tous les jours, à Brive, je suis surpris de l'engagement des gens et des joueurs. Et ça aussi ça me réconcilie avec le rugby. »

L'hommage d'Eddie Jones
Le nouveau sélectionneur de l'Australie, Eddie Jones (62 ans), a développé une relation forte avec le manager de Brive. « Patrice et moi, on peut passer des heures à parler technique, à pinailler sur de l'infini détail, raconte-t-il. Ou alors échanger sur des analyses plus globales, d'ordre tactique, psychologique ou holistique. Quand il me parlait, je prenais des notes car il a une connaissance très fine du rugby français, ça m'a passionné de comprendre comment la France a bâti son succès. J'aime son ressenti sur les choses. Il m'a expliqué les erreurs qu'il a commises avec humilité. » Celui qui a mené les Wallabies en finale de la Coupe du monde 2003 et l'Angleterre en 2019 « mesure l'énergie et la réflexion qu'il (Patrice Collazo) met pour évoluer. On partage sans peur. Échanger le savoir permet de rester alerte, de ne pas se reposer sur les acquis. Un mouvement de pensée sain, vecteur de progrès. Au niveau international, on a le temps de penser "recherche-développement." C'est plus difficile en club, écrasé par le rythme et la routine. Qui sait, Patrice et moi pourrons peut-être travailler ensemble à l'avenir. Il a ses domaines d'expertise et j'aime m'entourer des bons. » K. B. I.

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#347 Un jaune dans un ballon

Un jaune dans un ballon

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Posté 25 janvier 2023 - 09:06

Interview intéressante notamment le passage avec eddie jones.. !


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#348 Murena

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Posté 26 janvier 2023 - 10:47

Et la petite remarque sur Nowell qui semble être un sacré leader...ce qui manque un peu a l'ASM en ce moment paraît il...il en est où d'ailleurs le recrutement de ce joueur ? Des nouvelles ?
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#349 Lavande50

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Posté 26 janvier 2023 - 12:11

Autre passage intéressant aussi, c'est lorsqu'il évoque les journées où il est retourné dans le rugby amateur. Il n'est pas le premier pro à expliquer que revenir à cette origine leur rappelle les éléments de base du rugby, la convivialité, la raison d'aimer ce sport. Parra en parlait très bien par exemple. Et c'est peut-être ce qui manque dans le rugby professionnel, devenu presque un cocon, loin de ses racines.


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#350 steph

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Posté 27 janvier 2023 - 12:21

Billy Vunipola au CAB ?

#351 el landeno

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Posté 03 février 2023 - 20:37

Nous étions en immersion au sein du CA Brive en déplacement samedi dernier à Bayonne. L'occasion d'observer comment les Corréziens s'organisent pour leur survie dans l'élite, avant le match capital de ce samedi (17 heures) face à Perpignan.

Les Brivistes l'appellent « Bébert ». Jadis il était dépanneur, a remorqué les autos du Tour de France. Bertrand Fournial est l'intendant de l'équipe première, toujours aux petits soins pour le CAB. « J'ai 68 ans, quinze ans de club. Je suis le doyen. »

 
 
 

Bébert s'affaire, dispose avec minutie la trentaine de cartes d'accès aux chambres des joueurs sur le comptoir de leur hôtel basque. Il faut que « ça pulse » et éviter une mêlée à leur arrivée, prévue à 18 heures. Une fois leurs sacs posés dans les chambrées, ils sont attendus en salle de réunion.

Vendredi soir : le briefing

Nommé manager fin décembre, Patrice Collazo leur parle d'ambition, de fierté. « Il y a être joueur de rugby et être joueur de Brive. » Il souhaite décomplexer ses joueurs face à la dynamique positive de l'Aviron Bayonnais, invaincu à domicile. Dans son discours, en anglais puis en français, il met en avant leurs qualités, réelles. L'alignement façonné par Arnaud Méla est le meilleur du Championnat, en touches offensives et défensives.

En retrait au fond de la salle, Simon Gillham, le président du CAB, écoute et observe, sourit aussi. La menace d'une redescente en Pro D2 plane sur le club après un début de saison raté. Trop de blessés chez les joueurs clés, un jeu qui s'est délité : Brive a touché le fond avec une quatorzième place du Top 14. Jusqu'au tournant du 23 décembre dernier.

 
 

Ce soir-là, après neuf défaites consécutives (toutes compétitions confondues), le club a renoué avec la victoire, aux dépens de Clermont, battu à la 80e minute + 9 (20-16, 13e journée) ! Ce succès a fait renaître l'espoir. D'autres victoires se sont enchaînées : à Lyon (27-30), puis face à Toulon (26-17). Et même en Challenge, face à Cardiff (37-24), avec une qualification inespérée en huitièmes de finale.

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Matthieu Voisin (à gauche) et Daniel Brennan jouent aux cartes après le repas du soir. (F. Lancelot/L'Équipe)

Sa prise de parole achevée, Collazo quitte la salle, suivi d'Arnaud Mela, de Jean-Baptiste Péjoine (trois-quarts) et de Goderdzi Shvelidze (mêlée). Les coaches veulent responsabiliser les joueurs, qu'ils s'approprient le match. Marcel Van der Merwe et Motu Matu'u ont préparé un clip de trois minutes « en choisissant eux-mêmes les images de la mêlée bayonnaise », précise Maxime Claux, l'analyste vidéo.

Esteban Abadie et Retief Marais ont, eux, potassé sur la touche. Nico Lee et Saïd Hirèche sur la défense. « Les Bayonnais auront une énergie de fou dans les rucks », prévient le capitaine. Prémonitoire. Matu'u et Julien Delannoy ont passé en revue le danger des porteurs de balle basques. Paul Abadie et Enzo Hervé se sont chargés de la stratégie. Axel Müller, Mathis Ferté et Arthur Bonneval du jeu au pied offensif.

La réunion, à haute densité d'informations, a duré moins de trente minutes, pour ne pas saturer les capacités d'attention. Les joueurs se rassemblent pour le dîner. Conversations paisibles, sans téléphones portables. À l'issue, certains se lancent dans une partie de dés ou de cartes. D'autres vont se faire masser par Gary Washington et Fabrice Planade, les kinés.

Samedi matin : présentation de l'arbitre et circuit d'entraînement

Samedi, jour de match, ils se retrouvent à 10 heures avec Maxime Chalon, ancien arbitre du Top 14. Lui aussi a concocté des petits clips : phases au sol, points techniques sensibles en mêlée. Il leur dresse le profil de Luc Ramos, l'arbitre de la rencontre. « Un mec courageux qui n'hésitera pas à siffler malgré la pression du public, prévient Chalon. Évitez les gestes d'humeur, il sera intransigeant. Un seul lui parle : Saïd, le capitaine. »

S'ensuit une petite balade sur les bords de la Nive. Avant le déjeuner à 13 heures, place au « boost » : un circuit d'entraînement de cinq minutes pour solliciter l'explosivité musculaire et l'agilité neuronale. « Quatre heures avant le match », explique Dominique Schenck, formé en Nouvelle-Zélande par Ashley Jones, l'ancien préparateur physique des All Blacks.

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Wesley Douglas (au deuxième plan) soulève une barre lors du circuit d'entraînement prévu avant le déjeuner. (F. Lancelot/L'Équipe)

« Après le repas et la sieste, le niveau de testostérone chute considérablement. Grâce à ce boost, la baisse est moindre. Je leur ai proposé, les joueurs ont adhéré. » Cinq minutes d'exercices au son d'une musique d'énervés. De quoi faire râler d'autres clients de l'hôtel venus en séminaire. C'est quasi en chuchotant que les avants répètent leurs combinaisons de touche secrètes aux annonces cryptées : « Japan Bomb ! » « Mexique ! » « Cuba ! » Christophe Lamaison et Jamie Noon, glorieux anciens venus au soutien, passent une tête au moment du repas.

Samedi, 15h30 : direction le stade

À 15h30, tous s'entassent dans le bus, direction Jean-Dauger. Dans un mutisme absolu, écouteurs aux oreilles. Chacun sa sphère. Les joueurs découvrent l'Algeco fatigué qui fait office de vestiaire. Malgré l'exiguïté, l'ailier Axel Müller y enchaîne ses étirements dynamiques de sprinteur. D'autres préfèrent le recueillement d'une dernière prière. Le scratch adhésif des rouleaux de strap déchire le silence.

« Dix minutes ! », tonne Dominique Schenck, annonçant le décompte avant l'échauffement. À mesure qu'approche le coup d'envoi, les chants basques remplissent l'espace sonore. Alors Saïd Hirèche harangue ses troupes. « On n'oublie pas les soutiens ! Ni le sale boulot dans les rucks ! » Dans un ultime cercle, ils se resserrent.

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Patrice Collazo et ses joueurs arrivent au stade Jean-Dauger, au milieu des supporters du CA Brive présents samedi dernier à Bayonne. (F. Lancelot/L'Équipe)

Le match venu, tout se déroule comme prévu pendant quarante minutes. Même si, dès la 10e, le pilier Tietie Tuimauga se laisse piéger par Facundo Bosch et reçoit un carton jaune. Réduits à 14, les Brivistes vont encaisser un essai du Fidjien Eneriko Buliruarua (19e), mais parviendront à tenir, sans se désunir. Enfermant les Bayonnais dans leur camp. Ils ne sont menés que 10-6, à la pause. Tout est encore possible. Pourtant, ils termineront le match battus, 37-9. « On s'est fait éclater, reconnaît le pilier Daniel Brennan. On s'est crus trop beaux. » Amorphes, méconnaissables en deuxième période.

« Inconsciemment, on a pensé que ce serait aussi simple en seconde mi-temps, constate Esteban Abadie. Si on n'est pas à 200 %, on ne peut pas gagner. » Jambes lourdes et épaules basses. « Les gars ne sont pas ressortis excités du vestiaire, se désole Jean-Baptiste Péjoine. Notre plan de jeu fonctionnait bien du coup, à la mi-temps, ils se sont dit que la stratégie allait suffire. Les gars ont joué sur un faux rythme. Sans engagement, ils ont perdu la bataille des chocs et du sol. La stratégie c'est bien mais il faut de l'intensité aussi. À Bayonne, la nôtre est restée au vestiaire. »

La défaite a de quoi faire mal aux crânes. Qu'importe, dès le lendemain, le staff corrézien se remet à l'ouvrage. Pour digérer les choses, analyser les causes. Se projeter, déjà, sur la venue des Perpignanais. Retaper les joueurs.

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Les Brivistes Daniel Brennan et Tanguy Lacoste saluent leurs adversaires bayonnais à la fin du match. (F. Lancelot/L'Équipe)

Ce même dimanche, à Londres, François Hollande, Briviste de coeur, déjeunait avec Ian Osborne, le nouvel actionnaire du club. De Bébert l'intendant jusqu'aux plus hautes strates de l'écosystème corrézien, on se mobilise pour sauver le CAB, place forte du rugby français. Un des rares clubs du Top 14 à générer des profits (entre 100 000 et 300 000 € selon les saisons, réinvestis) grâce à une politique de croissance raisonnée du directeur général Xavier Ric. Ce club aux infrastructures saines est pourtant menacé de descendre en Pro D2.

Brive, 13e budget du Championnat (17,6 millions d'euros), est à la 13e place, comme si une corrélation fatale existait entre les finances et les résultats. « Le Top 14 est le Championnat le plus dur au monde, souffle Daniel Brennan. Une année blanche et tu descends en Pro D2. Pour remonter, après, c'est très dur. En Super Rugby, il n'y a pas ça. »

À la tête du club, Simon Gillham a connu deux descentes. « Je suis comme ces dindes qui votent pour Noël, ironise-t-il. La promotion et la relégation sont le piment du rugby français. C'est la loi du sport, ça permet de rester alerte. En Premiership, où il n'y a pas de relégation (*), deux clubs ont déposé le bilan (les Wasps et Worcester). Samedi, notre stade sera plein. Beaucoup de Perpignanais vont se déplacer. Notre public va se mobiliser en masse. C'est fabuleux ! »

(*) Si aucune équipe du Championnat d'Angleterre de Première Division ne sera reléguée cette saison dans un contexte de difficultés financières pour les clubs, un match de barrage sera mis en place entre le dernier de Premiership et le premier de Championship (D2) à partir de la saison 2023-2024.

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Posté 03 février 2023 - 21:46

A fond derrière le CAB face aux forces du mal!

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Posté 03 février 2023 - 22:04

A fond derrière le CAB face aux forces du mal!

Sur ce coup la ce serait peut être mieux que l USAP tape de CAB, ça les maintiendrait tous les deux au fond


Billy Vunipola au CAB ?

Ils vont le payer en cèpes et foie gras


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Posté 05 février 2023 - 08:04

Sur ce coup la ce serait peut être mieux que l USAP tape de CAB, ça les maintiendrait tous les deux au fond


Ils vont le payer en cèpes et foie gras

Voilà c'est fait !   ^_^

Les Perpignanais vont reprendre espoir et les Brivistes sont dans la me.de !

La descente et les barrages devraient se jouer entre ces deux clubs, alors laissons-les se débrouiller entre eux...   :huh:



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Posté 05 février 2023 - 09:26

Ce qui fait c'est que "l'effet Collazo" a eu lieu sur nous avant qu'il arrive et au bout de 2 matchs ça semble retomber.


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#356 el landeno

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Posté 09 février 2023 - 21:49

Carbonneau, Raffy, Ferté... accent corrézien chez les Bleuets face à l'Irlande Face à l'Irlande ce vendredi à Cork (21 heures), trois joueurs de Brive - Léo Carbonneau, Tom Raffy et Mathis Ferté -, garniront les rangs des Bleuets. Les deux premiers formeront même la charnière, comme une récompense de la bonne formation du CAB

C'est assez rare pour être souligné. Pour le deuxième match des Bleuets dans le Tournoi des Six Nations, ce vendredi en Irlande (21 heures), trois joueurs du CA Brive ont été sélectionnés sur la feuille de match. Seule la Section Paloise de l'ancien manager des moins de 20 ans, Sébastien Piqueronies, fait mieux avec quatre représentants (Auradou, Liufau, Gailleton, Attissogbé), tandis que l'UBB (Affane, Depoortère, Bielle-Biarrey) et le Stade Rochelais (Penverne, Jégou, Reus) placent également trois jeunes de leur centre de formation.

 
 

Léo Carbonneau, Tom Raffy et Mathis Ferté, tous les trois nés en 2004, font aujourd'hui la fierté du club corrézien. « Le staff du CAB nous a dit que c'était bien, que cette sélection commune représentait bien la formation, sourit Ferté. Cela faisait un petit moment qu'il n'y avait pas eu d'internationaux U20 à Brive. »

Un gros temps de jeu en Top 14

Si le sélectionneur des Bleuets, Sébastien Calvet, a choisi de faire confiance aux trois Coujous, c'est aussi parce qu'il a pu les voir à l'oeuvre. Cette saison, le CAB a offert un large temps de jeu à ses jeunes loups en Top 14. Ferté (19 ans), qui sera remplaçant à Cork vendredi, a disputé onze matches, dont neuf comme titulaire avec le 15 dans le dos. Raffy (18 ans) a lui guidé le jeu briviste à neuf reprises (trois titularisations).

Carbonneau (18 ans) n'a connu qu'une seule titularisation à la mêlée, mais il a pu montrer l'étendue de son talent lors de ces six entrées en jeu, comme le week-end passé face à Perpignan, face à qui il a claqué un superbe drop, pas suffisant pour décrocher la victoire cependant (22-24). « Cette expérience du Top 14 ne peut qu'être bénéfique, apprécie le numéro 9. Le Championnat, c'est un cran au-dessus du niveau international moins de 20 ans. Donc on aura une appréhension moindre par rapport à l'événement. »

« C'est une immense fierté, quelque chose d'extraordinaire. On y a souvent pensé, mais le faire c'est autre chose »

Léo Carbonneau, demi de mêlée

 
 
 
 
 

Les trois garçons, qui se suivent depuis leurs 14 ans dans les rangs de l'école de rugby briviste, apprécient forcément de se retrouver dans l'antichambre du quinze de France. « C'est une immense fierté, quelque chose d'extraordinaire, savoure Carbonneau. On y a souvent pensé, mais le faire c'est autre chose. » « Être ensemble nous permet d'avoir plus de repères sur le terrain et plus de confiance, ajoute Ferté. Même si, en dehors du terrain, on n'est pas qu'entre nous, on fait connaissance avec tout le monde. »

Une autre image du CAB

Raffy, qui formera donc la charnière 100 % corrézienne des Bleuets avec Carbonneau vendredi soir, est le seul à avoir joué avec le maillot des moins de 20 ans, la semaine passée à Trévise. L'ouvreur espère que l'équipe sera plus consistante que face aux Italiens, battus d'un rien sur une dernière transformation manquée (28-27) : « On a pu voir que ça s'est joué jusqu'au dernier moment. Sur pas mal de points de jeu, on a été en difficulté. »

Le jeune numéro 10 a au moins pu goûter au niveau international de la catégorie, le comparer à celui du Top 14, et sans doute rassurer ses deux partenaires de club. Vendredi, l'idée sera de se lâcher un peu plus face à des Irlandais réputés tenaces. Afin de montrer aussi une belle facette du CAB, plus souvent remarqué pour la valeur de son pack que pour les envolées de ses trois-quarts. « Il y a des choses qui changent beaucoup au club, on voit que, maintenant, la formation fait aussi éclore des joueurs derrière, plus seulement devant, souligne Carbonneau. Ça change un peu l'image souvent rustre du club. »

« Mon nom de famille ? Une source d'inspiration plus qu'un frein »
Fils de l'ancien international Philippe Carbonneau (32 sélections entre 1995 et 2001), Léo, demi de mêlée comme son père, a les idées claires et préfère ne se mettre « aucune pression »« Au contraire, porter ce nom, c'est quelque chose qui me motive, explique-t-il. C'est plus une source d'inspiration qu'un frein comme pourraient l'avoir d'autres joueurs. Cela me pousse à en faire plus. »

A-t-il discuté de ce statut particulier de « fils de » avec son coéquipier chez les Bleuets, Hugo Auradou, dont le père David fut lui aussi international, comme deuxième-ligne (41 sélections entre 1999 et 2004) ? « Non, on n'en a pas spécialement parlé, parce que ce n'est pas un sujet sur lequel j'ai trop envie de me pencher, affirme Carbonneau. Bien sûr, si j'ai l'occasion d'en discuter avec Hugo, pourquoi pas, ça peut être quelque chose de bénéfique de savoir comment il gère ça. Mais moi, je sais que j'arrive à bien le gérer. »
 


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Posté 10 février 2023 - 11:35

nous on aime bien qu'ils s'en sortent, pour les retrouver et avoir le plaisir de les cabosser ,mais le coujoux il se voit déjà champion c'est son problème ,ils préparent déjà les Renault 19 pour le 16 eme de finale aller ...

 

 

oui,personne ne leur a appliqué que ça fonctionné plus comme ça en Top14...



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Posté 10 février 2023 - 13:33

Autre passage intéressant aussi, c'est lorsqu'il évoque les journées où il est retourné dans le rugby amateur. Il n'est pas le premier pro à expliquer que revenir à cette origine leur rappelle les éléments de base du rugby, la convivialité, la raison d'aimer ce sport. Parra en parlait très bien par exemple. Et c'est peut-être ce qui manque dans le rugby professionnel, devenu presque un cocon, loin de ses racines.

peut-être aussi une lacune des entraîneurs anglo-saxons dans leur façon de manager et de diriger un groupe. 



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Posté 05 mars 2023 - 13:51

Période très compliquée pour le CAB qui vient de perdre un de ses anciens joueurs (Denis Drozdz) a 37 ans

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Posté 05 mars 2023 - 13:56

Période très compliquée pour le CAB qui vient de perdre un de ses anciens joueurs (Denis Drozdz) a 37 ans

 

champion du monde 2006 des -20 ans au Michelin. triste






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