uelques heures après la défaite du XV de France face aux Pumas argentins (12-17), lors du match d'ouverture de la Coupe du monde de rugby la polémique se devait de surgir. D'aucuns font le parallèle avec le France-Sénégal ("sport des pingouins") en 2002, avec la suite que l'on connait.
Le consultant de l'Equipe, Laurent Benezech tire le premier. Pour lui, il y a eu une " énorme erreur de gestion de la pression pendant les 12 heures qui ont précédé la rencontre " Plus loin, il explique que les dirigeants de l'équipe voulaient " que les joueurs soient émotionnellement au top au coup d'envoi et au contraire, ils se sont retrouvés complètement vidés."
LECTURE DE LA LETTRE DE GUY MOQUET
" Le problème est que l'encadrement a voulu en rajouter et a fait lire au groupe la lettre de Guy Moquet. Ce qui a créé un surplus d'émotion, les joueurs avaient les larmes aux yeux. Le match était quasiment cinq heures après. " Autre point discutable, selon l'ancien pilier international : " Il y a eu aussi la remise des maillots aux huit joueurs qui étaient dans les tribunes, cette cassure, donc, dans le groupe des trente, deuxième pic émotionnel. " Cette série d'erreur expliquerait que les joueurs français aient abordé le match dans des conditions peu favorables.
Reste à aborder les autres matches :" Il y a eu une faillite collective contre les Argentins. On ne va pas tout casser contre l'Irlande, ce serait une erreur énorme. (...). Il va quand même y avoir des possibilités de se tester face à la Namibie et bien sûr à certains joueurs de se montrer avant le grand choc de l'Irlande."
Lemonde.fr
Ainsi la lettre de Guy Mocquet aurait été lue par l'encadrement de l'équipe de France de rugby à nos vingt deux "guerriers" quelques heures avant le coup d'envoi de ce qui aurait du être une magnifique fête et qui, quatre vingt minutes plus tard, se transformera en naufrage collectif. Les Pumas, en une interception bien sentie et quelques chandelles qui nous en firent voir trente six, n'auront fait qu'une bouchée d'un Coq aux couleurs bien délavées.
Certes, le parlé rugby s'accommode souvent de métaphores guerrières, sur ce terrain où l'on parle tout autant de combat que de jeu, sur ce terrain qui, en plein hiver, a parfois de faux-airs de tranchées.
Mais visiblement, à trop vouloir filer la métaphore, Bernard Laporte en a tétanisé ses troupes. Après tout, même si le sport est parfois un exutoire moderne pour flatter le patriotisme de nos nations pacifiées, il doit rester un jeu. Et c'est bien là que le bas blesse, dans cet appel au sacrifice pour la patrie, dans cette gravité imposée à ce qui devrait rester un moment de bonheur et de plaisir. Le contraste était immense entre la pesanteur du jeu des bleus vendredi soir, sans inspiration ni créativité, tétanisés par l'enjeu, et la légèreté, l'inspiration, la joie du jouer ensemble du rugby néo-zélandais le lendemain après-midi.
Plutôt que la lettre de Guy Mocquet, peut-être Bernard Laporte aurait-il été plus inspiré en lisant à ces joueurs un extrait de l'Eloge du plaisir. Mais le futur secrétaire d'état aux sports, faut-il le lui reprocher, trouve ses inspirations plutôt du côté d'un certain Nicolas S. que d'un Michel O.
la lettre