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Anciens coaches


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#1 el landeno

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    Joueur de TOP 14

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Posté 24 janvier 2019 - 22:04

Christophe Deylaud : «Ma fierté en a pris un coup»

Publié le   jeudi 24 janvier 2019 à 19:53 dans l'Equipe

Après des expériences réussies à Agen et Bayonne, Christophe Deylaud pensait avoir assez prouvé pour avoir des contacts au niveau professionnel. En vain.

Dominique Issartel 
 
La vie de coach après le Top 14 (3/3) : Les contrepieds de Deylaud  Depuis mercredi, nous consacrons un dosssier aux anciens entraîneurs professionnels et à leur vie après le Top 14. Troisième et dernier épisode avec un technicien qui reviendrait volontiers dans le haut niveau. 

Depuis 2014 et son départ de Bayonne -juste avant la descente en Pro D2-, Christophe Deylaud a vu s'éloigner le train du rugby professionnel. Faute d'être lié à un réseau d'agents, les portes se sont refermées, une à une, au moment où ilcherchait à rebondir dans un autre club. Aujourd'hui manager sportif du club de Blagnac, qui brille en Fédérale 1, le niveau amateur, il voudrait prouver que l'on peut réussir en restant fidèle à ses idées : faire jouer les jeunes français, les éduquer et les aider à mener de front vie professionnelle et rugby. Il interroge aussi, sans concession, le fonctionnement du rugby français. 

« On se trompe si on vous compare, question caractère, à Pierre Berbizier qui, après son licenciement du Racing 92, en 2013, a mis quatre ans à retrouver une place dans un club professionnel ? 
C'est vrai qu'on a un peu la même personnalité. Des joueurs à fort tempérament, qui s'appuyaient sur une grosse préparation physique. Sous notre côté un peu rigide, on reste droit dans nos pompes. Ce n'est pas qu'on est borné mais quand on dit quelque chose, on reste dans la logique qu'on a décidée. 

Comme lui, vous n'avez pas fait appel à un agent pour retrouver un poste. Pourquoi ? 
Sûrement parce que je voyais ça un peu une trahison vis-à-vis de moi-même. Je me disais qu'un club recrute des entraîneurs et des joueurs pour leurs compétences, pas pour leur appartenance à un réseau. Mais voilà, quand beaucoup de Toulonnais se retrouvent à Lyon, et ce n'est qu'un exemple, on ne peut que constater que les agents font la distribution des joueurs. Celle des entraîneurs aussi. OK, c'est leur boulot. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les dirigeants ne cherchent pas hors de ce circuit. Je ne dis pas que j'ai des compétences supérieures aux autres mais je ne suis pas un tocard, j'ai prouvé, j'ai sorti et formé des jeunes. Huget, Machenaud, Dulin, Balès, Guitoune, je les ai tous eus à Agen, en Pro D2. 

Et eux ne suffisent pas à faire votre « promo » ? 
Quand on en parle, ils me disent qu'ils ne comprennent pas que je sois resté en bord de route... Je leur dis : « Pourquoi vous ne dites rien ? » C'est à eux aussi de souligner la valeur de quelqu'un. Mais ils sont dans un monde aseptisé, sur le mode « j'ai mon agent, je prends mon oseille, je m'occupe de mon jeu.

 

» 

Avec le recul, vous regrettez d'être resté hermétique à ce fonctionnement ? 
J'ai eu une mauvaise fierté, c'est sûr. Finalement, je me suis pris pour celui que je n'étais pas. Je pensais que mon travail suffirait mais, à la réflexion, partout, on m'a considéré comme un second. Je bossais aux côtés de Christian Lanta, c'était lui le manager, il était en relation avec les dirigeants et même si je m'occupais de mettre en place ce qui concernait le terrain, de l'extérieur, ce n'était pas perçu comme ça. J'ai été estampillé porteur d'eau alors qu'entre nous, le fonctionnement était clair. A l'arrivée, je me retrouve à côté de la plaque. J'ai cru que j'avais assez de compétences pour qu'un président se demande ce que je pouvais apporter... Ma fierté en a pris un coup. Visiblement, tout ça passe par un autre canal. 

Vous pensez que ce système favorise de moins bons entraîneurs que vous ? 
... Tout ce que je peux dire, c'est que je ne suis pas un entraîneur par défaut. A 17 ans, j'ai commencé à être éducateur. C'est toujours mon boulot même si aujourd'hui, je m'occupe plus spécialement de papys et de mamys. Je fais faire du sport aux seniors. Aussi loin que je remonte, j'ai toujours été un peu entraîneur dans ma tête. Joueur, je suivais aussi mon instinct d'entraîneur. J'étais les deux. 

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C'est quoi un entraîneur par défaut ? 
Il y a une trentaine d'années, après sa carrière, le joueur de rugby entrait dans les mairies, ou chez EDF. Après, il y a eu les banques, les assurances... Depuis que le rugby est vraiment professionnel, comme la gamelle est bonne, tout le monde devient entraîneur. Certains joueurs retraités passent directement à un poste d'entraîneur, sans avoir pris le temps nécessaire pour apprendre et surtout sans expérience. Ils ne passent plus par la case équipe de jeunes, celle où on se forme vraiment, celle où on fait ses preuves aussi. 

Cette « non-reconnaissance » du milieu professionnel, c'est une blessure, une souffrance ? 
Non parce que je m'épanouis à Blagnac. Le deal est clair avec eux, je pourrais reprendre ma liberté si j'avais une proposition dans un club professionnel. Mais en attendant, depuis quatre saisons, petit à petit, on a restructuré le club et depuis 2016, Fred Michalak (l'actionnaire principal) et Benoît Trey, le président, m'ont laissé carte blanche sur le sportif. J'essaie de changer la donne, de faire avec mes idées. 

Quelle est votre priorité ? 
Je dirais modifier le rapport à l'argent. Ici, les gars ne bougent pas alors qu'ils pourraient toucher deux fois plus dans d'autres clubs de Fédérale. Ils sont impliqués dans le club et dans un projet professionnel. La base, c'est que tout joueur travaille ou fasse des études. On les aide à trouver un emploi, à mener une reconversion. Les jeunes qui arrivent des centres de formation des grands clubs, où ils étaient sous contrat espoir, doivent se mettre à bosser et on leur propose ça, avec un peu de finances. Cela leur donne une assise, une confiance. 

Parce qu'ils n'en ont plus ? 
Disons qu'on récupère souvent des jeunes qui n'ont pas réussi à poursuivre au sein de la filière classique, celle des centres de formation, car ils n'avaient pas la technique ou le physique suffisants. Redescendre en Fédérale, jouer, reprendre confiance, c'est inestimable et certains se révèlent sur le tard comme Pierre Pagès (formé au Stade Toulousain, le demi de mêlée est ensuite passé par Albi et Blagnac et vient de signer un contrat avec le Stade Toulousain). Quand on le voit jouer, on se dit qu'il n'avait rien à faire en Fédérale mais, en même temps, je suis sûr que son parcours est plus bénéfique que celui de certains jeunes qui jouent en Top 14 directement. 

C'est-à-dire ? 
Le système des JIFF a fait monter les enchères de manière délirante. Sous prétexte qu'ils ont le tampon « Filières de formation », les jeunes joueurs français se voient proposer des salaires bien plus élevés que ce qu'ils valent vraiment. Bien sûr, il y a des exceptions mais beaucoup subissent un effet pervers. Ils n'ont plus besoin de prouver ce qu'ils valent sur le terrain. Ils ratent un passage essentiel de leur évolution, s'accrocher, faire ses preuves. Il me semble que le message à faire passer aujourd'hui, que ce soit pour les joueurs ou les entraîneurs, c'est de prendre du temps.

 

 

Alors que tout s'accélère, au contraire... 
Mais une équipe, cela ne se fait pas comme ça. Souvent, on me parle de Toulon, de ses trois titres européens, mais j'ai presque envie de dire que c'est facile d'entraîner et de réussir quand on ne recrute que des stars, qu'il y a un tel choix de joueurs. Depuis que le RCT n'a plus les mêmes moyens, ils sont beaucoup moins performants. Dans le même temps, si Toulouse brille à nouveau aujourd'hui, c'est que les dirigeants n'ont pas viré Ugo Mola du jour ou lendemain quand ça allait mal. Et c'est pareil pour les joueurs. J'entends toujours parler de l'apport de Wilkinson, Carter, Rokocoko. Mais ces mecs-là, à 18 ans, on leur a donné l'opportunité de prouver, c'est à force de jouer, de se frotter au haut-niveau qu'ils sont devenus si performants. 

Si vous étiez entraîneur de l'équipe de France... 
Je ne serai jamais entraîneur de l'équipe de France, ce n'est pas dans mes cordes. Déjà, joueur, j'étais limite. Mais bref... On ne peut pas changer d'équipe à chaque Tournoi ! A chaque rassemblement, il y a dix ou quinze changements... Dès qu'un jeune fait un ou deux bons matches en championnat, il est monté en épingle : « Celui-là, il faut le prendre ! » La charnière est un exemple frappant. Déjà, à mon époque, on changeait les demis au moindre coup de pied raté. Jonathan Sexton, l'ouvreur irlandais, il a loupé combien de matches lui ? Il a attendu et a été formé pour succéder à Ronan O'Gara, il a fait des mauvaises performances mais il est toujours là, et c'est le meilleur joueur du monde cette année. 

Est-ce que les sélectionneurs en France ont trop de choix ? 
Non, le problème, c'est qu'ils ne font pas de choix. C'est tout le temps pareil, que ce soit Lièvremont, Novès, Saint-André... On fait du turn-over, on teste quatre-vingts, quatre-vingt-dix joueurs, comme ça on est bien avec tout le monde, on ne se fait pas cracher dessus. Il y a un manque de courage. Pour ne pas être jeté aux orties, on fait plaisir aux clubs, aux joueurs, et même aux médias. Pourtant, à la fin, ça finit toujours pareil... Et pendant ce temps, on rate la maturation des joueurs. Au lieu de jouer aux chaises musicales, est-ce qu'on ne pourrait pas intégrer au groupe France, sur des cycles de quatre-cinq ans, quelques espoirs qu'on a soigneusement choisis ? Ils seraient aux rassemblements, participeraient aux entraînements, pourquoi pas aux tournées, sans jouer, mais pour apprendre, pour se former, pour être prêts, comme Sexton, quand ça serait leur tour. 

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C'est ce que font plusieurs équipes internationales... 
Oui même s'il faut aussi arrêter de regarder ailleurs. Je suis persuadé qu'on a le savoir-faire, c'est quand même des entraîneurs français qui ont gagné le Top 14 ces trois dernières années. Je ne veux pas cracher dans la soupe car, moi aussi j'en ai eu des étrangers, Caucaunibuca, Rokocoko, et je me suis régalé à les entraîner, mais si on rame tant aujourd'hui, c'est peut-être à cause de ça. Je ne dis pas qu'il n'en faut pas mais quand je vois certains clubs, même en Fédérale, qui recrutent des Géorgiens, des Fidjiens, etc..., au lieu de prendre des jeunes... Mais c'est en train de changer, de plus en plus de joueurs français reviennent vers ces équipes car ils se rendent compte que ce qui compte, c'est jouer. Ça n'a pas de prix. Quand je vois ces gamins dans les réserves des clubs de Top

14, accrochés à l'idée qu'ils vont passer pro... mais ils perdent leur temps !

 

  

C'est du gâchis ? 
Il y a de tels talents en France ! Seulement, il faut les accompagner, les former, les faire jouer et les soutenir. C'est en ramenant le rugby dans les écoles, les universités et en s'appuyant sur les éducateurs qu'on deviendra champion du monde. Il faut faire confiance aux jeunes. Regardez le foot. Avant la Coupe du monde, on voulait quasiment jeter Didier Deschamps parce qu'il avait écarté des vieux et été chercher de jeunes pépites qu'on ne connaissait pas trop ! 

Vous, à Blagnac, vous n'avez pas de joueurs étrangers ? 
J'en ai recruté un seul, il y a deux ans et demi, par défaut et dans l'urgence, car un joueur venait de me faire faux bond. C'est un deuxième-ligne sud-africain, il est toujours là et ne veut plus partir. 

Comment faisiez-vous, à Agen ou Bayonne, pour concilier vos idées et le recrutement des étrangers ? 
Forcément, on est obligé de faire des concessions. A partir du moment où les joueurs sont là, il faut les faire jouer. Je me suis même battu pour garder Joe Rokocoko quand Bayonne voulait s'en séparer. Un All Black avec 60 sélections qui était au fond du seau, je ne comprenais pas... J'ai dit : « Laissez-le moi ! » Je crois que je l'ai remis en selle et quand il a été champion de France un an après, avec le Racing (2016), il m'a envoyé un beau message, où il me remerciait. Mais là, on parle de cas particuliers. Evidemment qu'un mec comme ça, bien utilisé, apporte son expérience. 

Ce qui vous gêne, c'est un fonctionnement général ? 
Oui. Par exemple, à Bayonne, j'ai formé Mathieu Ugalde et, au moment où il commençait à briller, le club a voulu le vendre. Mais pourquoi on forme si ce n'est pas pour que le club en profite ? Ce n'est pas de la viande, les joueurs, quand même. Cette fois-là, j'ai refusé et j'ai même laissé une partie de mon salaire pour le garder. »  

 

Modifié par JB 03, 25 janvier 2019 - 10:28 .


#2 La goutte

La goutte

    Joueur de Fédérale 2

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Posté 25 janvier 2019 - 09:12

Merci.

 

Itw tres intéressante. 

 

Deylaud sacré joueur (finale 94 aie aie aie) et belle personnalité.



#3 Silhouette

Silhouette

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Posté 25 janvier 2019 - 16:06

Merci.

 

Itw tres intéressante. 

 

Deylaud sacré joueur (finale 94 aie aie aie) et belle personnalité.

Ma premiere... du coup Deylaud etait sans doute un grand joueur, et c'est sans doute un bon mec, mais je le deteste..  :wacko:  :wacko:  :wacko:



#4 RCV06

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Posté 25 janvier 2019 - 16:16

Ma premiere... du coup Deylaud etait sans doute un grand joueur, et c'est sans doute un bon mec, mais je le deteste..  :wacko:  :wacko:  :wacko:

Il dit quand même pas mal de choses justes



#5 Silhouette

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Posté 25 janvier 2019 - 16:27

Il dit quand même pas mal de choses justes

Ah non mais c'est irrationnel et visceral, j'ai meme pas lu l'interview. Traumatisme de mon enfance...   :crying:



#6 Arverne03

Arverne03

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Posté 26 janvier 2019 - 08:49

Merci.

 

Itw tres intéressante. 

 

Deylaud sacré joueur (finale 94 aie aie aie) et belle personnalité.

 

Le seul qui tournait le dos aux perches avant de botter !  B)