je comprends son envie de retour, mais c'est pathétique. quelqu'un saura t'il le dissuader . situation probablement equivalente à notre pauvre Lapandry qui a manifestement fait le bon choix de ne pas revenir
Le jour où le Montpelliérain Kélian Galletier a failli tout arrêter
Freiné par des commotions cérébrales à répétition, le troisième-ligne international du MHR Kélian Galletier, qui n'a pas joué en Top 14 depuis presque un an, avoue avoir songé à renoncer au rugby.
Le raccourci est facile et même affolant. En ce mois de juin 2018, à Wellington puis Dunedin, Kélian Galletier jouait « le meilleur rugby de (sa) vie » face aux All Blacks et figurait comme l'une des alternatives les plus crédibles au sein de la troisième ligne des Bleus. Deux ans et demi plus tard, au coeur de l'hiver 2020, le Montpelliérain du Pic-Saint-Loup, à pas même 28 ans alors, envisageait le terme de sa carrière.
C'est une histoire devenue malheureusement banale dans le rugby moderne, celle d'un joueur qui touche enfin à son rêve et que la réalité vient subitement accabler. « Contre Agen (le 17 octobre 2020), raconte-t-il, je subis une commotion, la troisième de ma carrière, et même si je continue à jouer, je sens que je ne suis pas trop en cannes. On m'arrête trois semaines - un mois, par précaution, et je reprends face à Bordeaux (le 28 novembre 2020) en pensant que tout va bien. »
Tout ne va pas bien. Il n'est que l'ombre de lui-même, moins explosif, moins réactif. Xavier Garbajosa, le coach montpelliérain, l'alerte : « Je t'arrête, je ne te reconnais pas. » « Je pensais pourtant être en mesure de tenir ma place, concède le troisième-ligne international (29 ans, 6 sél.), mais je me mentais à moi-même. »
« J'avais des maux de tête, en permanence, des vertiges et des nausées, plus marqués à l'effort. Ma vision était floue. J'étais mal luné »
Il s'arrête donc. Consulte un neurologue, le professeur Lonjon, au CHU de Montpellier. « J'avais des maux de tête, en permanence, décrit-il, des vertiges et des nausées, plus marqués à l'effort. Ma vision était floue. J'étais mal luné. » Cet état dure trois ou quatre mois. Il se fatigue vite. Même sur le vélo, son autre passion, il ne se sent pas à son aise. Une sensation de vide l'oppresse. Pour ne pas se laisser abattre, il effectue des interventions dans des écoles de commerce, sur le management et le business du sport. « Avec le bruit et même la lumière, j'avais du mal à rester concentré », se souvient-il.
Au mois d'avril dernier, il se sent enfin prêt à revenir : « Dès le premier entraînement, je ne me suis pas senti bien. Avec Ludo (Denais) et Gaspard (Bui) - les médecins du club - nous avons pris l'option d'arrêter la saison. » C'est le moment peut-être le plus pénible du processus. Le neurologue est dubitatif sur la suite à donner à sa carrière et l'abattement semble guetter Galletier. « Oui, j'ai envisagé l'arrêt », consent-il.
Les vertiges prennent alors une autre forme. « Je me suis mis à tout relativiser, explique-t-il, la vie en général, le fondement même de la vie. J'ai consacré beaucoup de temps à ce sport alors que j'ai fini par comprendre que l'essentiel était ailleurs, dans les équilibres, les envies, l'intime. »
Le joueur, ou plutôt l'homme, n'est plus tout à fait le même. Son état d'esprit n'est plus le même. Il ne réfléchit plus de la même manière. « Tu te trompes lorsque tu priorises le rugby à tout prix, déclare-t-il. Depuis l'âge de 15 ans, j'étais dans un moule, assisté, j'ai vécu une vie de rêve, passionnante, j'ai eu beaucoup de chance, ressenti de magnifiques émotions, connu peu d'échecs. Mais je me rends compte que je n'étais pas prêt lorsque je suis passé pro à 19 ans, alors que les Anglo-Saxons le sont beaucoup plus par exemple. J'ai pris de plein fouet la mise à niveau nécessaire. »
« J'ai un tas de choses en tête, comme l'idée de faire un tour d'Europe à vélo, pourquoi pas d'aller jouer en Australie »
Galletier n'a que 29 ans, mais il aspire désormais à autre chose. Il a soif d'aventures, besoin de changer d'air, peut-être simplement de club, ou alors de pays, peut-être de métier. Il sera en fin de contrat au mois de juin, à moins que l'année optionnelle ne soit activée. Mais il lui faudrait jouer pour séduire. Il pensait en avoir l'occasion cet été, démarrer la saison avec le MHR. Il a plutôt bien vécu l'étape du Supersevens à Aix-en-Provence. « Dès le premier plaquage, indique-t-il, j'ai été rassuré quant à ma commotion. Mais sur le dernier match face à Clermont, sur la dernière action, je me suis cassé le bras, c'en était presque risible. »
Il reviendra bientôt, dans quelques semaines sans doute. « Et je serai à 100 %, promet-il, je veux rejouer en étant meilleur qu'avant. » Il sait que même les belles histoires ont une fin, lui qui n'a jamais porté que le maillot à la fleur de ciste. Il a peur de la suite. Évidemment. Pas tant que ça finalement. « J'ai un tas de choses en tête, sourit-il, comme l'idée de faire un tour d'Europe à vélo, pourquoi pas d'aller jouer en Australie. J'en ai touché deux mots à Jesse (Mogg, ancien arrière du MHR) lorsqu'il est parti rejoindre Melbourne. C'est une utopie qui pourrait exister. Je ne suis fermé à rien. »