Bel article sur l'équipe "la vengeance est en nous" :
Quasi 100% de l'interview ci-dessous, j'ai juste résumé un peu les questions :
Franck Azéma : «Quand c'est costaud, ça me plaît !»
Clermont est leader du Top 14 et sort d'une victoire convaincante en Coupe d'Europe. Mais l'entraîneur de l'ASM n'a rien oublié des tourments de la saison dernière.
CLERMONT-FERRAND - Il ne court pas après l'exposition médiatique, mais Franck Azéma n'y est pas non plus allergique. Juste avant de nous rencontrer, jeudi, dans un salon de Marcel-Michelin, l'entraîneur de l'ASM s'était ainsi prêté de bonne grâce à une séance photo dans un couloir du stade où le vent n'hésitait pas à s'engouffrer. Tout aussi disponible, il est revenu sur les montagnes russes vécues par Clermont la saison passée, entre campagne européenne ratée et scénario incroyable en demi-finales du Top 14, et ce qu'il en a retiré. Pour mieux dessiner ses convictions de manager.
«L'ASM enchaîne des retrouvailles avec Exeter, la semaine dernière, et Bordeaux, aujourd'hui. Deux clubs qui avaient précipité votre élimination européenne et ouvert une période délicate pour Clermont...
À Exeter (14-31), on avait été pauvres dans notre rugby. C'était une leçon : eux jouaient en équipe, nous on n'était pas ensemble. Bordeaux (28-37), c'est un rappel des négligences qu'on avait eues par rapport à notre discipline. Alors, les retrouver cette saison... J'ai entendu des gens qui râlaient parce que ça se répétait. Mais pas à l'intérieur du club ! C'est une source de motivation. C'est stimulant ! Il y a l'esprit revanchard, l'envie de montrer un autre visage. Ces matches de l'an dernier, il a fallu en apprendre. On a eu l'honnêteté de reconnaitre qu'on avait fait des erreurs. La frustation est là
«Après Exeter, Rob Baxter disait avoir vu un Clermont "en colère". C'est le cas ?
Oui, à cause de notre défaite en demi, en plus de cette campagne européenne raté. L'équipe, le club, la ville le ressentent. Tout le monde avait le droit d'avoir ce sentiment à l'issue des phases finales. Et c'est une bonne chose. Pas pour l'exploiter. Mais c'est là, il faut s'en servir.
«La colère, est-ce un ressort qui peut tenir longtemps ?
C'est pour ça que c'est facile actuellement : ce n'est pas un ressort ! C'est en nous ! Il n'y a pas besoin de monter une pièce de théatre chaque fois pour se rappeler. Cette revanche intérieur est là en nous, on n'a pas besoin de l'évoquer.
«Camille Lopez a été touché par cette fin de saison. Etait-ce le cas de beaucoup de joueurs ?
Morgan Parra ou Lapandry avaient aussi une grosse déception. Certains garçons n'étaient pas impactés, d'autres avaient besoin de plus de temps pour revenir. C'est ce que j'ai essayé de manager différemment en ce début de saison. Il fallait se servir de ceux qui avaient envie de rpouver et des jeunes. Et ramener ceux qui étaient plus affectés petit à petit, en voyant les autres prendre du plaisir.
«Vigilance sur l'encéphalogramme de l'équipe ?
Constamment ! Tu passes ta journée à être en éveil sur tout ce qui se dit. Chaque comportement, chaque regard, chaque façon de négocier l'entrainement.
«En fin de saison, vous montez au créneaux pour secouer cet encéphalogramme ?
C'était une façon de protéger mon équipe. Et surtout de montrer une vérité ! il n'y a rien de plus frustrant que d'avoir le sentiment de s'être fait voler. Mais je n'ai pas réfléchi à ce qu'allait penser mon groupe. Je n'ai pas besoin de brasser de l'air pour qu'ils aient l'impression que je les défends ! C'était plus profond, parceque je l'avais vécu comme une injustice.
«Hiver difficile ou l'ASM avait enchainé les défaites.
On en a tiré les leçons sur ce qu'on devait faire de mieux pour protéger nos joueurs, pour s'entrainer mieux. La question c'était comment re-dynamiser le groupe ? mais c'est des moments intéressants ! Quand c'est costaud, c'est là que ça me plait : je ne dis pas qu'il faut vivre ça chaque année... Mais tu vas chercher des ressources profondes, parceque tu sens que tout le monde est en danger, et que tu as envie de te battre. On n'est pas là que pour entrainer au club med ! Tu es là parcequ'il y a des décisions à prendre. C'est pour ça que c'est important de bien s'entourer. C'est une richesse, ici : je peux compter sur chacun des membres de mon staff. Je ne suis jamais en train de me retourner pour regarder ce qui se passe derrière moi ! .
«Vous avez gagné en responsabilités avec le changement de fonctions de JMLhermet ?
Oui mais je n'ai jamais eu de soucis avec Jean-Marc. Il a été d'un grand soutiens dans cette période. C'est plus de responsabilités, certes, mais pour Neil Mcllroy aussi. Heureusement que je l'ai à côté de moi. Ces garçons dans l'ombre ont une importance énorme.
«Un des risques à l'ASM, c'est de perdre le lien direct avec le président, ce que vous retrouvez là ?
C'est sur que c'est plus facile de travailler en direct avec le président Eric de Cromières. Et c'est vrai dans les 2 sens. Ce n'était pas une question de mauvaise volonté, c'est juste que quand tu as des intermédiaires, tu as plus de discussions, tu dois répéter, il peut y avoir un filtre. Et j'aime que les choses soient claires.
«Plus de responsablités, ça peut obliger à s'éloigner du terrain ?
Ce n'est pas bon ça. Pour moi, la priorité du manager, c'est d'être sur le terrain. Tout ce qui est prise de décisions, ressenti, c'est là que ça se passe. Pour pouvoir le faire, il faut que je puisse faire confiance à Seb Bourdin sur la prépa physique, à Jono Gibbes, à Xavier Sadourny, Didier Bès, j'ai des retours en permanence, mais je ne suis pas en train d'expliquer à chacun ce qu'il va devoir faire le lendemain matin. Sinon tu t'y perds ! j'ai des compétences autour de moi, j'ai confiance en ces hommes-là. Il n'y a pas de raison que je ne les utilise pas !