Si tu pouvais nous les ré-écrire...
Quelques morceaux choisis :
Rugby Infos Clermont : La saison dernière a été compliquée collectivement, pourtant elle a été riche pour toi individuellement avec un retour en équipe de France.
Rémy Grosso : Oui l'an dernier c'était un peu chaud, l'après titre a été un peu dur à digérer et du coup on l'a payé cash comme pas mal d'équipes ces dernières saisons, c'est un peu la tendance... Dans un championnat ultra serré cela a été dur, mais au final cette saison aura fait du bien dans les têtes car elle aura permis de repartir de zéro et de tous se remettre en question. C'est ce qui a été fait cet été et bien fait car nous avons réussi à partir sur un début de saison canon et il faut tenir le rythme désormais. Individuellement, cette dernière saison m'a permis de goûter à nouveau à l'équipe de France et de passer de bons moments en Bleu et c'est très agréable. C'est une saison mitigée on va dire mais il y a eu de la régularité et du plaisir sur le plan personnel (17 matchs, 16 titularisations, 3 essais en club, 4 sélections et 1 essai contre les All Blacks, ndlr).
R.I.C. : Heureusement qu'il y a eu des joueurs épargnés par les blessures... Quand tu es arrivé au club, tu disais avoir toujours des petits bobos à soigner... Là tu as été tranquille.
R.G. : Oui et ce n'est jamais parfait. On a tous des petits pépins qui traînent. Tous. Je ne vais pas vous dire que le matin quand je me lève, je n'ai mal nulle part mais c'est le lot quotidien (sourires). Ce qui est bien à l'ASM, c'est que nous avons un staff qui est très à l'écoute sportivement et médicalement. Il y a une relation de confiance et c'est agréable car on peut dire ce qui va et ce qui ne va pas. Et surtout, ils ont les solutions et je n'ai pas toujours connu ça. Le très haut niveau, cela se joue aussi là. Je me sens bien à l'ASM car on peut parler et dire quand cela ne va pas et ainsi réguler les entraînements dans la semaine ou même les matchs. Le staff bosse bien ensemble, c'est compétent, les gens tirent tous dans le même sens et ce sont des bosseurs. Cela aide. Globalement on arrive à gérer les pépins et à bien évoluer.
R.I.C. : En fin de saison dernière, le staff s'était réuni pour faire le bilan et voir s'il fallait casser la routine et organiser différemment la semaine de travail. Cela a fait du bien ?
R.G. : Honnêtement, les semaines étaient déjà bien faites. Le staff a dû se poser un milliard de questions après la saison dernière. C'est normal quand tu passes d'un titre de champion de France et que tu en arrives à presque jouer le maintien. Au-delà de ça, il fallait tous se reprendre en main en se disant "on a grillé un joker, on a fait une saison merdique et personne n'a aimé ça". Les solutions on les avait car cela fait dix ans que Clermont évoluait au plus haut niveau. Ce n'était pas très "dur" pour le staff de trouver les solutions pour repartir et cela a été un bon coup de pied au cul pour tout l'effectif car nous n'étions pas à notre place l'an dernier. Il y a eu une remobilisation pour prendre conscience que ce n'était pas normal et qu'il fallait peut-être travailler plus même si on travaillait déjà bien et beaucoup. Nous sommes tous de grands garçons et si on ne voulait pas revivre une saison galère il fallait se bouger. C'est plus ça que le changement d'entraînement du lundi ou du mardi.
R.I.C. : Cela a été compliqué de te voir blessé sur un gros choc lors du premier test contre les All Blacks. Tu l'as bien accepté et digéré avec beaucoup de fair-play ?
R.G. : Il n'y a pas à le ruminer plus que ça. C'est comme ça. C'est une tournée que j'attendais car une tournée en Nouvelle-Zélande, on n'en fait pas mille dans une carrière donc j'étais plutôt content de faire partie du groupe. C'est le rugby, cela aurait pu m'arriver sur un autre match ou à un autre moment... Sur le coup il a fallu digérer le fait de s'être préparé pour si peu et de devoir rentrer en France avec ce que cela comportait de pénible : le rapatriement, l'opération à venir... Mais je me suis dit "il y a pire, ce n'est pas grave". Il a fallu se remobiliser pour repartir sur la saison mais une fois que cela a été fait... Je n'ai pas de rancune. C'est le sport et malheureusement ou heureusement nous sommes habitués. Des coups on en prend. Je n'ai pas senti que c'était une agression volontaire et très méchante. Même s'il y a eu faute, je pense que les gars ne se sont pas dit "on va lui fracasser le crâne...". A partir de là, je me dis que cela aurait pu m'arriver aussi, faire une faute qui blesse un joueur. J'essaie de faire attention.
R.I.C. : C'est plutôt l'absence de sanction derrière qui a choqué...
R.G. : Oui. L'arbitre après voulait me contacter et s'excuser. Il s'en est rendu compte. Mais les arbitres ne sont pas parfaits, cela peut arriver. Après vidéo, je n'aurais pas eu une satisfaction particulière à ce qu'il prenne un rouge, cela n'aurait rien changé. Mais il y a parfois des polémiques sur des actions... (il souffle) Certaines fautes moins graves sifflées en Top 14 se terminent par un carton rouge et je me dis "ouah". C'est comme ça.
R.I.C. : Comment vois-tu l'évolution de ton poste ? On demande de plus en plus de choses à un ailier selon toi ?
R.G. : Je ne sais pas comment cela était considéré avant, mais aujourd'hui, il y a tellement de profils différents à ce poste qu'on les utilise différemment. Le pur ailier qui finit les coups, le sprinteur... Il y a tellement de profils. J'ai du mal à résumer le poste d'ailier finisseur, sinon je ne jouerais pas ailier (sourires). Je ne suis pas un grand marqueur comme à l'époque de Laurent Arbo ou de Vincent Clerc. Cela a évolué, on nous demande et on nous laisse la liberté d'intervenir où on veut, de faire partie intégrante du jeu. C'est bien car dans un club comme l'ASM, on peut s'amuser et faire partie du projet à 100%, pas être là seulement pour courir trois mètres et aplatir. Je l'ai toujours vu comme ça car à la base je jouais au centre quand j'étais plus jeune, donc en passant ailier j'avais des réflexes. Partout où j'ai joué on m'a demandé de bouger sur le terrain donc c'est bien.
R.I.C. : Tu es un ailier complet. Quels points aimerais-tu améliorer ?
R.G. : On peut toujours tout travailler. Je n'ai pas tendance à me reposer sur mes acquis donc j'essaie de tout travailler : la vitesse pure, la technique, la vision du jeu... Il faut se remettre en question sans arrêt car à chaque fois cela recommence. Il ne s'agit pas d'être bon sur un match et de se sentir arrivé. Chaque semaine on travaille à nouveau, on cale les domaines spécifiques au poste. A la fin de chaque entraînement on peut faire ce que l'on veut donc on échange pour voir ce que l'on veut bosser. On le fait avec d'autres joueurs, c'est à la carte mais chacun se responsabilise aussi.
R.I.C. : Quand certains supporters de clubs ne souhaitent pas que leurs joueurs aillent en sélection par crainte de la blessure ou autre, qu'est-ce que cela provoque chez toi ?
R.G. : Car ils ne pensent pas ce que peut représenter le maillot du XV de France, ils ont peur pour le club. Il ne faut pas tirer la couverture à soi. L'équipe de France, cela reste la vitrine de notre championnat et du rugby français. C'est important de jouer le jeu dans les deux sens et je trouve que plus une équipe est représentée en équipe de France et plus c'est gratifiant pour le club. On reconnaît le travail qui est fait et c'est important. Cela met en avant la qualité du club. Il ne faut pas réfléchir comme ça même si je comprends que certains aient peur de perdre leurs internationaux, de faire jouer la "B" comme je peux le lire parfois... On ne se dit pas que nous sommes les seconds couteaux, au contraire, on a une chance et on la saisit.
Dans l'interview dédiée au rugby, Rémy dit qu'il n'est pas focalisé sur l'idée de faire partie du groupe pour la Coupe du monde au Japon, il évoque également la semaine de stage passée au Japon, l'ambiance là-bas, son acclimatation à Clermont depuis son arrivée au club, la place faite aux jeunes, le retour des internationaux après le Tournoi, le quart de finale face à Northampton...
Du côté de son autre passion, le dessin, il explique que tout petit, son rêve était de devenir dessinateur pour Disney. Qu'il continue à aller voir les Disney au cinéma avec ses enfants.
Qu'il aimerait découvrir le monde du design et de l'art : "C'est un monde que je ne connais pas très bien car je n'ai pas grandi dedans. Je me fais mon idée de ce monde. Forcément, tout ce qui touche au design et à l'art en général, cela m'intéresse de plus en plus. Quand on a une passion, on s'intéresse à tout. Et si je pouvais en faire mon métier ce serait top. Je m'amuse à faire ça, et on verra les débouchés mais je ne pense pas au côté professionnel même si ma femme voudrait que cela soit plus le cas... Avec le dessin je ne me projette pas au niveau professionnel, je m'amuse et je fais ce que j'aime. Si cela me plaît je continue, sinon j'arrête, c'est du plaisir et une passion."
Au sujet de son style : "J'aime un peu tout, je suis intéressé par différents styles hormis peut-être l'abstrait. J'aime les styles colorés comme le street art, le travail à la bombe, mais j'aime aussi l'aquarelle. Ce que j'aime faire c'est la couleur, le graffiti, ce qui est un peu brut et que l'on peut retrouver dans la rue. Plus que le portrait même si j'en fais un peu."