On va encore me tomber dessus mais d'une certaine manière, les clubs sont également responsables de cette situation.
Cela fait des années qu'ils s'opposent à toute réforme du calendrier, si ce n'est pour proposer un Top 16. Une idée allant totalement à l'encontre du rugby moderne et de la volonté des joueurs. L'équipe nationale étant la vitrine de ce sport et le premier levier de recrutement de licenciés, il est nécessaire de la protéger. Comme l'ont fait les anglais, les sudistes, les celtes... Les clubs ont pourtant failli la détruire en refusant ces réformes et en alignant une majorité d'étrangers. On a bien vu les résultats. Une logique court-termiste qui a ruiné la formation française, a laminé l'équipe nationale, freiné la carrière de nombreux internationaux a cause du calendrier ubuesque, baissé le nombre de licenciés et entraîné une course à l'armement qui a fragilisé l'équilibre financier des clubs.
Il a pourtant fallu passer par la contrainte pour défendre les clubs contre eux-mêmes. Durcissement des règles JIFF pour relancer la formation, crise du coronavirus pour mesurer l'importance de l'équilibre financier... Et souligner l'intérêt du long-terme et de l'équilibre. Quand aux résultats sportifs, ils se sont retournés contre les clubs. A force de vouloir un Top 14, les joueurs français avaient beaucoup moins de préparation et de repos que les joueurs anglais ou celtes. Et comme le niveau international ne favorisait plus la progression des français, à cause du calendrier et du logique enchaînement de défaites, les clubs français ont progressivement perdu pied face à leurs rivaux. Depuis Toulon, aucun club n'a été champion d'Europe. Alors que les moyens des Wild, Altrad ou Lorenzetti sont largement supérieurs à ceux du Leinster ou d'Exeter. Je mets évidemment les Saracens de côté.
La finale malheureuse du Racing n'étant du qu'à un simple hasard de calendrier. La crise sanitaire ayant permis aux français d'arriver reposés, ce qui n'est pas le cas dans une finale européenne classique. Un Top 12 aligné sur le modèle anglais aurait réglé bien des maux... et éviter la situation que nous vivons aujourd'hui. A savoir celle des clubs privés de leurs meilleurs éléments et d'une équipe de France qui ambitionne de remporter le trophée des Nations sans ses 30 meilleurs joueurs...