Article l'équipe 29/10/2008
Clermont n’est plus dans le ton
Après avoir fait exploser toutes les défenses du Top 14, le jeu de l’ASM s’essouffle. Le système Cotter et les joueurs sont en cause.
CLERMONT-FERRAND –
de notre envoyé spécial
LES APRÈS-MATCHES du stade Marcel-Michelin résonnent désormais d’un écho troublant. « On savait comment Clermont allait jouer », avait lâché Philippe Saint- André le 11 octobre, après le succès de Sale (15-32) en Coupe d’Europe. « On avait bien étudié leur système offensif, on a réussi à
les contrer », a expliqué Laurent Travers, samedi dernier, dans l’euphorie du succès de Montauban (25-30). Pour l’ASM, battue cinq fois en dix rencontres officielles et contrainte, en Top 14, à une petitemoyenne de deux essais par match contre plus de trois les deux dernières saisons, le constat est douloureux : son jeu, qui fit sa force et son prestige, est aujourd’hui décrypté et inefficace. LES LIMITES DU SYSTÈME Il existe une analogie entre l’ASM de Vern Cotter et le quinze de France sous l’ère Bernard Laporte. Avec un jeu semblable, où les joueurs sont répartis en bloc sur la largeur du terrain et où le ballon est baladé très rapidement d’un côté à l’autre, Clermont a connu le succès que les Bleus de « Bernie »
avaient goûté en 2002 (Grand Chelem) et au début de la Coupe du monde 2003. Aujourd’hui, les Auvergnats expérimentent la même impuissance offensive que l’équipe de France post-2003, lorsque des parades au « large-large » ont été trouvées. Les espaces qui finissaient auparavant par s’ouvrir sont désormais comblés par des défenses averties, qui ralentissent les sorties dans les rucks, ne mordent plus sur les leurres et occupent parfaitement la latéralité. Résultat, les “ Jaunards ” ont l’impression de« se faire des passes pour se faire des passes », dixit lien Malzieu et Julien Bonnaire. Et lorsqu’ils parviennent à pénétrer, leur disposition sur le terrain ne favorise pas la continuité par du jeu debout.
Le jeu offensif clermontois manque de variété, de spontanéité, d’initiatives. Les absences de longue durée de Cudmore, Scelzo ou Rougerie le privent de puissance et de force de pénétration,mais les choix de jeu comme les angles de course sont trop systématiquement tournés vers l’extérieur. « On ne crée pas d’incertitudes », déplore Pierre Mignoni. Le seul essai inscrit face à Montauban est pourtant né d’une course à
contresens de Malzieu sur une passe de Brock James. L’ASM ne parvient pas non plus à se mobiliser sur d’autres stratégies que son « large-large » traditionnel.
« Pourtant, assurait récemment Brock James, on a des options. » Si les mauls sont désormais difficiles à mener, quid par exemple du jeu au pied offensif ou des pénétrations à l’intérieur de l’ouvreur ? LES RESPONSABILITÉS DES JOUEURS Pour Vern Cotter, l’entraîneur, il n’y a pas
débat : les défaites face à Sale et Montauban relèvent du même flot d’approximations individuelles, pas d’aspects stratégiques. « On réussit à s’ouvrir des brèches, mais on commet trop de fautes techniques », grimace le technicien néo-zélandais. Devant Montauban, les Clermontois
ont « dégueulé » treize ballons au contact. Le signe pour Cotter d’un manque d’exigence et de concentration d’autant moins supportable qu’il est récurrent. Mignoni
admet : « On n’est pas assez précis sur les choses simples. » Or, « c’est cette somme de détails qui permettait à notre jeu d’exister », rappelle Alexandre Audebert. Par lassitude physique et mentale – deux finales du Top 14 perdues en 2007 et 2008, préparation estivale raccourcie, exigence extrême de Cotter –, les Auvergnats récitent, sans fournir tous les efforts nécessaires. Les cadres, à l’exception de Vermeulen,
Audebert, Malzieu ou Nalaga, n’évoluent pas à leur meilleur niveau, au point par exemple que Cotter a testé Anthony Floch à l’ouverture hier à l’entraînement. Mais n’est-ce pas la forme de jeu elle-même qui, en étantmoins efficace, ne bonifie plus les individualités ? La question ne semble
pour l’instant pas effleurer les esprits clermontois. À l’ASM, la foi dans le système est si forte que lorsqu’il ne fonctionne pas, la première raison est qu’il est mal appliqué. ALEXANDRE BARDOT

Team 29/10
Débuté par
fugazi
, oct. 31 2008 07:49
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