Greig Laidlaw (37 ans, 76 sélections) a annoncé récemment l'arrêt de sa carrière. L'ancien demi de mêlée de l'Écosse, d'Édimbourg, de Gloucester, de Clermont et, plus récemment, des Urayasu D-Rocks au Japon, a connu une riche carrière. Nommé capitaine à 39 reprises au sein du XV du Chardon – un record – l'ancien buteur (714 points avec l'Écosse) va devenir entraîneur. Depuis le pays du Soleil levant, Greig Laidlaw a accepté de se confier au Figaro pour évoquer, notamment, son passage à Clermont, son meilleur souvenir, mais aussi la Coupe du monde en France.
Le Figaro - Le 26 avril dernier, vous avez annoncé l'arrêt de votre carrière. Est-ce une décision réfléchie depuis longtemps ?
Greig Laidlaw : Oui, c'est évident. Quand j'ai signé au Japon, je savais que j'allais prendre ma retraite dans pas longtemps. Mais vous savez, on n'est jamais tout à fait sûr du moment parfait pour prendre sa décision… J'ai senti que c'était le bon timing. C'est dans ma tête que ça devenait difficile et pas tellement dans mon corps finalement.
Vous souvenez-vous de vos premiers pas avec Édimbourg ?
J'ai l'impression que c'était il y a bien longtemps ! (rires) C'est assez incroyable d'y repenser, de regarder de vieux dossiers et des photos. C'est là que j'ai commencé. Et il s'est évidemment passé beaucoup de temps entre le moment où j'ai commencé en Écosse et celui où j'ai terminé au Japon. Tout était incroyable. Au cours de ce long périple, j'ai rencontré des personnes incroyables.
Avant d'évoluer au Japon, vous avez évolué deux saisons à Clermont. Quel a été votre meilleur souvenir ?
Pfiou, j'ai beaucoup de bons souvenirs là-bas. Mais, je pense à ma deuxième saison quand nous avons atteint la finale du Top 14 et la finale de la Challenge Cup (2019) la même saison. Malheureusement, nous avons perdu la finale du championnat de France. D'ailleurs, c'est probablement l'un des seuls matchs auquel je pense encore aujourd'hui… Mais c'était aussi l'occasion pour moi de jouer un match d'un niveau énorme au Stade de France. C'était incroyable. J'ai également eu la chance de jouer dans l'antre de Marcel-Michelin. C'était un stade magique avec des supporters magnifiques. C'était ma famille. Donc beaucoup de ces souvenirs seront gravés en moi et ce, pour toujours.
Vous avez aussi évolué à Gloucester, en Angleterre. Avez-vous trouvé des différences entre le championnat anglais et le Top 14 ?
Il y a probablement de petites différences dans le jeu mais ce n'est pas très flagrant non plus. Ces deux championnats sont très, très difficiles. On voit qu'en France, il y a Toulouse et La Rochelle qui dominent principalement. Avant en Angleterre, il y avait aussi Exeter et les Saracens, mais ce n'est plus tellement le cas. C'est plus serré maintenant. par contre, le Top 14 est bien plus physique. C'est le meilleur championnat du monde.
Avez-vous une anecdote sur un bon moment passé lors de vos années à Clermont ?
Ce n'est pas évident de se souvenir de ce genre de moments tellement ils sont nombreux (Rires). Avec les Fidjiens de Clermont, et notamment Peceli Yato, on passait de bons moments autour du Kava (boisson traditionnelle fidjienne). C'était vraiment chouette.
Vous avez annoncé l'arrêt de votre carrière quasiment en même temps que Morgan Parra, votre ancien coéquipier à Clermont…
Oui, j'ai vu l'information il n'y a pas longtemps. À Clermont, j'ai pu voir à quel point le club comptait pour lui et la façon dont il jouait pour l'équipe et le maillot. Il était très fier de représenter Clermont. C'était aussi un très bon joueur de rugby. Il a joué à un niveau incroyable pendant un certain nombre d'années et, dans un championnat comme le Top 14, c'est quand même rare de voir un joueur aussi régulier.
Qu'avez-vous pensé de votre expérience au Japon ?
C'était une magnifique expérience ! Je n'ai aucun regret. J'aurais pu rester en France. J'avais également d'autres opportunités en Europe. Mais j'ai pris des cours de japonais et puis je suis parti. Ma famille et moi avons pris cette décision ensemble.
Maintenant, vous allez devenir entraîneur ?
Oui, c'est ça. Je vais rester dans mon club actuel. Ils m'ont demandé de rester pour entraîner, donc je vais faire une saison de plus là-bas.
On vous retrouvera peut-être dans un club français dans quelque temps…
Je ne suis pas sûr de ce que je vais faire mais, ce qui est certain, c'est que j'ai vraiment apprécié mon passage en France. C'est marrant parce que je disais à ma femme l'autre jour que j'ai l'impression de ne pas avoir fini le travail en France. C'est dû à la manière dont ma période là-bas s'est terminée, en plein Covid. On n'a pas eu l'occasion de finir la saison. Si jamais je reviens en France, ce ne sera pas en tant que joueur mais en tant qu'entraîneur. Et si je deviens entraîneur, je veux être challengé. Et le Top 14 est l'un des championnats les plus relevés au monde.
Après cette longue et belle carrière, nourrissez-vous encore quelques regrets ?
Non, je ne pense pas. J'ai toujours donné le meilleur de moi-même. Ma carrière, je ne la regrette pas. Et je ne la changerais pour rien au monde.
Quel a été le joueur qui vous a le plus impressionné au cours de votre carrière ?
J'imagine Dan Carter ou peut-être Richie McCaw. Carter est probablement le meilleur que j'ai pu affronter. Je l'avais joué avec Clermont face au Racing 92 mais aussi lors des rencontres de l'Écosse face aux All Blacks. C'était vraiment un joueur calme, avec des choix justes à chaque fois.
Il y a peut-être un joueur français qui vous a marqué…
Sébastien Chabal sûrement ! Je ne me souviens pas combien de fois je l'ai affronté. Il était juste incroyable. C'était une véritable force de la nature, avec beaucoup puissance, de vitesse et un jeu assez effrayant ! C'était un excellent joueur de rugby, et c'est certainement l'un des joueurs les plus célèbres.
À votre poste, un autre Français brille en la personne d'Antoine Dupont. Que pensez-vous de lui ?
Il s'agit probablement de l'un des meilleurs joueurs de l'ère moderne. C'est un autre candidat pour devenir l'un des meilleurs joueurs français de l'histoire. C'est un exemple, un joueur classe. Son rôle de leader et de capitaine en équipe de France ou à Toulouse n'affecte pas son jeu. Il est calme, il sait jouer sous pression, il est attentif sous les ballons hauts, il est fort en défense et il est surtout très dangereux. C'est ce qui le rend si spécial.
Selon vous, le XV de France est-elle l'une des favorites pour la Coupe du monde ?
Oh que oui ! Ils le sont. Je sais qu'il y aura beaucoup de pression autour d'eux, mais je pense qu'ils savent et qu'ils peuvent gérer cette pression. Le soutien et la pression qu'ils auront seront des choses positives pour eux. Ils sont donc favoris pour la remporter.
Et que pensez-vous de l'équipe d'Écosse ? Êtes-vous optimiste cette prochaine échéance ?
Optimiste, oui ! Mais ça va être difficile car nous avons une poule très relevée. Nous sommes notamment avec les champions du monde en titre sud-africains et l'actuel numéro un mondial : l'Irlande. Mais, durant les Six Nations, l'Écosse n'était finalement pas loin. On n'a pas perdu de beaucoup à la maison face à l'Irlande. J'espère juste qu'ils vont s'en sortir. Ils doivent juste continuer de construire. Mais j'espère qu'ils y parviendront.