C’était juste avant la Coupe du monde. On a l’impression que cela fait une éternité tant le calendrier de ce Top 14 est particulier cette saison. Pour la dernière levée avant la longue trêve de deux mois, Christophe Urios et son staff effectuaient le choix fort de se passer d’Alivereti Raka pour défier La Rochelle au Michelin.
"Alivereti a du mal à lancer sa saison, justifiait alors Frédéric Charrier. C’est un joueur important de l’ASM mais on n’a pas encore vu son vrai visage. C’est à lui de monter le niveau. La saison a commencé et il doit maintenant performer."
L’entraîneur des lignes arrière avait totalement raison. L’ailier n’était alors que l’ombre de lui-même. Pour l’ouverture de la saison à Oyonnax, le Fidjien d’origine donnait l’impression d’être ailleurs tant il fut maladroit sous les ballons hauts.
Dans ses courses, “Rak’s” manquait aussi singulièrement de tranchant. Avec 24 mètres gagnés en 7 courses, l’international français ne correspondait plus au profil de facteur X qu’il se doit de posséder. Impression renouvelée la semaine suivante face à l’USAP au Michelin. Alivereti Raka avait traversé le match comme un fantôme dans une partie où Clermont s’était pourtant offert un festival offensif avec 5 essais et 38 points.
"C’est vrai que mes premiers matchs en début de saison ont été plus que moyens, reconnaît le joueur. Mais j’ai essayé de travailler sur moi et de faire tous les efforts possibles pour me sortir de cette mauvaise passe. Je me suis posé pas mal de questions. Qu’est-ce que je faisais de mal pour que ça soit aussi compliqué pour moi ? Mais c’était juste un blocage que j’avais dans la tête. J’ai juste repris les choses à la base."
Visiblement, le travail personnel effectué par le Clermontois s’est avéré payant. Alivereti Raka a retrouvé son lustre d’antan et se présente à nouveau comme une terreur pour les défenses adverses.
En deux rencontres, l’ailier est déjà allé trois fois derrière la ligne. Mais c’est surtout l’impression visuelle qui est totalement bouleversée par rapport à l’été dernier. “Rak’s” a remis son équipe dans l’avancée avec 108 mètres parcourus ballon en main face à Bayonne et surtout la bagatelle de 10 défenseurs battus. Avec un tel apport offensif, l’ASM Clermont peut à nouveau voyager…
Une prolongation qui lui a fait du bien
"Évidemment que c’était dans la tête, analyse Julien Laïrle. Il n’avait pas perdu son rugby en l’espace de quelques semaines. Il y avait un nouveau projet de jeu, un nouveau système. C’était aussi à prendre en compte. Nous, ce qu’on lui reprochait, c’est qu’il n’était pas assez décisif sur les matchs. Et ça, c’est son profil. “Rak’s”, il doit marquer, il doit battre des défenseurs. Et là-dessus, nous avons retrouvé le facteur X dont nous avons besoin."
Entre ces deux périodes d’ombre et de lumière, le club également annoncé la prolongation de son ailier jusqu’en 2026 (avec une année supplémentaire en option). Cette marque de confiance a probablement participé à une certaine délivrance pour le joueur.
"C’est le premier club avec lequel j’ai joué en arrivant en France. Je suis parti des Espoirs pour en arriver là avec les pros. Je suis très content de rester là et l’aventure continue. Je vais faire de mon mieux et essayer de tout donner pour le club."
S’il réitère ses performances des deux derniers week-ends, il n’y aura pas grand monde pour lui reprocher quoi que ce soit…
Arnaud Clergue (La Montagne - 10/11/23)