L'équipe du jour :
Bok surbooké. Flip Van der Merwe,le deuxième-ligne sud-africain de Clermont,a toujours conservé une activité professionnelle. Tout en poursuivant ses études.
Il n’est pas de ces joueurs totalement déconnectés de leur sport.Flip Van der Merwe connaît assez le Top 14 actuel pour répondre sans sourciller à la question piège : « Quel est le nom de famille le plus répandu du Championnat?» Van der Merwe, donc, « avec mon frère (François, qui joue auRacing 92), celui de Paris (Heinke), celui de Toulon (Marcel) et celui de Montpellier (Duhan) », énumère-t-il. Avant d’oser:«Et le deuxième patronyme, ça doit être Du Plessis, non ? », conscient de croiser les quatre représentants du nom cet après-midi contre Montpellier. Mais, une fois qu’il a quitté le centre d’entraînement de l’ASM, le deuxième-ligne sud-africain de Clermont n’a plus trop le temps de s’appesantir sur l’exodede ses compatriotes rugbymen en France ou sur le cahier de combinaisons jaune et bleu. À trente et un ans, Van der Merwe gère à distance une affaire qu’il a créée au pays–deux cafés,à Pretoria et au Cap–et s’est inscrit dans un programme d’études à distance. «J’ai commencé à jouer tard, recontextualise-t-il. Je suis arrivé aux Bulls à vingt-quatre ans.Avant,j’ai pu étudier la finance, à l’université de Bloemfontein.Puis j’ai commencé à travailler pour une entreprise où je faisais du conseil financier. Aux Bulls, ils comprenaient déjà que la vie post-rugby était très importante. La première génération de vrais professionnels approche des quarante, cinquante ans, et on peut voir qu’ils galèrent.Même de grands noms, comme Percy Montgomery, qui a plus de 100 test-matches…il ne fait rien!» Étudiant en ligne au MIT L’ancien Springbok (37 sél.) ne veut pas connaître le même sort que l’arrière champion du monde 2007 aux 102 capes. Et pour ça, son Academy of coffee aux huit employés ne lui suffit pas. « Je suis une formation à distance en deux semestres sur le future commerce, dispensée par une bonne université du Massachusetts (le MIT), explique-t-il. Ça concerne les changements que va connaître le commerce, notamment à travers Internet, imaginer comment il sera dans dix ou vingt ans, pour essayer de créer des modèles que les gens utiliseront. » Soit seize heures de cours hebdomadaires – auxquelles il faut rajouter le temps consacré à ses cafés –qui lui permettent d’oublier le rugby: « Grâce à ça, le lendemain tu reviens à l’entraînement avec l’esprit plus clair,c’est important!» Van der Merwe s’attelle actuellement à un mémoire à rendre bientôt. « C’est très intense, sourit-il. Sur tout mon temps libre, je dois étudier. Je vis seul, ça aide. Mais je dois me faire un emploi du temps strict, sinon je passerais ma vie à regarder la télé…Je me fais des tranches de deux heures, puis une pause, puis je reprends deux heures!» Quand il ne potasse pas,ce fils d’un ancien Bok–Flippie, pilier droit « très agressif » aux six sélections dans les années 1980 –aime lire. « Des livres d’histoire, pour se cultiver ,ou des biographies de PDG par exemple », détaillet-il, citant Bill Gates, Warren Buffett ou Elon Musk, ambitieux boss de Space X qui rêve de colonisation de la planète Mars. « Ce ne sont pas des gens que tu vas pouvoir rencontrer pour leur poser tes questions,regrette-t-il,alors il faut les lire!» Un rythme pas évident à concilier avec les exigences du Top14,mais dans les gènes de la famille.«Mon frère François,c’est pareil, compare-t-il. Lui, c’est un cerveau. Sur ses vacances, il fait des stages dans des entreprises comme Natixis! Tout le mois de juin dernier, il a travaillé ! » Une manière comme une autre de fêter le Brennus du Racing… Dont se contenterait bien tout Clermontois à la fin de la saison.