Posted 07 December 2015 - 08:33 AM
L'équipe du jour :
CLERMONT RIPOSTE EN FORCE
AURÉLIEN BOUISSET
CHÂTIÉE IL Y A UNE SEMAINE PAR TOULON, L'ASM S'EST RÉVEILLÉE À BRIVE. ET, GRÂCE À UN GOÛT DU COMBAT RETROUVÉ, REPREND LA PLACE DE LEADER DU TOP 14.
93 Aurélien Rougerie a inscrit hier son 93e essai en Top 14.Il revient donc à une longueur de Vincent Clerc, le meilleur marqueur en activité (94). Laurent Arbo détient toujours le record avec 100 essais.
BRIVE (Corrèze) - À son petit sourire en coin dans la salle d'interview exiguë du stadium, on se demande si Franck Azéma n'a pas enfin trouvé la recette miracle pour motiver ses troupes : « Eh bien, on va se retrouver demain matin à 7 heures, hein ?»
Que les Clermontois se rassurent, ils ne subiront pas, ce matin, le même sort que lundi dernier, quand, après une fessée administrée par Toulon (9-35), ils avaient dû encaisser une réplique interne, pour un entraînement aux aurores, quasiment dans le noir, du genre costaud...
Azéma se permettait d'en plaisanter, parce que l'ASM venait de réussir à s'imposer en terre ennemie, dans une rencontre officiellement labellisée « derby ». Et en montrant face à Brive un goût retrouvé pour le combat, l'engagement, la bagarre même, tous ces ingrédients évaporés une semaine plus tôt à Marcel-Michelin.
Adossé à une armoire en bois, l'entraîneur de Clermont assure que ces gammes répétées les jours précédents sur les fameuses zones de contest, le jeu au sol, les plaquages, ont porté leurs fruits : « La preuve, il y a eu de la casse des deux côtés, et ce n'est pas anodin ! » Les Brivistes l'ont payé cher (voir par ailleurs). Et les Clermontois ont leur lot d'inquiétudes, à six jours d'un déplacement européen capital chez les Anglais d'Exeter, avec Adrien Planté touché au genou, Nick Abendanon sorti après avoir ressenti une pointe aux adducteurs, et Dato Zirakachvili, pour lequel on craint une fracture à un bras.
Mais, hier, ils ne songeaient pas à s'en plaindre. L'état d'esprit était plutôt d'apprécier les progrès montrés en une semaine. Un visage transfiguré. « Par exemple sur les plaquages, insiste Azéma. Là, on était bas, aux jambes, ce que je n'avais pas vu ou peu vu depuis le début de la saison ! » Un détail tout bête. Mais dont Thomas Domingo détaille l'importance. « Oui, on voulait prendre les adversaires trop haut, au corps, et, avec ça, on perd quatre ou cinq mètres à l'impact, il faut revenir d'autant pour défendre... Là, on était plus vite au sol, on a mieux géré cette zone de confrontation », souligne le pilier.
LES JEUNES AU NIVEAU
Eh oui, il faut parfois réapprendre à plaquer, même à si haut niveau. Comme il faut se relancer pour à nouveau trouver l'énergie de tout donner dans l'affrontement. Les Clermontois ont été à la hauteur dans ce domaine. L'envie était là, comme sur cette action où Camille Gérondeau, omniprésent et inspirant, choisit de prolonger au pied un ballon de récupération (24e). « Comme j'avais tapé, il fallait que je mette la pression », se souvient le troisième-ligne. Payant : en chassant le Briviste à la réception, il a obtenu la pénalité dans les 22 mètres corréziens et récolté une accolade aussi chaleureuse qu'admirative de Nick Abendanon. « Là, c'est passé, mais je ne le ferai pas tous les week-ends ! se marrait l'ancien du Racing. J'ai tenté, ça a marché, mais j'étais occis ! J'ai mis du temps à récupérer de l'action ! » Le tout raconté avec la banane. Comme celle qu'arboraient les deux jeunes Clermontois titularisés pour la première fois en Top 14, un Patricio Fernandez (21 ans) plein de culot à l'ouverture et un Arthur Iturria (21 ans) épatant en deuxième ligne. Dans le pack, ce dernier s'est d'ailleurs mis au diapason de ses coéquipiers malgré le manque d'expérience et malgré l'accueil réservé par les Brivistes. « Sur le premier ruck, admet-il, on m'a châtié, mais je m'y attendais, comme j'étais le petit jeune... Et il fallait que je réponde ! » Le pensionnaire du centre de formation a su montrer du caractère. « Je n'étais pas inquiet pour lui, il ne manque pas de tempérament, apprécie Azéma. Il a fait un match énorme ! » Comme la plupart de ses coéquipiers, à la hauteur de l'événement et des échéances qui attendent l'ASM en décembre. « On doit être à ce niveau toute la saison ! insiste le coach. Tout ça, ça doit être notre fil conducteur. »
449 Brive n'avait plus perdu au stade Amédée-Domenech depuis le 19 septembre 2014, contre Toulon (1353). Soit 449 jours. C'était la plus longue invincibilité à domicile du Top 14.
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« On était sous pression »
DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL (BRIVE) A. BO.
CAMILLE GÉRONDEAU, CONVAINCANT À L'IMAGE DU PACK AUVERGNAT, EST FIER DE LA RÉACTION DE L'ASM DANS LE COMBAT.
« Une semaine après la gifle reçue contre Toulon (9-35), vous avez montré un tout autre visage à Brive ?
Oui, c'est un match déclic, entre guillemets... On était sous pression, pas mal de gens nous voyaient perdants ici, surtout quand on voit la dynamique de Brive. Mais on a eu une grosse semaine de travail, très intense.. Bon, Brive a fait un gros match, ça aurait pu basculer d'un côté comme de l'autre. Mais on a été plus pragmatiques, plus disciplinés, plus réalistes et on a réussi à les faire déjouer.
En répondant présent dans le combat...
C'est un axe qu'on a travaillé toute la semaine, parce qu'on avait péché dans ce domaine. Devant, on avait été transparents contre Toulon. On avait à coeur de faire une grosse performance et quoi de mieux que de la faire ici contre une équipe qui a un paquet d'avants réputés ! On est fiers de ça. Même si on a pris un carton très tôt (Bardy, dès la 2e minute), on est restés solidaires, ça nous a soudés. C'était une guerre d'usure.
Donc ce fameux entraînement matinal, lundi dernier, et cette semaine difficile ont porté leurs fruits ?
C'est sûr que se lever pour faire des plaquages et des rucks à septheures du matin alors qu'on est censés être en repos ou en récup... c'était dur ! Mais ça nous a servis, on avait besoin de ça. Al'ASM, onn'apasledroit de faire de telles performances. On avait fait un bon début de saison, on avait un petit matelas de points mais on l'avait un peu gâché... Ce n'était pas une sanction, car on a su en tirer des points positifs. Contre Toulon, il nous avait manqué l'engagement, l'agressivité dans les rucks. Là, ça n'a pas été parfait parce qu'on tombe sur une équipe très compliquée à manoeuvrer dans le jeu au sol, mais on a eu des ballons propres et on a réussi à accélérer. Ça a payé. La réaction nous fait plaisir parce qu'on avait honte, on s'en voulait. À nous de garder ça toute la saison.»
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Aux trois-quarts sonné
OLLIVIER BIENFAIT
SA LIGNE ARRIÈRE EN LARGE PARTIE DÉCIMÉE, BRIVE S'EST INCLINÉ SANS JOUIR DE TOUS SES ARGUMENTS.
BRIVE Alors que le centre Arnaud Mignardi n'en finit pas de se frictionner sous la douche, Nicolas Godignon, l'entraîneur des Corréziens, répond sans compter à la dizaine de journalistes massés autour de lui. Disponible et même souriant, le coach du cru. « Je suis déçu par le résultat, lâche-t-il. Frustré, mais fier des garçons, car ils sont allés chercher le point du bonus. Ils se sont battus et le succès des Clermontois se joue finalement sur des détails.» Pour ce qui est de la déception de sa troupe, dans le vestiaire d'après-match, il reprend : « Il n'y a pas d'abattement, juste ce qu'éprouvent des sportifs de haut niveau lorsqu'ils perdent. »
GERMAIN SUR UNE JAMBE
Encore bayonnais l'an dernier, Matthieu Ugalde affiche une identique ouverture aux questions. Il n'a pourtant pas passé le plus confortable après-midi de sa première saison corrézienne, hier. L'ouvreur a d'abord été repositionné au centre lorsque son pote Benjamin Petre est sorti (8e minute, entorse d'une cheville). Avant de glisser à l'aile droite quand Elia Radikedike a été contraint de quitter ses partenaires sur civière (26e), genou droit en berne. « Cette réorganisation nous a fait un peu de mal, surtout la seconde en ce qui me concerne, car je n'ai pas les qualités d'un ailier, souligne-t-il. Devant, ils ont fait leur boulot, mais nous, derrière, on a à peu près joué la seconde mi-temps sur une jambe.»
De changement, il en est encore question à propos de Gaëtan Germain, arrière du CAB et meilleur réalisateur du Championnat. Touché à la cuisse droite dès la 12 e minute (grosse béquille), bandé à la 16e, contraint de se glacer à la pause, mais finalement obligé de composer avec la douleur. Parce que, même diminué, l'ex-Racingman demeure un élément essentiel dans le collectif briviste. Parce que, surtout, Nicolas Godignon ne pouvait puiser dans un réservoir à troisquarts totalement à sec. Une cuve de poids légers de laquelle avaient déjà disparu, ces dernières semaines, son centre Chris Tuatara-Morrison et ses ailiers Alfie Mafi et Sevanaia Galala. Son demi de mêlée Teddy Iribaren, aussi, bien plus récemment. Gaëtan Germain resta sur la pelouse, donc. Et claudiqua le plus clair de son temps. Remerciant certainement un sort qui veut que les deux prochaines journées soient estampillées Challenge européen.
« Ce que je retiens, c'est avant tout le coeur et l'engagement des gars, soupire le deuxième-ligne Arnaud Mela. Se retrouver à la 20e minute sans trois-quarts remplaçant, ce n'est pas simple. Sans les blessures, on aurait fait peut-être tourner et nos troupes auraient certainement conservé de la fraîcheur plus longtemps. Si on avait gagné, on s'assurait quasiment le maintien. C'est partie remise. Maintenant, affronter Clermont un peu énervé comme il l'était après leur défaite à domicile contre Toulon (9-35), le week-end dernier, c'est très compliqué. A fortiori quand nos trois-quarts sont dans le dur. C'est déstabilisant.»