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Nouvelle-Zélande - Sélection nationale


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38 réponses à ce sujet

#31 Codoràvie

Codoràvie

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Posté 26 octobre 2023 - 21:34


Le XV de départ des All Blacks : 15. B. Barrett ; 14. Jordan, 13. Ioane, 12. J. Barrett, 11. Tele'a ; 10. Mo'unga, 9. Smith ; 7. Cane (cap.), 8. Savea, 6. Frizell ; 5. S. Barrett, 4. Retallick ; 3. Lomax, 2. Taylor, 1. De Groot.

Remplaçants : 16. Taukei'aho, 17. Williams, 18. Laulala, 19. Whitelock, 20. Papali'i, 21. Christie, 22. McKenzie, 23. Lienert-Brown


Ils ont quand même tous des noms de champions du monde.

#32 el landeno

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Posté 27 octobre 2023 - 06:03

Ian Foster, le sélectionneur phénix des All Blacks Vilipendé, à deux doigts d'être viré l'an passé, le sélectionneur All Black, fils de pasteur, n'a jamais perdu sa foi en un rugby offensif et véloce.

« En 2022, Ian Foster avait la côte de popularité du Covid. » C'est Paddy Gower, éditorialiste néo-zélandais qui le dit. Et ajoute, face caméra : « On avait tort ! Soz Foz » (« on s'excuse Foz »). Foz, c'est le surnom du sélectionneur des All Blacks, 58 ans, mal-aimé depuis sa prise de fonction en 2020. « Ian Foster et sa famille ont pris cher, se désole Tana Umaga, naguère capitaine des Blacks. Aujourd'hui, beaucoup retournent leur veste. »

 
 

Foster a souvent l'air débonnaire, c'est le panache du survivant. L'autodérision lui a souvent fait office de kevlar. « Voyez mes épaules, comme elles ont fini par courber sous le poids de la pression », s'est-il marré un jour qu'on lui parlait d'ambition. La Nouvelle-Zélande venait de mettre 11 essais à l'Uruguay (73-0, le 5 octobre). Les Blacks, équipe la plus offensive du tournoi (48 essais), venaient de se qualifier en quarts. Un pied de nez à sa Fédération et au président Mark Robinson, qui l'avait lâché à l'été 2022. L'équipe tournait mal, battue à domicile par les Irlandais - deux fois, en juillet - et les Argentins. Alors que Robinson s'apprêtait à licencier Foster, il a vu débarquer des joueurs, un soir dans sa chambre d'hôtel, venus lui signifier : « This is our coach » (« C'est notre coach »).

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Ian Foster avec ses joueurs à l'entraînement, le 19 octobre. (A.Mounic/L'Equipe)
Des méthodes contestées

Désigné coupable par la vindicte, Foster s'est agrippé à son credo : « Ne pas copier les autres nations, on s'en sortira en étant nous-mêmes, fidèles à notre idée du jeu. » Comme il fallait aussi blinder l'aspect combat, Foster a recruté Jason Ryan pour les avants. Et convaincu Joe Schmidt, maître de guerre version ovale, de rempiler. Ils ont potassé les rucks, phosphoré pour tromper les rush-defenses avec du jeu au pied ou des passes éclairs, vives et courtes. Il leur a fallu patienter, longtemps les ballons sont tombés. Après les 14 essais plantés à l'Italie (96-17, le 29 septembre), le sélectionneur s'est autorisé une sortie : « Afrique du Sud - Irlande, c'était haché, juste vingt-sept minutes de ballon en jeu. On a proposé un autre rugby, les gens trancheront. » Parfois la foi peut sembler forfanterie.

 
 
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Ian Foster, 58 ans. (A. Mounic/L'Équipe)

Foster est un obstiné. En 2015, il entraînait les trois-quarts all blacks et était un des rares à croire en Dan Carter. « Les échanges avec Fozzie, son soutien, c'est pile ce dont j'avais besoin », rembobine l'intéressé. Le New Zealand Herald invitait à « virer Carter » qui n'avançait plus. « Foz a su le remettre en selle, rappelle Grant Fox, champion du monde 1987. Et Dan nous a fait gagner une troisième Coupe du monde. » Ces derniers mois, Foster a eu la même attitude avec Sam Cane, conforté capitaine malgré des matches moyens. « Fozzie savait qu'il fallait laisser du temps à Sam, assure Steve Hansen, coach des champions du monde 2015. Il a eu une fracture des cervicales et de nombreuses blessures. Il a su répondre présent le jour où il le fallait : en quarts, contre l'Irlande (28-24, le 14 octobre) ! »

« Fozzie était notre ouvreur. Un stratège. Un intello à l'esprit vif qui analysait calmement les choses »

Jono Gibbes, ancien coéquipier

 
 
 

Foster est né à Putaruru, un bourg au coeur du pays maori. Il est Pakeha, descendant d'Européens. Son père était barbier dans la grand-rue. « Il coupait les cheveux de Wayne Smith », raconte Foster. Smith, c'est le « génie créatif » du rugby kiwi. L'enfant aimait rejoindre son père au salon. « En écoutant les gens en parler, j'ai compris que le rugby était important. » Quand il a eu 6 ans, Foster a vu son père entrevoir la lumière : « Papa a rangé ses ciseaux pour devenir pasteur. On est presbytériens. » La famille déménage à Dunedin, sur l'île du Sud, « dernier arrêt avant l'Antarctique ». Il y a joué au rugby avec ses deux grands frères. Pieds nus, c'est fréquent là-bas.

En marge de son ministère, le père Foster entraînait le club. « Il m'a fait jouer deuxième-ligne, se marre l'actuel sélectionneur. Ce n'était pas un grand technicien, il voulait juste filer un coup de main. Mon père savait écouter. C'est déjà beaucoup pour guider les humains, les comprendre. Il consacrait beaucoup de temps aux gens, mais on ne se sentait pas lésés. Il nous associait. Un jour, il a tenté d'aider un gars qui voulait sortir d'un gang. Un dur, tatoué. On l'a accueilli quelques semaines à la maison. »

Est-ce un hasard, dès lors, si Foster a bien déminé le cas Mark Tele'a. L'ailier insaisissable a brisé le couvre-feu de l'équipe, il y a trois semaines. Il voulait voir Paris. Foster l'a privé de match une semaine. Puis a dit à tous : « Mark est de retour parmi nous. On l'aime. » Amen. Jono Gibbes, qui a joué dans la boue en hiver avec lui au sein du Te Awamutu RC, se souvient : « Fozzie était notre ouvreur. Un stratège. Un intello à l'esprit vif qui analysait calmement les choses. Mine de rien, la clarté et le calme, ça donne de la force aux gars. » Foster a mis toute son âme dans « ce qui n'est qu'un jeu », un mantra qu'il répétait à Michaela, sa fille de 24 ans, arrière gauche chez les Football Ferns (6 sélections) avant la Coupe du monde féminine cet été. C'était l'hiver en Nouvelle-Zélande. Père et fille livraient chacun leur défi. L'été est revenu. Et la lumière avec.

 


#33 el landeno

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Posté 27 octobre 2023 - 23:40

Smith et Whitelock, des amis de lycée en finale de Coupe du monde Aaron Smith et Sam Whitelock, 276 sélections néo-zélandaises à eux deux, se côtoient depuis le lycée. Leur amitié s'est renforcée au fil des années en dépit de leurs tempéraments diamétralement opposés.

Sam Whitelock cherchait encore l'air, ventilait fort, lorsqu'il a senti débouler sur lui Aaron Smith et ses 83 kg d'euphorie. Avec sa spontanéité jubilatoire, le petit demi de mêlée tenait à lui manifester sa joie. Whitelock, tel un libérateur, venait de mettre fin à une apnée incandescente. D'un ultime geste défensif, à la 83e minute, après 37 temps de jeux comme autant de coups de boutoirs irlandais, le deuxième-ligne a gratté le ballon des mains du talonneur Ronan Kelleher. La Nouvelle-Zélande remportait son quart de finale contre l'Irlande, la première nation mondiale (28-24, le 14 octobre) au terme d'un match intense.

 
 

Aaron s'est jeté sur Samuel, l'a étreint très fort. Puis lui a tendu la main pour l'aider à se relever. Mille souvenirs klaxonnaient dans leurs têtes. Ces deux-là se côtoient depuis plus de vingt ans. Aaron Smith, farfadet maori d'un mètre 73, prendra sa retraite internationale dimanche, à 34 ans, à l'issue de sa 125e sélection. Sam Whitelock, 2,02 m pour 120 kg, pourrait devenir ce samedi soir le premier joueur de l'histoire à remporter trois Coupes du monde. Il est âgé de 35 ans, compte 152 sélections, un autre record.

Tous deux se sont connus à la Feilding High School, un lycée d'une bourgade de quinze mille habitants, à deux heures de route au nord de Wellington. Nés en 1988, ils ont été en cours ensemble entre 2002 et 2006.

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Sam Whitelock (à gauche) et Aaron Smith (tout à droite) en 2006. (Instagram@allblacks)
 
 

Sam Whitelock, Pakeha dont les ancêtres sont arrivés des Borders écossais en 1848, est un homme des champs qui aime le grand air et la chasse, autant que la discrétion. Aaron Smith, de lignée Maori, a grandi en milieu urbain, adepte de la tchatche et fan de sapes. Il habitait à dix minutes à pied du lycée. Whitelock était pensionnaire, la ferme familiale de Linton étant trop éloignée. À la Feilding High School, l'univers se divisait en deux clans : les internes et les autres. Les premiers traitaient les seconds de « Daily Bums ! » (clodos du jour). Leurs contentieux se réglaient une fois par an lors d'un match engagé.

Mais le rugby a réuni Samuel et Aaron. Braeden Whitelock, le père du joueur, fut le trait d'union quand il a pris en main les équipes du lycée. Dès son arrivée à l'école, il a repéré les prédispositions du petit Smith. « Il avait du génie, se souvient Braeden. Qu'il s'agisse de rugby, de cricket, de foot ou de basket. » Le paternel s'y connaissait, il avait joué chez « les Colts », comme on appelait jadis les juniors All Blacks. Il avait remisé ses crampons pour se consacrer à sa ferme. « Je n'étais pas chaud pour entraîner, avoue le daron. C'est Brian Lochore qui me l'a demandé » Sir Lochore, c'est un monument du rugby kiwi, anobli après avoir été capitaine des All Blacks entre 1964 et 1971. « L'idée n'était pas de fabriquer des champions mais de créer, grâce au sport, une dynamique positive dans la région. On avait de plus en plus de familles monoparentales. Le rugby a aidé des jeunes à garder des repères. »

« Ces deux-là, c'étaient l'eau et le feu. Aujourd'hui, je sais que mon fils et Aaron sont amis pour la vie »

Caroline Whitelock

 
 
 

Très vite, Braeden a été touché par la personnalité pétillante d'Aaron Smith. « Une boule d'énergie, un bavard qui parlait avant de réfléchir. Il a fallu lui apprendre à se cadrer. Sa personnalité faisait des étincelles, pouvait lui attirer des ennuis. » Le grand Sam a parfois eu envie de faire taire ce nabot arrogant. Lui, le taiseux qui analyse, a aussi appris à apprécier l'énergie intuitive d'Aaron, qui ne cessera jamais de vouloir attirer l'attention. « Tous les deux étaient d'énormes compétiteurs, analyse Braeden. Ils se sont rejoints sur ça. »

Caroline, madame Whitelock, lâche un doux sourire : « Ces deux-là c'étaient l'eau et le feu. Aujourd'hui je sais que mon fils et Aaron sont amis pour la vie. » Bridget, la mère d'Aaron, enseignait l'art dramatique dans l'établissement. « Elle était ma prof principale, se souvient Luke Whitelock, petit dernier de la fratrie. Aaron était coquet, méticuleux sur son apparence avec parfois trois coupes de cheveux différentes par semaine. Un jour il a eu la lubie de se mettre à jouer au rugby avec des gants. »

Sam Whitelock, le titan
152 sélections : record de Nouvelle-Zélande, il va sur sa 153e, remplaçant en finale
4 Coupes du monde disputées : 2011, 2015, 2019, 2023
2 titres : 2011, 2015, il peut devenir le seul joueur avec 3 titres
23 victoires en Coupe du monde : sur 25 matches, record

Sur le terrain, il n'avait peur de rien. À quinze ans, Smith jouait au milieu des grands de 18 ans dans le quinze du lycée. « Quand ils voyaient son petit gabarit certains adversaires jubilaient, sourit Breaden. Ils se disaient "on va le massacrer !" On positionnait des grands pour protéger Aaron. Lui avait de l'aplomb, allait parfois défier deux défenseurs pour les fixer. Puis il passait le ballon, une fois l'espace créé. C'est devenu une tactique. Il pouvait aussi faire la différence sur deux appuis, comme la semaine dernière en demi-finales. » Face aux Argentins, Smith a démarré derrière sa mêlée aux vingt-deux mètres, puis slalomé entre quatre défenseurs avant de filer dans l'en-but des Pumas (52e).

« Aaron était facile à entraîner, il avait l'envie. Si je lui demandais de bosser sa passe avec cinquante répétitions, il en enchaînait le triple. Chez lui, on entendait les rebonds contre le mur, tôt le matin et jusqu'à tard le soir. Aaron bossait tellement avec son ballon qu'il lui en fallait un neuf quasiment tous les mois. » À 17 ans, Samuel était aussi doué en rugby et en basket. « Mon fils a vraiment hésité à partir jouer au basket aux États-Unis », raconte Braeden qui, lui, a continué d'entraîner à Feildings puis a irradié dans toute la région, jusqu'aux Hurricanes de Wellington.

« Un jour, Aaron m'a dit que Sam deviendrait un des plus grands joueurs au monde. Je n'avais pas vu ça dans mon fils. Lui, l'avait perçu »

Braeden Whitelock

 
 
 

Les quatre frères Whitelock ont étudié à la Feilding High School et, plus tard, porté le maillot noir : George, l'aîné, a joué un match avec les All Blacks, en 2009. Luke, qui joue à Pau, a accumulé sept sélections, entre 2013 et 2018. Adam a été international à 7 avant de passer par Bayonne (2014-2017). Samuel, qui rejoindra son frère à la Section Paloise en décembre peut, ce samedi soir, entrer dans la postérité. « C'est marrant, souffle Braeden. Un jour Aaron m'a dit que Sam deviendrait un des plus grands joueurs au monde. Je n'avais pas vu ça dans mon fils. Lui, l'avait perçu. »

Pour financer des déplacements, Whitelock père aimait faire couper du bois à ses jeunes joueurs : « Ça fortifie le corps et la tête », explique-t-il. « Grâce à la vente de stères, on a pu aller jouer en Australie, en Angleterre, explique Adam. Souvent au moment d'attaquer les coups de hache, Aaron s'attardait avec maman, se faisait dorloter. Un jour notre fox-terrier avait dévoré sa gamelle. Elle avait été aux petits soins pour lui préparer à manger. D'une certaine manière c'est un peu notre cinquième frère. »

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Les deux joueurs, Smith à gauche et Whitelock à droite (2e ligne), se sont connus à la Feilding High School, entre 2002 et 2006, où ils ont été entraînés par Braeden Whitelock, le père de ce dernier (en bas au milieu). (Instagram@fhshrugby)

Samuel le discret est devenu All Black en juin 2010. A obtenu depuis une licence d'agronomie. Aaron, qui a étudié la coiffure, a mis du temps à trouver un club. Refusé aux Hurricanes et aux Blues. Le diktat des kilos était rédhibitoire. Lors de la Coupe du monde 2011, les trois demis de mêlée all blacks Byron Kelleher, Piri Weepu et Jimmy Cowan avoisinaient les 90 kg. En juin 2012, après avoir été recruté aux Highlanders, Smith fera ses débuts chez les All Blacks, en s'appuyant sur sa passe éclair.

Dans les tribunes du Stade de France, Braeden et Caroline vont penser fort « à ce temps qui passe » en revoyant Aaron et Samuel. Ils ont aujourd'hui dix petits-enfants. Ils auront le même oeil attendri en regardant jouer Codie Taylor, le talonneur des Blacks. Lui aussi est un ancien élève de Feilding, arrivé trois ans après Samuel et Aaron. « J'ai juste donné l'opportunité à des jeunes de s'accomplir », relativise Braeden. Avec Caroline, pour une rare fois de leur existence, ils se sont éloignés de leur ferme et de leurs 27 00 vaches. Depuis huit semaines, ils vivent cette Coupe du monde dans les stades de France. Leur récompense.


Steve Hansen, ancien sélectionneur de la Nouvelle-Zélande : « Ian Foster savait où il allait avec les All Blacks » L'entraîneur des champions du monde 2015 revient sur le parcours chaotique de son successeur qui, malgré une grêle de critiques, a amené la Nouvelle-Zélande à la cinquième finale de son histoire, ce samedi soir contre l'Afrique du Sud.

« Ian Foster a été l'homme le plus critiqué de Nouvelle-Zélande. Après des mois de turbulences il a amené les All Blacks en finale de Coupe du monde. Qu'aviez-vous vu en lui quand vous l'avez recruté comme adjoint en 2011 ?
Déjà, c'est un excellent entraîneur ! Quand j'ai été nommé responsable des All Blacks, j'ai fait un état des lieux, nos forces et nos faiblesses. Graham Henry (l'ancien sélectionneur) et Wayne Smith (son adjoint) partaient à la retraite, il me fallait retrouver de la matière grise pour coacher l'équipe. Et Ian Foster est un cerveau, il comprend le rugby à la perfection, analyse et lit bien ce jeu. Il a joué beaucoup de matches à l'ouverture pour la province de Waikato et pour les Chiefs. Et puis, surtout c'est un excellent mec pour bosser et en dehors du rugby.

 
 

J'avais la conviction qu'on pouvait lui faire confiance pour gérer l'héritage du maillot noir. Il a une éthique de travail très haute je l'ai senti tout de suite. Il sait ce que c'est que de disputer une Coupe du monde et de la gagner vu qu'il était mon adjoint en 2015. II avait accompli un super boulot. Et là il est encore en finale, les faits parlent pour lui.

Il y a quinze mois, il a été visé par les critiques...
Ian Foster incarnait une forme de continuité après le travail de Graham Henry (sélectionneur des champions du monde 2011, Hansen était son adjoint) et le mien (Hansen a été champion du monde 2015, Foster était son adjoint). À l'issue de la Coupe du monde 2019 au Japon, il m'a semblé que Ian Foster était légitime pour me succéder (la Nouvelle-Zélande avait été battue 7-19 par l'Angleterre en demi-finales). Mais il y avait un autre candidat, Scott Robertson, très populaire auprès du public et des médias (il a remporté sept titres de Super Rugby avec les Crusaders, célébrant chacune de ses victoires avec des pas de breakdance jubilatoire).

L'humeur générale était au changement. Mais il n'est pas venu alors un narratif s'est imposé de plus en plus, selon lequel Fozzie n'était pas compétent, pas assez bon. Et, au même moment est survenue cette crise du Covid qui nous a fait du mal. On est au bout du monde et nos résultats ont pâti de cet isolement. Il y a eu des contreperformances qui ont fait caisse de résonance.

Parallèlement, la popularité de Scott Robertson s'est accrue. Lui avait très envie d'entraîner les Blacks. Et d'autres gens ont poussé dans ce sens. L'Irlande, qui pétait le feu, s'est imposée lors de sa tournée en Nouvelle-Zélande. C'était une défaite à domicile inédite, incompréhensible pour beaucoup de gens. Il y a eu un trauma national, des gens malheureux, d'autres qui ont franchi des limites. Ian est parvenu à garder sa dignité et son intégrité.

 
 

La fortitude mentale dont Foster a fait preuve vous a-t-elle surpris ?
Je savais qu'il tiendrait le coup. J'admire sa capacité à évacuer la négativité. Il a des proches avec lesquels il peut se confier, se régénérer. Et puis c'est quelqu'un qui ne lâche rien. Quand un problème se présente il va travailler d'arrache-pied pour le résoudre. Il a tout donné de lui pour trouver une solution, pour l'idée qu'il se fait des All Blacks.

Et il a réussi à remettre l'équipe sur pied. Je me répète mais il faut que les gens le sachent : la dignité et l'intégrité dont il a fait preuve sont admirables. Il a toujours mis les All Blacks avant sa situation personnelle. Il n'a pas eu l'appui des gens censés le soutenir (Mark Robinson le président de la NZRU) mais il a suivi son chemin, a su croire en lui-même, en ses joueurs, en son staff et en son projet. C'est une histoire de vie magnifique qui en dit long sur l'homme qu'il est. On a tous à apprendre de son attitude.

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Ian Foster avec Ardie Savea lors de la Coupe du monde. (A. Mounic/L'Équipe)

Sur la fidélité absolue à son capitaine, il a semblé entêté car Sam Cane n'était pas le troisième-ligne le plus légitime au vu de ses performances...
On dit souvent des esprits forts qu'ils sont têtus. Certains voient l'entêtement comme une force, d'autres comme une faiblesse. On avait identifié le leadership de Sam Cane dès 2015. Il n'avait que 23 ans lors de son premier capitanat (le 24 septembre 2015 face à la Namibie à Londres) mais il était déjà respecté par ses pairs.

Il a dû faire face à des blessures horribles, une fracture des cervicales et un chapelet d'autres pépins qui l'ont éloigné des terrains. Ça ne lui a pas permis de reprendre ses marques, surtout à son poste où un joueur a besoin d'enchaîner les matches. Une partie du public a mis les mauvais résultats de l'équipe sur ses épaules. Lui aussi a eu la force de résister à toutes ces critiques. On a vu ce dont il était capable dans le quart de finale face à l'Irlande (21 plaquages).

Ian savait où il voulait aller, ce qu'il souhaitait faire. Il lui fallait juste en avoir l'opportunité. Peu de gens l'ont soutenu mais les fidèles qui sont restés à ses côtés l'ont soutenu avec force. Vous savez, il est adoré par les joueurs et par le staff. C'est précieux et c'est magnifique. Un coach ne peut pas rêver mieux. Dans la vie, on récolte ce que l'on sème. Ian ce n'est pas un tordu, ni un mec en toc. Les joueurs savent et sentent qu'il est authentique. C'est un mec qui a des valeurs et qui a le goût des autres. Il prend soin des joueurs, des gens qui bossent à ses côtés. Il a le sens de la famille et se dévoue pour le maillot.

Cette équipe a fait face à une énorme adversité, elle s'est resserrée et est devenue plus forte. Qu'on veuille l'admettre publiquement ou pas, l'incroyable série de succès qu'on a connu nous a certainement ramollis. On s'attendait à ce que les résultats arrivent au lieu de se battre pour aller les chercher. Quand tu es dans le dur, que tu régresses, que les gens te pourrissent, ça te booste. Ça a du bon, aussi, l'adversité. Ils l'ont vécue, ont su la surpasser et devenir plus forts. On les sent unis, solidaires.

« La chose la plus remarquable, c'est cette osmose que l'on sent. (...) La bête a faim »

 

 
 
 

C'est une équipe très offensive, également efficace en défense. Que voyez-vous chez ces All Blacks version 2023 ?
Leur capacité d'adaptation aux adversaires qui leur font face. Ils n'ont jamais la même stratégie. Ils ont une palette technique très large pour ça : le jeu au pied, les courses pénétrantes ou au large. Le cinq de devant est de plus en plus solide et permet de jouer dans l'avancée.

Nos jeunes piliers Fletcher Newell (23 ans, 13 sélections) et Tamaiti Williams (23 ans, 7 sélections) ont su répondre présent, se mettre au niveau requis et faire la différence. Mais la chose la plus remarquable, c'est cette osmose que l'on sent, ce groupe de joueurs qui jouent les uns pour les autres et qui ont envie de réussir. La bête a faim.

Un mot du duel qui va opposer Ian Foster à Rassie Erasmus...
Ce sont deux énormes stratèges, deux cerveaux, même si leur mode opératoire est différent. C'est ce qui rend notre sport magnifique. Rassie est plus dans l'émotion, semblable à Heineke Mayer. Quand on le voit coacher, il est tout en émotion.

Fozzie est plus flegmatique, il montre moins ses sentiments même s'il bout intérieurement. Je ne sais pas qui aura l'avantage. Pour remporter une Coupe du monde il faut un alignement des étoiles. On peut mettre en place la meilleure stratégie au monde, si l'exécution fonctionne mal... C'est l'équipe qui se montrera la plus efficace sur les occasions qui s'en sortira. »

 
 

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#34 pims

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Posté 29 octobre 2023 - 08:53

Qui arrête du coup ? Smith, B. Barrett, Whitelock et Retallick ?



#35 leberger

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Posté 29 octobre 2023 - 09:02

Qui arrête du coup ? Smith, B. Barrett, Whitelock et Retallick ?

Ce qui va changer aussi, peut être déjà dit, écrit, c'est l'arrivée de Scott Robertson à la tête des blacks , j'en attends un peu plus de folie ..



#36 el landeno

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Posté 29 octobre 2023 - 20:32

Défaits en finale de la Coupe du monde, les All Blacks vont devoir se reconstruire Finalistes malheureux de la Coupe du monde face aux Springboks, les All Blacks vont devoir se reconstruire sous l'égide de Scott Robertson, qui aura à gérer le départ de cadres et relancer une dynamique dans un pays en récession.

« On est fiers de vous » titrait le New Zealand Herald après la défaite des All Blacks, samedi face à l'Afrique du Sud (11-12). Après des mois d'avanie, l'heure est à la reconnaissance. Revenue d'un été 2022 en enfer, l'équipe dirigée par Ian Foster a su faire preuve de résilience et de fortitude. Ils ont trébuché sur l'ultime marche, battus d'un point en finale. Un point, c'est tout. On glosera longtemps sur l'adversité des décisions arbitrales ou l'inconstance de la discipline des All Blacks, reste que le Herald célèbre ces « authentiques guerriers qui ont joué cette finale à 14 pendant 50 minutes avec un courage incroyable ».

 
 

Dès la 29e minute, ils ont perdu leur capitaine, exclu pour un coup d'épaule à la tête de Siya Kolisi. « Je vais devoir vivre avec ça pour le restant de mes jours »,a avoué Sam Cane, dépité. Partagé, comme son coach, entre douleur et fierté. « Je suis fier des joueurs qui se sont battus comme jamais pour en arriver là, soufflait Foster. Ils ont tout donné. »

Le sélectionneur, longtemps décrié, a été applaudi par la presse de son pays qui appelait à son éviction l'an passé. Son équipe est celle qui a inscrit le plus d'essais (49), loin devant l'Irlande et la France (30) ainsi que l'Afrique du Sud (27). Ce qu'il nomme un « rugby positif », offensif et véloce, est à ses yeux le sésame pour que ce sport, confidentiel au niveau planétaire, continue de rayonner et séduire.

 
 
Foster remplacé par Robertson

Foster (58 ans) ne sera pas reconduit par sa fédération. Il va être remplacé par Scott Robertson (49 ans), septuple vainqueur du Super Rugby avec les Crusaders. Un coach plus « hype » qui célèbre ses victoires d'une breakdance exaltée. La tâche qui attend Robertson est colossale : le rugby est en crise dans ce petit pays de 5 millions d'habitants.

Au bas de l'échelle, certains clubs ont du mal à trouver quinze joueurs pour aligner une équipe. L'élite ne va pas mieux avec des audiences télé et des recettes aux guichets indigentes. Le départ des franchises sud-africaines entame l'attractivité du Super Rugby et prive les clubs néo-zélandais d'une saine compétitivité. « Chez les moins de 20 ans, personne ne se distingue », constate cet entraîneur Kiwi qui veut taire son nom. Les Baby Blacks ont terminé 7e de la Coupe du monde junior remporté par la France en juillet.

De nombreux cadres sur le départ

Robertson s'est déjà mis à l'ouvrage. Il est venu en France pour superviser l'Angleterre qui viendra en tournée en Nouvelle-Zélande à l'été 2024. D'ici là, il va devoir rebâtir un attelage en seconde ligne après le départ à la retraite des vétérans Brodie Retallick et Sam Whitelock. Et surtout, se trouver une charnière car Richie Mo'unga et Aaron Smith partent jouer au Japon, tout comme Beauden Barrett, Ardie Savea et Shannon Frizell. Cet exode nippon va faire mal aux Blacks.

Pour faire la transition, ils pourraient laisser les clefs du jeu à Damian McKenzie (28 ans), quand bien même les initiatives fantasques du joueur des Chiefs ne semblent pas la tasse de thé de « Razzor ». À peine cette Coupe du monde achevée, les All Blacks sont déjà dans l'urgence.

 
 


#37 Magpie

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Posté 30 octobre 2023 - 11:08

Qui arrête du coup ? Smith, B. Barrett, Whitelock et Retallick ?

 

+ Dane Coles (retraite), Nepo Laulala (Toulouse), Richie Mo'unga & Shannon Frizell (Toshiba Brave Lupus Tokyo).



#38 el landeno

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Posté 14 novembre 2023 - 22:13

Beauden Barrett, symptôme de la carence en effectif des All Blacks Face à l'exode de ses joueurs, la fédération néo-zélandaise a annoncé vouloir resigner Beauden Barrett jusqu'en 2027 et la Coupe du monde en Australie. L'ouvreur-arrière aura alors 36 ans.

Le Néo-Zélandais Beauden Barrett (32 ans, 123 sélections) s'est engagé avec le club japonais des Toyota Verblitz pour y disputer la « League One ». Finaliste malheureux de la Coupe du monde (défaite 11-12 le 28 octobre au Stade de France), il s'apprête à disputer le Championnat japonais qui débutera le 17 décembre prochain et s'achèvera fin mai.

Champion du monde en 2015, Beauden Barrett, qui fut positionné à l'arrière durant la dernière Coupe du monde n'a jamais caché sa préférence pour le poste d'ouvreur (56 sélections All Black à ce poste, contre 27 au poste d'arrière, et 40 comme remplaçant). Il formera la charnière du XV de Toyota Verblitz avec son vieux compère Aaron Smith, demi de mêlée All Black (34 ans, 125 sélections).

On pensait que ce transfert signait la fin de son aventure sous le maillot noir, mais en début de semaine, Chris Lendrum, le « monsieur portefeuille », responsable des contrats de joueurs au sein de la fédération néo-zélandaise (NRZU) a confirmé qu'il était en négociations avec Beauden Barrett qu'il aimerait resigner jusqu'en 2027, année de la prochaine Coupe du monde en Australie. L'aîné des frères Barrett, qui fut élu joueur de l'année en 2016 et 2017, aura alors 36 ans.

« Rien n'est encore finalisé mais telle est notre intention, a assuré Lendrum. Si après cette saison au Japon, Beauden revient en Nouvelle-Zélande en juin 2024, il sera disponible pour jouer avec les All Blacks. C'est ce que nous envisageons. » Lendrum et la NZRU se manifestent aujourd'hui pour contrer d'autres offres susceptibles de tenter l'aîné des Barrett.

 
 

Face au pouvoir financier des clubs japonais ou européens, la Nouvelle-Zélande a de plus en plus de mal à conserver ses joueurs. Beauden Barrett et Aaron Smith avaient fait leurs débuts sous le maillot All Black en 2012 tout comme le deuxième-ligne Brodie Retallick (32 ans, 109 sélections) qui part lui aussi jouer au Japon avec les Kobelco Kobe Steelers.

Le talonneur Dan Coles (36 ans, 90 sélections) s'est engagé avec les Kubota Spears Funabashi Tokyo Bay. La capitaine Sam Cane (31 ans 95 sélections) a, lui, signé avec les Tokyo Suntory Sungoliath.

Un joueur néo-zélandais peut tripler ses émoluments en rejoignant un club européen

Voir une grande partie de cette génération de joueurs lancés après le titre mondial de 2011 disparaître des radars fédéraux n'est pas une surprise. Après une carrière internationale bien remplie, ceux-ci vont continuer à jouer pour plus d'argent dans un Championnat japonais moins exigeant.

Mais cet exode est une problématique de poids pour le nouveau sélectionneur all black Scott Robertson. D'autres vétérans ont choisi le Top 14 afin de rentabiliser leur fin de carrière. Après quatre Coupes du monde, le deuxième-ligne Sam Whitelock (35 ans, 153 sélections) rejoindra la Section Paloise fin novembre, le pilier droit Nepo Laulala ira pousser avec le Stade Toulousain (32 ans, 53 sélections).

Le hic pour la NZRU c'est qu'elle a tout autant de mal à retenir les nouvelles générations. Comment le pourrait-elle ? En moyenne, un joueur néo-zélandais peut tripler ses émoluments en rejoignant un club européen. C'est le cas de Leicester Fainga'anuku, engagé avec le RC Toulon à compter du 1er décembre. Meilleur réalisateur du dernier Super Rugby (13 essais) il n'a que 24 ans, ne compte que 7 sélections, a fait ses débuts en 2022 mais renonce déjà au maillot noir venant jouer en Europe.

C'est ainsi en Nouvelle-Zélande, il faut être engagé avec une franchise kiwie pour être éligible chez les All Blacks. Au sein de l'institution, des débats ont lieu pour faire évoluer cette restriction. D'autant que l'exode concerne d'autres joueurs clefs : Ardie Savea (30 ans, 81 sélections) part lui aussi jouer au Japon tout comme le troisième-ligne Shannon Frizell (29 ans, 33 sélections). L'entraîneur des avants All Blacks Jason Ryan a multiplié les efforts pour tenter de retenir Frizell, élément clef du pack all black, en vain.

Jordan, Taukei'aho, de Groot et Lomax ont resigné...

Avec une enveloppe budgétaire limitée, Chris Lendrum et la NZRU ont tenté de sécuriser des joueurs à gros potentiel aux postes essentiels. Ainsi Will Jordan (25 ans, 31 sélections) a vu son contrat prolongé jusqu'en 2027. Idem pour le talonneur Samisoni Taukei'aho (26 ans, 30 sélections), qui a été prolongé par sa fédé jusqu'en 2027. Ses coéquipiers de première ligne Ethan de Groot et Tyrell Lomax jusqu'en 2026.

Mais le chéquier de la NZRU n'est pas un puits sans fond. Lendrum, vraisemblablement sous la pression de Scott Robertson, a identifié Beauden Barrett comme un élément majeur pour conserver le « Rugby I.Q. » et l'expérience de son équipe qui accueillera l'Angleterre en tournée en Nouvelle-Zélande début juillet. Le temps presse. Les Blacks enchaîneront par le Rugby Championship face aux champions du monde Springboks, en août. Puis se profile un nouveau choc face à l'équipe de France le 16 novembre 2024. C'est déjà demain.

... mais quel prochain ouvreur pour les Blacks ?

Sans Beauden Barrett, Robertson n'a pas milles options au poste d'ouvreur. Richie Mo'unga (29 ans, 56 sélections) a lui aussi cédé aux sirènes du Japon et s'est engagé pour trois ans avec les Toshiba Brave Lupus de Tokyo.

Pour piloter le jeu des All Blacks, il reste certes Damian McKenzie (28 ans, 47 sélections) mais les inspirations fantasques du joueur des Chiefs, ne seraient pas forcément du goût du coach qui a remporté sept titres de Super Rugby à la tête des Crusaders.

Des jeunes ouvreurs pointent le bout de leur nez mais manquent cruellement d'aguerrissement. Par le passé, les Néo-2élandais avaient l'art de faire fructifier leurs jeunes talents. Mais le trou générationnel crée par la crise sanitaire du Covid est aujourd'hui béant.

L'ouvreur des Blues Stephen Perofeta est âgé de 26 ans, soit deux ans de plus que Romain Ntamack. Il ne compte que 3 sélections -dont deux comme remplaçant- alors que le Toulousain en a enchaîné 36. L'ouvreur bis des Crusaders Brett Cameron a 27 ans mais seulement 1 sélection.

Son coéquipier Fergus Burke, âgé de 24 ans, n'a jamais été appelé en équipe nationale. Josh Ioane, numéro 10 des Chiefs est déjà âgé de 28 ans. C'est dire si les All Blacks sont à flux tendu. Le prometteur Taha Kemara n'a que 20 ans et n'a joué que deux matches avec les Crusaders. Cam Millar, 21 ans, n'a quasi pas joué avec les Highlanders.

Il est fort probable que Scott Robertson, choisisse comme nouveau capitaine des All Blacks Scott Barrett (29 ans, 69 sélections) à qui il avait confié le capitanat des Crusaders. Encore un élément qui incite la NZRU à faire revenir Beauden Barrett dans son giron.

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Taha Kemara (à droite), l'ouvreur de Waikato est le futur néo-zélandais en numéro 10. Mais il n'a que 20 ans et n'a joué que 15 matches professionnels. (Hagen Hopkins/Getty images via afp)


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Posté 16 novembre 2023 - 07:10

Ian Foster, sélectionneur des All Blacks : « On a sauvegardé l'héritage all black » malgré la défaite en finale de Coupe du monde À deux doigts d'être limogé à l'été 2022, Ian Foster a fini son mandat à la tête des All Blacks acclamé après avoir hissé son équipe en finale de la Coupe du monde, perdue d'un point (11-12) face aux Sud-Africains.

La nuit est tombée sur Paris, le jour s'est levé en Nouvelle-Zélande, au bout du monde. Douze heures de décalage. « Prêt », annonce le texto du coach des All Blacks, en français. On l'appelle en vidéo, il apparaît derrière un volant. Son goitre est proéminent mais son sourire prend l'ascendant. Soudain l'écran tremble, puis l'image se fige. On perd la communication. On rappelle. « Rassurez-nous Ian, vous n'êtes pas en train de conduire ? » « Non, j'arrive juste à la plage, je voulais vous montrer ce panorama ! » On entend le rouleau des vagues se fracasser sur la grève. Un ciel bleu lumineux, une étendue de sable blanc. « Je suis à Gisborne (au sud-est de l'île du nord), en visite chez mes beaux-parents. Je voulais vous faire admirer le paysage, mon téléphone m'a échappé. Vous savez que Gisborne est la première ville au monde où apparaît le soleil ? C'est aussi la ville natale de Ian Kirkpatrick (troisième-ligne aile, 39 sélections entre 1967 et 1977), un joueur mythique ! » Il est comme ça, aussi, Ian Foster, pétillant et plein de vie, lui qui fut au pays ennemi public numéro 1 pendant ses quatre ans à la tête des All Blacks.

 
 

« Il y a un an, vous étiez "aussi populaire que le Covid" selon un éditorialiste kiwi. Comment on gère ça ?
Une des clés, c'est de ne jamais s'attacher aux commentaires excessifs, négatifs ou positifs. Avancer. En août 2022, avant notre second match face à l'Afrique du Sud, tant de choses se tramaient chez nous. Si on avait perdu à Johannesburg, j'allais être viré. On a gagné (35-23). Dans le vestiaire, certains joueurs en avaient les larmes aux yeux. Si j'ai tenu et pu encaisser tant de critiques, c'est parce que je sentais que j'avais les gars avec moi. Après ce match, je les ai remerciés. Je leur ai dit : "C'est ça être all black ! On est scrutés, jugés. Il faut vivre chaque semaine sous le maillot noir comme si c'était la dernière." Vous savez, j'ai perdu toute foi en ma fédération mais j'ai toujours eu le soutien de mes joueurs : Aaron Smith, Beauden Barrett, Brodie Retallick, Ardie Savea, Dane Coles et d'autres... Tous magnifiques en privé, impliqués au boulot. On avait de vraies discussions, honnêtes et franches. Dans le respect mutuel. ça nous a permis de résoudre les problèmes, un à un. J'ai beau être celui qui décide, j'aime associer les autres. Tout seul on n'est pas grand-chose, ensemble on peut devenir grands.

« Vous savez, j'ai perdu toute foi en ma fédération mais j'ai toujours eu le soutien de mes joueurs... Tous magnifiques en privé. »

Ian Foster

 
 
 

Juste avant votre arrivée en France, les Springboks vous ont infligé une lourde défaite (35-7 à Twickenham), ça ne vous a pas plombé ?
Cette défaite a généré de la peur chez les gens. On s'est fait découper. C'est l'époque, mais c'était disproportionné. Ce match de préparation n'était pas un objectif. On avait des blessés. On s'est fait marcher dessus une mi-temps, on a accumulé une douzaine de pénalités et un carton rouge qui nous a bien perturbés. Finalement, jouer à 14 (après le carton rouge de Scott Barrett) nous a servi d'apprentissage. En finale, on savait comment jouer à quatorze face à l'Afrique du Sud (Sam Cane expulsé dès la 29e). Le truc, dans la tempête, c'était de garder le cap. On s'est bonifiés au fil de la compétition. Et puis on a gagné les coeurs lors du quart face à l'Irlande (28-24). Les gens ont vu l'implication, le courage, les attitudes. Ils nous ont manifesté des encouragements incroyables. ça nous a rendus fiers. On a sauvegardé l'héritage all black.

 
 

À la veille d'affronter la France, vous avez perdu votre capitaine, Sam Cane...
Il s'est blessé au dos en liftant un partenaire en fin de séance. Un coup dur. Il a fallu s'adapter. On a débuté ce tournoi sans Sam, sans Broddie Retallick, ni Shannon Frizzel, ni Jordie Barrett... On a tenu, su être patients.

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En battant l'Irlande de Caelan Doris en quarts de finale de la Coupe du monde (28-24), la Nouvelle-Zélande d'Ardie Savea « a gagné les coeurs » selon Ian Foster. (A. Mounic/L'Équipe)

Et puis, encore, avant ce choc face aux Bleus, il y a eu ce séjour au Novotel Créteil, en banlieue sud de Paris...
On a eu des soucis avec l'air conditionné qui ne fonctionnait pas. Il faisait 36 degrés, et on avait l'impression d'avoir dix de plus à l'intérieur. On manquait d'air (des membres de l'encadrement sont allés acheter cinquante ventilateurs). Chaque fois qu'on mettait en route un grille-pain, les plombs sautaient dans l'établissement. Ce n'était pas l'endroit idéal pour préparer un match d'ouverture de Coupe du monde. On s'est installés à l'endroit désigné par World Rugby. Il paraît qu'après nous, les équipes qui devaient y séjourner, l'Argentine je crois, ont été logées ailleurs... Après, il faut être juste, le personnel était super, on sentait qu'ils faisaient de leur mieux pour nous aider. Nous, on n'a rien dit. On ne voulait pas que ça serve d'excuse à notre défaite (27-13) face à la France. On n'a pas à se laisser perturber par des choses qu'on ne contrôle pas. Un peu d'adversité, ça soude un groupe. C'est aussi ça l'aventure d'une Coupe du monde : savoir s'adapter. Face à la France, on n'a pas été bons, surtout dans le dernier quart d'heure. Et ce n'est en aucun cas de la faute de cet hôtel.

Pensez-vous avoir été logés sciemment dans cet établissement ?
(Il rit.) Il y a toujours ce genre de théorie conspirationniste qui flotte dans l'air... Franchement, je n'en sais rien. C'était un endroit étrange pour nous héberger, la région parisienne ne manque pas d'endroits plus favorables, plus proches du stade (Créteil est à 22 kilomètres du Stade de France, à Saint-Denis). C'est comme ça.

Ultime coup dur : votre épouse et votre fille ont été agressées par un homme armé d'un couteau à la gare de Créteil...
Deux jours avant d'affronter la France... (Il souffle.) C'était vers vingt heures, il faisait encore jour. Elles revenaient d'une balade. Un moment pas sympa à vivre. Le gars était défoncé. Bon, ce genre de truc peut arriver partout dans le monde, y compris en Nouvelle-Zélande. Leigh et Michaela
ont bien su gérer la situation. Elles ont été souriantes pour ne pas décupler son agressivité, ont su rester mobiles aussi. Elles ont du caractère. En fait, leur attitude m'a aidé à encaisser le coup. Elles ont quand même mis plus d'une heure à oser me raconter ce qui s'était passé, inquiètes des conséquences sur moi et sur l'équipe. Tout ça c'est du passé. Michaela espère participer aux Jeux Olympiques avec notre équipe nationale de foot féminin (arrière gauche âgée de 24 ans, elle compte 6 sélections). Si elle est qualifiée, on viendra assister aux Jeux à Paris sans peur, le coeur serein.

Tant de pépins accumulés en quelques jours, vous avez la poisse ?
Après la finale, on a bien discuté avec Ardie (Savea). Il était anéanti... La vie est ainsi, faite d'épreuves. Quand on prend des responsabilités, si on espère être préservé, on s'expose à des surprises. Dès que j'ai pris les rênes des All Blacks, en 2020, ça s'est compliqué pour moi. Ma fédération avait d'autres plans. Je me suis concentré sur le job. Puis, trois mois après mon arrivée, on a pris de plein fouet la crise sanitaire. Deux ans à ramer. Il m'a fallu adapter ma manière de coacher pour pouvoir rallier les gars. Ils ont consenti à des sacrifices qu'aucune autre génération n'avait connus.

C'est-à-dire ?
En 2021, ils ont quitté la Nouvelle-Zélande mi-août pour ne revenir chez eux que début décembre. Et ont joué douze matches en quatorze semaines ! Avec les restrictions de quarantaine, des mesures de confinement, le port du masque. Les mecs sont très famille, c'était super dur pour eux car en cas de coup dur dans leur foyer, il leur était impossible de revenir rapidement. En même temps, ça les a rapprochés. Lors de la crise financière consécutive au Covid, notre fédération nous a demandé de gros sacrifices. Il a fallu se battre pour sauver une partie du staff.

Finalement, vous sortez grandi ou vous êtes toujours accablé par la défaite ?
Je suis partagé. Quand je me réveille à trois heures du matin, la tête pleine de pensées qui ressassent sur ce qu'on aurait pu faire de différent, j'avoue que c'est compliqué... Mais avec la fierté que me renvoient mes proches ou des gens, j'ai le sentiment qu'on a gagné un truc. Après la finale, staff et joueurs, on est restés deux jours ensemble à Paris. On tenait à se dire au revoir dignement. C'était très émouvant.

« J'ai toujours envisagé mon poste comme un privilège. ça n'empêche pas des moments difficiles, on est comptable et responsable de tant de choses. L'adversité, je l'ai intégrée. »

Ian Foster

 
 
 

Le compétiteur que vous êtes a-t-il le sentiment d'avoir été vaincu en finale par un meilleur stratège, Rassie Erasmus ?
Non, la marge était si infime. Respect aux Springboks pour leur Coupe du monde, ils se sont sortis de trois matches au couteau, on ne peut pas leur enlever ça. On garde la conviction qu'on pouvait les battre. On a bien géré leur dimension physique et proposé du jeu. Pour ce qui est de l'arbitrage vidéo, je n'ai pas envie d'entrer dans une controverse, je passe la balle à World Rugby. À eux de régler ça s'ils veulent que le rugby reste un sport attractif.

Après onze ans au service du maillot noir, on sent un gros vide ?
Depuis deux semaines, je me ressource. Je vais ressentir un sentiment de vide c'est certain, mais ça va me permettre de souffler. J'en ai besoin, ce job c'est du 24h/24.

Ça vous a coûté à titre personnel ? On se rend malade quand on doit descendre les marches du Westpac Stadium sous les huées (le 16 juillet 2022 à Wellington, après la défaite 22-32 face à l'Irlande) ?
Ç'a été très dur, comme une marche funèbre (il rit de bon coeur, puis se ressaisit). Parmi ces gens qui m'ont conspué, j'aime à penser que certains le regrettent. Pour éviter de subir, j'ai toujours envisagé mon poste comme un privilège. Ça n'empêche pas des moments difficiles, on est comptable et responsable de tant de choses. L'adversité, je l'ai intégrée. Pour le reste, je me levais le matin avec de la gratitude, le coeur heureux de piloter notre équipe nationale. C'est si spécial. Les obstacles, il ne faut pas s'en faire une montagne, ils sont là pour accroître votre détermination, challenger votre créativité. Ce qui m'a blessé, c'est d'être lâché par des gens censés nous aider. Mon unique source de stress venait de là. C'est un job particulier, il faut un gros ego mais savoir aussi le ranger dans sa poche.

Vous êtes optimiste pour le futur du rugby en Nouvelle-Zélande ?
Pour le prochain cycle de quatre ans, oui. Sur les 33 joueurs qui ont participé à la Coupe du monde, seul huit sont partis à l'étranger. D'habitude, on en perd un tiers. On a une ossature pour les quatre prochaines années, avec des jeunes qui vont se bonifier. C'est excitant. Pour l'élite ça ira, je suis plus inquiet pour les structures de nos Championnats intermédiaires. Ce sera un énorme défi que de s'assurer que nos compétitions sont assez intenses et diversifiées pour préparer à l'international. »

 
 

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