Beaucoup d'imprudents nous prédisaient en juin 2010 que l'ASM allait enfin enfiler les titres comme des perles...Tel un puceau centenaire qui se mettrait à tirer ds tous les coins, le club phare de l'Auvergne allait enfin conclure a répétition, assoir sa domination sur la France et conquérir l'Europe...
Le bilan des ces six dernieres années est tres loin de ces reves debridés, mais il n'est pas negligeable pour autant, avec deux finales européennes : le club a su s'inscrire durablement parmi les plus grands clubs d'Europe (il n'existait pas a ce niveau avant 2010) et le mauvais scénario de la saison ecoulée ne remettra pas en cause ce statut, pour peu que l'ASM renoue avec la qualification des la saison prochaine.
Sur le plan national, l'ASM a vu surgir devant elle le Toulon survitaminé de Boudjellal (imbattable au vu des moyens deployés, et du doublé jugé impossible par tous, et pourtant realisé par ce club en 2014) et a du baisser pavillon chaque saison, à divers stades de la competition, manquant de profondeur pour tenir son rang au printemps apres la debauche d'efforts consentis en hiver lors de la coupe d'Europe...
Malgre une superbe reaction en championnat apres son elimination de la coupe d'Europe, l'ASM n'a pas eu le ressort pour triompher des vents contraires en phase finale cette saison...
A l'aune des 5 saisons précédentes, le bilan décevant de 2016 ne fait que confirmer un constat, au delà des excuses de circonstances : magnifiquement armée pour tenir le choc sur la longueur d'un championnat, avec un nombre important de tres bons joueurs, dont nombre d'entre eux sont formes dans le meme creuset ou restent longtemps au club pour en connaitre tous les rouages, donnant parfois au club l'image d'un rouleau compresseur impressionnant, l'ASM manque de densité de grands joueurs aux postes clés, capables de la faire triompher dans les moments critiques de la saison, face aux adversaires les plus redoutables...
L'ASM fait ainsi figure de solide diesel, qui tient la route, mais toujours dépassé dans la dernière ligne droite par des bolides dotés d'une plus grande capacité d'acceleration...
Tout cela ne doit rien au hasard, a la malchance ou un sournoi complot, encore moins à je ne sais quelle malediction. Ce n'est que le revers de la medaille pour un club qui a toujours considéré comme une priorité la perennité au plus haut niveau, plutot que le surarmement destiné a gagner a tout prix, avec l'autre revers qui l'accompagne : le succes est d'autant plus ephemere qu'il est rapide...
Admirable pour sa longévité dans l'elite, dans une région au bassin rugbystique fragile et pour sa capacité a drainer un public toujours plus nombreux autour d'elle malgre une demographie peu favorable, les titres resteront pour longtemps une exception pour l'ASM.
Sa principale arme, au delà de sa longévité, est aussi ce rugby efficace et dynamique d'inspiration sudiste mis en place par Cotter, qui est pour beaucoup dans la reussite populaire du club, et à sa reputation meme loin de nos frontieres, aupres de tous ceux qui apprecient le rugby offensif...cette qualité là aussi a son revers, la fragilité de cette belle mecanique lorsque la tension des matchs couperets fait prevaloir la force brute, les plans etriqués et la peur du risque...
Alors au diable les collections de titres ephemeres, pourvu que l'ASM continue a nous offrir un spectacle de très haut niveau, en esperant qu'elle ne lache rien de son enthousiasme plutot que de se recroqueviller dans une prudence excessive et des calculs qui ne lui ont pas reussi cette saison. Qu'elle sache se concentrer sur la plus prestigieuse des compétitions, tout en menageant ses forces le plus possible ds un top 14 qui ne se joue qu'a la fin...