avec un peu de retard pour cause de congés !
Des débuts difficiles en Top 14 pour Jono Gibbes sur le banc de Clermont Le Néo-Zélandais Jono Gibbes a lancé son mandat d'entraîneur de Clermont dans la difficulté, avec deux défaites avant de retrouver son ancien club, La Rochelle, ce samedi (21h05). Mais il réclame du temps pour se réapproprier une maison quittée en 2017.
Quand il arrive devant la presse, après une défaite comme celle concédée face à Castres (30-34), la semaine dernière, ou en amont d'un match déjà capital pour ses troupes, comme celui de ce samedi soir contre La Rochelle, Jono Gibbes (44 ans) arbore un petit sourire en coin et un oeil bleu rieur qui lui donnent un air heureux.
Mais l'entraîneur de Clermont n'est pas là pour badiner, et jeudi, quand on essaya de le faire glisser sur le terrain de ses retrouvailles avec La Rochelle, qu'il a quittée au début de l'été sur une finale de Top 14 perdue (défaite face à Toulouse 18-8), il s'est fait plus fuyant pour finalement freiner des quatre fers : « On n'est pas en position, en ce moment, de se laisser aller à ce sentimentalisme ! C'est un match clé pour nous. »
Et oui, l'ASM est déjà dans une forme d'urgence, après ses deux défaites inaugurales, chez le LOU (28-19) puis contre le CO. Une urgence qu'on peut mesurer en rappelant que les Auvergnats n'avaient plus aussi mal entamé un Championnat depuis la saison 2004-2005, une ère d'instabilité où Montferrand changeait de coach annuellement.
Pour un nouvel entraîneur, il y a eu baptême plus encourageant et comparaisons plus flatteuses. Gibbes le sait, après une année où l'institution a été chahutée par le départ inattendu et non sans remous de Franck Azéma, et où le sportif a souffert avec une qualification laborieuse pour la phase finale, il est plus que guetté au stade Marcel-Michelin.
« On adhère tous, on a tous confiance en ce que (Jono Gibbes) fait. Et dès que tout sera mis en place, ça deviendra difficile de nous battre »
Fritz Lee, troisième-ligne centre de Clermont
Après quelques semaines de préparation au calme, les deux premières sorties en Top 14 devaient donner une tendance. Elles ont surtout fait ressurgir de vieux démons. « Je suis satisfait du travail qu'on fait à l'entraînement, a plaidé Gibbes, mais pas de nos performances. Notre marge de progression... c'est très tôt, on verra mieux après 10 matches. » Le technicien avait déjà demandé ce délai quelques minutes après le coup de sifflet final contre Castres, il l'a répété jeudi. Il s'achète ainsi du temps, qui le mène à début novembre et peut laisser rêver d'un renouveau à l'automne.
Mais c'est peut-être le délai qu'il lui faut pour réellement faire sentir sa patte et redécouvrir le club. Car son premier passage à Clermont, dans le sillage d'Azéma, entre 2014 et 2017, aurait pu laisser croire à une reprise en mains immédiate. « Je connais le club et ça c'est bénéfique, reconnaît-il. Je sais quelles sont ses valeurs, ce qui compte pour lui et ses supporters. Mais je dois prendre le temps de savoir qui est dans ce groupe et partage les mêmes ambitions. Parce que moi, j'ai une ambition pour ce groupe. »
C'est pour cela que Gibbes s'est pour l'instant refusé à désigner un capitaine définitif. « Ça fait quatre ans que je suis parti et l'équipe a évolué depuis ! justifie-t-il. Arriver et dire : "OK, c'est lui qui va être capitaine pour toute la saison", ça ne serait pas mettre les choses dans le bon ordre. Je dois d'abord travailler avec le vestiaire, qu'on mette au point ensemble ce qui est important pour nous ici, ce que nos leaders doivent représenter sur et hors du terrain. Et ce processus prendra six mois, peut-être douze... Ou trois, on verra ! Mais on en sortira avec une vision claire. »
Celle-là, il essaie de la façonner avec de nouveaux hommes. Pas tant sur le terrain, où il a hérité d'un groupe de joueurs resté très stable et où il n'a pas encore pu choisir de réels renforts. Plutôt autour de lui, dans son staff, où Davit Zirakashvili et Johnny Claxton prennent leurs marques. « Dato était un joueur très respecté dans le groupe, et ça n'a pas changé, compare Fritz Lee, sept saisons à batailler avec le pilier géorgien dans le pack jaune et bleu. Quand il jouait, il ne prenait pas souvent la parole, mais quand il parlait, il valait mieux l'écouter. C'est toujours comme ça. Et sa science de la mêlée est excellente... même si moi je n'y comprends rien, je me contente de pousser ! »
De La Rochelle, où il avait mis le pied à l'étrier à Zirakashvili, Gibbes a aussi fait migrer Claxton, qui supervise la préparation physique. « Il amène une approche différente, c'est pas mal d'avoir ces idées neuves, parce que si tu fais la même chose depuis des années..., évalue Lee. Claxton gère différemment notre charge de travail. Il l'a baissée un peu mais on bosse de manière plus pointue, mais pas trop longue. »
Le troisième-ligne centre avait beaucoup apprécié sa première collaboration avec Gibbes. Il trouve que l'entraîneur n'a pas fondamentalement changé dans ses méthodes depuis ce passage, et un Sébastien Bézy, qui le découvre, lui, décrit ce goût des « petits détails, ceux qui font les grandes choses », sur un placement défensif, sur un lancement de jeu, qui avaient marqué ses anciens hommes. « Mais on sent qu'il est beaucoup plus impliqué dans l'équipe qu'avant, différencie Lee. Avec toutes ces nouvelles idées, c'est sûr qu'on a besoin de temps. On adhère tous, on a tous confiance en ce qu'il fait. Et dès que tout sera mis en place, ça deviendra difficile de nous battre. Il va faire revivre le style clermontois ! »