Une déroute historique

Premier club qualifié et désormais sûr de finir premier, 
l'AS-Montferrand a réalisé un match de rêve, 
ce dernier dimanche, devant Brive (60-31). 
On voit ici Olivier Azam percer la défense briviste 
malgré le retour de Devergie et de Manhes (au sol). 

A Clermont-Ferrand (Stade Marcel-Michelin). -
Montferrand bat Brive- Corrèze par 60 à 31 (mi- temps: 31 à 16)

Montferrand: 7 E Toulouze (9e ), Bory (13e ), Merceron (21e ), Castaignède (48e ), Azam (52e ), Morante (56e ) et Nicol (70e ); 5 T (9e , 13e , 48e , 52 56e ) et 5 P (12e , 26e , 36e , 39e , 77 de Merceron.

Brive: 3 E de Bonnet (40e ), Arbizu (60e ) et Bomati (80e ). 2 T (40e , 50e ) et 4 P (5e , 8e , 20e , 46e ) de Lamaison.

Arbitre: M. Mené (Provence) assisté de MM. Pruvot et Cherbetian (Provence) Suppléant: M. Combemorelle (Auvergne). Délégué sportif: M. Eychenne (Languedoc).

Absents: Merle, Barrier, Lecomte, Gabin, Ribeyrolles, Azema, J. Bory à Montferrand. Alegret, Magne, Carbonneau, J. et S. Carrat, Matson, Campan, Berty à Brive.

Cartons jaunes: Menieu (Montferrand, 45e ), Crespy (Brive, 45e ).

MONTFERRAND.- Toulouze; Marlu, Morante (Merceron, 59e ), Marsh, Bory; (o) Merceron (Nicol, 59e ); (m) Castaignède (Larrue, 64e ); Lhermet (cap, puis Bonvoisin, 62e ), Courteix (Laurent-Varange, 50 à 57e ), Costes; Guntert, Sarraute, (Sentenac, 57e ); Heyer (Capdevielle, 70e ), Azam (Laurent-Varange, 69e ), Menieu.

BRIVE.- Lamaison; Bomati, Arbizu, Venditti (Leite, 72e ), Cambres; (o) Townsend; (m) Bonnet (Yachvili, 72e ); Malafosse (Mallier, mt), Gouloumet, Van der Linden (cap, puis Duboisset, 50e ); Devergie, Manhès (Travers, 50 à 57e ); Crespy, Travers (Vicard, mt), Bouti (Nepia, 17e ).

C'était la fête pour ce derby qui attire traditionnellement la grande foule. Même la météo avait condescendu à déjouer toutes les prévisions pour nous offrir un sourire de printemps. On attendait les Brivistes au tournant de cette rencontre qui pouvait leur offrir la qualification et la possibilité de jouer un quart de finale à domicile.

Et l'espoir des Corréziens ne dura véritablement que dix petites minutes. Le temps d'une entame relativement confortable au cours de laquelle les Brivistes monopolisèrent le ballon et le mouvement en se créant deux ou trois occasions qui ne purent cependant aboutir qu'à deux pénalités de Christophe Lamaison.

Le premier essai montferrandais allait vite mettre le doigt sur les carences corréziennes en matière de replacement défensif. En matière d'enthousiasme aussi, d'esprit d'entreprise, de fraîcheur, de dynamisme. De vivacité et de mental, ce qui faisait beaucoup de handicaps à surmonter. Certes, dans l'Histoire de ce derby, les matchs retour au Michelin avaient toujours produit du jeu, du mouvement et des scores élevés. Mais jamais comme en ce dimanche où les Montferrandais ont remporté une victoire historique par son ampleur.

Les soixante points pourraient laisser penser à un cavalier seul des Montferrandais. Et s'il faut bien reconnaître que les Auvergnats s'enfoncèrent souvent comme dans du beurre dans une défense corrézienne ayant visiblement perdu de sa pugnacité et de son sang-froid, ce serait pousser le bouchon un peu loin que de se contenter de cette analyse. Car les visiteurs tentèrent bien parfois de secouer le joug.

Cependant, ils s'y prirent de façon trop prévisible, sans chercher véritablement dans la continuité du jeu le salut de leurs entreprises. Se coupant d'un soutien ayant souvent du mal à se positionner dans le mouvement. Et s'offrant ainsi aux contres de Montferrandais littéralement euphoriques par moment.

Et les deux mi-temps de ce match se ressemblèrent étrangement avec de bonnes entames corréziennes tournant en eau de boudin à cause d'entreprises montferrandaises sautant sur la moindre occasion pour enfoncer le clou. C'est alors ce qu'il convient de souligner: cette extraordinaire capacité des locaux à emballer la rencontre, à s'immiscer dans le moindre trou de souris, à sauter à la gorge de Brivistes visiblement désemparés et sombrant irrémédiablement au fil des minutes.

Les Montferrandais qui ont aligné les essais comme à la parade, notamment lors de ces dix minutes euphoriques de la seconde période qui firent se lever dans l'enceinte du vieux stade Marcel-Michelin des vagues de bonheur. Cela devenait fou, énorme, poignant aussi. Car personne n'aurait sans doute osé rêver d'une telle sarabande après les difficultés des semaines passées; d'un tel récital offensif qui positionne dès lors l'ASM comme un sérieux outsider.

Les meilleurs.- Dans une équipe auvergnate jouant comme un seul homme on peut citer Merceron, Azam, Heyer, Costes, Lhermet, Castaignède et Bory. A Brive: Arbizu, Townsend, Van der Linden, Devergie, Mallier, Cambres ne baissèrent jamais les bras.

De l'un de nos envoyés spéciaux Jean-Roger DELSAUD.
 

Les Montferrandais n'ont plus de remplaçants !Après avoir perdu leur grosse artillerie, les Merle, Lecomte, Gabin au fil des chocs du top
16, voilà que le banc des seconds couteaux est vide, toutes les doublures s'étant hissées au niveau des gros bras. Surprenant et formidable C'est l'enseignement du match contre Brive. Les nouveaux appelés viennent de réussir la performance la plus fameuse de l'histoire, pourtant riche du stade Marcel-Michelin. Au point que l'on se demande par quel miracle le bonheur est arrivé du ciel. On avait tendance à penser qu'avec l'accumulation des coups durs, les carottes allaient être cuites bientôt. Et bien non!

Incroyable

Le groupe montferrandais, certainement sous l'action opiniâtre d'un bel encadrement, s'est soudé comme un seul homme et les valeurs se sont révélées. Toulouze éclatant et indispensable arrière, Castaignède souverain derrière la mêlée, Merceron l'artificier royal, Guntert et Courteix ardents comme le feu. Entre tous ces éléments parfois en réserve, le ciment a pris et une équipe s'est battue, avec du coeur et des jambes à disposition.
L'ASM est capable de grimper plus haut, elle s'est donnée de beaux arguments. Brive a donc payé le prix fort sans que l'on puisse lui trouver d'excuses. D'un côté, il y avait la vitesse, la spontanéité, l'appétit, de l'autre du retard, de l'apathie, pas de rage, peu de révolte, une défense absente. Incroyable cette histoire !
Où est donc passée la fringante formation de la triomphale Coupe d'Europe! Le CABC n'a sûrement plus les mêmes armes pour lutter. Mais tout de même, la démission des troupes est trop grave pour qu'elle n'entraine pas des mesures d'urgence afin de sauver la saison. Car, mathématiquement, rien n'est perdu.
Redonner de la vie à un groupe durement atteint physiquement et moralement; la tâche de l'état major corrézien est devenue bien difficile et il reste si peu de temps pour sortir du trou...

R.B. (LA MONTAGNE)


Olivier Toulouze -le Montferrandais- grillant la 
politesse à "Titou"  Lamaison -le Briviste-
c'est le symbole du derby du Massif central gagné
par les Auvergnats.
(Photo Francis CAMPAGNONI- LA MONTAGNE-)