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L'ASM vu par Jean-Marc Lhermet

Pour finir l'année et notre série d'interview pour le centenaire c'est Jean-Marc Lhermet qui répond a nos questions aujourd'hui.

-> Que vous inspire le centenaire de l'ASM ?
Le centenaire de l’ASM c’est le signe pour moi d’un club qui a su traverser les âges de la meilleure manière qui soit, parce que ce centenaire a été fêté avec beaucoup d’émotion, avec une équipe qui est globalement une équipe de très bon niveau, qui a un potentiel de jouer un titre que ce soit au niveau français ou européen. Et je crois qu’arriver au bout de cent ans à ce résultat c’est plutôt un signe très positif pour ce club qui a su traverser; les époques tout en restant au plus haut niveau. Ce centenaire c’est donc d’abord la satisfaction d’avoir pu garder une équipe compétitive au plus haut niveau au fil des ans et que cette équipe progresse pour arriver à cent ans, alerte, performante, dynamique.
Ce centenaire c’est la marque d’une évolution positive mais je pense aussi que ce n'est qu’une étape. Il faut que les cent ans qui s’annoncent soient encore meilleurs, il faut rester en haut, gagner des titres, être plus stable dans la performance de haut niveau, donc c’est à la fois une énorme satisfaction et une étape.

-> Comment avez-vous vécu la victoire du bouclier de Brennus ?
Cela a été un moment qui restera à jamais marqué dans ma mémoire, c’est une joie énorme, un moment d’émotion fabuleux. On est arrivé à gagner un trophée que beaucoup de joueurs, beaucoup de supporters ont convoité pendant pratiquement cent ans. Il y avait eu 10 finales avant. Rapporter ça à Clermont a été un moment absolument magique, à la fois  l’émotion sur le terrain le soir de la victoire et le partage avec les joueurs dans un premier temps puis avec le public, avec nos familles qui avaient pleuré bien souvent, mais qui nous avaient soutenus en ces moments de défaites.  Je crois que c’était aussi important de partager cette victoire avec elles et le public.
Le retour à Clermont-Ferrand le lendemain a été très intense en émotions, en partages, des moments, des sentiments qu’on retiendra, qu’on va essayer de retenir le plus longtemps possible en tout cas.

-> Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l'ASM ?
Je retiens tous mes souvenirs de rugby puisque l’essentiel de ma carrière a été faite à l’ASM. J’ai commencé à Vichy, puis à 20 ans je suis arrivé à l’ASM et je n’ai plus jamais quitté ce club. Voilà, ma carrière de rugby a été en jaune et bleu, même si j’ai eu la chance de porter le maillot de l’Équipe de France et celui des Barbarians, des expériences qui ont été importantes pour moi aussi. Mais mon vécu de rugbyman il s’est fait sous le maillot jaune et bleu.
Parmi les souvenirs, l’année 90 avait été pour moi celle des premières émotions de phase finale, même si j’avais été blessé, j’avais pu les vivre de l’intérieur, j’avais découvert une atmosphère complètement particulière. En 1994 avec l’aventure magnifique qu’on a tous vécue avec ces deux finales. Il n’y a pas eu de titre à la clé mais là aussi il y avait eu des moments très particuliers tout au long de la saison au niveau du groupe. En interne quelque chose s’était créé, un courant particulier était passé.  Je n'oublie pas le partage avec nos supporters, cette demi-finale à Nîmes où on était rentrés tous ensemble en train, la finale et le retour au Michelin. Tous ces moments restent en mémoire.
Le dernier match en 1999, la finale, avait été un grand moment. Et puis les gros matchs au Michelin, le quart de finale contre Castres en 99 et les grandes victoires contre Brive, dont celle où on leur avait mis 60 points au Michelin.
Tous les ans il y a eu de grands moments, des grandes victoires y compris contre Toulouse. Mon premier match au Michelin contre Brive en Du-Manoir a aussi été un moment particulier et d’une grande intensité. Voilà, je pourrais en citer des dizaines et des dizaines, mon vécu de rugby s’est fait à l’ASM, donc des souvenirs j’en ai plein la tête.

-> Vos meilleurs souvenirs ?
Au-delà des résultats, parce que c’est vrai qu’on pourrait sortir 94 ou ma dernière saison 99, il y a plein de moments particuliers. Mais ce qui reste c’est avant tout le souvenir de moments fabuleux partagés avec des joueurs, des matchs gagnés aux tripes, des moments où on sent que collectivement, entre joueurs,  il y a des choses qui se passent.
Je me souviens de ce match à Brive, ça devait être en novembre 1993, qui avait été un match dantesque, sous la pluie et le vent. Il y avait eu je ne sais combien de cartons jaunes et de cartons rouges, on avait vraiment senti ce jour-là que dans le groupe quelque chose s’était passé, il y avait une solidarité assez incroyable, une envie de se surpasser énorme et c’est là que la saison 93/94 s’était construite. Ces moments-là ne sont pas forcément des victoires,  pas obligatoirement des grands matchs, mais à coup sûr des moments de partage, de communion entre joueurs sur un terrain où l’on sent que le courant passe et que des choses se construisent.
La relation avec notre public était très très forte il est vrai, sur le terrain, dans les tribunes à l’après-match. C’était l’époque du Gormen’s, l’époque de la bodega derrière le stade où l’on pouvait discuter avec des supporters, avec le public. Ces moments-là n’existent plus maintenant, parce que qu'ils ne peuvent plus exister. Le rugby a évolué de telle façon que ce n’est plus possible. C’était quand même des moments particuliers.

-> Les moins bons ?
Les moins bons souvenirs tournent autour des blessures. Quand on est joueur, on est heureux quand on est sur le terrain, quand on joue, quand on vit des moments forts sur la pelouse. Lorsque les blessures nous empêchent des les vivre, ce sont des moments difficiles, des moments où l’on doute.
Moi, ma blessure au genou m’avait écarté un peu plus d’un an des terrains. C’était une période un peu difficile, mais même dans ces périodes difficiles je crois que c’est là aussi où on s’enrichit où on apprend énormément de choses, ce n’est donc jamais du temps perdu quoi qu’il arrive. Ces moments sont des mauvais souvenirs sur le coup, mais après on se dit que si cela n'était pas arrivé peut-être que par la suite on aurait été moins fort, moins performant. Sa vie d’homme et de sportif on la construit au travers des moments positifs, des moments de bonheur mais aussi par des moments très difficiles. Au bout du compte ces mauvaises passes ne sont pas forcément des moments inutiles et des moments qui n’ont pas servi le reste.
Si j’avais une saison ou une période un peu compliquée à faire ressortir, je dirais l’année 97 où je pense qu'on avait la meilleure équipe. On avait un groupe qui était à son apogée, c'était justement le groupe né cette saison 93/94 qui arrivait à son apogée dans la saison 96/97. On avait une très bonne équipe, un très bon groupe et malheureusement des luttes internes, des intérêts individuels ont pris le pas sur l’intérêt collectif du club. C’était une période où j’étais capitaine cela avait été très compliqué à titre personnel.
S’il y avait vraiment une frustration dans ma carrière c’est celle-là, cette année 97 où je pense qu’on aurait pu faire vraiment quelques chose et qui a été davantage la fin d’une aventure qu’autre chose, parce qu'à la suite pas mal de joueur sont partis. Voila, c’était une période pas très agréable à vivre.

-> Quels sont les joueurs de l'ASM qui vous ont le plus impressionné ?
(Après un moment d’hésitation) Un garçon qui est à la mode en ce moment, Philippe Saint-André est quelqu’un qui a marqué ma génération à l’ASM. C’était un grand joueur, un bon animateur de groupe qui a beaucoup apporté à ce club.
Quand je suis arrivé il y avait des joueurs comme Dominique Gaby, comme Christian Rizon qui étaient un peu des vieux de la vieille, je n’ai pas joué très longtemps avec eux, Pelloux aussi, c’est des joueurs qui m’ont marqué c’étaient des joueurs a part.
Il y avait la 3éme ligne avec Arnaud Costes et Christophe Juillet, on était très complémentaires et on arrivait vraiment à s’éclater au niveau de la 3éme ligne. Ce sont des joueurs avec qui j’aimais évoluer.
J'ai apprécié tous les joueurs avec lesquels j'ai joué, j'y ai pris beaucoup de plaisir. Il est vrai que quelques-uns se sont démarqués de par leur niveau, de par leurs qualités d’animateur. Je pense que c’est une période où la dimension collective était quand même très forte.
Cette période, à partir de 93 jusqu'à 97, a été marquée par  un groupe vraiment fort, au-delà de toute individualité c’était vraiment le collectif qui faisait la différence.

-> Quels sont les adversaires qui vous ont le plus impressionné ?
(Après un moment d’hésitation) Je ne peux pas dire qu’il y ait un joueur qui m’ait vraiment impressionné. Il y a eu d’excellents joueurs, mais ils ne m'ont pas impressionné au point de les sortir du lot. Effectivement il y avait des garçons comme Blanco, Philippe Sella qui étaient des icônes, c’est vrai que les premières fois quand on jouait contre eux c’était assez impressionnant mais après quand on jouait, on jouait, que ce soit Blanco, Sella ou n’importe qui en face, c’était la même chose. Ces joueurs avaient un statut particulier par ce qu’ils avaient apporté au rugby Français, on peut citer ces deux là, mais on peut citer aussi Rodriguez. Je n’ai jamais joué avec lui à Clermont, mais j’ai joué contre lui après, j’ai joué avec lui en équipe de France, c’était un joueur qui était assez particulier de par sa dimension physique.

-> Quels sont les atouts majeurs pour l'ASM dans les années à venir ?
Ce qui peut faire la différence c’est qu’aujourd’hui l’ASM est un club avec un grand « C »,  à savoir que ce n’est pas juste un groupe de sportifs entourés par des coachs. L’ASM c’est bien évidement des joueurs compétitifs, un staff compétitif, un stade, des supporters, une organisation administrative hyper performante, c’est un tout. C’est un club qui a su évoluer dans toutes ces dimensions et qui maintenant est performant dans tous ses aspects et je crois que c’est un de ses atouts par rapport à ce qu'on peut voir ailleurs.
Je pense qu'un vrai plus, c’est la stabilité. Je suis persuadé qu’aujourd’hui la performance à haut niveau passe par forcément un minimum de stabilité donc notre stabilité est aussi un gage important de performance. Le fait d’avoir réussi à créer un groupe où la fierté d’appartenance est importante, c'est-à-dire que les joueurs ne jouent pas seulement pour gagner un match, ils gagnent pour faire gagner un maillot, un blason, une équipe,  une ville, une région c’est aussi quelque chose qui est important. C’est vraiment cette notion de racines qui compte, ce club a des racines qui sont nombreuses et profondes, même si  au début des années 2000, c'était beaucoup plus compliqué. Mais je crois qu’on a su recréer ces racines, c’est le même principe qu’un arbre quand tout va bien il n’en a pas besoin, mais quand c’est la tempête et forcément un jour dans ce club il y aura des saisons qui seront un peu moins bonnes, le jour au ça arrivera ce sont les racines qui permettront à l’édifice de rester debout. La solidité, les structures, les valeurs, sont les choses qui, je pense, font et feront la différence par rapport a d’autres environnements.

-> Quels sont vos meilleurs souvenirs de 3éme mi-temps avec l'ASM ?
Il y avait toutes les épopées d’après match au Gormen’s et au Lutecia. Ça correspondait au milieu des années 90 où on se retrouvait tous, c’est l’époque où on avait beaucoup de bonheur à se retrouver sur le terrain mais aussi à se retrouver ensuite. Il y a eu aussi le retour de la demi-finale en 94 à Nîmes, dans ce train Nîmes-Clermont dans lequel nous avons vécu un moment de partage énorme avec les supporters, on peut considérer que c’était une 3éme mi-temps très forte.
Même si je n’étais plus joueur il y a eu tout l’après match du Brennus de la victoire en 2010, même si on ne le vit pas en tant que joueur, le vivre, le fêter ça était un moment très très fort et très important.

Merci Jean-Marc

publié le mercredi 28 décembre 2011 à 10h40 par vulcain

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