En train de se structurer autour de Florian Grill, président de la Ligue Ile de France, Serge Blanco, Jean-Claude Skrela, Marc Lièvremont, Olivier Magne ou Fabien Pelous, l'opposition à Bernard Laporte, qui se met en ordre de marche pour la future élection au poste de président de la FFR, fin 2020, a tenu à s'exprimer, par la voix de Jean-Marc Lhermet, sur la question du futur sélectionneur, au moment où les clubs répondent à un référendum initié par Laporte, sur la question : « Seriez-vous d'accord avec la nomination d'un sélectionneur étranger à la tête du quinze de France masculin ? »
« Qu'avez-vous pensé de l'idée de Bernard Laporte de soumettre cette question au vote des clubs ?
On n'a pas trouvé ça très pertinent, cette question brute, qui est proposée à l'ensemble des clubs. Ce n'est pas de la responsabilité de tous les clubs de répondre à ce type de questions. Au niveau de la Fédération, des gens sont à même de prendre ce type de décisions ! Il y a d'innombrables sujets sur lesquels je pense qu'il est important de faire réagir l'ensemble du rugby mais là, ce n'était pas très opportun. Ça nous a permis de nous poser la question de la stratégie du choix d'un entraîneur pour l'équipe de France. Si jamais un jour on a la question à se poser, il vaut mieux qu'elle ait été anticipée !
« Il faut professionnaliser notre façon de choisir une personne aussi importante que ça »
Quelle a donc été votre réflexion sur ce thème ?
La notion de nationalité, on l'a trouvée non opportune. C'est une approche dépassée, pas moderne ! La question, ce n'est pas «l 'entraîneur doit être français ou étranger ? », mais « quel est le profil d'entraîneur qui correspond le plus à ce qu'on demande pour faire gagner l'équipe de France ? » Ça part d'un cahier des charges qui doit être défini, qui doit comporter tout un tas de critères, sportifs, de compétence technique, tactique, physique. Mais aussi des critères identitaires, autour de la culture, quelle identité de jeu, quelles valeurs on veut mettre dans cette équipe de France ? Il est nécessaire que l'entraîneur qui arriverait aujourd'hui ait une connaissance de l'environnement du rugby français, qui est atypique. Il doit être en capacité d'échanger avec les entraîneurs des clubs... La notion de langue pour moi être importante, quand vous parlez d'échange de culture, de transmission. Un entraîneur qui ne parle pas français, c'est compliqué à mettre en oeuvre. Ce sont ces critères qui vont faire qu'on va définir le meilleur profil, compte tenu du contexte particulier du rugby français.
Ça exclut beaucoup d'étrangers...
Quand vous les listez, vous avez l'impression que c'est plutôt un entraîneur français qui va y répondre, c'est vrai. Mais pourquoi pas un étranger, on a des exemples qui ont entraîné dix ans en France, en réussissant. Si on correspond aux valeurs qu'on veut distiller dans cette équipe, s'ils sont en phase avec l'identité de jeu qu'on veut voir, pourquoi pas ? Un Joe Schmidt, par exemple. On s'est aussi posé la question de qui doit choisir le futur sélectionneur.
Pourquoi ?
Parce que c'est un processus qui doit être préparé, ça ne doit pas être le choix du roi ! Ça doit faire l'objet d'une réflexion de personnes bien identifiées, qui vont débattre, consulter, recevoir, auditer, recruter un profil de très haut niveau comme des entreprises le font aujourd'hui. Il faut professionnaliser notre façon de choisir une personne aussi importante que ça ! »