Les Rochelais ambitieux ont plié physiquement après une mi-temps de rêve. La
puissance et le talent des Montferrandais ont ensuite fait la différence. Dura lex,
sed lex.

- L'ivresse des sommets -

Gérard PIFFETEAU envoyé spécial

En situant le régal de première période au niveau d'une vraie confrontation européenne, l'arbitre Joël Dumé n'usait pas de la brosse à reluire. C'est bien à cela que devraient ressembler tous les matchs d'élite. A cette spectaculaire alternance entre jeux dans l'axe et déployé, à cette succession de défis à couper le souffle, à ces grandes manoeuvres de contournement, à cette propreté du jeu au sol.

Pendant les 40 premières minutes, les Rochelais ont tutoyé les étoiles. Ils ont imprimé au match un rythme fou, se sont livrés physiquement avec une solidarité admirable et grâce à leur alignement, ils ont produit du jeu. Mais l'ASM, sûre de ses forces, a subi sans broncher. Evitant de se consommer sur les impacts adverses, elle a dressé un rideau défensif quasiment infranchissable.

C'est sur une balle prolongée au pied que le Stade aurait pu marquer le premier essai (35e). Viars laissa entrer dans l'en-but un ballon sur lequel Toala se jeta, mais de concert MM. Dumé et Pomarède jugèrent que l'arrière asémiste avait pointé le premier. Les Rochelais n'eurent guère le temps de regretter cette occasion de prendre 10 points d'avance, car les Montferrandais commençaient à dérouler le tapis d'un rugby haut de gamme. Eux aussi allongèrent leurs temps de jeu pour s'apercevoir que les Maritimes rencontraient quelques difficultés de replacement. Et Marsh, Rougerie, Merceron et Magne mirent le nez à la fenêtre.
Pourtant, le Stade rochelais atteignit la pause avec un maigre avantage de trois points mais avec aussi beaucoup d'espoirs.

Lulu Vialaret et les siens n'étaient revenus sur le terrain que depuis deux minutes quand la bombe Marsh leur explosa en pleine poire. Elle déchira le blindage stadiste sur trente mètres. Ce n'était pas un fait anodin car le quart d'heure suivant révéla que les Maritimes avaient fléchi physiquement. Victimes de trop fortes sollicitations, ils commencèrent à subir la puissance du groupe auvergnat au potentiel nettement supérieur. La preuve encore quand, sur le plaquage de Viars l'excellent Vialaret relâcha un ballon dont Ngauamo fit son miel. Ajoutez- y deux pénalités de Merceron et l'ASM impressionnante avait enfin pu creuser un trou profond.

Mais il y a une caractéristique que l'on n'enlèvera pas aux Rochelais, c'est leur mental. Avec une énergie féroce, en deux blocs désaxés et dynamiques, ils plantèrent un premier essai pour l'honneur... avant que Magne resserve le coup de Marseille, et que Bory réceptionne une passe au pied de Marsh. Alors, soutenu de la voix par son coach Elissalde, le Stade fit le siège du camp montferrandais jusqu'à la récompense d'un essai de pénalité accordé à Toala.

Au pied de la montagne, après avoir ressenti l'ivresse des sommets, La Rochelle a introduit beaucoup de fierté dans sa défaite.

Les meilleurs.- Harvey, Toala, Bonesso, Giannantonio; Marsh, Bory, Merceron, Lecomte, Pedrosa.

FICHE TECHNIQUE

A LA ROCHELLE (stade Marcel-Deflandre, vendredi 20 heures).- AS Montferrandaise bat Stade rochelais 36 à 26 (3-6).
Montferrand: 4E Marsh (42e), Ngauamo (57e), Magne (68e), Bory (72e); 2T Merceron; 4P Merceron (16e, 45e, 50e, 67e).
La Rochelle: 2E collectif (60e), de pénalité (85e); 2T Elissalde; 4P Elissalde (10e, 33e, 47e, 67e).
Soirée fraîche et pluvieuse, pelouse grasse. 6 000 spectateurs.
Arbitre: M. Dumé (Côte d'Argent) assisté de MM. Pomarède et Piraveau (Côte d'Argent).
Absents: à La Rochelle: Llanes, Larrue; à l'ASM: Marlu.
Blessés: à La Rochelle, Yandell (cheville), Paillat (légère entorse du genou); à l'ASM, Tolofua (hématome au genou).
Remplacements: à La Rochelle, Paillat par Brunet (68e), Pujos par Leiff (45e), Joulin par Fiorese (58e), Bozzi par Paoletti (53e), Vicard par Albinet (75e), Garcia par Orial (mt); à l'ASM, Merceron par Nicol (81e), Troncon par Dalzell (70e),  Barrier par Dongieu (58e), Galasso par Reidy (60e), Pédrosa par Caputo (51e), Tolofua par Galasso (80e).