28/06/1999
Sébastien Viars: « Redevenir performant et m'éclater »

A 28 ans, après une saison au Stade Français-CASG dont il tire un bilan personnel mitigé, Sébastien Viars va retrouver son Auvergne natale à l'ASM où il a signé pour deux ans. Pour la vie de tous les jours, pour l'ambiance, pour se sentir bien et pouvoir ainsi recouvrer du plaisir et peut-être son meilleur niveau.

Sébastien Viars aura porté le maillot des trois grands clubs du centre de la France: Aurillac, Brive et Montferrand. Son passage au Stade Français n'aura duré qu'un an.
Photo: Sébastien Viars aura porté le maillot des trois grands clubs du centre de la France:
Aurillac, Brive et Montferrand. Son passage au Stade Français n'aura duré qu'un an.


Midi-Olympique.- Quel bilan tirez- vous de votre saison au Stade Français- CASG?

Sur le plan personnel, c'est un bilan plutôt mitigé, et ce même si finalement j'ai fait partie des joueurs qui ont le plus joué.
 

Alors pourquoi mitigé?

Parce que j'ai été moins performant que je ne l'espérais au départ. Mais je crois que toutes les conditions n'étaient pas réunies pour que j'effectue une grande saison.
 

C'est-à-dire?

J'avais vécu une fin de saison houleuse à Brive: je m'étais fait virer du groupe par les entraîneurs. Je sortais d'une troisième opération de l'épaule et j'étais en plein doute. Au Stade Français, j'arrivais dans un groupe de haut niveau qui venait d'être champion de France, et en plus je me suis ajouté une pression supplémentaire en reprenant la fac avec des cours du soir (ndlr: un DESS en cycle long); les horaires d'entraînement ne me permettaient plus de travailler comme je l'avais toujours fait jusque-là. Du coup, ma récupération en a un peu pâti. Tout cela pour dire que la situation a été plus difficile à gérer que prévu et que j'ai eu plus de mal à m'intégrer que je ne l'avais imaginé au départ.
 

Quel souvenir garderez- vous malgré tout de ce passage à Paris?

D'abord, je me souviendrai du système de concurrence mis en place par Bernard Laporte, un entraîneur qui m'aura fait progresser. Très honnêtement, c'est le meilleur que j'ai rencontré, notamment dans l'approche du rugby, des matchs... Jusqu'à ce que je vienne à Paris, je n'avais jamais connu la concurrence. Maintenant, je suis vacciné! Ce système est stimulant, mais c'est vrai qu'il rend difficile la possibilité de s'appuyer sur des acquis. D'un dimanche à l'autre, tout est remis en cause, comme en équipe de France! Au Stade, j'étais comme tous les joueurs très tendu avant l'annonce d'une composition d'équipe. Pourtant je garderai un très bon souvenir de ce passage à Paris, car j'y ai trouvé des gens très pros pour lesquels j'ai de l'estime aujourd'hui. Pour la plupart d'entre eux, en particulier chez les joueurs, j'ai été agréablement surpris.
 

Pourquoi partir aussi tôt alors, puisqu'il vous restait une année de contrat?

Une carrière est très courte. Arthur Gomès et moi voulions tous les deux jouer à l'arrière, en tout cas le plus souvent possible. Et je trouve que c'est du gâchis que nous ne puissions pas jouer tous les deux. Et comme lui est parisien, que je préfère la vie en province et que l'ASM m'offrait une belle opportunité... Mais en fait, aussi bizarre que cela puisse paraître, il n'y a pas vraiment de raison particulière à ce départ sur le plan du rugby, d'autant plus que les dirigeants auraient voulu que je reste et que je pars en très bons termes avec eux. J'ai simplement saisi une occasion de retrouver la province.
 

Justement, parlons de ce retour en province. Après Aurillac et Brive, vous allez porter les couleurs de l'ASM, le troisième grand club de la région et grand rival des deux autres. Et en plus vous revenez en Auvergne, la région où vous avez grandi...

Oui, c'est vrai que c'est plutôt marrant, mais ça c'est pour l'anecdote. Je ne viens pas à Montferrand pour retrouver mes racines ou pour faire du tourisme...
 

Que venez-vous alors chercher en Auvergne?

Je pense que l'ASM est l'un des rares clubs dans lequel j'étais susceptible de m'épanouir. Je viens à l'ASM pour retrouver une vie de tous les jours plus simple, plus sereine pour profiter un peu plus de ma femme et de ma fille que je ne pouvais le faire à Paris. Et puis je connais bien Victor Boffelli et je sais quelle est l'ambiance à l'ASM entre les joueurs.

Après leur belle saison, grâce à la bodega dont ils s'occupent, une trentaine d'entre eux sont partis en voyage: c'est la preuve que les mecs se sentent bien ensemble... J'ai envie de retrouver l'ambiance de mes débuts en première à Brive, j'ai besoin d'avoir des relations fortes dans un groupe, avec un public. Car la finalité de tout ça, c'est la performance. A l'ASM, je veux redevenir performant et m'éclater.
 

Quelle est votre ambition, précisément?

L'an passé, j'avais déclaré venir au Stade Français-CASG pour jouer la Coupe du Monde... Je crois que je m'étais un peu enflammé. Donc désormais, je prends les choses un peu plus calmement, et mon premier objectif est vraiment de prendre du plaisir avec l'ASM et de réussir avec mon club: même à l'aile s'il le faut. Pour autant, on croit que je suis un vieux parce que cela fait dix piges que j'évolue en première division, mais je n'ai que 28 ans!

Et dans ma tête, je suis tout neuf. Pour moi, étant données les blessures à répétition dont j'ai pâti depuis trois ans, ma carrière internationale n'est pas terminée (Ndlr: la dernière apparition de Sébastien en équipe de France remonte à la tournée de celle-ci en Australie en 1997).
 

Vous allez poursuivre les études que vous avez reprises?

Oui, Je vais finir mon DESS. Je n'ai pas spécialement besoin d'argent, mais j'ai besoin de certitudes quant à mon avenir. Je veux arriver avec un CV en béton au moment de la reconversion. D'ailleurs, si je pouvais servir d'exemple aux jeunes, ce ne serait pas mal. Car quand je vois les risques qu'ils encourent en ne travaillant pas ou en arrêtant leurs études, je prends peur... D'autant que même si c'est usant, c'est aussi rafraîchissant: cela ouvre un peu l'esprit. Et moi, je ne dors pas rugby, je ne mange pas rugby... Je crois que c'est important. Et c'est aussi pour cela que l'ASM peut me convenir: quelque part, c'est aussi sa philosophie.

Propos recueillis par Benoît PENSIVY.