et même pas un mot sur RCV 06 !
Les ailiers marquent toujours autant en Top 14 Cette saison, les ailiers trustent les premières places du classement des meilleurs marqueurs en Championnat. Si ce constat n'est pas vraiment une nouveauté, les profils ont, eux, sensiblement évolué.
Il semble loin le temps où, entre deux essais aplatis, les ailiers se réchauffaient comme ils pouvaient, plantés en bord de touche dans l'attente de ballons qui leur parvenaient trop rarement à leur goût. Depuis longtemps, ils ne sont plus de simples marqueurs. Et pourtant, ils demeurent au sommet des tableaux statistiques quand il s'agit de plonger dans l'en-but pour imprimer les posters. Si cet état de fait s'inscrit historiquement dans la culture du poste, les ailiers qui marquent le plus en Top 14 cette saison affichent toutefois quelques différences avec leurs prédécesseurs.
Un coup d'oeil au classement des meilleurs marqueurs du Top 14 après 15 journées laisse facilement entrevoir un profil qui se dégage. Si vous voulez vous donner plus de chances d'aplatir, mieux vaut jouer ailier, comme six des neuf premiers. Et encore, les trois autres (Émilien Gailleton, Jack Maddocks et Davit Niniashvili) ont déjà plusieurs fois porté les numéros 11 ou 14 depuis septembre.

Mais bien au-delà du poste, les « top gun » du Championnat partagent des mensurations semblables. Mis à part Alivereti Raka qui détonne un peu avec ses 105 kg, le modèle du marqueur moyen se situe à 1,88 m pour 94 kg. Un gabarit plutôt fin et longiligne, bien loin des extraterrestres qu'a pu consacrer le Top 14 ces dix-sept dernières saisons (Rupeni Caucaunibuca, Napolioni Nalaga, Josua Tuisova...).
« Il ne s'agit pas d'un retour en arrière mais d'un retour à la norme, théorise Cédric Heymans, ancien trois-quarts international du Stade Toulousain, auteur de 65 essais en Championnat et actuel consultant pour Canal +. Les profils d'ailiers costauds sont bien moins nombreux qu'à une époque. Selon moi, le profil idéal aujourd'hui est celui du septiste. Ces joueurs-là sont capables de jouer partout et de répéter les efforts. »
Les joueurs internationaux de rugby à 7, de plus en plus présents dans les effectifs du Top 14, ont tendance à confirmer cette idée. En tête du classement avec 8 essais, Ethan Dumortier est lui-même passé par la case septiste, participant à plusieurs tournois du circuit mondial avec les Bleus en 2020. Dernier exemple en date de ces transfuges, le Briviste Aaron Grandidier a déjà fait de jolies différences sur l'aile droite du CAB même s'il n'a pas encore connu la joie de s'affaler dans l'en-but.
Autre constat, le job de marqueur est de plus en plus partagé et de moins en moins le fait d'un super attaquant comme Chris Ashton pour Toulon (24 essais en 2017-2018, un record sur une saison) ou « Naps » Nalaga pour Clermont (21 en 2008-2009).
Cette diminution s'explique peut-être parce qu'ils sont plus nombreux à pouvoir jouer dans la cour des grands marqueurs. Comme Dumortier et Niniashvili au LOU ou Gailleton et Maddocks à la Section, plusieurs trois-quarts d'un même club peuvent squatter le haut du panier. « Il y a beaucoup de joueurs talentueux à l'heure actuelle qui sont très bons dans les un-contre-un, très bons finisseurs, salue Clerc, ancien trois-quarts aile des Bleus, du Stade Toulousain et de Toulon, meilleur marqueur de l'histoire du Championnat avec 101 essais inscrits. Ils évitent souvent la touche quand ils sont en position de se faire pousser dehors. Ils ont un crochet intérieur très fort, sont puissants sur le haut du corps, arrivent à se détendre, à allonger les bras. Ils ont un truc en plus, une hargne, une détermination à marquer des essais dans des positions pas faciles. »

« Aujourd'hui, les trois du fond (les ailiers et l'arrière) ont un profil similaire et peuvent interchanger de poste, pointe également Heymans, lui-même ailier-arrière durant sa carrière. Les clubs recherchent des joueurs capables de jouer partout, de tout faire. Cette polyvalence se retrouve aussi avec le deuxième centre, souvent longiligne, qui peut de plus en plus jouer à l'aile. »
Le classement des meilleurs marqueurs tend à prouver que le profil de couteau suisse, amené à se retrouver à plusieurs endroits du terrain, favorise la capacité à filer à l'essai. « C'est un atout parce qu'un joueur polyvalent va jouer plus souvent et donc marquer plus souvent aussi, sourit Clerc. Non, ce qui est vraiment important pour un marqueur d'essai, c'est sa fiabilité et sa régularité. Il doit avoir une bonne vision du jeu parce que ce sont souvent ceux qui savent où être placé qui sont le plus efficace, peu importe le poste. Il faut sentir les coups et bien connaître ses coéquipiers pour se mettre au bon endroit au bon moment. »
C'est là aussi l'une des principales évolutions du poste d'ailier : la capacité de dézonage. On les voit de plus en plus quitter leur couloir pour intervenir au coeur du jeu. Soit afin d'apporter du décalage pour mettre en sous-nombre la défense, soit afin d'intervenir directement dans le combat. Les ailiers du quinze de France Damian Penaud et Gabin Villière, très différents tous les deux, incarnent parfaitement ces ailiers modernes aux nouvelles dispositions.