Bien d'accord là-dessus... ... mmmm mais je te relance quand même ! Toi ou d'autres hein, joignez vous donc !
Mais plus globalement cette fois.
Logiquement d'après tes derniers posts, tu estimes qu'avec plus de temps ensemble les Bleus de 2012-19 auraient été sensiblement meilleurs. Que le staff technique n'a eu donc, que si peu d'importance par rapport à ces facteurs là (calendrier, Top 14 etc...). Tu te rappelles de l'attaque sous PSA n'est ce pas, même après les 3 mois pré- coupe du monde. Lagisquet faisait des merveilles déjà à Biarritz à l'époque avant de rejoindre le staff des Bleus. Y a-t-il eu en 4 ans, un ou deux essais collectifs mémorables ? Ou plutôt que des exploits individuels.
Ensuite, Guy Novès, grand entraîneur des années 90 et 2000, tu l'as vu en difficulté au Stade Toulousain les dernières années là-bas malgré un énorme budget et un bel effectif, avant de prendre la tête des Bleus en 2016. Tu as vu le jeu déployé par Dubois sur ces 2 années complètes: large large, la balle à l'aile la vie est belle, et pas grand chose d'autre, d'ailleurs ça s'est senti dans les résultats. Tu as vu ce que faisait Brunel avec l'Italie déjà avant de prendre la tête des Bleus, dépassé par le Rugby moderne et contraint de laisser sa place, et ce que faisait Elissalde avec l'attaque toulousaine avant d'intégrer lui aussi le staff tricolore. Tu as vu l'amélioration des Bleus avec l'arrivée en 2019 de Galthié dans le staff, en quelques mois à peine, mais surtout l'amélioration en un an dès 2020 avec virtuellement le même effectif.
Pour moi, je pense comme les anglosaxons généralement là-dessus, il y a une très grande importance d'un staff technique. Un plan de jeu complet, qui prend toutes les phases de jeu en compte, travaillé intelligemment sur la semaine, ça donne une confiance pas possible aux joueurs. Ils arrivent sûrs d'eux, sachant quoi faire à tout instant, ça construit *une équipe*. Les circonstances inverses rendent les joueurs craintifs, timides, individualistes et même comme sous Novès (tournée de Nov. 2017) ils n'ont même plus envie d'y aller car une stratégie inadaptée au niveau requis entraîne des échecs, une baisse de confiance, et finit par être humiliante. D'ailleurs le XV de France a été pendant 8 bonnes années les guignols du circuit des nations majeurs de Rugby. Les joueurs gagnaient par hasard leur match.
Que dire là-dessus ?
Excuse-moi pour la réponse tardive
Pour ma part, je pense que la réussite au plus haut-niveau réside dans une accumulation de facteurs car plus le niveau monte, plus les détails feront les différences. Prenons l'exemple du tennis. Novak Djokovic est un excellent joueur qui peine cependant à rivaliser avec les deux géants que sont Federer et Nadal. Mais il découvre soudainement qu'il possède une intolérance au gluten et change son alimentation en conséquence. Il se retrouve alors propulsé au sommet du tennis, passe d'une une à vingt victoires en grand chelem, prend pour la première fois la première place mondiale et bat le record de semaines passées dans cette position.
Qu'est-ce que la correction d'une légère intolérance au gluten au milieu de tout ce qu'est le tennis ? Objectivement pas grand chose. Mais toujours est-il que ce détail a été, de son propre aveu, le point de départ du renouveau de Djokovic et de sa formidable seconde partie de carrière. Mais ce renouveau fut également favorisé par des circonstances structurelles indépendantes de sa volonté (ralentissement des surfaces qui favorise son jeu, augmentation de la puissance et de la technique des raquettes qui vont également favoriser son style tennistique...).
Pour le rugby, c'est pareil. Si on veut réussir au plus haut niveau, tous les paramètres vont compter (préparation physique, mise à disposition des internationaux, calendrier, réservoir, moyens alloués...). La qualité du staff est à ce titre essentiel mais elle n'est rien si les autres paramètres ne suivent pas. On peut mettre Steve Hansen à la tête du club de rugby de Limoges et ma grand-mère à la tête des Blacks, jamais la première équipe ne battra la deuxième. Je force évidemment le trait mais c'est pour souligner mon propos. Avec leurs moyens à disposition, PSA, Novès et Brunel ne pouvaient guère faire mieux.
Il suffit de voir Eddie Jones galérer en ce moment avec l'Angleterre. Son équipe est brillantissime, son CV est élogieux et la mayonnaise avait parfaitement pris. Mais aujourd'hui, la crise sanitaire a flingué la préparation physique des anglais car il a fallu terminer la saison précédente pour enchaîner sur la suivante. Par conséquent, les joueurs ont perdu en repos et en préparation physique. Donc le pack ne domine plus son vis à vis, les 3/4 sont moins fringuants et Eddie Jones ne peut continuer à effectuer ses fameux entraînements à haute intensité sous peine de blesser ou d'affaiblir ses joueurs.
Résultat ? L'Angleterre, tenante du titre au Six Nations, se retrouve cinquième de la compétition avec une qualité et un niveau de jeu très faibles. La plupart des leaders qui figuraient parmi les références à leurs postes n'ont guère brillés et ont semblé nettement en retrait par rapport à leurs concurrents d'hier. Dans le même ordre d'idée, les joueurs des Saracens manquaient de rythme et ont déçu également car physiquement, ils n'étaient pas prêts. La commission anglaise, chargée d'évaluer les résultats d'Eddie Jones, en a d'ailleurs tiré les mêmes conclusions.
Revenons maintenant à l'équipe de France. Le problème venait du staff ? Alors pourquoi PSA, Brunel et Novès se sont tous plantés ? Ils sont tous nuls et ont tous décidé d'entraîner leur équipe avec des méthodes dépassées ? Alors pourquoi, parmi les entraîneurs étrangers, seul Clive Woodward était prêt à prendre la tête de l'équipe de France dans ces conditions ? Les autres auraient du se ruer sur la perspective d'entraîner une équipe réputée, avec certains joueurs de haut-niveau et sans craindre de faire pire puisque les résultats étaient mauvais. Si le problème venait exclusivement du staff, alors il n'y avait pour ces techniciens étrangers aucun coups à prendre et que des opportunités saisir.
Je maintiens donc que le problème était bien plus profond que "ils sont tous nuls" et résidait au contraire dans le manque de moyens alloués. Bernard Laporte l'a d'ailleurs bien compris en renforçant considérablement les temps de préparation physique et de mise à disposition des internationaux ainsi qu'en recrutant des adjoints supplémentaires. Prenant conscience du très faible réservoir de joueurs français, la LNR a durci les règles sur les JIFF et revue la formation. Avec des résultats parlants :
- première génération française championne du monde des moins de vingt ans depuis 2006, suivi d'un titre dans la foulée
- propulsion de tous ces jeunes directement en Top 14 alors qu'il fallait souvent attendre plusieurs années pour les générations précédentes
- augmentation sensible du nombre de joueurs sélectionnables parmi les équipes du championnat
- augmentation spectaculaire à certains postes comme celui de demi d'ouverture ou de talonneur
Donc si on additionne ces facteurs, Fabien Galthié a bénéficié par rapport à PSA de :
- deux à trois fois plus de préparation physique pour les internationaux = meilleure résistance aux blessures, meilleur état de forme, augmentation des performances physiques et athlétiques
- deux fois plus de temps de repos : possibilité de faire des entraînements à haute intensité, meilleur état de forme, donc plus d'automatismes car les joueurs sont moins sujets aux blessures et aux méformes
- une formation revue : meilleure qualité rugbystique, technique et athlétique
- plus grand réservoir de joueurs français = plus de choix, meilleure qualité, possibilité de créer des émulations et d'alterner les profils
- plus grande mise à disposition des internationaux = plus de travail collectif, plus d'automatismes, plus d'ambition dans les plans de jeu
- staff élargi = plus de compétences, plus d'expertise, meilleure progression des joueurs, plusieurs regards et avis...
Donc oui, si on additionne ces éléments, la mayonnaise n'est plus la même. Et ce n'est pas du tout une remise en question des qualités ou de l'apport de Galthié et de son staff. Mais simplement d'être honnête avec les entraîneurs précédents qui ont du exercer dans des conditions désastreuses.