Mes Auvergnats, certains d'entre vous me connaissent un peu ou beaucoup, je me nomme Rémi, j'ai du ventre et pas de cheveux et je ne bois plus d'alcool depuis le tournoi des six nations 2004 inclus.
Je n'ai jamais joué au rugby, pourtant c'est toute ma passion. Tardive mais profondément, très profondément enracinée. Le rugby, c'est-à-dire en l'occurrence le Stade Français occupe tous mes loisirs, avec l'écriture et la religion catholique (si, si).
Quand j'ai des sous, rarement, je prends le train avec les joueurs, je dors dans le même hôtel qu'eux, je me réserve les meilleurs places dans les stades de France et d'Europe. Quand j'ai pas de sous je vais aux entraînements et aux matches à domicile, et je vais dans des pubs amis où on me passe les matchs.
Chaque poignée de main d'un joueur, chaque fois qu' un coach ou un préparateur physique m'appelle par mon prénom représente une joie pour moi, une sorte de reconnaissance alors que j'en mérite si peu, en tout cas du point de vue sportif.
Et voilà-t-y pas que Vincent Péré-Lahaille de Rugbyrama publie ceci :
"Et, déjà, un certain nombre d’interrogations rejaillissent inlassablement. A commencer par cette dimension à jouer les premiers rôles face aux ténors du championnat. "C’est encore difficile de savoir à quel niveau se trouve cette équipe", nous confie Rémi, fidèle supporter parisien. "On peut se dire qu’on est en reconstruction mais à l’image du dernier match, les joueurs donnent l’impression de vraiment pouvoir passer à côté. On sent qu’à certain moment, ils sont à la limite."
Je préviens par Twitter Gonzalo Quesada que ça n'est pas moi (merci au cyber qui avait vu passer l'article) et je n'y attache plus d'importance. Et ce soir comme toutes les veilles de match j'envoie un tweet d'encouragement à mes héros
Allez les demis @Jules_plisson @juliendupuy9 @clemdaguin ! Fiers de nos couleurs ! @SFParisRugby #SFPASM #SFParis
et Julien Dupuy me réplique ceci :
Julien Dupuy @juliendupuy9 50 min
@RmiCalandra @Jules_plisson @clemdaguin @SFParisRugby j espère qu on ne sera pas à la limite ...
Bon, j'ai immédiatement répondu que c'était pas moi et que si j'attrapais le con qui a dit ça... et Julien m'a présenté des excuses qu'il ne me devait pas, ce qui est chic de sa part.
Mais le connard qui se fait interviewer sans donner son nom de famille et le con de journaliste qui le reprend sans autre précision n'ont aucune idée du mal qu'il peuvent me faire. Le club est tout pour moi, c'est comme ma littérature (et fort heureusement moins que ma religion, faut pas déconner), l'idée qu'on puisse me faire passer - même involontairement -pour un type qui casse du sucre sur le collectif, qui pourrisse l'équipe me fait vomir. Il m'arrive de penser du mal de tel ou tel action de jeu, c'est normal. Quand je vois le joueur, je ne lui en fait jamais part, je cherche toujours le petit truc bien dans une performance qui me permet de faire un compliment. Je me suis fait engueuler par Scott LaValla un soir de rouste au Michelin parce que je le complimentais sur une jolie course. Mais l'idée de dire l'équipe gna gna gna, le management gna gna gna me révulse.
Groupie ? Tout à fait, mais discret. Au restaurant je salue les joueurs sans prendre de selfie, quand je les prend en photos (toujours avec une idée de tweet derrière le tête) je ne mets pas ma gueule dessus. je n'ai plus de maillot signé depuis longtemps. Je ne me mêle pas des conversations et SURTOUT, SURTOUT je ne fais pas celui qui s'y connaît parce qu'avant de connaître un groupe, il faut y avoir vécu, et encore. Et quand je glane telle info ou telle autre je la ferme.
Donc j'aime à galéjer sur votre forum, qui est le plus meilleur, à raconter des conneries, à niaiser. J'écoute avec respect certaines de vos analyses, avec circonspection d'autres. et j'essaie de faire sourire, parce que la vie est courte. Mais là j'ai le moral bas. Combien de joueur croivent (hi hi) que le fidèle Rémi leur donne des coups de pied dans le ventre dès qu'ils ont le dos tourné ?
Du fait d'une maladie j'ai une vie assez difficile mais particulièrement heureuse et joyeuse et ça c'est largement grâce à mon club chéri. Je suis toujours fauché mais je claque mes ronds dans les restaus un peu dispendieux où vont les joueurs (pas tous et pas tout le temps, ils ont droit à ce qu'on leur foute la paix, sans blague) je suis gras et moche mais je vis - parfois - à proximité de gentils géants.
Voilà c'était un post triste mais j'avais besoin et puis je ne vois pas de supporters avant demain, date à laquelle j'irai installer les tambours. J'espère que mes joueurs chéris n'en ont rien à fout' de rugbyrama et j'en connais donc au moinsse un qui a cru le temps d'un tweet que j'étais un faux cul, ça ruine ma soirée.
Désolé d'avoir usé de votre bande passante pour tout ça...