Article de l'Equipe du jour sur la preparation du 1/4 europeen par le RCT après la defaite de dimanche. Et le mot de Laporte sur Giteau a la fin fait peur quand on voit que Giteau ne semble pas gueri depuis 1 an ("peut-etre qu'il va falloir qu'il joue.."):
TOULON AIME LES CLAQUES
Après sa défaite contre Clermont en Top 14, le RCT aborde son quart de finale de Coupe d’Europe face au Racing 92, dimanche, dans une position qui lui réussit souvent, celle de la bête blessée.
de notre envoyé special MAXIME RAULIN TOULON
– À l’issue de la défaite de son équipe face à Clermont (18-19), dimanche, Mourad Boudjellal s’est présenté devant la presse au Stade-Vélodrome de Marseille. À la question : « Êtes-vous inquiet à une semaine du quart de finale ? » le président du RCT a répondu : « Il est déjà perdu dans ma tête, je ne vois pas comment on pourrait faire pour le gagner. » Du Boudjellal dans le texte. Pas grand monde n’est dupe. Encore moins le Racing 92. Car on a du mal à imaginer le triple champion d’Europe en titre lâcher sa couronne aussi facilement. On connaît aussi le caractère et le tempérament de Bernard Laporte. Selon un proche du manager du RCT, ce dernier est très remonté et compte bien finir son aventure d’entraîneur toulonnais avec un nouveau titre européen. Malgré cette défaite contre Clermont, le scénario du quart de finale est donc loin d’être entendu comme le prétend Boudjellal.
Le même scénario la saison passée
Le RCT version Laporte est un habitué des matches couperets. Sur quatorze rencontres de phases finales (5 en Top 14 et 9 en Coupe d’Europe), le club varois compte douze victoires pour deux défaites (finale du Top 14 en 2013 et demi-finale du Top 14 en 2015). Ce Toulon-là sait parfaitement gérer ce genre de moments. Au contraire du Racing 92 (4 défaites pour 1 victoire sur les trois dernières saisons). Et le RCT a souvent besoin d’une petite claque pour repartir au combat et lancer sa fin de saison. Chaque année de titre a son « accident ». Le 9 février 2013, Toulon, alors leader du Top 14, est ridiculisé par l’UBB (41-0), pourtant en position de relégable. Trois mois plus tard, le RCT soulève sa première coupe d’Europe. La saison suivante, deux dates à retenir : le 19 octobre 2013 (défaite 19-15 à Cardiff) et le 4 janvier 2014 (défaite 21-22 à domicile face à Grenoble). Le lendemain de ce dernier revers, un dimanche, Laporte avait convoqué ses joueurs à 8 heures du matin pour une séance vidéo dont il a le secret. En fin de saison, le RCT réalisait un doublé historique.
L’an dernier, c’est déjà une défaite au Vélodrome (24-34) face à Toulouse, fin mars, qui avait relancé la machine. C’était une semaine avant un quart de finale de Coupe d’Europe (32-18 face aux Wasps). Tiens, tiens… En mai, Toulon soulevait une troisième coupe d’Europe.
Cette saison, le premier tournant a lieu le 22 novembre. Une défaite inaugurale sur la pelouse des Wasps (32-6). Boudjellal avait déjà, à l’époque, tiré un trait sur la Coupe d’Europe. La suite : les Toulonnais enchaînent cinq succès et se qualifient. Des victoires pour la plupart étriquées, mais avec la même recette au goût d’instinct de survie. C’est là toute la force de cette équipe. D’ailleurs, après cette fameuse défaite aux Wasps, les Rouge et Noir s’étaient imposés dès le week-end suivant sur la pelouse de Clermont avec le bonus (35-9) ! « Cette défaite est peut-être un mal pour un bien, a glissé dimanche soir le talonneur Jean-Charles Orioli. Ça va permettre de nous resserrer et de retrouver un peu d’humilité. »
En manque de tauliers
Car la machine RCT a souvent besoin d’un match pour se roder. La plupart des cadres n’avaient pas joué depuis trois semaines (victoire face à Grenoble 38-8, le 12 mars). « Après une trêve, les résultats n’ont jamais été très bénéfiques, avait prédit l’entraîneur adjoint, Jacques Delmas. On a plusieurs exemples qui le confirment. »
Il ne faut pas croire pour autant que Toulon prépare sereinement ce quart de finale. Il y a plusieurs ombres au tableau. Comme l’a expliqué Laporte après la défaite face à Clermont : « Ce qui m’inquiète, ce sont les blessés. » Le RCT a perdu Mitchell pour un mois (adducteurs). Habana (ischios), Michalak (cuisse) et surtout Guirado (cervicales) sont incertains. Le capitaine de l’équipe de France se testera jeudi. Ajoutez-y les blessures longue durée de Manoa, Tillous-Borde et Halfpenny (sur le retour)... Sans oublier le cas Matt Giteau, encore préservé en raison de douleurs aux adducteurs. Pourtant, Laporte ne cache pas qu’il pourrait prendre un risque en alignant son ouvreur australien : « Peut-être qu’il va falloir qu’il joue. On va voir. » Un pari risqué mais aussi un aveu. Les expérimentés Botha, Williams et Hayman ne sont plus là et le RCT a besoin de tauliers. Si, après le revers de dimanche en Top 14, Laporte a agité la menace du « personne n’est installé » dans l’équipe toulonnaise, il est difficile de croire que celle-ci soit réelle tant il existe peu de solutions à certains postes, comme au talonnage par exemple. Et le manager n’a jamais été un adepte des surprises en phases finales. Aussi, l’équipe devrait ressembler dimanche à celle qui a débuté face à Clermont. Exception faite du pilier gauche Menini, sans doute remplacé par Chiocci. Le RCT n’est pas mort, boitillant peut-être, blessé sans doute, mais toujours debout.