Bilan 2011-2016. Pas facile. Il se décompose à mon sens en deux séquences de deux ans.
2011-2013 : recrutement massif à l'été 2011 entre internationaux (Byrne, Hines, Skrela et Sivivatu) et joueurs de haut niveau du Top 14 (Kayser, Vosloo), le but étant clairement d'obtenir un titre à très court terme. L'explosion de certains jeunes comme Buttin, Fofana, Naka, Chaume ou Bardy va également prouver la forme toujours impeccable du centre de formation pour permettre de continuer la fameuse pratique des trois tiers, un internationaux français un étrangers un formé au club. Le but était également de passer un cap en Coupe d'Europe. Première saison réussie dans cette optique avec deux demies finales tout les deux affreusement mal gérées pour diverses raisons. Deuxième saison sans doute la plus aboutie en terme de jeu de toute la période voire à titre personnel sur la durée la meilleure saison depuis que je suis l'ASM (donc 97 en gros). Peu importe les joueurs la qualité reste toujours la même. Avec en plus par rapport à la saison précédente un Sivivatu survolté qui semble pouvoir illuminer un match à tout moment comme le quart contre Montpellier et le retour au bercail de Nalaga toujours aussi prolifique. Plus large défaite en saison régulière ? De 8 points à Toulouse. Tout va bien. Sauf que Dublin. Le point de cassure pour de nombreux supporters et clairement en tout cas un point d'inflexion pour le club. Match qui sera refait éternellement comme la finale de Top 14 de 2007. Tout a été dit sur ce match mais tout sera redit que ce soit sur Rolland, le choix de jouer depuis nos trente mètres, Fofana qui fait pas la passe, Cotter qui finit le match avec Rado Skrela à la charnière, Paulo à l'aile,... Derrière Nantes n'est qu'une conséquence mais elle rajoute au tragique entre pleurs de Roro, James obligé de s'échauffer pendant 35min sur le bord du terrain, Nalaga qui rentre dans Pierre,...
2013-2014 : la saison de transition. Après Dublin Cotter s'est épanché dans la presse et cette année il semble là sans y être vraiment, une saison bien terne sur le plan collectif comme individuel. L'ASM gagne les matchs qu'elle doit gagner et perd ceux qu'il est naturel qu'elle perde. Même le quart à domicile contre Leicester ne suscite guère de passion. L'événement qui animera le plus les supporters restera l'annonce du départ de Sivivatu à Castres, une annonce qui choquera pas mal jusqu'au principal concerné vu qu'il en oubliera toute implication. Des blessures à la pelle, des anciens autrefois brillants comme Hines et Vermeulen en fin de course, des jeunes éternellement laissés de côté, rien ne tourne vraiment et à part l'arrivée de Lee en joker médical, les éclaires trop rares du toujours étincelant mais fragile King et les saisons de patron de Cudmore, James et Stanley tout ça se finit par une défaite à domicile inéluctable contre Castres. Une bien triste conclusion à l'ère Cotter qui aura apporté tellement et se sera achevée bien tristement.
2014-2016 : nouveau head coach, nouveau capitaine, recrutement tourné vers des joueurs plus jeunes et revanchards mais néanmoins expérimentés (un international anglais, un lions, un all black, deux internationaux français), l'objectif est de reconstruire en s'appuyant sur les tauliers de l'ère Cotter (Zirak, Jamie, Bonnaire, Parra, James, Roro en gros). Le jeu sur cette période a clairement diminué en qualité mais l'équipe semble plus solide mentalement, plus organisée, plus construite, moins défaitiste quand menée au score. Un bel exploit au Munster semble confirmer cette nouvelle force d'adaptation et de pragmatismes. Des nouveaux tauliers apparaissent et se révèlent comme Vaha, Chouly, Lee, Lopez, Davies (quand pas blessé chose rare) ou Abendanon brillantissime. Néanmoins le turnover trop rare, une saison très éprouvante et quelques blessures dans la dernière ligne droite empêcheront de remporter un trophée non sans quelques bourdes de gestion encore spectaculaires. La saison suivante l'ASM connait sa première crise depuis longtemps avec en point d'orgue une élimination ridicule de Coupe d'Europe dans la poule la plus abordable qu'elle ait eue depuis bien longtemps. La gestion humaine semble compliquée, le jeu n'est pas clair, les trois quarts ne se trouvent pas et les blessures s'accumulent. Néanmoins la trêve, l'ouverture du groupe, le retour en forme de joueurs épuisés par la CDM insuffle du sang neuf et après une victoire - enfin - à Castres la machine est lancée. Les matchs de fin de saison laissent entrevoir une ASM plus pragmatique comme lors d'une victoire à Toulon et la demie confirme cela avec bon nombre de jeux au pieds plus ou moins opportuns. Néanmoins une fois menée 16 à 3 l'ASM se rappelle que quand on a Fofana, Roro, Strettle, Abendanon/Naka et Spedding derrière, ça peut être utile de jouer au ballon et remonte. Puis prolongation et un nouveau Dublin avec encore une gestion calamiteuse.
Bilan : Deux périodes distinctes qui se finissent toutes les deux dans des parodies de gestion inoubliables. L'ASM a tout pour réussir. Des installations, des bons coachs, des bons joueurs, un bon centre de formation, une régularité exemplaire au plus haut niveau. Pourquoi n'y arrive t'elle pas ? L'absence de grands joueurs ? Elle a des internationaux à tous les postes. Le manque de leaders ? Possible. La malédiction ça n'a pas de sens mais à force d'appuyer dessus comme les étiquettes se décollent difficilement l'ASM ne fait pas peur en phases finales. Car elle est vue comme une équipe incapable de tuer son adversaire. Ce qui est idiot parce qu'elle sait le faire. Comme contre Toulouse en 2015. Mais elle ne le fait pas assez régulièrement pour aborder ces matchs en pleine confiance. Et cette marche reste pour l'instant infranchissable. Car même si je suis convaincu que les trophées ne sont pas les seuls éléments qui importent (plus les émotions) je suis tout aussi convaincu qu'une telle régularité au plus haut niveau ne peut qu'être concrétisée par un titre ou alors elle s'apparente à un immense gâchis plus qu'à autre chose. La concurrence s'intensifie et se développe. Si Toulon s'écroule un autre prendra le relais. Il ne faut pas compter sur l'évolution des autres alors que notre club a TOUT entre les mains pour réussir par lui même.