Ce retrait interpelle, tant Lièvremont apparaissait comme un leader possible en vue des élections, mais il n'est pas entièrement une surprise. Depuis le début, l'ex-troisième ligne aile international soufflait le chaud et le froid quand on évoquait avec lui son engagement dans la campagne. D'un côté, il parlait d'« une blessure du quotidien de voir notre rugby être malmené sur les résultats et sur la forme » et disait son envie de changer les choses. De l'autre, il évoquait sa vie personnelle, mais aussi ses interrogations sur la composition de la liste appelée à affronter celle de Laporte en décembre 2020.
Une collaboration impossible avec Blanco et Skrela
Avec le temps, néanmoins, ses hésitations s'étaient estompées et il semblait décidé à monter au front. Critique farouche de Bernard Laporte et de la politique qu'il mène, Lièvremont avait même prévenu l'un de ses employeurs, Canal +, qu'il pourrait prochainement quitter l'antenne afin d'éviter le mélange des genres et un éventuel conflit d'intérêts. Pourquoi a-t-il finalement jeté l'éponge ? On en revient là à ses doutes sur la composition de la liste, mais aussi à son refus du compromis. Au sein de ce think tank, on trouve des profils très différents : des hommes neufs (Grill, Lhermet, Magne...), et d'autres qui ont déjà eu d'importantes responsabilités à la FFR, comme Serge Blanco (ancien vice-président) et Jean-Claude Skrela (ex-DTN).
Aux yeux de certains membres de « l'opposition », dont Lièvremont, ces deux derniers représentent en partie l'échec du rugby français, et il n'est pas envisageable de collaborer avec eux, ou de les voir reprendre des responsabilités à la Fédération. Le problème est identifié au sein du groupe de réflexion, mais les jeux politiques, les intérêts et les ambitions personnelles ont pour l'instant empêché de trouver une solution. Un vote interne devrait être organisé prochainement pour désigner le futur patron de la liste. Marc Lièvremont, qui apparaissait le plus rassembleur, ne sera pas celui-là.