
Jordan Michallet - Rouen rugby - RIP
#16
Posté 21 janvier 2022 - 16:33
#17
Posté 29 mars 2022 - 06:01
Deux mois après la disparition de Jordan Michallet, le 18 janvier, l'émotion est toujours vive. Femme, parents, amis, coéquipiers : tous sont dévastés quand ils apprennent la terrible nouvelle. Et tous se posent la même question : pourquoi ? « Il n'a rien laissé. Pas un mot. Pas une lettre. Quand il est parti ce matin-là, nous avions des projets pour l'après-midi. C'est très dur à comprendre », confie sa veuve, des larmes dans la voix. « Personne ne l'a vu venir », abonde Louis Marrou, un de ses plus vieux amis. Les deux hommes ont été champions de France Reichel (moins de 21 ans) ensemble à deux reprises, en 2013 et 2014. Ils évoluaient alors au FC Grenoble.
« La semaine précédant le drame, on s'était parlé au téléphone pendant une demi-heure pour son anniversaire. On avait discuté de tout, du rugby, de la vie, il me disait que tout allait bien. » « Tout s'est passé tellement vite, appuie Alexandre Dardet, autre copain des Reichel. C'est dur à expliquer. Il était très bien, il était juste fatigué. » Ce n'était pourtant pas le cas, révèle l'épouse du défunt : « Il n'était pas bien depuis une dizaine de jours. Il dormait mal, n'avait pas beaucoup d'appétit. Il était tellement épuisé qu'il n'arrivait plus à avoir sa motivation habituelle. »
Avant de partir vers le centre d'entraînement, ce jour-là, le demi d'ouverture du Rouen Normandie Rugby (RNR) discute avec sa femme, Noelie, enceinte de leur premier enfant. À 29 ans, après plusieurs années de galère, Michallet n'avait jamais été aussi fort, sur un terrain : il était le leader de son équipe, un des meilleurs joueurs de Pro D2, dont il était un des ouvreurs les plus précis. Et il allait pouvoir souffler quelques jours : le couple avait organisé une petite semaine de vacances, la veille de ce mardi 18 janvier. Une date désormais funeste.
"C'est une forme relativement rare de suicide, impossible à anticiper car il n'y a pas de signes avant-coureurs [...] Il y a une forme d'évidence de mettre fin à ses jours, comme un état second
Jean-Jacques Bonamour Du Tartre, psychiatre spécialiste du suicide
À 12 h 50, selon la chronologie des faits rapportée par une source proche de l'enquête, le joueur est au volant de sa Renault Mégane. Il heurte volontairement un terre-plein central, à la sortie du pont Mathilde, situé à une dizaine de minutes du stade Jean-Mermoz. Il sort indemne du choc, puis quitte l'habitacle de sa voiture, avant de s'allonger sur la route, alors qu'un camion arrive en face de lui. Le routier freine à temps. Le rugbyman se relève et se dirige vers un immeuble en construction à proximité, rue Henri-Rivière. Il pénètre dans l'édifice, monte les escaliers, avant de se jeter dans le vide. À 13 h 07, un témoin appelle la police : il a vu un homme chuter du quatrième étage. Arrivées sur place, les forces de l'ordre voient un étudiant prodiguer un massage cardiaque à la victime. Un policier prend le relais. Il ne réussit pas à le réanimer. Jordan Michallet est décédé.
« Sa vie était proche de la perfection, assure sa veuve. Il venait de prolonger, il se sentait très bien au club, ça faisait des années qu'il voulait être papa, c'était le plus heureux des hommes, on s'était mariés l'été dernier, on avait des projets pour l'avenir. On cherche une raison, un facteur, mais rien n'explique ce geste. Les policiers et les médecins nous ont expliqué qu'il avait fait un raptus suicidaire. »« C'est une forme relativement rare de suicide, impossible à anticiper car il n'y a pas de signes avant-coureurs, explique le docteur Jean-Jacques Bonamour Du Tartre, psychiatre, spécialiste du suicide. C'est une pulsion suicidaire. Il y a une forme d'évidence de mettre fin à ses jours, comme dans un état second. »
"Ce geste ne le reflète pas du tout, c'est l'inverse de lui
Noelie Michallet
Des « périodes compliquées », il en avait connu au début de sa carrière, entre les difficultés à percer au plus haut niveau après sa formation à Grenoble et les blessures (fracture des deux péronés alors qu'il joue à Bourgoin-Jallieu) : « Il ne savait pas s'il allait pouvoir continuer sa carrière, mais il n'a rien lâché, se rappelle sa femme. Il part en centre de rééducation et retrouve l'intégralité de ses moyens. « Il s'était battu pour revenir. Il avait une force mentale incroyable. » Même quand le CSBJ est rétrogradé en Fédérale 3, en 2017 : « Il ne trouvait pas de club professionnel, reprend Noelie. Il a même pensé à arrêter sa carrière professionnelle pour évoluer au niveau amateur, avec un travail à côté. Mais il ne s'est jamais laissé abattre. Il a contacté tous les clubs au téléphone, un par un. Il s'est battu pour trouver un contrat. » Jusqu'à rebondir à Strasbourg puis Rouen. Les saisons passent, Michallet ne cesse de progresser, de prendre de l'épaisseur et de l'importance. Jusqu'à ce 18 janvier.
« Ce geste ne le reflète pas du tout, c'est même l'inverse de lui », explique d'ailleurs sa femme. « Jordan était solaire. Il avait tout le temps la banane. Il rigolait tout le temps, il faisait rire les autres », se souvient Marrou. « Il aimait rire, chambrer », abonde Dardet. « C'était quelqu'un d'assez drôle, confirme Leandro Perez Galeone, ancien coéquipier à Bourgoin et Strasbourg, il aimait bien rigoler. Il était génial, extraordinaire, tout le temps disponible ! » L'image qu'ils garderont de Jordan Michallet.
- sékito sancy aime ceci
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