Le Parigot sort dans le monde !
Le téléphone sonne.
- Ici Parigot, j’écoute ?
- Heu heu teu-heu.
- Ah, bonjour mon demi-frère, j’entends ton acné d’ici, que me vaut l’honneur, la joie et l’avantage de ton appel ?
- Ouais-heu, y a un gonze y me dit que son daron y peut pas alors je te l’offre, ça me fait zizir…
- Mon demi-frère adoré, si point tu ne peux t’exprimer en langue française, passe directement à l’anglais, langue que Parigot maîtrise à la perfection, ainsi il pourra te comprendre.
- Well, huh, fuck, errrr, hem, the guy he said “Fuck, no can do”! So, errr, hem, I say fuck yes!
- Ok, repasse au Français, tu seras gentil…
- Tickets finale…
- Des tickets pour la finale, dis-tu ? reste à ta place ne bouge pas, ferme les fenêtres, verrouille la porte, éteins la lumière, j’arrive immédiatement ! Où es-tu ?
- A Limoges.
- Ah. Il y a un mail à Limoges, de l’Internet ? Des choses modernes pour faire circuler les billets ?
Bref mon frère (demi et néanmoins chéri) m’a envoyé un mail, dans lequel il expliquait dans son langage de djeunz si poétique, à l’orthographe si singulière que le père d’un ami (son daron, donc) avait des places tip top pour la finale de top 14. Cet amphitryon de province, empêché par des affaires pressantes (NB : mais que peut-on avoir à faire de pressant hors de Paris ??? ) cède gratuitement ses places à qui veut les prendre.
E2. Le bloc E2, entrée des ploutocrates et des VIP ! Mais qui allais-je inviter ? Ma pensée se porta immédiatement sur le plus chic des cybers, le dandy des modos, le prince des bannissements, l’hyène la plus putride : FRedNirom lui-même !
Je décrochai mon téléphone et appelai immédiatement son hôtel particulier (enfin immédiatement après que 32 pétasses eurent alourdi ma collection de râteaux, les salopes). Deux heures plus tard, après avoir soudoyé l’ancien des troupes de marine qui lui sert de majordome, je retrouvai mon vieux copain, mules de satin et peignoir de soie brodé à ses armes, qui buvait un thé fumé en écoutant Norma de Bellini dans sa version dirigée par Tullio Serafin avec la Callas et Franco Corelli. Coupant la stéréo, Fred ma salue chaleureusement :
- Dépose la place de match et fuis hors de ma vue, chien galeux, sinon mes cruels Dobermans te feront connaître la morsure de leurs crocs immaculés !
- Mais Sahib, j’ai aussi une place !
- Bien, tu porteras mon parapluie Dunhill.
- Euh... avec joie Effendi, mais on prévoit du beau temps !
- Alors tu ramperas dans mon ombre ! Sait-on où sont les places ?
- E2, Monseigneur.
- E2 mais c’est en face de la tribune présidentielle, ça. Je veux bien être invité, mais par Macron lui-même ! Qu’est-ce qui lui prend à Manou ? J’ai vendu du beurre aux Boches ?
- Je l’ignore, Bwana, mais « à cheval donné on ne regarde point les dents » ! C’est un cadeau d’un sponsor huppé.
- Ah oui ? Ricard, les préservatifs Sansouci ou les bières Kronenbourg ?
Quelques heures plus tard, déjouant les pièges de la grève du RER, nous pénétrons dans l’enceinte dionysienne (pour les ploucs : synonyme usuel pour le stade de France). Après une brève palpation (légèrement ralentie par le fait que l’hyène exige d’être touché par la femme qui fait la file des dames), nous nous dirigeons vers nos places.
- Je n’ai pas eu de massage, je prendrai bien un soin relaxant, ou peut-être une manucure. Où sont nos loges ?
- J’ai bien peur que nous ayons des places sèches, Sidi…
- Kwâh ? C’est ma faute, j’aurais dû me douter qu’un canidé rongé aux morpions tel que toi aurait des places de prolétaire ! Pour ta peine tu me porteras sur ton dos pour descendre les marches.
- Nous devons les monter…
- Parce qu’en plus on est pas en bord terrain ?
- La vue n’en sera que meilleure, Patron.
Bon, je ne vous raconte pas le match vous l’avez tous vu. Au bout d’un quart d’heure l’hyène putride tentait de lutter contre l’assoupissement en essuyant ses crottes de nez sur le ticheurte du gros type assis au rang inférieur, puis il jouait sur son téléphone à modifier les posts d’Isitolo31 sur le forum pour mieux pouvoir le bannir ensuite. En définitive, on n’a pas regretté sa soirée.