les Japonais et leur coach sont chaud-patates !
Que se passera-t-il si le Japon accroche l'Ecosse à son tableau de chasse, quatre jours après avoir fait tomber l'Afrique du Sud ? Nul ne peut l'imaginer. Car, au pays, c'est une véritable frénésie qui s'est emparée de la population. En Angleterre, la sélection entraînée par Eddie Jones monopolise l'attention depuis samedi soir.
Les héros sont partout, à la une des journaux et sur toutes les télés. Lundi, au moment de retourner au Brighton College, leur lieu d'entraînement, les joueurs ont été accueillis par une haie d'honneur de 1 200 élèves.
Et, quelques heures plus tard, quand ils ont cette fois quitté leur modeste hôtel situé près des fameuses jetées de la cité balnéaire anglaise, tout le personnel de l'établissement applaudissait les 31 joueurs et les membres du staff quand ils sont montés dans leur car.
Un triomphe immortalisé par des dizaines de caméras et d'appareils photo. En vieux sage, leur coach australien, Eddie Jones, prend du recul par rapport à cette effervescence. Petit sourire en coin et yeux rieurs, il s'est installé dans la salle de conférence qui pourrait bientôt devenir trop petite. « La semaine dernière, avant le premier match, il y avait une soixantaine de journalistes japonais et une poignée d'Occidentaux, note un observateur. Maintenant, il y en a autant ! » L'opération séduction est en marche. Dehors, sur le parvis de l'hôtel battu par la pluie et le vent, les badauds attendent les héros. Mike, une écharpe des Cherry Blossoms autour du cou — offerte par sa belle-fille japonaise — prend des photos. « J'étais dans le stade samedi. Franchement, c'est l'un des plus beaux moments de sport que j'aie vus. » Même les officiels sont sous le charme. « Ce sont des gens adorables, polis, gentils », glisse la personne chargée de les escorter jusqu'à leur nouveau camp de base de Cheltenham.
Aujourd'hui débute la seconde étape du plan édifié par le stratège Jones. Après avoir annoncé au printemps que ses hommes viendraient à bout des Boks, le sélectionneur veut aussi épingler l'Ecosse (CANAL + SPORT, 15 H 30). « Si nous collons au score dans les trente premières minutes, nous gagnerons. Notre but, c'est les quarts de finale. Il s'agit du match le plus important de la compétition », a martelé le coach qui a procédé à six changements dans son XV de départ.
L'Australien, chouchou des médias nippons, a pris la main en matière de communication, et depuis il mène la danse. Lundi, il n'a pas manqué d'adresser un petit tacle à son homologue Vern Cotter qui avait annoncé que le Japon laisserait filer la rencontre contre les Sud-Africains pour aligner sa meilleure équipe contre l'Ecosse. « Nous n'allons pas à la Coupe du monde pour choisir tel match ou tel autre. On n'a pas ce luxe. En voilà, une drôle de manière de penser ! » L'ancien entraîneur de Clermont appréciera la leçon donnée à distance.
Tout un pays espère que les augures du gourou Jones se vérifieront. Le capitaine Michael Leitch, assis à côté de son entraîneur, enfonce le clou. « La consistance est la chose la plus difficile à obtenir en rugby. Tant qu'on travaillera dur, qui sait ce qu'il peut arriver. Nous ne voulons pas être l'équipe d'un seul match. »
Le Parisien.fr