Elite 1 - Poule 2 : Les matchs à la loupe

Beauté et horreur
 

MONTFERRAND-BEGLES: 60-18


Le match bascula à la 12 minute dans un moment de beauté et d'horreur mêlées. David Barrier alla à l'essai, non sans avoir baladé les Béglais de deux superbes feintes de passes. Ça, c'est pour la beauté. Puis, l'horreur.

Dans le même temps, Patrice Collazo et Arnaud Costes se filaient une peignée devant les yeux du juge de touche et du quatrième arbitre. L'Auvergnat avait retenu le Girondin par le maillot: le premier joua celui qui venait de prendre un marron alors que le coup de poing de Collazo avait atteint le quatrième arbitre. C'est lui d'ailleurs qui conseilla à M. Jutge de sortir le pilier béglais. Comme un quart d'heure plus tard McDonald récolta un carton blanc, l'issue de la rencontre ne fit plus aucun doute.

FICHE TECHNIQUE

A CLERMONT-MONTFERRAND (stade Michelin, samedi 19h30).- Montferrand bat Bègles 60-18 (22-10).
Montferrand: 9E, Barrier (12e ), Pedrosa (25e ), Viars (4 minute des arrêts de jeu de la première mi-temps), Bory (42e , 69e ), Costes (51e , 58e ), Magne (63e ), Gabin (78e ); 1P, (3e ), 2T, (12e , 25e ) de Merceron, 4T de Viars (58e , 63e , 69e , 78e )
Bègles: 2E, Orsoni (17e ), Manas (67e ); 2P (5e , 44e ), 1T (17e ) de Rinck.
Affluence: 8000 spectateurs.
Cartons blancs: à Mc Donald (Bègles, 25e ), Gimbert (Bègles, 77e ).
Carton rouge: à Collazo (Bègles, 13e ).
Blessés: à Montferrand, Merceron (acromio-claviculaire), à Bègles, Olivier Sourgens (rotule du genou droit).
Remplacements: Pedrosa par Azam (50e ), Sadourny par Marsh (52e ), Heyer par Burnell (60e ), Merceron par Nadau (60e ), Barrier par Merle (60e ), Costes par Audebert (69e ), Troncon par Lazerges 70e ); Sewabu par Garcia (29e ), Sourgens par Gimbert (40e ), Derougemont par Armand (70e ), Orsoni par Guillemet (65e ), Williams puis Andreu (73e ), McDonald par Martin (78e ).
 


L'effet Boffelli?

ASM-BEGLES: 60-18


 


Après la démission de Boffelli et avant le choc de Toulouse, une victoire était un minimum pour l'ASM. Mais le score est lourd pour Bègles. On n'y fera rien. Les soixante points inscrits aux Béglais, réduits à quatorze dès la treizième minute ne parviennent pas à cacher la réalité du moment.
 

La réalité c'est que l'ASM vient de se payer une crise interne qui n'est pas du tout dans les habitudes de la maison Michelin. La réalité, c'est la démission de Boffelli au club depuis 1993, c'est la nomination d'un nouveau capitaine en la personne d'Olivier Magne, c'est la mise à l'écart d'Emmanuel Menieu, c'est Christophe Mombet qui quitte le blazer de manager pour enfiler le survêtement d'entraîneur avec Philippe Marocco et Jean-Pierre Laparra.
 

La démission de Victor Boffelli, au lendemain de la large victoire à Nîmes, le 26 mars, a surpris tout le monde. Un budget énorme (illimité?), des stars (Magne, Troncon, Bory, Costes, Merle, Merceron, etc.), un encadrement technique de haut niveau, un stade flambant neuf, une qualification en quart de finale de la Coupe d'Europe, tout n'était-il pas rose à Clermont- Ferrand? A croire que non! Victor Boffelli a pointé le malaise:

« Je ne veux pas me tuer sur la route (il faisait chaque jour l'aller-retour entre Aurillac où il habite et Clermont- Ferrand, ndlr) pour quelques irresponsables. » Il a parlé de la « trahison de certains joueurs » avant de donner les noms de ceux qui conservaient son estime: Magne, Costes, Troncon, Merceron, Marsh, Nicol. Liste certainement non-exhaustive mais certains « oubliés » en prirent pour leur grade. Bref, la démission de Boffelli soulignait des comportements non-professionnels, des clivages au sein de l'équipe, des jalousies. Son départ réglera-t-il comme d'un coup de baguette magique, tous ces problèmes- là? Victor voulait le penser.
 

Olivier Magne, le nouveau capitaine de l'ASM, aussi:« Mon souhait, dit-il en vieux briscard rodé à la communication, est que sur le terrain, il y ait en permanence quinze leaders. Le message que je m'attache à faire passer auprès de mes partenaires est simple. C'est celui-ci: regardons devant, le meilleur de la saison est à venir. Il nous reste trois mois et demi pour aller au bout de nos rêves. »
 
 

Vers un ticket Berbizier-Mombet?

Bien dit, bien fait. Pro, quoi. Ce match contre Bègles était une première également pour Christophe Mombet, passé du blazer au survêtement, du bureau au terrain. Un changement totalement assumé.« Mais qui n'est qu'une situation provisoire », précisait l'ancien préparateur physique de l'équipe de France et entraîneur du Racing Club de France, champion de France 98 en Elite 2. Inutile de dire que cette précision alimente bien des spéculations à Clermont-Ferrand.
 

Livrons celle qui court avec le plus de force: l'intersaison 99 fut celle du recrutement des stars (Magne, Troncon), l'intersaison prochaine pourrait être celle de la constitution d'une équipe... d'entraîneurs. Et bien sûr, les supporters ont tôt fait de rebâtir le duo qui mena l'équipe de France en demi-finale de la Coupe du monde 95 en Afrique du Sud. Mombet-Berbizier, l'hypothèse est séduisante. Est- elle réaliste? L'avenir le dira.
 

Reste, qu'avant le déplacement au Stadium de Toulouse, la victoire sur Bègles était la bienvenue.« Nous avons réalisé une première mi-temps poussive, admet Jean-Pierre Laparra. Bègles a su monopoliser le temps et le ballon. Ensuite, nous savions qu'en mettant du rythme nous devions bousculer ce pack compact de Bègles. Notre deuxième mi- temps a confirmé cela. » Toulouse? « Ce n'est pas le match le plus important de la saison, car notre objectif reste le championnat. Nous essaierons de faire de ce quart un grand moment de rugby. »
 
 

Y croire jusqu'au bout


60-18 à la sortie. Ne riez surtout pas. Bègles ne fut jamais ridicule en Auvergne. L'ampleur du score s'explique par l'expulsion de Patrice Collazo dès la 13 minute. A quatorze, privé de son pilier gauche titulaire, Bègles ne pouvait vaincre. Bègles a perdu? Oui, le match. Mais en Auvergne, Bègles a donné la nette impression d'avoir trouvé ce qui lui fait défaut depuis le début de l'année 2000 et ces trois horribles mois de janvier, février et mars marqués par trois défaites à domicile contre Bourgoin, Pau et Biarritz: un état d'esprit, une solidarité.
 

Bègles repart d'Auvergne avec le carton rouge de Collazo, la blessure à la rotule d'Olivier Sourgens, une défaite supplémentaire mais avec aussi l'espoir d'avoir trouvé la solution à ses maux.« 60 points, c'est lourd. » Léon Loppy, le capitaine, est meurtri. Frustré par la sanction qui frappe son pote toulonnais Collazo. Contrarié par le déroulement du match. Mais pas résigné.
 
 

« Costes aurait dû être sanctionné »

« Je suis en colère contre l'arbitre de touche. Il ne voit donc pas que c'est Costes qui retient « Coco » (Collazo) par le maillot. Je veux bien qu'il donne un carton rouge à « Coco ». Mais il faut aussi qu'il en sorte un pour Costes. Il doit regarder des deux côtés! J'espère que la vidéo va bien montrer qui est le premier coupable dans l'affaire. J'espère que « Coco », ne chargera pas trop. »

L'inquiétude du capitaine est d'autant plus compréhensible qu'à Montferrand, Bègles a perdu les deux piliers titulaires, Sourgens blessé à la rotule droite et Collazo donc expulsé. Or, le prochain match des Béglais à Musard est Agen et sa surpuissante mêlée... « Pour le reste, je veux retenir notre comportement en première mi-temps, poursuit Léon Loppy. A quatorze puis à treize, on fait de bonnes choses. 60 points c'est cher.

Nous ne sommes pas payés de nos efforts. » Vrai, car la solidarité et la combativité montrées contre l'ASM étaient réelles. Il semblerait que la réunion des joueurs le mardi 3 avril, où l'on s'est dit des choses en se regardant dans le blanc des yeux, a porté ses fruits. Certes, le résultat n'est pas au rendez- vous à l'ASM mais le comportement affiché est porteur d'espoirs.

Francis LARRIBE envoyé spécial