L'immunité croisée permettrait-elle d'éviter une contamination au SARS-Cov-2, responsable de la Covid-19 ? Si cette théorie est défendue par des chercheurs , il n'en est rien selon les conclusions d'une nouvelle étude menée par l'Institut Pasteur sur des enfants.
Un groupe de chercheurs, issus de l'Institut Pasteur, de l'Inserm, de l'AP-HP et d'Université de Paris se sont en effet interrogés sur la possibilité pour les enfants, qui sont souvent infectés par des coronavirus saisonniers (rhumes, bronchites, grippes…), d'être protégés de l'actuelle pandémie. Celle-ci prend souvent chez les enfants des formes « peu symptomatiques ». Mais peut aussi, plus rarement, entraîner des « atteintes sévères apparentées à la maladie de Kawasaki », comme le rappelle l'Institut Pasteur.
Leurs travaux, dont les résultats ont été prépubliés le 30 juin sur MedRxiv , ont été réalisés entre le 1er mars et le 1er juin. L'étude porte sur 775 enfants âgés de 0 à 18 ans, dans sept hôpitaux de la région parisienne. Parmi eux, 36 présentaient un syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki
Une présence d'anticorps « comparable » chez les séropositifs et séronégatifs
Dans un communiqué, l'Institut Pasteur explique que pour répondre au problème posé, la fréquence et les titres des anticorps contre les quatre coronavirus saisonniers ont été mesurés chez ces enfants, regroupés en sous-ensembles : ceux qui étaient séropositifs pour le SARS-Cov-2 avec peu de symptômes, et ceux qui étaient hospitalisés pour un « syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki », en comparaison avec des sujets séronégatifs.
Or, « la présence et le taux d'anticorps » contre les quatre coronavirus saisonniers, habituels, retrouvés chez 67 à 100 % des enfants en fonction des virus étaient comparables entre les enfants séronégatifs et les enfants séropositifs pour le virus responsable de la Covid-19.
Conséquence pour Marc Eloit, dernier auteur de l'étude : « L'infection par les coronavirus saisonniers n'offre pas une protection significative contre l'infection par le virus SARS-Cov-2 et les autres maladies associées comme le syndrome apparenté à la maladie de Kawasaki. » Et de conclure : « Si le virus de la Covid-19 se comporte comme les coronavirus saisonniers, cette observation interroge sur la capacité de la population à atteindre un niveau d'immunité suffisant pour empêcher la réapparition régulière de la maladie. »