L'équipe du jour :
RUGBY
« L'inconnu au milieu des internationaux »
MAXIME RAULIN
ARRIVÉ DU RACING À L'INTERSAISON, LE TROISIÈME-LIGNE CAMILLE GÉRONDEAU, VINGT-SEPT ANS, S'EST RAPIDEMENT FAIT UNE PLACE AU SEIN D'UN EFFECTIF CLERMONTOIS CONSTELLÉ DE STARS.
«Avez-vous signé à Clermont pour franchir un nouveau cap ?
Oui, même si le Racing est un gros club qui n'a rien à envier à Clermont. Mais quand l'ASM t'appelle, c'est un cran au-dessus. Ce club est une référence, il a une aura particulière, comme Toulouse ou Toulon. Le jeu à Clermont est aussi cité en référence.
Le fait que Clermont peine à gagner des titres est-il entré dans votre réflexion ?
Non, ça ne m'est pas venu à l'esprit. Je me suis fait chambrer car c'est symptomatique du club. Mais justement, je suis venu pour gagner des titres.
Vous aviez encore un an de contrat avec le Racing. Que s'est-il passé ?
J'avais déjà eu des contacts avec l'ASM. C'était pour préparer l'après-Bonnaire, qui devait arrêter en juin 2016. Mais c'était difficile pour moi de me projeter quasiment deux ans plus tard. Surtout que le Racing voulait me garder. Puis Julien Bonnaire a eu un bon de sortie (il a signé à Lyon). Clermont est revenu vers moi. Je commençais à faire mon trou, et les négociations avec le Racing pour une prolongation étaient bien avancées. J'étais flatté, mais je ne me voyais pas partir. Quand le Racing a vu la proposition de Clermont (qui rachetait la dernière année de son contrat), j'ai senti le vent tourner. Le Racing n'était pas plus chaud que ça pour me prolonger.
Au contraire, Clermont misait sur moi. Après, j'ai été honnête en disant que j'étais contacté. Je ne voulais pas passer pour le mec qui faisait monter les enchères. Ils m'ont dit qu'ils ne voulaient pas s'aligner pour un joueur comme moi.
Vous sentez-vous redevable envers l'ASM, qui a payé pour vous libérer ?
À Clermont, je suis l'inconnu au milieu des internationaux. Pourtant, ils ont racheté mon contrat et j'ai signé pour quatre ans. Certains ont dû se demander pourquoi je débarquais. J'avoue que j'ai eu la boule au ventre le jour de la reprise. Ce qui a été accentué par la première question des journalistes : "Vous venez pour remplacer Bonnaire ?" Non, il est irremplaçable ! J'arrive avec mes armes.
Lui avez-vous envoyé un message pour le remercier d'être parti ?
(Il se marre.) Non, je n'ai pas échangé avec lui. Mais il m'a ouvert une jolie porte.
Vous avez beaucoup enchaîné depuis le début de saison (9 titularisations en 10 journées de Top 14). Ça vous surprend ?
Avec la Coupe du monde, l'effectif était réduit, ça a facilité mon intégration. La préparation a été courte et très physique en raison du jeu de Clermont, basé sur le mouvement. Il y a plus de courses, plus de mouvements, plus d'accélérations. Ensuite, j'ai eu la chance que l'équipe tourne bien et j'ai pris mes responsabilités.
Clermont comme le Racing 92 sont dotés d'un centre d'entraînement ultra perfectionné.
Est-ce un gage de réussite ?
Il faut avoir des infrastructures à la hauteur de ses ambitions. C'est aussi important pour le recrutement, ça attire les joueurs. À Clermont, tout est fait pour ne penser qu'au rugby. Tout est préparé, tout est personnalisé, tout est fait pour optimiser la performance.
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<< "Si je suis sélectionné en équipe de France, je peux me raser la tête !" >>
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Trop de confort n'est-il pas contreproductif ?
Ce ne sont pas les infrastructures qui mettent dans le confort. C'est la façon dont tu t'en sers. Si tu ne te mets pas en danger, tu te laisses vivre. Ce n'est pas mon état d'esprit, je ne me laisse pas bercer.
Mais les rugbymen professionnels ne sont-ils trop assistés ?
Ça, c'est possible. On veut tellement optimiser la performance du joueur qu'on te fait tout. Ça va du sportif à l'administratif. Tu reçois des messages pour être à l'heure. On te dit presque quelles chaussures prendre. Tu n'as quasiment plus d'autonomie. Sur le long terme, tu risques de te perdre, ce n'est pas ça, la vie. Et ça peut faire mal en fin de carrière, quand il faut entrer dans la vie active.
En cela votre passage en Fédérale 1 (2010-2012) vous a servi à garder les pieds sur terre...
Oui, à Béziers j'étais avec des mecs qui bossaient à côté. Pour moi aussi, ç'a été un sacré changement. J'ai quitté mon appartement à Bordeaux (il jouait à l'UBB) pour retourner au centre de formation de l'ASBH.
Je mangeais à la cafétéria du club midi et soir. C'était reculer pour mieux sauter. Et si ça ne marchait pas, je retournais à mes études car je ne me voyais pas faire le globe-trotteur de club en club. J'ai eu la chance qu'on monte en Pro D 2 avec Béziers. Ça a été une bonne remise en question.
Comment vous définiriez-vous en tant que joueur ? Peut-on parler de caméléon ?
(Il rigole.) Oui, j'ai toujours été polyvalent. J'ai cette faculté à m'adapter. J'aime porter le ballon.
À Clermont, après trois ou quatre temps de jeu, il n'y a plus de poste. J'apprécie cette philosophie de jeu.
L'équipe de France, c'est la suite logique ?
Ça fait rêver. C'est dans un coin de ma tête. Si mon nom circule avec le nouveau staff, je serais déjà flatté.
Vous préférez jouer les phases finales avec Clermont ou être sélectionné pour la tournée d'été des Bleus en Argentine ?
C'est dur ! J'ai envie de gagner des titres avec Clermont. Si c'est le cas, j'espère que la sélection viendra ensuite.
Et vous préférez être sélectionné en équipe de France ou garder votre coupe de cheveux ?
Si je suis sélectionné en équipe de France, je peux me raser la tête !»
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CAMILLE GÉRONDEAU 27 ans. 1,94 m ; 111 kg. Troisième-ligne aile . Clubs : BordeauxBègles, Béziers, Racing 92, Clermont.
2011 : champion de France de Fédérale1 avec Béziers
Modifié par JB 03, 27 décembre 2015 - 10:30 .
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