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Parole d'Ex


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#1 el landeno

el landeno

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Posté 19 novembre 2021 - 22:30

Paroles d'ex - Walter Spanghero : « J'aurais aimé jouer avec les All Blacks »

 

Figure légendaire du rugby français et international (51 sélections), l'ancien deuxième et troisième-ligne narbonnais avoue s'être imaginé néo-zélandais, pour porter le maillot à la fougère argentée.

 

« Quel est l'adversaire qui vous a le plus marqué ?
Le joueur exceptionnel, tu le retrouves dans les grandes équipes. Chez les All Blacks, il y avait Colin Meads, au milieu d'un paquet d'avants de très grande qualité. Il ne faut pas que j'oublie Frik du Preez avec les Springboks et Mike Campbell-Lamerton avec l'Ecosse. Il y a aussi le demi de mêlée gallois Gareth Edwards et son coéquipier, le pilier Graham Price... Ces joueurs-là m'ont marqué, oui, même si, quand j'entrais sur le terrain, je ne faisais pas vraiment attention à mes adversaires. Dans mon esprit, un joueur de rugby doit être bon avant, pendant et après le match : c'est un tout. Et celui qui avait toutes ces qualités, c'est Christian Carrère (capitaine de l'équipe de France victorieuse du Grand Chelem en 1968, aussi vainqueur en 1967 et 1970). Mais bon, puisqu'il faut choisir, je dirais Frik du Preez, capable de jouer deuxième et troisième-ligne. Un joueur complet, rapide, dur au mal, et qui ne faisait jamais un voyage à vide...

 
 
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Le Sud-Africain Frik Du Preez, deuxième ou troisième-ligne, a marqué Walter Spanghero. (L'Équipe)

Quel est le partenaire avec lequel vous avez eu les meilleures affinités dans le jeu ?
Je pense à Max Barrau. Il a été extraordinaire sur certains matches. On s'entendait bien. Il avait le sens du jeu, le placement, le coup de reins... Antoine Dupont lui ressemble beaucoup. Ils sont du même calibre. À cause d'Albert Ferrasse (agenais et président de la FFR de 1968 à 1991), Max n'a pas eu la carrière internationale qu'il méritait (après avoir quitté Agen au bout d'une saison, en 1974, pour revenir à Beaumont-de-Lomagne, il a écopé de 18 mois d'interdiction d'évoluer sur les terrains de Première Division).

« La première fois en équipe de France, c'est quelque chose qui marque à jamais. J'ai eu la chance de pénétrer sur le terrain encadré par mes deux idoles de l'époque, André Herrero et Michel Crauste »

 

 
 
 

Quelle est la combinaison de jeu que vous n'avez jamais comprise ?
À mon époque, il n'y avait pas d'entraîneur : il y avait des hommes de terrain. Un jour en 1973, avec l'équipe de France, avant d'affronter les All Blacks au Parc des Princes (13-6, en février), on s'entraînait depuis une heure à faire des espèces de mauls : on tenait le ballon et on partait au ras, des trucs qu'on faisait à Béziers et à Narbonne... Et là, j'entends quelqu'un hurler : "Stop ! Qu'est-ce que vous faites ? Ce n'est pas bon du tout, ça. Vous n'allez pas faire comme ça... Toi, Walter, tu arrives à tenir le ballon parce que tu as de grosses mains, mais les autres..." J'ai cru qu'il se foutait de ma gueule (rires). C'était Michel Celaya (qui a accompagné des tournées du XV de France comme entraîneur, à la fin des années 1960 et dans les années 1970).

En dehors du XV de France, quelle est l'équipe au sein de laquelle vous auriez aimé jouer ?
Si j'en avais eu la possibilité, j'aurais aimé jouer avec les All Blacks. Je suis un amoureux fou des animaux et de la terre, et là-bas, ce n'est pas ce qui manque... C'est la campagne, le rugby et rien d'autre ! Question jeu, les All Blacks, à mon époque, étaient bien organisés, avec d'excellents joueurs à tous les postes : il y avait matière à s'exprimer, à se mettre en valeur. Parce qu'un seul joueur, sur le terrain, il ne peut rien faire : il faut autour de lui quatorze gars exceptionnels. Et j'ai connu ça lorsqu'on a gagné le Tournoi en 1968 et qu'on a remporté la tournée en Australie en 1972 avec l'équipe de France.

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Le XV de France avait notamment gagné au pays de Galles (14-9) lors du Grand Chelem 1968. (L'Équipe)

Quel est votre meilleur souvenir, tous matches confondus ?
Il y en a beaucoup (sourire). C'est difficile, comme question (silence). Mais tous ceux qui ont porté le maillot de l'équipe de France vous le diront certainement, la première fois, c'est quelque chose qui marque à jamais ! Pour moi, c'est en Afrique du Sud, en 1964. J'ai eu la chance de pénétrer sur le terrain encadré par mes deux idoles de l'époque, et qui le sont restés après : André Herrero et Michel Crauste. On a battu les Springboks (8-6) et ça m'a semblé être un bon départ.

« Mes parents, ça les embêtait un peu que je dispute des matches parce que souvent, le lundi, j'arrivais à la ferme un peu fatigué et mon père se demandait comment il allait faire pour s'occuper de l'étable »

 

 
 
 

Qui vous a remis votre premier maillot ?
À l'époque, ça ne se faisait pas. Il était pendu à une des patères du vestiaire. Ce maillot, quand je l'ai enfilé, j'ai tout de suite pensé à mes parents et à mon club, Narbonne. Pour mes parents, c'était une fierté. Et pour mon club aussi. Au tout début, à Narbonne, on m'a fait confiance en me titularisant en équipe première, ce qui m'a permis de progresser. Ce match, à Springs, n'était pas télévisé et mes parents ne l'ont jamais vu. À mon retour, ils m'ont interrogé sur le pays, le Kruger Park, les animaux sauvages, mais pas sur le rugby... De toute façon, il n'y avait pas grand-chose à dire d'autre que l'engagement monstrueux que tout le monde avait mis sur le terrain... À l'époque, nos parents ne se souciaient pas trop du rugby : leur truc, c'était de se lever à six heures du matin pour traire les vaches et sortir le fumier. Ça les embêtait que je dispute des matches parce que, souvent, le lundi j'arrivais à la ferme un peu fatigué ou avec une côte en travers, et mon père se demandait comme il allait faire pour s'occuper de l'étable...

Quel est le match que vous aimeriez effacer de votre carrière ?
C'est la finale. Contre Béziers. En 1974 (avec Narbonne). C'est la plus grosse désillusion de toute ma vie. D'autant qu'on doit la gagner (défaite 16-14). Mais on la perd parce qu'on n'a pas été bons : on avait des points à marquer et on ne l'a pas fait. Dans des matches comme celui-là, tous les points sont bons à prendre et contre Béziers, on a laissé passer beaucoup de points : des buts de pénalité loupés, une occasion immanquable d'essai derrière un fond de touche, une passe oubliée dans l'euphorie... Nous n'avons pas su marquer quand il le fallait. Les Biterrois, eux, chaque fois qu'ils entraient dans nos vingt mètres, ils marquaient. Ils avaient l'habitude des finales, ce qui n'était pas notre cas.

Y a-t-il un fou rire mémorable dont vous vous souvenez ?
J'ai plutôt envie de vous parler du joueur avec lequel j'ai le plus rit, et c'est Jean Gachassin. Il était impossible à suivre en troisième mi-temps... C'était un cas à part, il n'y a aucun doute là-dessus. Et on ne peut pas énumérer tous les coups pendables qu'il nous a faits (rires).

« Je suis monté sur un fond de touche pour exploser (Patrice Péron) mais il s'est baissé et je me suis cassé la main sur son genou : cinq fractures, et l'os qui sortait »

 

 
 
 

Quelle a été la plus grosse bagarre à laquelle vous avez participé ?
Oh ! il y en a eu d'énormes. Je pense à un match disputé à Cassayet (l'ancien stade de Narbonne) face au TOEC. C'était en 1965. Chez eux, au match aller, avec Narbonne on avait gagné mais ces mecs, ils nous avaient assassinés... Et puis est arrivé le match retour ! Et là, ils ont fait le tour du terrain en courant et ils ont pris cinquante pions : on leur a mis une drôle de séance... Il y avait aussi des déplacements à Brive, à Dax et à Toulon. À chaque fois, j'ai chargé grave, la main ouverte ou les côtes cassées après avoir pris un coup de godasse. Il ne fallait pas tomber...

En bref
77 ans. Deuxième ou troisième-ligne.
Clubs : Narbonne (1961-1975), Stade Toulousain (1975-1977).
51 sélections en équipe de France.
Vainqueur du Grand Chelem (1968), du Tournoi en 1967 et 1973.
En club : Challenge Yves-du-Manoir 1968, 1973 et 1974.

Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
J'étais spectateur d'un quart de finale entre Toulon et Dax dans les années 1960. Ça commence tête contre tête dès la première mêlée. Un pilier tombe par terre. Il sort du terrain, le soigneur lui passe un coup d'éponge sur le front et il revient en jeu. Deuxième mêlée et encore tête contre tête ! Son vis-à-vis tombe à son tour par terre... Ça sentait la poudre. Troisième mêlée, toujours tête contre tête et les deux tombent ensemble. Alors l'arbitre les expulse... Les voilà qui sortent, lentement, côte à côte. Et quand ils passent devant moi, (André) Berilhe (pilier de Dax) dit à Aldo (Gruarin, pilier international de Toulon) : ¨On commençait à s'amuser et ce gros con, il nous fout dehors !¨

Quelle a été votre plus grosse colère ?
Jamais je ne me suis mis en colère. En revanche, avant les matches, il m'arrivait de motiver mes coéquipiers et de monter un peu dans les tours (sourire). Sur le terrain, je me souviens d'un joueur du Racing-Club de France, Patrice Péron, qui avait étendu Jo Maso et Lucien Pariès. Celui-là, je voulais me le chercher ! Je suis monté sur un fond de touche pour l'exploser mais il s'est baissé et je me suis cassé la main sur son genou : cinq fractures, et l'os qui sortait. J'ai disputé tout le reste du match dans cet état, et puis le soir, au comptoir, on s'est retrouvé bras dessus bras dessous... Mais autrement, des colères, non, jamais. »

Sa vie d'ex
Élevé à la ferme du côté de Bram, Walter Spanghero s'est rapidement lancé dans les affaires (location de voitures, de pièces détachées, de terrains de tennis synthétique, investissements immobiliers, etc.) à Narbonne puis à Toulouse.

Opéré une première fois de la hanche droite en 2017, il a subi début 2020 douze opérations consécutives afin d'implanter une prothèse. Il devait séjourner trois jours à l'hôpital pour une ponction : il y est resté onze mois, isolé, sans bouger, victime de multiples infections et allergies. La dernière opération a duré quatre heures et demie et « mon coeur a failli lâcher deux fois », avoue-t-il. La cicatrice qu'il arbore va sur 55 centimètres du bas du dos au genou ; il a perdu vingt-deux kilos et remarche avec des béquilles, mais ne cesse pas pour autant de travailler.
« Le boulot, c'est comme l'essence dans un moteur, dit-il. Je ne peux pas rester sans travailler. Ma rééducation va durer deux mois, oui davantage mais je marche avec des cannes, et de mieux en mieux. Mon secrétariat m'envoie tous les documents et j'ai l'impression que je n'ai jamais arrêté de travailler. Je prends beaucoup de plaisir à développer les affaires. Presque autant que j'en ai pris à jouer au rugby. »
 

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#2 Rugby ?

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Posté 20 novembre 2021 - 12:16

Voilà un post qui va enchanter BB.


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#3 Bougnat et Breton

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Posté 20 novembre 2021 - 12:23

Voilà un post qui va enchanter BB.

Oui, c'était quand même autre chose .........le vrai rugby quoi, pas le spectacle médiatique !! :crying:


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#4 Francoisbougnat

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Posté 20 novembre 2021 - 16:10

Oui, c'était quand même autre chose .........le vrai rugby quoi, pas le spectacle médiatique !! :crying:

"On commençait juste à s'amuser, et ce gros con nous sort!"


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#5 Gourine63

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Posté 20 novembre 2021 - 17:55

"On commençait juste à s'amuser, et ce gros con nous sort!"


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1 an de suspension et obligation d'arbitrer des rencontres amateurs si c'était de nos jours.
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#6 Francoisbougnat

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Posté 20 novembre 2021 - 18:17

1 an de suspension et obligation d'arbitrer des rencontres amateurs si c'était de nos jours.

Tout ça pour une simple chamaillerie !

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#7 Bougnat et Breton

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Posté 20 novembre 2021 - 18:25

On a bien le droit d'avoir des avis divergents non ?

 

Une fois que les "arguments" ont été développés on attend la troisième mi-temps et on va boire un coup ensemble en se donnant rendez vous pour le match retour .........c'est la vie intime des pilards à laquelle on ne comprend rien si on est pas membre de la confrérie :D


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#8 RCV06

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Posté 20 novembre 2021 - 18:41

1 an de suspension et obligation d'arbitrer des rencontres amateurs si c'était de nos jours.

On est tombé bien bas.

Je remarque que plus on s inquiète de la santé des joueurs plus ils arrêtent tôt et plus ils sont gravement atteints


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#9 Francoisbougnat

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Posté 20 novembre 2021 - 18:56

On est tombé bien bas.
Je remarque que plus on s inquiète de la santé des joueurs plus ils arrêtent tôt et plus ils sont gravement atteints

On s'intéresse bien plus de la santé des comptes que des joueurs, c'est probablement une des clés du problème....

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#10 Good Shvili

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Posté 20 novembre 2021 - 19:01

Ouais sur le terrain OK, mais les Spanghero à table ils te mettaient clairement en danger



#11 Rugby ?

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Posté 20 novembre 2021 - 19:03

Ouais sur le terrain OK, mais les Spanghero à table ils te mettaient clairement en danger

 Oh ! t'es trop à cheval sur les principes.


  • zone et beu, Panasonic, jiesse et 4 autres aiment ceci

#12 Gourine63

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Posté 20 novembre 2021 - 20:48

On est tombé bien bas.
Je remarque que plus on s inquiète de la santé des joueurs plus ils arrêtent tôt et plus ils sont gravement atteints


Je parlais pour l'insulte à arbitre juste.

#13 el landeno

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Posté 27 novembre 2021 - 13:25

Paroles d'Ex - Thierry Maset : « Mon plus gros regret ? Ne pas avoir été en équipe de France » L'ancien troisième-ligne aile toulousain Thierry Maset, trois fois champion de France dans les années 80, a tout connu sauf une sélection internationale. Un bémol sur une carrière bien remplie.

Quel partenaire vous a le plus marqué ?
« Incontestablement, c'est Denis Charvet. Par sa classe naturelle, son talent. Il était toujours brillant, et pas seulement sur le terrain : en dehors aussi. Il s'intéressait aux autres, et de multiples opportunités s'offraient à lui. Parfois, on vit par procuration : avec Denis, c'était le cas tellement il était lumineux.

 
 

Quel adversaire vous a le plus impressionné ?
Philippe Sella (trois-quarts centre d'Agen et du XV de France) ! C'était de la dynamite. Un joueur hyper-tonique, puissant, avec des appuis extraordinaires. C'était le joueur le plus difficile à plaquer pour le troisième-ligne aile que j'étais.

Quel a été le moment le plus drôle de votre carrière ?
Avec Toulouse, on affronte Narbonne en Championnat. Il a beaucoup plu à l'Egassiairal, et quand le match démarre, il pleut encore beaucoup. Le terrain, détrempé, ressemble à une pataugeoire. Sur le coup d'envoi, je monte en défense avec un peu d'avance et je me tiens à dix mètres du réceptionneur, comme le voulait la règle à l'époque. L'ailier narbonnais Thomas Clavières récupère le ballon de volée, glisse, se met à genoux et voilà que devant la tribune d'honneur, il me passe entre les jambes. C'est tellement improbable ! Aujourd'hui, quand on se croise, je lui dis : "Tu es la honte de ma vie..." (rires).

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Thierrry Maset sous le maillot des Barbarians français, face aux Fidji. (D. Clément/L'Équipe)

Quelle est la consigne que vous n'avez pas suivie ?
Ce n'est pas une consigne, c'est le règlement qui stipule qu'il ne faut pas plaquer un joueur sans ballon. En finale contre Toulon en 1985, on est menés 12-3 et, sur un coup de pied de renvoi aux cinquante mètres, je fonce sans me soucier de rien. Je plaque Marc Pujolle qui s'apprête à sauter pour récupérer le ballon et on sort tous les deux en touche. Il tarde à revenir en jeu et claudique, victime d'une béquille. Ses partenaires ne se sont pas aperçus qu'il était blessé et lancent à l'endroit où il était censé se trouver dans l'alignement. Du coup, c'est notre deuxième-ligne Jean-Michel Giraud, qui vient d'entrer, qui capte ce lancer toulonnais dans l'alignement réduit. Derrière ça, on a tapé une « chandelle », on a marqué un essai et c'est ainsi que nous sommes revenus dans le match pour finir par l'emporter.

En dehors de Toulouse, dans quel club auriez-vous aimé jouer ?
Agen, parce que j'aurais été sélectionné au moins une fois en équipe de France (rires). Plus sérieusement, j'ai joué en Italie, au Benetton Trévise. Et en fin de carrière, ça m'allait bien.

Quelle est la plus grosse bagarre à laquelle vous avez participé ?
Je n'ai pas de souvenir particulier, mis à part un match à Montchanin, sur un terrain arrosé la veille par les pompiers, où certains d'entre nous ont pris des marrons par derrière. Mais ce n'était pas une bagarre générale, plutôt un climat hostile. Sinon, j'ai pris un énorme coup de poing de Laurent Rodriguez. Il faut dire que je le serrais d'un peu trop près à son goût. Je le retenais par le maillot, il m'avait prévenu et c'est parti.

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En percussion face à Agen lors du Masters 1986 au Stadium de Toulouse. (M. Deschamps/L'Équipe)

Vous souvenez-vous de votre plus belle troisième mi-temps ?
Celle qui suit la finale gagnée en 1986. On s'est réuni entre joueurs dans un restaurant toulousain. Ça a duré toute la nuit et quand on sort, passe la benne à ordures. Les employés municipaux s'arrêtent, viennent boire un coup avec nous et là, nous en avons profité, Denis Charvet, Philippe Rougé-Thomas et moi, pour piquer leur camion ! Nous avons sillonné le centre-ville, klaxonné devant le commissariat et les policiers nous ont ovationnés. Je ne pense pas qu'une telle folie serait possible aujourd'hui. Ensuite, avec cette benne, nous avons rejoint les supporteurs qui nous attendaient sur l'île du Ramier, à côté du Stadium, pour continuer la fête ! Avec ce que nous avions bu, je ne sais pas comment nous avons fait pour entrer dans le parking et ensuite n'accrocher aucune voiture...

Quel est votre meilleur souvenir ?
Le jour où ma mère m'appelle et me dit qu'il y a un certain monsieur Fabre, du Stade Toulousain, qui est au téléphone et qui veut me parler. Jean Favre me précise que les deux troisième-lignes du club, Jean-Pierre Rives et Jean-Claude Skrela, ne seraient plus là et qu'il avait pensé à moi pour rejoindre le Stade Toulousain. J'ai vraiment aimé qu'on me donne ainsi l'occasion de m'exprimer.

« Trente-cinq ans après, on m'en reparle encore comme quelque chose d'anormal »

 

 
 
 

Quel est votre plus regret ?
L'année où Brian Lochore, le manager des All Blacks, et Bob Dwyer, l'entraîneur des Australiens, déclarent dans la presse ne pas comprendre pourquoi je n'étais pas international. Et donc mon plus gros regret, c'est de ne pas avoir été en équipe de France. Aujourd'hui, j'ai fait le deuil de ça mais, trente-cinq ans après, on m'en reparle encore comme quelque chose d'anormal.

Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais osé raconter ?
Le jour où j'ai piqué un maillot du Stade Toulousain. C'était après un match de Coupe d'Europe, en 1995. Je voulais faire un cadeau d'anniversaire à un ami et j'avais demandé à Christian Califano de me filer son maillot. Mais il n'avait pas le droit : à cette époque, on remettait les maillots dans le sac et on pouvait éventuellement le garder en fin de saison, mais pas avant. Il me l'a donné et je me suis empressé de le glisser sous ma chemise. Du coup, il a manqué un maillot numéro 3 et le Stade Toulousain a dû en refloquer un. Je n'avais jamais avoué ce vol... »

Sa vie d'Ex
Formé à Carmaux, trois fois champion de France (1985, 1986 et 1989) avec le Stade Toulousain, il est devenu assureur tout de suite après sa fin de carrière, en 1993. Agent général puis courtier dans différentes sociétés, il a créé en 2014 sa société de consulting, Aidial, « pour accompagner les entreprises à développer en interne leurs forces collectives, une sorte d'aide à la performance des groupes de salariés, en utilisant les principes et les règles du rugby », précise-t-il. Marié, deux enfants, deux fois grand-père, et bientôt trois fois, cet ancien troisième-ligne aile dur au mal et féroce plaqueur, aujourd'hui âgé de 59 ans, est revenu vivre à Carmaux, la terre de son enfance.


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Posté 12 décembre 2021 - 17:29

Paroles d'Ex - Rodrigo Capo Ortega : « J'avais déplacé son nez à gauche de son visage » À 41 ans, l'ancien deuxième-ligne uruguayen du Castres Olympique Rodrigo Capo Ortega revient sur les moments forts de sa carrière, parmi lesquels une mémorable bagarre et une sévère empoignade avec l'ex-coach du club Laurent Seigne qui a failli mal se terminer.

« Quel est le meilleur joueur avec qui vous avez joué ? 
Je crois que je suis incapable de répondre à cette question. J'ai eu la chance de jouer avec tellement de grands joueurs... Je pourrais citer quelques All Blacks, comme les piliers Carl Hoeft (au CO de 2005 à 2011) et Kees Meeuws (au CO de 2004 à 2006) ou le troisième-ligne Chris Masoe (au CO de 2008 à 2012), par exemple. Quand je suis arrivé à Castres, la première saison (2002-2003), il y avait encore aussi l'ouvreur international français Thierry Lacroix, un sacré joueur. Je suis vraiment fier d'avoir pu partager des saisons entières avec ces mecs qui ont fait de si beaux parcours.

 
 

Quel est l'adversaire qui vous a le plus marqué ?
Il y en a beaucoup aussi. Mais quand on jouait contre Clermont, c'était toujours rugueux avec Jamie Cudmore. Ouais, ça tapait fort pendant le match. Mais juste après, on se voyait pour boire des bières et on oubliait tout !

En bref
41 ans
Uruguayen
2e ligne
2002-2020 : Castres Olympique
Champion de France en 2013 et 2018

La plus grosse émotion de votre carrière ?
Quand on a été champion de France avec Castres en 2018. En ce qui me concerne, c'était encore plus fort que la première fois (en 2013) parce que j'étais capitaine de l'équipe. C'est moi qui suis monté chercher le bouclier de Brennus pour le soulever. Et, j'avais respecté ma parole. Après la finale perdue en 2014 contre Toulon (10-18), j'avais dit à mes coéquipiers qu'on reviendrait chercher le trophée. Et voilà, c'était fait. Et de quelle manière ! On était les petits outsiders et on avait renversé tous les favoris en phase finale. Je le dis souvent, c'est à la fin du bal qu'on paie les musiciens.

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Antonie Claassen et Rodrigo Capo Ortega en 2013 portant le bouclier de Brennus. (PREVOST/L'Equipe)

Si vous ne deviez ressortir qu'un seul match de votre carrière ?
Celui contre Brive (32-12, 25e j.), à Castres, la saison où l'on a failli descendre en Pro D2 (2014-2015). C'était comme une finale. Il fallait absolument gagner pour se sauver. Un succès et c'était bon, même s'il restait encore un match derrière au Racing. Le couperet n'est pas passé loin. Mais Mauricio Reggiardo (qui avait remplacé Serge Milhas comme entraîneur en février 2015) a réussi un joli coup en replaçant l'émotionnel au coeur du projet. Grâce à lui, on a repris goût à jouer au rugby ensemble.

Quel est le coach qui vous a le plus marqué ?
J'en ai plusieurs. Par ordre chronologique, il y a d'abord Alain Gaillard (au CO de 2007 à 2009). Je retiens sa pédagogie. C'était un professeur dans sa façon d'entraîner, de parler, de transmettre. C'est quelqu'un avec qui j'échange beaucoup, encore aujourd'hui. À la fin de ma carrière, il m'a beaucoup aidé à choisir ma voie pour entraîner. Il m'a dit de prendre les choses tranquillement, sans brûler les étapes. Ensuite, il y a le duo des Lolo, Travers-Labit. Quand ils sont arrivés ici (en 2009), le club n'était pas structuré du tout. Eux se sont pointés avec un projet et ont réussi à créer un groupe d'hommes, une équipe et un état d'esprit. Quand tu as tout ça, le reste vient tout seul. Si tu bosses dur, tu franchis un cap chaque semaine. Enfin, il y a Christophe Urios (au CO de 2015 à 2019). De lui, je retiens son art du management. Il le maîtrise à la perfection. C'est quelqu'un qui sait où il veut aller, quand et avec qui. Et quelle force de travail ! C'est bien d'avoir connu autant de bons entraîneurs, parce qu'aujourd'hui, dans mes nouvelles fonctions auprès des Espoirs du club, j'essaie de prendre un peu de tous pour créer mon amalgame.

« J'ai fait exprès de taper contre le mur derrière lui. Sauf que je me suis fracturé la main »

 

 
 
 

Avez-vous le souvenir d'une engueulade mémorable ?
Une fois avec Laurent Seigne, qui était encore entraîneur au CO (2005-2007). On s'était pris la tête, je ne me souviens plus pourquoi. Quand tu es jeune, comme je l'étais à l'époque, tu ne réagis pas pareil que quand tu es plus mûr. J'ai voulu le taper. Mais, en une fraction de seconde, j'ai eu la présence d'esprit de me dire que je risquais très gros si le coup partait sur son visage. Bah, le coup est parti quand même parce qu'il fallait que ça parte, j'en avais besoin. Mais j'ai fait exprès de taper contre le mur derrière lui. Sauf que je me suis fracturé la main à deux endroits. Ça s'est passé un mardi, et le samedi, on devait jouer contre Narbonne. J'ai quand même joué avec une infiltration (sourire). Bon, c'est quelque chose qui pouvait se faire avant. Mais aujourd'hui, si tu ne rentres pas à 100 % de tes moyens sur le terrain, c'est mort.

Quelle est la plus grosse fiesta à laquelle vous avez participé ?
Celle qui a suivi notre titre de champion de France en 2013. On était entre nous, avec nos familles, nos femmes, ce n'était pas blindé de partenaires, même s'il y en avait logiquement quelques-uns. Il y avait aussi mon papa, mon frère, des amis d'Uruguay qui étaient venus voir la finale, c'était top. Ce titre de 2013 restera gravé à vie, même si je trouve qu'en 2018, il y avait une plus grande communion entre nous, les joueurs. C'est ce que je ressens.

Sa vie d'ex : il coache les Espoirs du CO
Rodrigo Capo Ortega a pris sa retraite de joueur au printemps 2020, au lendemain du premier confinement, après dix-huit saisons passées au Castres Olympique et plus de 400 matches disputés, toutes compétitions confondues. Figure historique du club, le robuste capitaine aux deux Brennus (2013, 2018) est alors devenu ambassadeur du club avant d'embrasser depuis cette saison le métier d'entraîneur en charge des avants de l'équipe Espoirs du CO. Déjà titulaire du diplôme d'État, il entend désormais suivre une formation sur la préparation mentale à partir de ce début d'année avant de s'attaquer au diplôme de manager général à l'université de Limoges. « Mon objectif est de devenir manager dans quelques années, dit-il. Je sais que ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut avoir du vécu, de l'expérience. Mais je vais tout faire pour y arriver. » En attendant, 'Capo' habite toujours à Castres, où sa femme est adjointe à la mairie et où ses enfants sont scolarisés. Sous sa direction et celle de Cédric Jalabert, les Espoirs du CO ont plutôt réussi un bon début de saison, puisqu'ils occupent la 4e place du classement de leur groupe avec six victoires en dix matches.

Quel est le geste réussi sur le terrain dont vous êtes le plus fier ?
Je vais plutôt parler d'un geste dont j'ai bénéficié quand j'ai été victime d'un KO à Montpellier, en barrages (28-9, 12 juin 2016). Après le choc (un tête contre tête avec le centre montpelliérain Anthony Tuitavake), le talonneur adverse Bismark Du Plessis s'était jeté sur moi pour empêcher les autres joueurs de me percuter et m'avait mis aussitôt en position latérale de sécurité. C'est quelque chose qui m'a touché. Depuis, à chaque fois que je le croise, je le remercie parce que c'est un beau geste qui restera gravé à vie dans ma tête.

Quel est votre pire souvenir de bagarre ?
Il y en a eu... Ici, à Castres, je me souviens d'un match contre Trévise (17-33) en Challenge européen (saison 2002-2003). Il y avait Mauricio Reggiardo, Ignacio Fernandez Lobbe, Julio Garcia... Sur une mêlée, une énorme baston s'est déclenchée et elle avait duré un moment. Bah, ce sont des choses qui arrivent. Je me rappelle aussi d'un match contre Bourgoin, du temps où le Championnat était encore un Top 16 avec deux groupes de huit équipes. J'avais commencé à me mettre sur la gueule avec un des piliers d'en face et j'avais déplacé son nez à gauche de son visage. Bon, j'avais pris un carton rouge et je n'avais pas pu jouer le match retour à Bourgoin. Si je refaisais la même chose aujourd'hui, je prendrais beaucoup plus cher, c'est sûr. Mais à cette époque-là, on pouvait encore s'expliquer. Quand c'était du un contre un, à la loyale, l'arbitre nous laissait nous expliquer avant de venir nous voir : ''C'est bon, vous vous êtes calmés ?'' Et le jeu reprenait...

Quel est votre geste préféré sur un terrain ?
Plaquer. Pour moi, la meilleure attaque est une défense agressive. Un bon plaquage, ça met en confiance une équipe, ça marque l'adversaire et ça contamine tes coéquipiers qui grimpent aussi en agressivité. »

 


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Posté 24 décembre 2021 - 20:22

Paroles d'Ex - Jean-Louis Bérot : « On s'est battus, pire que des chiffonniers » Le Dacquois, ancien ouvreur et demi de mêlée international du Stade Toulousain dans les années 60-70, raconte un âge d'or du rugby français et quelques troisièmes mi-temps mémorables.

« Quel est l'adversaire qui vous a le plus impressionné ? 
Le joueur que j'ai beaucoup apprécié, c'est Barry John, l'ouvreur gallois. Face à lui, il fallait se méfier de tout : l'extérieur, l'intérieur, le centre... Il était délié, fluide, avec une double accélération imperceptible. Et puis il y a aussi le demi de mêlée néo-zélandais Syd Going : au ras de la mêlée, il était insaisissable car il était véloce, compact, avec un centre de gravité très bas et des appuis puissants. Une morphologie à la Antoine Dupont, quoi.... Avec, comme lui, un démarrage foudroyant.

 
 

Quel est le partenaire avec lequel vous vous êtes le mieux entendu ?
C'était Pierre Villepreux, ''Pierrot'', que ce soit avec l'équipe de France ou le Stade Toulousain. Nous étions associés dans le sens où, sur le terrain, nous étions tout le temps en train de relancer. Nous étions proches dans la vie et, dans le jeu, nous avions cette soif d'attaque, toujours... Quand il réceptionnait un ballon, j'étais derrière lui, ou à côté, et inversement.

Quelle a été votre plus grosse colère ?
Ce n'est pas une colère mais un coup de gueule. Contre quelqu'un qui était mon ami, un joueur exceptionnel qui nous a quittés l'an dernier, Jean-Pierre Lux. À Colombes en 1972 contre l'Angleterre, il feinte la passe, et il a une première, une deuxième puis une troisième accélération, comme lui seul pouvait réaliser ça... Une course folle. J'ai joué avec les meilleurs centres, que ce soit Jo (Maso), Jeannot (Trillo) ou Claude (Dourthe), mais Jean-Pierre, lui, savait tout faire. Alors il marque, donc, et moi, je déboule dans l'en-but et je l'engueule sous les poteaux parce qu'il avait bouffé un ''trois contre deux''...

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À l'attaque face à l'Angleterre en 1970 à Colombes pour servir son complice, l'arrière Pierre Villepreux. (L'Équipe)

Y a-t-il une joie qui dépasse toutes les autres ?
Une joie, oui, mais c'est aussi le plus mauvais moment de ma carrière. On se qualifie avec le Stade Toulousain en 1969 pour la finale après avoir battu Tulle, Agen, Montferrand et Brive en phase finale. On se voyait champions de France et la déception a été à la mesure de l'enjeu. On a perdu (11-9) contre Bègles, qui était l'outsider. Jean Trillo (trois-quarts centre international) marque en interceptant une passe qui m'est destinée, pour le plus grand bonheur de notre ami Denis Lalanne, qui s'est ensuite servi de cette photo pour illustrer sa chronique dans L'Equipe (sourire).

Y a-t-il une consigne de jeu que vous n'avez jamais suivie ?
Tous les entraîneur que j'ai connus me disait : ''Aujourd'hui, il faut taper en l'air, faire ceci, faire cela...'' Sans doute parce qu'ils avaient peur de perdre, ils voulaient que je mette l'équipe en sécurité par des coups de pied. Mais je n'ai jamais aimé ça. Nous étions des hommes libres et nous ne voulions pas être enfermés dans des carcans.

Parmi les troisièmes mi-temps, laquelle fut la plus mémorable ?
J'ai en vécu beaucoup, des troisièmes mi-temps. (rires).. Mais il y en a une vraiment particulière. C'était après le dernier match de l'équipe de France à Colombes en 1972. Bruno Coquatrix avait bu des coups avec nous et nous avait invités à l'Olympia. Pendant le concert de Marcel Amont, on est monté sur scène. Je lui ai pris le micro, j'ai fait arrêter l'orchestre, et j'ai demandé à la salle de frapper dans les mains en cadence pendant que nous chantions ce qui devait être un chant folklo quelconque... Il a suffi qu'une personne commence - c'était l'épouse du journaliste de Midi-Olympique, Henri Gatineau - pour que toute la salle se mette a taper dans les mains. Ça aurait pu être un four et finalement, ça s'est bien passé (sourire).

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La fameuse interception du Béglais Jean Trillo, devant Jean-Louis Bérot lors de la finale 1969. (L'Équipe)

En dehors de Toulouse et de Dax, y a-t-il un club où vous auriez aimé jouer ?
Après la tournée du XV de France de 1968, j'aurais pu rester en Nouvelle-Zélande. Les Néo-Zélandais avaient beaucoup d'estime pour notre jeu d'attaque, à ce moment-là. C'est un pays de nature, de chasse, de pêche, qui me correspond bien. Mais ça ne se faisait pas, à l'époque, et j'avoue ne pas y avoir pensé plus que ça. Il faut dire que j'étais assez casanier. Mais avec le recul, oui, j'aurais bien aimé.

Qu'elle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
Il y a cette bagarre en Australie, après le test-match de 1968. Personne n'en a jamais parlé, sauf de façon édulcorée : les journalistes qui nous accompagnaient sont restés très discrets sur cet épisode (rires). Après le match, nous sommes allés dans une boîte de nuit et nous étions les rois du monde. Voilà que Benoît Dauga monte sur scène pour danser au milieu d'un spectacle de filles dénudées. Ça n'a pas plu à la direction de l'établissement. Jean-Claude Noble (pilier international voultain) et moi sommes arrivés pour écarter les videurs et ça s'est calmé. Mais alors que nous avions retrouvé nos tables, tout d'un coup, on a vu les pieds de Pierre Besson (ailier international briviste) partir au-dessus de la piste de danse, et hop, c'est reparti de plus belle ! Façon de parler... Pierre Villepreux a pris un coup de poing terrible qui lui a fermé complètement l'oeil. On cherchait Benoît (Dauga), on ne le trouvait plus. Alors on est partis à pied vers notre hôtel, qui était à deux kilomètres, pour ramener le reste de l'équipe et libérer Benoît. On revient et Walter (Spanghero) balance un videur dans la vitrine. On s'est battus, pire que des chiffonniers. Un vrai western... On a vainement cherché Benoît et quand on a fini par le retrouver, il était au commissariat depuis plus d'une heure, en train de jouer aux cartes avec les policiers australiens (rires). »

Sa vie d'Ex
À 74 ans, Jean-Louis Bérot (21 sélections entre 1968 et 1974) continue de superviser les cinq sociétés de son groupe thermal et hôtelier, créé en 1974 alors qu'il était kinésithérapeute, aujourd'hui dirigé par sa fille. Grand-père, il « passe le plus de temps possible » avec ses quatre petits-fils, dont « le plus âgé, qui a dix ans, joue à Monaco ». Ce qui ne l'empêche pas de s'adonner à ses plaisirs de toujours, à savoir la chasse aux canards et à la palombe, entouré de ses amis landais





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