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Posté 27 novembre 2005 - 15:18

«La victoire du cœur»

Le sélectionneur du XV de France Bernard Laporte a tenu à saluer le combat physique et la solidarité de ses joueurs contre l’Afrique du Sud. S’il reste encore beaucoup de travail, les Bleus doivent s’appuyer sur cette prestation pour préparer la Coupe du monde 2007. Interview

Par Gilles Festor

Au Stade de France

Bernard, la France a remporté le grand combat physique que tout le monde redoutait...
Bernard Laporte : Oui, un combat très difficile, qui en plus avait mal commencé puisque nous avons dû faire sans Jérôme Thion, blessé au bout de vingt minutes. On a alors perdu certains repères mais Grégory Lamboley a fait une rentrée très intéressante. Et puis Elissalde, Bonnaire et Michalak se sont investis en leaders pour prendre les rênes de cette équipe. L’équipe de France a joué très solidaire pour s'imposer.

La deuxième période a été plus dure à gérer que la première…
Il y a eu, je le répète, une grosse solidarité à la mi-temps et j’ai senti une équipe très déterminée qui a réalisé une deuxième période «du cœur». Cette victoire, c’est celle du cœur car les Sud-Africains ont mieux joué que nous durant les quarante dernières minutes mais dans nos rangs, personne n’a failli. Il ne fallait surtout pas que un ou deux joueurs lâchent et tous sont allés au-delà d’eux-mêmes pour arracher cette victoire.

Ce succès est très encourageant dans l'optique du Tournoi des VI Nations...
Oui, tout ça, est encourageant mais force est de constater qu’on a encore besoin de progresser. On est très content d’avoir battu l’équipe qui a remporté un match contre les Blacks chez elle et qui a perdu de peu en Nouvelle-Zélande. C’est ce qui se fait de mieux au monde mais on doit être encore capables de montrer autre chose, notamment sur le plan individuel. Il faut qu’on soit encore plus compétitifs à l’intérieur du collectif.

Le XV de France est allé chercher la victoire en s’arrachant, notamment en fin de match...
Tout a fait, le rugby c’est l’engagement de soit pour le bien des autres. Aujourd’hui, tout le monde l’a montré et avait envie de donner à l’autre. Quand on arrive à cette symbiose, il est difficile de nous battre même si pour moi les Sud-Africains, sur la deuxième période, étaient meilleurs que nous et malgré tout, ils n’ont pas réussi à nous doubler sur le sprint final.

La défense a-t-elle été le plus gros motif de satisfaction ?
Oui, la défense a été bien organisée, c’est une chose, mais ça ne sert à rien si vous n’êtes pas impliqué, notamment dans le un contre un. Et dans ce domaine, il y a des garçons qui ont franchi un palier, comme Nyanga. Beaucoup de joueurs ont réussi à inverser la pression sur ce match. On a été bien en place, c’est un gros point positif.

En revanche, la touche a été un secteur où vous avez été une nouvelle fois dominés...
Oui, c’est le secteur dans lequel nous avons eu le plus de problèmes. Je crois qu’on n'a pas été assez malins. Nous avons une équipe jeune, encore un peu naïve, tout ça changera avec l’expérience. Et puis en face, il y avait Victor Matfield, un des meilleurs sauteurs au monde. A lui seul, il nous a déréglé l’alignement. Dans ce domaine, on a beaucoup de progrès à faire.

Un mot sur les gestes de Smit et Burger...
Je n’ai pas envie de juger, les arbitres sont là pour le faire. Ce qui me gêne plus, c’est quand un deuxième ligne va marquer un essai alors qu’il a mis un pied en touche. J’ai revu les images, il y avait touche. Pour revenir aux gestes des Sud-Africains, je dirais juste que Fabien (Pelous) avait fait une faute similaire et il avait été suspendu. A mon avis, ils n'auront pas grand-chose alors que pour moi, c’est la même attitude.

Peut-on faire un premier bilan de cette tournée automnale ?
L’objectif premier, c’était de voir un maximum de joueurs et on l’a fait. Ensuite, il fallait se mesurer à l’Australie et aux Springboks, et ça, c’est le top, car on progresse surtout dans ces matches là. Malgré tout, il ne faut pas aller plus vite que la musique avec ces deux victoires. Si on veut remporter la Coupe du monde, il faudra faire autre chose mais avec ce qu’on a fait, on peut déjà aller très très loin.




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