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Parole d'Ex


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#196 TH69

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Posté 02 décembre 2022 - 21:43

Excellent :D

#197 RCV06

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Posté 02 décembre 2022 - 21:51

Je me souvenais pas que Barrier avait joué a Castres



#198 Arverne03

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Posté 03 décembre 2022 - 08:11

Je me souvenais pas que Barrier avait joué a Castres

 

Mais si, mais si ...........................comme de nombreux autres asémistes. Un p'tit paquet quand même !   B)


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#199 el landeno

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Posté 10 décembre 2022 - 12:39

Paroles d'Ex - Michel Marfaing : «Je n'ai jamais vécu pareille déculottée » L'ancien centre et ailier international, trois fois champion de France, ne parvient pas à oublier la défaite historique en Coupe d'Europe du Stade Toulousain face aux Wasps en 1997.

« Quel partenaire vous a le plus marqué ?
David Berty ! Ce qui m'a impressionné, chez lui, c'est sa puissance hors-normes, sa faculté à multiplier les sprints sans perdre de vitesse. Je n'ai jamais vu ça chez d'autres partenaires, que ce soit à Toulouse, à Narbonne et même en équipe de France (David Berty compte 6 sélections en équipe de France entre 1990 et 1996). Il n'avait pas besoin de réaliser des cadrages-débordements : il contournait ses vis-à-vis grâce à sa vitesse de course. Il est fabuleux, David ! Il force l'admiration. Malgré sa maladie (sclérose en plaques), il a atteint ses trois objectifs de l'année : gravir le Kilimandjaro, être champion de France fauteuil à XIII avec son club de Saint-Jory, et remporter le tournoi de water-rugby avec les anciens du Stade Toulousain. Il a un mental de feu...

 
 
 

Quel adversaire vous a le plus impressionné ?
Ce ne sera une surprise pour personne : c'est Jonah Lomu (63 sélections entre 1994 et 2002, décédé en 2015). J'ai eu la chance, si on peut appeler ça de la chance, de l'affronter au tournoi de Punta del Este avec l'équipe de France à 7, en 1998. Ceux qui se plaignent de lui, à quinze, doivent considérer qu'à sept, il disposait de davantage espace (sourire)... Cette année-là, il entre en fin de match, car il n'avait pas beaucoup de foncier, et récupère au fond du terrain un ballon dont on s'était débarrassé au pied ! Je monte en défense sans me fixer pour lui laisser l'extérieur, car j'avais confiance en ma pointe de vitesse. Il me déborde et je cours derrière lui, mais il me faut soixante mètres pour me jeter sur une de ses jambes. Je ne pouvais pas lui enserrer les deux cuisses, elles étaient trop grosses (Lomu mesurait 1,96 m pour 118 kg). Là, il me traine sur dix mètres... Mon coéquipier Luc Lafforgue se jette sur l'autre jambe, mais il nous a emportés dans l'en-but et il a marqué ! Vous imaginez la scène...

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Placé à l'aile, Michel Marfaing inscrit le seul essai toulousain lors de la finale 2001 sur un exploit personnel. (A. Landrain/L'Équipe)

Quel est votre pire souvenir ?
Les 77 points que j'ai encaissés avec le Stade Toulousain, fin 1996, chez les Wasps (défaite 77-17, au stade des Queens Park Rangers). J'en fais encore des cauchemars. Je me revois manquer le ballon au rebond devant l'en-but anglais et, derrière, on a encaissé un essai de cent mètres... Je n'ai jamais vécu pareille déculottée, et le sentiment d'impuissance qui va avec.

 
 

Et votre meilleur souvenir ? 
Mon premier titre de champion de France avec le Stade Toulousain en 1997 (victoire, 12-6, contre Bourgoin). En 1991, on perd en finale contre Bègles et on se retrouve, Emile Ntamack, David Berty et moi, assis dans la nuit au bord de la pelouse du Parc des Princes, vide. On s'est mis à pleurer, puis on s'est promis d'y revenir et de gagner. Ce qu'on a fait.

Quelle est la pire bagarre à laquelle vous avez participé ?
Avec Narbonne face à Biarritz, en décembre 1993. Je jouais dans une belle équipe narbonnaise, avec Francis Dejean, Gilles Bourguignon, Henri Sanz, Jean-Marc Lescure, Didier Codorniou, Pierre Bondouy... Le troisième-ligne aile de Biarritz, Richard Pool-Jones, plaque à retardement notre ouvreur Jean-Marc Lescure et lui fracture la jambe. Immédiatement, ça part en pugilat. Je n'avais vu ça de ma vie : tout le monde se battait. Ça a duré au moins quatre minutes. C'est long, quatre minutes de bagarre générale... On se poursuivait sur la piste d'athlétisme qui ceinture la pelouse, les deux bacs à sable étaient garnis. Henri Sanz se battait avec le chauffeur de bus des Biarrots, l'ancien deuxième-ligne Djakaria Sanoko... J'ai même vu un Biarrot foncer vers Didier Codorniou pour lui décocher deux coups de poings...

Vous souvenez-vous d'une belle troisième mi-temps ?
Je n'étais pas un grand adepte des beuveries mais je me souviens d'une fin de tournoi à 7 à Dubaï en 1995, avec Philippe Bernat-Salles, Franck Corrihons, les frères Lièvremont, et notre coach, Thierry Janeczek. Nous étions invités par une famille d'expatriés français de Hong-Kong sur leur magnifique yacht. L'apéro était somptueux, le déjeuner succulent. On plongeait tête la première dans le golfe Persique... Un moment de plénitude.

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Michel Marfaing face au Munster en Coupe d'Europe. (N. Luttiau/L'Équipe)

Quel est votre principal regret ?
Ne pas avoir duré en équipe de France à quinze. Mais c'est de ma faute : je n'ai pas été assez égoïste. J'ai toujours eu besoin de me sentir bien dans un groupe et comme cette équipe de France n'avait pas l'esprit qu'on retrouve dans un club, je me suis vite coupé de mes partenaires. Je n'ai que deux sélections : contre la Roumanie et contre l'Argentine en 1992. Avec le recul et l'expérience, j'aurais dû aborder les choses différemment, c'est-à-dire ne pas chercher des relations fusionnelles.

Quelle est l'anecdote dont vous n'avez jamais parlé ?
En 2003, j'ai 33 ans, je suis remplaçant au Stade Toulousain et le dimanche, j'entraîne et je joue avec les Espoirs du club. A la fin de la saison, je suis champion de France avec eux et je mets un terme à ma carrière. Mais c'est une année de Coupe du monde. Nous avons de joueurs sélectionnés, derrière, (Clément Poitrenaud, Yannick Jauzion, Frédéric Michalak), et Guy Novès m'appelle juste avant la reprise du Championnat pour me demander de rejouer. Ça doit juste durer un mois et demi, ce qui représente quatre matches, et ce n'était pas insurmontable. J'ai accepté. Guy voulait me faire signer un contrat mais j'ai refusé. Je n'ai rien demandé au club. Je voulais jouer pour le plaisir.

Quelle est l'action dont vous êtes le plus fier ?
Tout le monde me parle de l'essai que je marque lors de la finale de 2001 (victoire face à Montferrand, 34-22). Il est splendide, c'est vrai (sourire). Mais juste avant ça, je dégage le ballon n'importe comment et les Clermontois doivent marquer. Ils n'y parviennent pas mais c'était une très grosse boulette qui aurait pu nous coûter ce match. Personne ne m'en parle car mon essai gomme tout. Heureusement pour moi... Maintenant, à cause vous, tout le monde le saura (rires). »

Sa vie d'Ex
Formé à Pamiers, il a joué ailier et centre pour Toulouse (1988-1993, puis 1996-2005) et Narbonne (1993-1996). Trois fois vainqueur du Bouclier de Brennus (1997, 1999, 2001), deux fois sélectionné en équipe de France (1992), il est depuis 1997 le directeur sportif du centre de formation (huit permanents, quatre bénévoles, trente et un joueurs de 17 à 22 ans) du Stade Toulousain. Marié, trois enfants, grand-père depuis trois ans, il vit à Launaguet, au nord de Toulouse. A 52 ans, il pratique le football-loisir et l'athlétisme. Il a récemment disputé à Albi les championnats de France vétérans 3 (48-52 ans) sur 200 mètres.


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Posté 02 janvier 2023 - 22:18

Jean-Marie Bonal - Paroles d'Ex : « Nous sommes montés sur la scène du Lido en smoking » Trois-quarts aile venu de l'athlétisme, international à XV et à XIII, victorieux du premier Grand Chelem de l'histoire du XV de France en 1968, Jean-Marie Bonal livre les meilleures anecdotes de sa riche carrière.

« Quel est le partenaire avec lequel vous êtes le mieux entendu ?
En équipe de France, j'ai eu la chance de jouer avec des attaquants exceptionnels, comme Jo Maso, Claude Dourthe, Jean Trillo et Pierre Villepreux. Mais celui avec lequel je me suis le mieux entendu, c'est Jacques Puig, au Stade Toulousain. J'ai joué cinq saisons avec lui. Il évoluait centre, glissait parfaitement en défense et quand il me disait « Laisse ! », je n'avais qu'à m'occuper de mon vis-à-vis. Nous nétions très complices sur le terrain.

 
 
 

Quel est l'adversaire qui vous a le plus impressionné ?
Le demi d'ouverture et trois-quarts centre australien à XIII Bob Foulton (37 sélections et 26 essais entre 1968 et 1978). Physiquement, techniquement, il était incomparable. En demi-finale de la Coupe du monde 1972, il nous a transpercés. A XV, j'ai été impressionné par le deuxième-ligne néo-zélandais Colin Meads. Très gentil en dehors du terrain mais un dur dans le jeu. Ce contraste m'avait marqué.

Quel est l'entraîneur qui vous a fait la plus forte impression ? 
Puig-Aubert, à Carcassonne. Pas vraiment dans l'approche tactique, mais il avait une personnalité hors du commun. C'était une star mondiale. Les Australiens lui ont érigé une statue de son vivant. Ils lui ont proposé un pont d'or pour qu'il joue là-bas, mais il a toujours refusé. Longtemps après la fin de sa carrière, il avait gardé une adresse au pied phénoménale. En chaussures de ville, il était capable de réussir une série de quatre buts en plaçant le ballon au point de corner alors que moi, qui étais buteur, je ne parvenais pas à en réussir ne serait-ce qu'un seul (rires).

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Jean-Michel Bonal face à l'Angleterre à Colombes en 1968. (L'Équipe)
 
 

En dehors de Toulouse à XV et de Carcassonne à XIII, dans quel est le club où vous auriez aimé jouer ?
Un de mes copains m'avait proposé de jouer à Aurillac quand j'étais étudiant au CREPS, à Toulouse, en 1964. Je n'étais pas bien riche, et les dirigeants de l'époque m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas me rembourser mes frais de déplacement. Marcel Dax entraînait le Stade Toulousain et, un jour où il arbitrait un match universitaire entre le CREPS et la fac de Sciences, j'ai inscrit quatre essais. Il m'a demandé où je jouais et comme je n'étais licencié dans aucun club, il m'a proposé de rejoindre le Stade Toulousain.

Quelle est votre plus beau souvenir de troisième mi-temps ?
Celle commencée au Lido après le France-Angleterre de Colombes en 1968. Nous avions battus les Anglais, et nous avons été invités à monter sur scène en smoking. Je revois encore Jeannot Gachassin se jeter dans les bras des danseuses (sourire). On a terminé cette fête le dimanche midi en sortant de Chez Tony, à Saint-Germain-des-Prés. Inoubliable.

Quelle est la plus intense bagarre à laquelle vous avez participé ?
Celle contre le XIII Catalan à Gilbert-Brutus. Ce devait être en 1972. Je n'aimais pas me mêler aux bagarres. Celle-ci, partie d'une mêlée, avait été particulièrement violente. Et longue. Impossible de calmer les joueurs. Il y avait quelques excités de chaque côté et il a fallu s'y mettre à deux ou trois pour les calmer.

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Jean Salut, Jean Prat, Jean-Marie Bonal, Walter Spanghero, Jean-Pierre Lux et Jacques Robert sur la scène du Lido en 1968. (R. Legros/L'Équipe)

Quel est votre meilleur souvenir rugbystique ?
La tournée de 1968 en Nouvelle-Zélande. En tant qu'enseignant, je me suis intéressé au système éducatif mis en place là-bas, qui privilégiait le développement à la fois intellectuel et sportif des enfants. J'ai été marqué par l'engouement des établissements scolaires pour le rugby. Et sur le plan du rugby, nous nous étions régalés. Même si nous avons perdus les trois test-matches. Mais il faut dire que nous étions arbitrés par des Néo-Zélandais et, franchement, nous méritions d'en gagner au moins deux...

Et votre pire souvenir ?
La finale de 1969 contre Bègles, perdue (11-9). Ce n'est pas l'interception de Jean Trillo qui me fait mal mais le non-jeu du Stade Toulousain. Je n'ai jamais compris pourquoi nous avons été aussi restrictifs... Nous avions une équipe du tonnerre, avec des joueurs de qualité, et nous aurions dû marquer quarante points... Nous étions les deux trois-quarts ailes de l'équipe de France et pourtant, nous avons touchés très peu de ballons. Roger (Bourgarel, l'autre ailier) a vu son essai refusé alors qu'il m'a toujours assuré qu'il était valable.

Quelle est l'anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
J'étais lanceur de javelot, à plus de 67 mètres. Lors de la tournée en Nouvelle-Zélande, en 1968, alors qu'on se promenait avec l'équipe de France sur une passerelle, on avise des pêcheurs à la ligne. Pierre Besson, ce coquin, me lance un défi et je balance un caillou dans l'eau, là où ils se trouvaient. Nous étions tellement loin d'eux qu'ils ne pouvaient pas nous voir. J'en ai balancé deux autres. Les pêcheurs avaient beau tourner la tête dans tous les sens, ils ne voyaient personne. Tout le monde se marrait et ces pauvres Néo-Zélandais n'ont jamais su qui leur avait gâché leur partie de pêche... »

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Le centre béglais Jean Trillo tente d'arrêter Jean-Marie Bonal lors de la finale de 1969 au stade Gerland de Lyon. (R. Legros/L'Équipe)

 

Sa vie d'Ex
Natif du Cantal, à côté d'Aurillac, il est le frère d'Elie, international à XIII, et l'oncle de Sébastien Viars, international à XV. Trois-quarts aile venu de l'athlétisme (100m, 200 m, javelot), il a été sélectionné à XV (14 fois entre 1968 et 1970) puis à XIII (4 sélections en 1971 et 1972). Victorieux du Grand Chelem dans le Tournoi des Cinq Nations 1968, finaliste du championnat de France avec Toulouse (1969), il fut sacré champion de France à XIII avec Carcassonne en 1972. A effectué toute sa carrière de professeur d'éducation physique et sportive au lycée de Revel (Haute-Garonne). Père de deux enfants, à la retraite depuis 2002, il s'occupe de ses quatre petits-enfants et partage ses activités (chasse, marche, vélo) entre le Cantal et le Lot.

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Posté 26 février 2023 - 20:43

Les souvenirs de David Aucagne : « Le temps d'un match, on formait une famille » L'ancien demi d'ouverture tricolore, victorieux du Grand Chelem 1997 face à l'Écosse au Parc des Princes, raconte la préparation de ce match, loin des canons actuels du professionnalisme lisse.

Entre deux rencontres de Pro D2 - il entraîne Montauban - et au milieu d'un programme de préparation plutôt dense, David Aucagne (50 ans) a trouvé le temps d'évoquer cette rencontre de clôture du Tournoi des Cinq Nations 1997 contre l'Écosse, Grand Chelem à la clé. Pour une première titularisation en bleu, on fait difficilement plus marquant ! De sa voix douce, ton étale et mots choisis, l'ancien demi d'ouverture tricolore détaille une préparation de match « à l'ancienne », entre clopes et séries télé.

 
 

« Que représente pour vous ce Grand Chelem 1997, couronné par une victoire (47-20) contre l'Écosse au Parc des Princes ?
Avant d'être un plaisir personnel, c'est surtout un aboutissement collectif. Pour mon premier Tournoi, il y a ce titre et, en plus, je suis titulaire (il soupire). C'est un rêve qui est devenu réalité, et c'était fantastique...

C'est aussi un Tournoi marqué par une flopée de blessés et donc beaucoup de changements (28 joueurs) dans l'effectif, entre le 18 janvier et le 15 mars...
Oui, c'est vrai, mais c'était une bonne chose. La Coupe du monde arrivait deux ans après et c'était sans doute intéressant pour les sélectionneurs de voir autant du monde. Il y avait pas mal de Dacquois dans l'équipe, comme Raphaël Ibañez, Olivier Magne, Fabien Pelous, Ugo Mola, Richard Dourthe, ce qui constituait un socle. C'était en partie l'ossature de l'équipe de France juniors... L'année précédente, en Afrique du Sud, nous avions été champions du monde, Olivier Brouzet, Serge Betsen, Richard Castel et moi... C'est sans doute aussi pour ça que les sélectionneurs nous ont fait confiance.

« Le téléphone portable n'existait pas : il y avait une cabine téléphonique dans le hall d'entrée et on appelait chacun à tour de rôle. Quant aux repas, ils n'étaient pas vraiment diététiques »

 

 
 
 

Avez-vous ressenti une tension particulière avant d'affronter l'Écosse, Grand Chelem à la clé ?
Non. Ce match s'inscrivait dans la continuité des précédentes victoires. Jean-Claude Skrela et Pierre Villepreux (les entraîneurs) nous laissaient beaucoup de liberté dans le jeu, ils nous demandaient de nous approprier le jeu, et comme il y avait beaucoup de turnover, chacun prenait sa chance sans trop réfléchir. J'ai ressenti plutôt comme une forme d'insouciance.

 
 
Aucagne en bref
50 ans. Ex-demi d'ouverture des Bleus et actuel entraîneur de l'attaque de l'US Montauban (Pro D2).
1997 : le 27 avril, il soulève la Coupe de France avec la Section Paloise grâce à une courte victoire face à Bourgoin-Jallieu (13-11).
2000 : le 28 mai, il remporte le Challenge européen avec la Section Paloise après une victoire contre le Castres Olymplique (34-21).

Racontez-nous la vie de l'équipe de France, installée au château Ricard de la Voisine, à Clairefontaine (Yvelines)...
Ceux qui dormaient aux écuries (local situé à l'entrée du domaine) avaient la possibilité de sortir discrètement, le soir, et il y a eu quelques dégagements (sourire). Mais moi, je logeais au château et comme c'était ma première titularisation, j'ai été sérieux. Je ne sais pas comment les répartitions étaient faites, mais en équipe de France, je n'ai jamais connu les écuries.

 

De quelle façon était conçue la préparation du match ?
C'était assez atypique, en tout cas très différent de ce qu'on connaît aujourd'hui à Marcoussis. Même si le rugby était devenu professionnel en 1995, les préparations de match n'avaient, à cette époque, rien de sophistiqué. Le terrain d'entraînement, situé à côté du château, était un vrai marécage, et je ne sais même pas s'il était aux normes... Pour analyser le jeu écossais, on a regardé des cassettes vidéo dans notre salon, qui était aussi utilisé pour les conférences de presse.

Je me souviens surtout que nous avons vécu des moments de grande convivialité. Certains d'entre nous jouaient aux cartes jusqu'à tard le soir ou regardaient la télé en fumant des cigarettes, pendant qu'à côté d'eux, d'autres se faisaient masser... Le temps d'un match, on formait une famille. Le téléphone portable n'existait pas : il y avait une cabine téléphonique dans le hall d'entrée et on appelait chacun à tour de rôle. Quant aux repas, ils n'étaient pas vraiment diététiques. On mangeait bien (rires).

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La France après son Grand Chelem de 1997. (J.-C. Pichon/L'Équipe)

Quand avez-vous vraiment basculé mentalement dans le match ?
Dans le car escorté par des motards, en direction du Parc des Princes... On voyait des supporters sur le bord de la route qui nous encourageaient en nous faisant signe. Personnellement, c'est au moment des hymnes que j'ai ressenti l'émotion me submerger. Je suis issu d'une famille de rugbymen. Mon père jouait troisième-ligne à Vichy (Alliers), prof de gym : c'est lui qui nous a mis très jeunes au rugby, mon frère et moi. À cette époque, devenir international me paraissait inaccessible. Alors, au moment de chanter la Marseillaise, j'ai versé une larme. Pour cette première titularisation, il y avait toute ma famille dans la tribune. Ça m'a rendu heureux mais, d'un autre côté, j'avais hâte que le match débute.

« Notre génération n'était pas très attirée par les alcools forts : on tenait longtemps dans la nuit parce que nous ne buvions que des bières »

 

 
 
 

Cette émotion ne vous a pas coupé les jambes ?
Non, au contraire : ça m'a galvanisé !

Y a-t-il une action de jeu dont vous vous souvenez plus particulièrement ?
L'essai d'Olivier Magne (76e), en fin de match ! On contre un ballon en touche dans nos vingt-deux mètres, on remonte pratiquement tout le terrain en quelques passes et Charly (Magne) marque en coin. Il y a aussi le gros plaquage que j'effectue pour arrêter une attaque écossaise. On récupère le ballon et on marque sur l'action (pause). On avait beaucoup joué. J'ai le souvenir d'un mouvement permanent.

Christophe Lamaison et vous étiez deux demis d'ouverture. Mais lui jouait au centre. Comment vous êtes-vous organisés ?
Il jouait comme un cinq-huitième. On s'appuyait beaucoup sur lui sur le jeu au pied, qu'il avait long et précis. Ça nous permettait de faire avancer l'équipe. Il avait aussi pris les tirs au but. C'était plutôt bien pour moi car je débutais et ça me permettait de me concentrer sur le jeu.

La troisième mi-temps qui a suivi a-t-elle été à la hauteur de ce Grand Chelem ?
Après le banquet en smoking, nous sommes allés sur une péniche. Notre génération n'était pas très attirée par les alcools forts : on tenait longtemps dans la nuit parce que nous ne buvions que des bières... J'ai ensuite retrouvé ma famille et on a fini au Bedford (pub situé dans le Quartier latin). Comme je connaissais bien Paris depuis ma scolarité au lycée Lakanal et que j'avais joué sept ans au PUC, j'avais des repères (sourire). On y a passé quelques sacrées soirées, rue Princesse... Si les murs pouvaient parler, ils en raconteraient de belles (rires). Et au petit matin, on a rejoint notre hôtel à côté de la gare Saint-Lazare.

« Elle est plaisante à voir. Elle n'est pas dominatrice par ses avants, mais ambitieuse dans le jeu. Elle tente beaucoup, elle ose »

À propos de l'équipe d'Écosse.

 
 
 

Y a-t-il des coéquipiers que vous avez perdus de vue que vous aimeriez revoir ?
Sur le terrain, nous étions très solidaires et ce titre nous a encore plus soudés. On a gardé le contact et les retrouvailles sont toujours chaleureuses. Mais c'est vrai, il y a longtemps que je n'ai pas croisé David Venditti et Laurent Leflamand. Olivier Merle, aussi. C'est quelqu'un d'une grande gentillesse. À travers des articles dans la presse, je sais juste qu'il fabrique des couteaux.

Y a-t-il un joueur écossais qui vous a plus particulièrement marqué ?
Après ce match, au banquet, j'ai pas mal échangé avec Craig Chalmers, mon vis-à-vis à l'ouverture. Et même si je n'ai jamais joué contre lui, j'avais beaucoup d'admiration pour le centre Scott Hastings.

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David Aucagne sur le banc de Montauban (à droite). (Sylvain Thomas/Presse Sports)

Aujourd'hui, quel regard portez-vous sur l'équipe d'Écosse ?
Ce que j'apprécie, c'est qu'elle garde son identité. C'est une équipe qui aime le jeu, qui déplace le ballon, qui produit beaucoup de mouvement. Elle est plaisante à voir. Elle n'est pas dominatrice par ses avants, mais ambitieuse dans le jeu. Elle tente beaucoup, elle ose. Le fait que Greg Townsend soit aux commandes n'est pas étranger à ses belles performances : quand il jouait demi d'ouverture, ou trois-quarts centre, c'était un attaquant de grande qualité ; comme entraîneur, il est resté fidèle à ses principes. »

Le Béarn dans la peau
Après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, David Aucagne n'a jamais quitté le rugby. Il a débuté sa carrière d'entraîneur au sein de la Section paloise, en charge du centre de formation. Marié depuis 1997 - « c'était une belle année », sourit-il -, et père de deux filles, âgées de 22 et 17 ans, il a fait de Pau son épicentre. Son épouse, ancienne danseuse classique, y a géré en 1999 un magasin franchisé Eden Park, vendu en 2011. « J'aime le Béarn, ses montagnes, sa nature, mais aussi l'art en général, l'architecture et la peinture en particulier. » Il entraîne aujourd'hui Montauban (actuel 13e de Pro D2), associé à Pierre-Philippe Lafond. R. E.
 





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