On peut.
Finale Clermont/Toulouse (Samedi 20h45). L'Ecossais Greig Laidlaw avait éclaboussé la demie de sa classe.
"Gagner enfin au Stade de France"
Acheteur majeur du succès de Clermont face au LOU en demi-finale, auteur de 15 points au pied, le demi de mêlée écossais Greig Laidlaw aborde cette finale avec une expérience qui pourrait se révéler précieuse. Rencontre avec un Écossais bien dans ses baskets, lui qui espère enfin s'imposer dans la corbeille dyonisienne pour la première fois de sa carrière.
Quand vous êtes sortie à 2 minutes de la fin à Bordeaux, la Yellow Army a scandé votre nom sur l'air des lampions.
Oui, on a dit ça. Pour être franc, sur le moment, je n'y pas fait attention, j'étais encore au dans mon match.
En tout cas, cela veut dire des choses, notamment que vous êtes à 100 % en partie intégrante de la "famille ASM".
(Embarrassé il peine à trouver ses mots). En tout cas, ça me flatte. Ces supporters sont uniques. Avant, j’étais à Gloucester et, là-bas, ils ont une sacrée réputation en Angleterre. Mais ici, il faut bien reconnaître : c'est le niveau au-dessus.
Et vous n'avez peut-être rien vu.
Je ne demande qu'à vivre ça. Pour être honnête, j'ai passé des vidéos de ce qui s'est passé ici les années de titre (ses yeux pétillent). Forcément, tu joues aussi pour vivre des trucs pareils, avec tes supporters. Ils sont fabuleux. Ils sont l'identité du club et moi je le dis, j'ai aussi envie de gagner pour eux.
Sauf que vous n'avez jamais gagné au Stade de France, c'est bien ça?
Oui, c'est vrai. J'ai failli accrocher un nul une fois avec l'Ecosse, et encore, je ne suis pas certain. Alors, c'est probablement le moment ou jamais, hein ! (il rigole).
A Bordeaux, enquiller la première pénalité, ça vous a donné de la confiance ?
Oui, c'est sûr. J'étais déjà bien à l'échauffement, mais là, ça n'offre pas de point au tableau d'affichage ! j'étais dans cet élan, dans cette continuité. Avec les années j'arrive à me concentrer sur mon job, à dompter la pression, à me focaliser sur mon tir pour passer la balle entre les perches. C'est ce qu'on doit appeler l'expérience… (sourire).
On vous sent vraiment à l'aise dans cette équipe ?
Oui, la saison s'est globalement très bien passée jusqu'ici. On a des avants qui sont forts, très forts. Et pour moi, qui suis derrière eux, le travail est facilité. J'ai besoin d'être heureux pour donner le meilleur de moi-même et ici, c'est le cas.
Pourtant, on ne sent pas d'euphorie. On se trompe ?
On est content, cependant le travail n'est pas terminé. Et si, on était heureux après notre qualification face à Lyon. Mais ce n'est pas une finalité. Ce qu'on veut, c'est ramener le Bouclier de Brennus.
La vie sans Morgan (Parra) ?
On ne peut jamais souhaiter à un coéquipier de se blesser. Mais c'est ainsi, on doit faire avec. Je ne suis pas seul car Charlie (Cassang ndlr) est là en cas de besoin. Il ne faut pas l'oublier, il a été bon quand il a été appelé. Quant à Morgan, même sans jouer, il est avec nous, pour nous. Il joue sa partition avec ses moyens, mais croyez-moi, il est bien présent.
Revenons à cette finale, c'est forcément un match à part ?
Bien sûr que c'est un trux différent ! Mais il ne faut pas non plus se laisser prendre par tout ce qu'il y a autour. Cela reste un match de rugby. On sait très bien que c'est celui qui donnera un relief singulier à notre saison. On sait aussi qu'en face, ils sont dans le même état d'esprit avec des arguments à faire valoir. Toulouse n'a pas terminé premier de la phase régulière par hasard…
Face à vous, il y aura Dupont ou Bézy. Une préférence ?
Je ne crois pas que l'entraineur de Toulouse me demandera mon avis (rire). Dupont, on le connait et on sait ce qu'il peut apporter. Quant à Bézy, il a réussi une superbe entrée en jeu contre La Rochelle. C'est aussi une traduction concrète des forces de Toulouse, qui peut interchanger des gars et s'appuyer sur un très gros banc également.
On ne peut pas nier, en revanche, que votre association avec Lopez est plus expérimentée que la paire toulousaine.
Oui, on est des vieux de la vieille, tous les deux (malicieux). On communique bien et jouer avec lui, c'est facile pour moi. Il fait tout pour me mettre le plus à l'aise possible. Ce sera à nous de donner le tempo, de voir quand il faut taper, ou quand il faut jouer.
Dans un contexte où le public "jaune et bleu" sera sans doute majoritaire…
Tant mieux ! il y a aussi la pelouse qui est exceptionnelle. Durant le dernier Tournoi, c'était la plus belle de toutes. Cela sera aussi un atout pour réaliser un bon match.
Et bien buter aussi ?
Oui, j'espère !
Interview par Valéry Lefort.