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EDF de Galthié


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#11071 el landeno

el landeno

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Posté 20 mars 2025 - 07:07

« On travaille main dans la main » : l'entente entre Galthié et Laborde, clé du succès du XV de France et des Bleuets sur le Tournoi des 6 Nations Fabien Galthié, sélectionneur des A, et Cédric Laborde, manager des U20 - en visite mercredi à « L'Équipe » - se sont félicités de leur excellente collaboration qui a permis d'obtenir, pour les deux formations, une victoire dans leur Tournoi respectif.

 

Il était environ 10 h 30, mercredi matin, quand le sélectionneur des Bleus, Fabien Galthié, est arrivé dans les locaux de L'Équipe avec, posée sur un diable, la mallette contenant le trophée du Tournoi des Six Nations. Quelques instants plus tard, le manager des moins de 20 ans, Cédric Laborde, suivait, la coupe emmitouflée dans un sac en tissu noir. Quelques mots échangés,
un petit tour au studio photo, et les deux patrons des équipes de France victorieuses du Tournoi s'attablaient dans un salon pour évoquer ces titres et leur fructueuse collaboration.

 

« Que représente ce titre à ce moment de votre carrière ?
Fabien Galthié : Un soulagement. J'adore ce Tournoi, il est incroyable, il y a toute une histoire. Le carton rouge de Romain (Ntamack face au pays de Galles), l'absence de Thibaud Flament (pays de Galles et Angleterre), les questions qu'on se pose sur le cinq de devant avec (Tevita) Tatafu qui est blessé. Puis la défaite en Angleterre (26-25) et cette décision de bouger les lignes et de créer de l'émulation. Il faut performer, sinon tu ne joues pas en équipe de France. Il a fallu trouver des clés, on a passé le banc en 7-1... Et il y a eu l'Irlande, où l'équipe a dit : non, ça ne va pas se passer comme les matches précédents.

Cédric Laborde : Ce titre, pour moi, il est inattendu. C'est un plaisir pour mon staff et mes joueurs. Ils se sont engagés très forts. Après, je suis très compétiteur. J'aime booster l'équipe. Je ne m'arrête pas à ça. On va basculer direct sur la Coupe du monde cet été. Je vais aussi préparer les U19. Mon rôle, c'est du passage, je me vois au service de l'équipe de France.
Notre objectif est de préparer au mieux ces jeunes pour le quinze de France : il faut donc leur donner du temps de jeu, en voir un maximum - tout en respectant la performance collective -, ce sera du temps de gagné pour Fabien. On a gagné le Tournoi alors que dans le classement des 40 joueurs qui ont le plus joué, il n'y a aucun Français.

F.G. : Je ne te l'ai pas dit, mais quand vous jouez, je regarde votre match avec trois invités dans un petit salon. On s'installe et on fait des commentaires (il se marre.), on est contents, c'est un moment de détente. Je trouve Cédric très fort, très mature pour son premier Tournoi. Il est très détaché, il a toujours la bonne posture. On s'était rencontrés la première fois pendant le Covid à Sabres, en août 2021, avec une équipe de jeunes du Sud-Ouest, où il y avait notamment Théo Attissogbe (ailier international de Pau). Cédric avait déjà cette sagesse. Et là, il a pris le poste et il a gagné en construisant son équipe, en faisant tourner sur le temps de jeu, en étant à l'écoute des clubs. C'est remarquable. La Fédération peut être fière de l'avoir choisi.

« Il y a une multitude de facteurs qui permettent d'expliquer que nous avons des résultats, et notamment le rapprochement entre les clubs et la FFR. »

Cédric Laborde

 
 
 
 

Devinette : la France avait-elle déjà gagné conjointement le Tournoi et le Tournoi U20 ?
F.G. : Je ne sais pas...

C.L. : C'est la première fois, je crois.
Il manque les filles, et puis voilà (il sourit.).

Effectivement, c'est une première. Pourquoi cela arrive en 2025, et seulement en 2025 ?
C.L. : Un gros travail a été fait dans les clubs, les centres de formation s'organisent de mieux en mieux. Sans oublier la règle des JIFF. Tout ça a permis de renforcer le développement des jeunes joueurs.
Les gamins entrent dans la filière à 15 ans, jusqu'à 20 ans, l'objectif est de leur donner un projet constant.

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Cédric Laborde est porté en triomphe par les U20 après le dernier match de la compétition face à l'Écosse (35-16). (S. Ruhaut/Icon sport)

Avant de remporter ce Tournoi, la France a gagné trois des quatre derniers titres mondiaux en U20. Est-elle devenue le meilleur centre de formation au monde ?
F.G. : Je le dis de manière ferme : non. Je vous invite à vous rendre en Afrique du Sud et ce qui se passe dans les Championnats de collèges et des universités. Il se passe un truc. Il faut le voir. En Nouvelle-Zélande aussi. Il y a une passion, une puissance qui se dégage.

C.L. : Il y a une multitude de facteurs qui permettent d'expliquer que nous avons des résultats, et notamment le rapprochement entre les clubs et la FFR. Il y a de vrais échanges, une construction de parcours, une confiance mutuelle.

F.G. : On s'est mis en position d'accompagnement. On veut éviter tout rapport de force.

Cédric, qu'est-ce qui vous a marqué dans le Tournoi de l'équipe de Fabien ?
C.L. : La maîtrise, qu'on retrouve d'ailleurs à l'entraînement. Ils arrivent à construire des joueurs autonomes, de vrais leaders. C'est ce que j'essaie de faire avec les jeunes en leur donnant la parole, en les faisant réfléchir pour qu'ils trouvent des solutions, quitte à se tromper. Ça leur servira quand ils seront avec les grands. Je n'ai pas envie qu'ils exécutent, je veux qu'ils décident !

F.G. : En novembre, sur un entraînement, je n'avais pas de demi de mêlée à disposition (Le Garrec et Dupont étaient ménagés). Les deux U20 ont fait l'opposition. Ils étaient à l'aise. C'est plus facile de jouer au milieu de l'équipe de France. Quand je leur demande : "Alors ?" Ils répondent : "C'est facile !"

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Fabien Galthié dirige un entraînement avant le premier match du Tournoi 2025, France-pays de Galles (43-0). (P. Lahalle/L'Équipe)

Cédric, quand vous voyez le staff des Bleus faire un banc en 7-1, vous en pensez quoi ?
C.L. : On n'en a pas forcément parlé. Nous n'avons pas les mêmes objectifs avec Fabien. Lui, il doit gagner, c'est la priorité. Nous, l'objectif est de former les joueurs en allant chercher de la confiance : ils ont le droit de se tromper, on corrige, ils grandissent. Ensuite, plus on gagnera face à toutes les nations U20, plus ils seront en confiance quand ils seront avec les grands. C'est ce qui se passe face aux All Blacks. Avant, on prenait 60 points et pareil avec les grands ! Désormais, on les bat tous les ans, et plutôt facilement, chez les U20. Donc ils se disent que c'est possible une fois chez les grands. Les bons résultats chez les jeunes donnent une confiance collective.

Pendant une période internationale, comment se passe la collaboration entre vos équipes ?
F.G. : Tout a commencé lors de la tournée de novembre. La première semaine de préparation, nous n'avions que 23 joueurs. Donc ils se sont entraînés avec nous, à balles réelles. En début de Tournoi, nous avons également eu deux blocs de travail avec eux. Sans les moins de 20 ans, on ne pourrait pas travailler, nous n'aurions pas cette qualité de travail. J'ai besoin d'eux. On a créé une atmosphère de performance à Marcoussis. Comme un laboratoire où ça travaille. On se croise, on échange.

C.L. : J'ai connu les anciens sélectionneurs, c'est la première fois qu'on a autant d'échanges. Fabien, il ouvre tout, on partage beaucoup. Les entraînements en commun, c'est un boost pour nos jeunes. Ils ont une vraie vision de ce qu'est la performance. Par exemple, Thomas Ramos est venu passer une heure avec nos buteurs. C'était très enrichissant.

F.G. : Ce que j'aime, c'est que les U20 ont la banane. On brise la glace en les branchant. Dès que je les croise dans les couloirs, je les branche. Mais ils sourient, ils sont contents. Après les matches, quand je les croise à Marcoussis, je les gronde s'ils ont fait des bêtises.

C.L. : Noa Traversier, tu me l'as mis au fond du sac (sourire.). Celui qui s'est fait plaquer par-derrière au moment d'aplatir un essai alors qu'on le voit sourire. Sur l'action, c'est son pote d'enfance Jon Echegaray qui lui fait la passe, il sourit pour ça, pas pour chambrer. Le regard des autres personnes sur son geste l'a touché. Il était au fond du sac !

F.G. : J'ai aussi grondé le deuxième-ligne ! (Antoine Déliance.) On prend trois cartons jaunes en Irlande, on aurait pu perdre le match ! (Victoire 12-22.)

Fabien, avez-vous aussi grondé Peato Mauvaka et Thomas Ramos sur l'action du carton jaune de Mauvaka face à l'Écosse lors du dernier match du Tournoi ?
F.G. : Oui, je les gronde. Mais quand je gronde les U20, c'est trois jours après, de façon détachée. C'est pour leur montrer qu'on les suit. Il faut qu'ils comprennent qu'on les regarde. Leur point faible, c'est ça : la maîtrise.

« Il y a des cracks. On peut parler de Théo Attissogbe, d'Oscar Jegou, de Louis Bielle-Biarrey et Émilien Gailleton, qui sont de la même génération. Ce sont des gamins bluffants. »

Fabien Galthié

 
 
 

Cédric, un entraînement avec le quinze de France est-il plus bénéfique qu'un match pour les U20 ?
C.L. : Non, c'est pas pareil. Mais avec le quinze de France, tout va plus vite. Face à des Ramos ou Dupont, tout va très vite dans l'exécution des gestes, mais aussi dans la prise de décision.

F.G. : Parfois ils ramassent, mais je pense que ça les décomplexe de se retrouver face à l'équipe de France. Quand il y en a un qui marque, on le met en avant. Ça m'arrive de chauffer les jeunes et de leur dire : vous allez les défoncer.

C.L. : Ce qui a bien marché, c'est quand t'as dit : je vais vous rajouter deux avants car vous allez manquer de puissance. J'ai prévenu mes joueurs : si vous n'en mettez pas assez, Fabien va mettre 10 avants... J'ai vu dans leurs regards que c'était hors de question (rire).

Dans d'autres nations, il y a un style commun entre les U20 et les grands, mais pas en France...
F.G. : (Il approuve.) On travaille main dans la main depuis six ans, mais je ne fais aucune ingérence. Je n'ai jamais été pour. Chacun travaille avec sa propre sensibilité.

C.L. : Les U20 connaissent de toute façon le système des seniors. Mais le jour où ils arriveront en équipe de France, est-ce que le système sera le même ? Le projet de jeu évolue, il peut y avoir un nouveau sélectionneur un jour. On se rejoints quand même sur des grands principes : ne pas lâcher la ligne d'avantage, attaquer les espaces.

De la génération du titre U20 2023, la dernière championne du monde, huit joueurs ont été capés en bleu depuis (Auradou, Tuilagi, Jegou, Gazzotti, Jauneau, Attissogbe, Depoortere, Nouchi) et deux ont participé à des stages (Reus, Costes). Cela signifie-t-il que l'écart entre les U20 et les A n'est pas si important ?
F.G. : Moi je dirais qu'il y a des cracks. On peut parler de Théo Attissogbe, d'Oscar Jegou, de Louis Bielle-Biarrey et Émilien Gailleton, qui sont de la même génération. Ce sont des gamins bluffants. D'autres arrivent doucement. On ne peut jamais savoir s'ils vont percer en bleu. Le chemin n'est pas évident. Certains qui ont vite débuté avec nous souffrent. Mais on ne les lâche pas. Je pense à Louis Carbonel par exemple. On suit les champions du monde. La preuve, on a appelé dans le groupe Hugo Reus alors qu'il est dans le creux de la vague. Ça lui a fait un bien fou.

« On a la chance de rassembler tous les meilleurs Français. Il y a la crème de la crème à Marcoussis. »

Fabien Galthié, sur les entraînements communs avec les U20

 
 
 

Fabien, lors des entraînements avec les U20, vous regardez donc les joueurs d'en face avec un oeil de sélectionneur ?
F.G. : Bien sûr. On est gagnants à tous les niveaux. On a la chance de rassembler tous les meilleurs Français. Il y a la crème de la crème à Marcoussis. Quand tu montes à Marcoussis, c'est prestigieux. J'ai convoqué Théo Millet, le gars était heureux. Il était en vacances au Portugal, il est rentré direct ! Il peut espérer accrocher le wagon et partir cet été en Nouvelle-Zélande. Régis Montagne pareil. Il est numéro 4 des piliers droits dans la hiérarchie, mais il est là, il a perdu du poids, il se challenge. C'est important, même s'ils n'apparaissent pas sur la feuille de match.

Fabien, en 2023, vous aviez convoqué Louis Bielle-Biarrey et Émilien Gailleton pour la préparation de la Coupe du monde, alors qu'ils étaient encore U20...
F.G. : Lors du Tournoi précédent, j'allais souvent voir Sébastien Calvet (l'ex-sélectionneur des U20) pour lui dire que je prenais Louis et Émilien pour les entraînements de mardi et mercredi. Mais au moment de faire notre sélection, on se posait la question : on les relâche ou on les garde ? (Il sourit.) Tout est possible. On a pris Fabien Brau-Boirie pour préparer le dernier match face à l'Écosse. Ça entraîne les autres. On avait fait une semaine de stage à Pau, les entraîneurs nous en avaient beaucoup parlé. On voit les matches aussi. Et à un moment, il y a une place...

« J'ai dit oui tout de suite, car faire deux jours d'entraînement avec le quinze de France ne va pas le fatiguer et en plus ça va lui donner de la confiance. »

Cédric Laborde, à propos de Fabien Brau-Boirie retenu par Galthié pour des entraînements avec les A

 
 
 

C.L. : Fabien (Brau-Boirie), c'est un de nos cadres, mais comme je l'expliquais, on veut que chacun ait son parcours. L'idée était qu'il joue les deux gros matches : Angleterre et Irlande pour qu'ensuite, il puisse finir la saison avec Pau. Mais Fabien (Galthié) m'appelle pour le prendre. J'ai dit oui tout de suite, car faire deux jours d'entraînement avec le quinze de France ne va pas le fatiguer et en plus ça va lui donner de la confiance.

F.G. : Il y a Simili (Daunivucu) qu'on a pris cet été en Argentine, mais qu'on n'a pas capé.
Il a pris une nouvelle dimension, il a pris confiance en lui, même s'il croque un peu sur le terrain. Mais il a la banane ! Il montre sa joie.

Un jeune au fort potentiel, à l'image de Noah Nene, appelé en début de Tournoi, peut-il gagner sa place sur un rassemblement et intégrer directement le quinze de France en quelques entraînements ?
F.G. : On ne s'interdit rien. Il faut rester cohérents. Malheureusement, il s'est blessé musculairement avec nous. Il n'a pas supporté la charge de travail. C'est intéressant également. C'est dommage. Il aurait dû mettre des warnings... Il vient de Pro D2, il est athlétique, mais il n'a pas supporté la charge de travail. C'est un regret. Quand un joueur se blesse avec nous, ce n'est jamais bien. Derrière, il s'est blessé encore plus gravement à l'épaule. Sa saison est terminée. C'est dommage.

La Coupe du monde U20 et la tournée d'été en Nouvelle-Zélande ont lieu au même moment. Qui aura la priorité ?
F.G. : On discutera. Les deux sont bien. Quand tu es là, c'est pas mal...

 
 


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Posté 23 mars 2025 - 18:47

« À 100 % avec les Bleus » : Laurent Sempéré, co-entraîneur du XV de France répond aux rumeurs qui l'envoient au Stade Français Le co-entraîneur de la conquête de l'équipe de France Laurent Sempéré confirme dans « L'Équipe » son engagement sans faille auprès des Bleus jusqu'à la Coupe du monde 2027.

 

Le rendez-vous avait été fixé après le multiplex des matches de Top 14 samedi. « Quand j'ai terminé le Tournoi, je me suis dit que j'allais couper quinze jours, mais je n'arrive pas à décrocher », s'est marré en préambule Laurent Sempéré. Le co-entraîneur des avants s'est livré sur ce premier titre avec l'équipe de France et sa méthode. L'ex-talonneur (39 ans) a également souhaité balayer les rumeurs qui l'envoient au Stade Français en réaffirmant qu'il est totalement investi dans le projet fédéral avec un objectif clair : la Coupe du monde 2027.

 

Moins d'une semaine après la victoire dans le Tournoi avec les Bleus, RMC Sport a annoncé, jeudi, que vous pourriez quitter votre poste de co-entraîneur de la conquête en équipe de France pour rejoindre le Stade Français...
Mon engagement est à 100 % avec l'équipe de France. Chaque matin, je pense à la Coupe du monde 2027. C'est ce qui m'anime et je n'en dévie pas. Mon engagement avec les Bleus est ferme. Il y a eu une discussion avec le Stade Français, un club qui ne me laisse pas insensible, où j'ai gagné en tant que joueur (champion de France en 2015, Challenge européen en 2017) et où je me suis construit en tant qu'entraîneur. Mais tout a été très clair. La possibilité que je rejoigne le club n'existe pas puisque je suis engagé avec la FFR. J'y suis épanoui et nous avons de grandes choses à faire.

Avez-vous été surpris par leur appel ?
Pas vraiment. Pendant quatre ans (2019 à 2023), même si nous avons aussi connu des moments difficiles, nous avons su construire un projet solide. Mais c'est du passé. Ma prise de parole est destinée à mettre fin à ces rumeurs. Je le répète : je ne me pose aucune question. Après, je ne cache pas que la situation sportive du Stade Français me touche. Il y a de l'affect. Mais ça s'arrête là.

Il est également sous-entendu que vous n'auriez pas trouvé votre place au sein du staff des Bleus...
J'ai trouvé ma place, je suis épanoui. Il n'y a pas de sujet. Les résultats le valident.

« Ce succès confirme la validation d'une méthode, des changements opérés, d'une adhésion et d'un partage avec les joueurs »

Laurent Sempéré

 
 
 
 

Vous venez de remporter le Tournoi, votre premier titre en tant qu'entraîneur. La sensation est-elle différente qu'en tant que joueur ?
Complètement ! Les émotions sont intenses. Nous venons de vivre une aventure incroyable. Même si nous ne l'avions pas crié haut et fort, on avait l'ambition de le gagner. J'ai ressenti beaucoup de joie au coup de sifflet final face à l'Écosse (35-16), mais aussi de la satisfaction. Ce succès confirme la validation d'une méthode, des changements opérés, d'une adhésion et d'un partage avec les joueurs.

L'équipe de France avait terminé à la deuxième place l'an dernier, ce qui était également arrivé en 2020, 2021 et 2023... Cette victoire a-t-elle permis d'évacuer les frustrations des dernières années ?
C'est vraiment ce que j'ai ressenti. Ce groupe a une expérience, un vécu collectif très fort et une habitude de ce genre de rendez-vous. Mais surtout, il souhaitait terminer sur une note positive. Pendant le Tournoi, il y a des signes qui prouvaient que cette équipe voulait effacer les précédentes frustrations. En soignant par exemple son goal-average (en 2020, la France avait terminé 2e derrière l'Angleterre pour 23 points). C'est l'apprentissage. L'équipe a grandi, ce qui lui a également permis d'aborder ce dernier rendez-vous avec sérénité.

Justement, il était reproché aux Bleus de ne pas être au rendez-vous quand on l'attendait... Est-ce que la victoire, avec la manière en Irlande (27-42), ainsi que la victoire dans le Tournoi, permettent de vous affirmer ?
Dans le chemin qui doit nous mener jusqu'à la Coupe du monde, il est très important de valider des étapes. C'est le cas avec cette victoire. Ce qui nous permettra dans le futur d'aborder encore mieux les grands rendez-vous. Le succès en Irlande, il faut le corréler avec la défaite en Angleterre (25-26). L'équipe a su se remettre en question. Mais nous avons continué à croire en ce que nous faisions malgré la défaite. On l'a prouvé avec une large victoire en Italie (24-73) et en Irlande où nous sommes arrivés avec des certitudes et un état d'esprit redoutable, comme l'ont prouvé les vingt premières minutes de jeu.

« J'ai des méthodes, une façon de faire qui sont différentes, qui peuvent surprendre. Et comme je n'avais jamais entraîné 90 % des joueurs présents en équipe de France, il y a eu un besoin d'adaptation mutuelle »

Laurent Sempéré

 
 
 

Plus personnellement, après un second Tournoi et plus d'un an au sein du staff de l'équipe de France, avez-vous la sensation que vos idées, votre méthode, votre travail est en train de germer, voir plus ?
C'est une des satisfactions de mon Tournoi : avoir la sensation d'avoir réussi à mettre ma patte sur l'équipe, comme j'avais pu le faire au Stade Français avant, mais avec des joueurs différents, en m'appuyant sur les autres membres du staff. Ça avait commencé à germer à l'automne. La chance qu'on a en équipe de France est d'avoir à disposition les meilleurs joueurs. Donc malgré le manque de temps, tout va plus vite. C'est également lié à l'expérience d'une majorité des membres de notre staff qui connaît ce contexte, à commencer par Fabien (Galthié). Donc priorité et conviction sont nos maîtres mots.

Pensez-vous avoir gagné la confiance des joueurs par rapport à ce que vous proposez ?
J'ai des méthodes, une façon de faire qui sont différentes, qui peuvent surprendre. Et comme je n'avais jamais entraîné 90 % des joueurs présents en équipe de France, il y a eu un besoin d'adaptation mutuelle. J'ai senti un point de bascule lors de la tournée d'été. Après un Tournoi, j'ai adapté ma méthode avec des joueurs plus novices. Mais aujourd'hui, je ressens une adhésion totale, dans les deux sens, ce qui explique pourquoi nous sommes encore plus performants.

La France sort avec la meilleure touche du Tournoi (98,5 %), la meilleure défense des ballons portés (0 pénalité concédée et seulement 5 essais encaissés), la touche comme base de lancement prioritaire des essais inscrits (16 essais après touche). Des statistiques qui doivent vous rendre fier...
Bien sûr, la touche a beaucoup d'importance à mes yeux. Mais ce qui m'anime, c'est la touche et la participation au jeu en attaque et en défense. Et donc le travail en commun avec William (Servat, co-entraîneur de la conquête) car les rucks sont très importants, le travail avec Patrick (Arlettaz, entraîneur de l'attaque) pour que nos premiers temps de jeu en attaque soient efficaces. Idem avec Shaun (Edwards, entraîneur de la défense), tout est imbriqué. On a beaucoup progressé dans la circulation offensive et défensive, tout en étant performant dans les phases de conquête. Ça demande beaucoup de connexions sur la construction globale du jeu et de nos semaines de travail. On a passé un cap en trouvant le bon équilibre pendant ce Tournoi.

Quel est votre prochain défi ?
J'aime construire. On a validé des étapes, mais rien n'est acquis, on doit continuer à innover. J'ai un plan très clair de ce qui doit évoluer. Enfin, j'en profite pour remercier les clubs avec qui nous échangeons beaucoup. Ça fait aussi partie de notre succès. On a encore de grandes choses à faire.

 
 


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Posté 08 mai 2025 - 07:09

« La Nouvelle-Zélande , c'est la tournée d'une vie » : l'équipe de France avec ou sans les tauliers cet été ? La présence de cadres des Bleus en Nouvelle-Zélande en juillet pour y disputer trois tests, n'est pas encore tranchée. Tout dépendra de la volonté du sélectionneur Fabien Galthié, des clubs et des joueurs eux-mêmes.

 

Depuis qu'il a repris l'équipe de France en 2020, Fabien Galthié a fait le choix de partir en tournée en juillet avec des groupes dits « développement ». Australie 2021, Japon 2022, Argentine 2024... les cadres ont été laissés au repos sur cette période. Un pari d'autant plus gagnant que sur les sept matches disputés dans ce contexte, les Bleus en ont remporté quatre, dont une victoire historique chez les Wallabies, une première depuis 1990.

 
 

On ne compte plus les joueurs qui ont profité de ces tournées pour prendre du galon (Jelonch, Jaminet, Woki, Danty, Flament, Guillard, Attissogbe...). Parce que c'est la Nouvelle-Zélande et parce que certains tauliers ont déjà partagé leur envie d'en être, la logique pourrait-elle être bouleversée cet été ?

Qui pourrait y aller ?

La Nouvelle-Zélande les fait tous rêver

C'est Romain Ntamack qui avait ouvert le débat le soir du titre dans le Tournoi des Six Nations après la victoire contre l'Écosse le 15 mars (35-16) : « finale ou pas finale (du Top 14), s'il faut y aller, ce sera avec plaisir, affirmait l'ouvreur toulousain. Une tournée en Nouvelle-Zélande, c'est quand même unique. C'est mon rêve de jouer là-bas. » Une position maintenue dans un entretien face à nos lecteurs quinze jours plus tard. Même son de cloche pour le pilier gauche Cyril Baille : « Si on fait appel à moi, je serais très content d'y être, surtout en Nouvelle-Zélande pour tout ce que ça représente» Le numéro huit rochelais Grégory Alldritt ne cachait pas non plus son envie d'y participer si l'opportunité se présentait, et donc si les règles changeaient (lire ci-dessous).

« La Nouvelle-Zélande, c'est la tournée d'une vie. On tiendra compte du fait que certains (joueurs) l'ont déjà fait, ou que d'autres sont très jeunes et auront certainement d'autres opportunités »

Laurent Marti, président de l'UBB et en charge à la Ligue des relations avec les équipes de France

 
 
 
 
 

Comment ne pas imaginer d'autres leaders lever la main s'il fallait faire appel à des volontaires ? « La Nouvelle-Zélande, c'est la tournée d'une vie, comprend Laurent Marti, le président de l'Union Bordeaux-Bègles et par ailleurs en charge à la LNR des relations avec les équipes de France. Si des joueurs viennent me voir, on aura une discussion avec eux. On tiendra compte du fait que certains l'ont déjà fait, ou alors que d'autres sont très jeunes et qu'ils auront certainement d'autres opportunités. Ce sera peut-être plus difficile de dire non à d'autres qui sont moins jeunes et qui ne l'ont jamais fait. Il faudra aussi tenir compte de l'état de fatigue et du calendrier de reprise. »

 
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Romain Ntamack, Fabien Galthié, Shaun Edwards (de dos) et Nolann Le Garrec à Marcoussis, le 19 février 2025, en préparation d'Italie-France (24-73, le 23 février, à Rome). (V. Joly/L'Équipe)
Un premier test une semaine après la finale du Top 14

Car la problématique n'a pas changé depuis des années : le premier test, à l'autre bout du monde en l'occurrence, tombe une semaine après la finale du Top 14 et/ou bout d'une saison marathon pour la plupart des internationaux. Vice-président de la FFR, Jean-Marc Lhermet évoque aussi un traitement au cas par cas : « Des signes positifs ont été envoyés par certains présidents de clubs sur le fait que ça pouvait être discuté. Mais on ne discutera que des cas concrets en relation avec leur club. Peut-être que Fabien Galthié (dira) fin mai ''éventuellement, tel ou tel garçon pourrait m'intéresser, et est-ce que vous (son club) êtes prêt à les laisser partir ? » (...) Des joueurs qui en ont envie et on s'assure que ça ne mettra pas en danger en termes de régénération. »

Le programme de l'été des Bleus
Dimanche 15 juin : début du rassemblement à Marcoussis avec un groupe qui inclut des barragistes éliminés.
Samedi 21 juin : Angleterre-France (amical) à Twickenham.
Dimanche 22 juin : groupe complété par des demi-finalistes éliminés.
Mardi 24 juin : départ pour la Nouvelle-Zélande.
Samedi 5 juillet : premier test, à Dunedin.
Samedi 12 juillet : deuxième test, à Wellington.
Samedi 19 juillet : troisième test, à Hamilton.

Où en sont les discussions ?

Pas de finalistes du Championnat et préservation des joueurs « Premium », c'est la règle

Rien ne pourra se faire sans amendement d'une règle mise en place par la FFR et la LNR dans le cadre de la convention qui lie les deux instances, et ce jusqu'à la tournée d'été 2026. Si le staff des Bleus peut partir avec un groupe de 42 joueurs en juillet, il ne peut pas sélectionner de finalistes du Top 14. C'est écrit noir sur blanc. Autant dire qu'une finale Toulouse-UBB, le 28 juin au Stade de France, réduirait drastiquement les possibilités d'emmener des cadres. Sachant que Galthié s'impose une autre règle, tacite celle-là, de préserver les éléments « Premium » qui ont beaucoup joué dans la saison en cours, finalistes ou pas finalistes.

Un amendement est-il possible ? Oui mais de manière très encadrée. De ce que l'on a appris ce mercredi, le sujet a été rapidement abordé avec une « sagesse des deux côtés ». « Aujourd'hui les discussions concernent la prolongation de l'avenant à convention jusqu'après la Coupe du monde (2027, en Australie), une première réunion s'est tenue très récemment, explique Lhermet. Pour la présence éventuelle de cadres et/ou finalistes en Nouvelle-Zélande, si ça doit être traité, ce le sera forcément fin mai et en juin. C'est trop tôt. On est vraiment aux prémices. »

« Si vous finissez le Championnat avant les autres et que vous pouvez gagner un peu sur les congés et les temps de jeu, c'est plus facile de dire oui »

Laurent Marti

 
 
 

Un dossier dans lequel les clubs - employeurs des joueurs à l'année - auront donc un droit de veto, si besoin. Il n'est pas question notamment que les dirigeants toulousains et bordelais laissent partir tous leurs internationaux, pour un retour en France le 22 juillet et une reprise de l'entraînement cinq semaines plus tard (au mieux), alors que le Top 14 reprend début septembre. « On sent que la FFR a envie de respecter les accords, que les clubs se disent qu'ils ne vont pas rester arc-boutés et qu'il y aura peut-être quelques exceptions, selon Marti. Si vous finissez le Championnat avant les autres et que vous pouvez gagner un peu sur les congés et les temps de jeu, il est évident que c'est plus facile de dire oui à votre joueur. » Insoluble dilemme...

Pour Dupont, la question ne se pose pas
Double vainqueur du Tournoi des Six Nations (2022, 2025), champion olympique à 7 (2024), quadruple champion de France (2019, 2021, 2023 et 2024), double champion d'Europe (2021 et 2024), le Toulousain Antoine Dupont aurait pu voir une belle opportunité d'ajouter à son colossal palmarès une tournée remportée au pays des All Blacks, où il n'a encore jamais joué. Évidemment, la grave blessure au genou droit du capitaine des Bleus lors du Tournoi clôt le débat sur son éventuelle participation. C'est aussi le cas du talonneur toulousain Peato Mauvaka et du troisième-ligne toulonnais Charles Ollivon, tous deux aussi gravement blessés à un genou. Une frustration atténuée en pensant à un autre voyage qui les attend à l'autre bout du globe, en Australie, pour la Coupe du monde 2027.

Serait-ce bien raisonnable ?

Gérer les charges physique, mentale et émotionnelle très disparates des joueurs

Imaginons que les règles soient exceptionnellement modifiées et que Galthié décide de partir avec le meilleur groupe possible, quitte à accueillir des finalistes en cours de route, alors qu'ils ne seraient disponibles qu'à partir du deuxième test, le 12 juillet à Wellington. Commencer à le supposer révèle déjà toute la complexité de la chose dans un calendrier surchargé.

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Fabien Galthié, sélectionneur des Bleus, et Nicolas Jeanjan, directeur de la performance, à Marcoussis, le 22 janvier 2025, avant France-Galles (43-0, à Saint-Denis, le 31 janvier). (P. Lahalle/L'Équipe)

Avant Galthié, les autres sélectionneurs partis en Nouvelle-Zélande, Marc Lièvremont en 2009, Philippe Saint-André en 2013 et Jacques Brunel en 2018, faisaient ce pari. En 2013, huit finalistes, Castrais et Toulonnais, avaient rejoint un groupe qui ne dépassait pas alors les 35 joueurs. « Il y a trois niveaux de charge à prendre en considération, rappelle Julien Deloire, préparateur physique des Bleus entre 2008 et 2017. La charge physique, avec des joueurs qui arrivent donc ou bout d'une saison très longue. La charge mentale, avec quand même la pression du résultat et la faculté à basculer sur un autre projet. Et surtout la charge émotionnelle... Dans quel état vous arrivez sur place après la fin de saison de votre club ? Paradoxalement, certains champions arrivent frustrés d'avoir manqué les festivités alors que les finalistes peuvent arriver revanchards et sont contents de passer tout de suite à autre chose. C'est un facteur ultra-important à prendre en compte. »

« En 2013, on est finalistes (du Top 14) avec Toulon, mais on a une Coupe d'Europe à fêter et tu te retrouves à Roissy le lendemain (...) Je trouvais ça débile »

L'ex-Toulonnais et international Maxime Mermoz

 
 
 

« En 2009, on est champions avec Perpignan, en 2013, on est finalistes avec Toulon mais on a une Coupe d'Europe à fêter et tu te retrouves à Roissy le lendemain, se rappelle l'ancien centre Maxime Mermoz. Ne pas laisser au moins 24 heures à un joueur pour profiter un minimum après douze mois de boulot, je trouvais ça débile. »

Sur le plan physiologique, un voyage de 24 heures, même en business, un décalage horaire de douze heures et le changement de saison dressent toute la difficulté d'amener des joueurs qui cumulent depuis deux saisons des temps de jeux pour certains colossaux. Le tout pour aller défier des All Blacks frais qui attaquent eux leur saison internationale. Le challenge d'aller marquer l'histoire en Nouvelle-Zélande en vaut-il vraiment la peine ?

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Posté 08 mai 2025 - 09:31

hélas, c'est pour ça qu'on ne peut pas (vraiment) envoyer des cadres sur une tournée d'été, aussi tentant soit-elle, en NZ ou autre. Les joueurs jouent DEJA trop, ils sont déjà dans le rouge. C'est comme si t'étais à -3000€ sur ton compte bancaire et que tu planifiais des vacances, c'est pas super raisonnable, quoi. Pour Dupont c'est malencontreux l'abruti lui tombe dessus comme un bœuf abattu d'une balle dans la tempe, mais tous les autres c'est des blessures d'usure, les mecs se blessent même à l'entraînement bordel. Galthié va devoir gérer ça en premier l'année de CDM, et il le sait. Pour les joueurs du xv de France sortant des saisons Top 14/EPCR, c'est plus important encore que la stratégie de match. D'être tout simplement dispo et en forme.


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Posté 08 mai 2025 - 11:29

Ben visiblement Ntamack, Baille ou Alldritt ne pensent pas comme çà. Et ils doivent pas être les seuls.

Toutes les bonnes équipes de France ont fait quelque-chose en tournée. 

 

Et je pense que quand tu es joueur çà représente des défis énormes et des réussites/souvenirs mémorables.

Perso je leur laisserai leur chance.

 

Si cette équipe ne gagne pas la prochaine Coupe Du monde, quelle sera la trace de Galthié?

 

edit: les gens à la FFR feraient mieux de s'occuper à alléger le calendrier Top14 / "Coupes d'Europe"... et de protéger leurs joueurs, plutôt que de dicter aux internationaux ce qu'ils doivent faire






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