Bon , commençons une petite explication mais il y a tant de choses à dire qu'il va falloir élaguer pas mal .
Le grand malheur de La Bretagne contemporaine commence en 1902 lorsque l'état Français a décidé que l'on ne parlerait plus le Breton et que les manifestations culturelles dans cette langue seraient désormais interdites.
L'application de cette volonté a vraiment été effective à la fin de la première guerre mondiale, sans doute ne fallait-il pas trop froisser le Breton qui a largement servi de chair à canon au même titre que les Français d'Afrique qui sont ceux dont les régiments ont été le plus décimés.
Quoi qu'il en soit en guise de remerciement à l'issue de ce conflit le projet d'éradication de la langue Bretonne a recommencé avec encore plus d'acuité , il a été carrément interdit de parler Breton, l'enseignement en Breton a subit la même interdiction, les panneaux de signalisation ont été rédigés uniquement en Français, les préfets ont reçu l'ordre d'interdire toutes les manifestations en langue Bretonne ....
L'église fidèle alliée du pouvoir s'y est mise aussi , la messe en Breton interdite, les confessions en Breton interdites, le catéchisme uniquement en Français lui aussi.....
Il faut savoir qu'à cette époque il y avait entre 1,2 et 1,5 millions de personnes qui ne parlaient que Le Breton à l'exclusion de toute autre langue , dire qu'elles s'en sont retrouvées désemparées et humiliées est vraiment peu dire.
Humiliés, désemparés oui, mais aussi très en colère surtout quand on pense qu'il fallait aussi rédiger une enveloppe en Français, que le moindre formulaire devait aussi être rempli dans cette langue et que d'une manière générale tous les rapports avec l'administration devaient se faire dans cette langue à laquelle ils ne comprenaient rien.
ça grondait fort dans les campagnes mais quand la seconde guerre mondiale a éclaté le peuple Breton ne s'est à nouveau pas défilé en entrant massivement dans la résistance ou les FFI. on considère qu'au moins 30% des résistants de la première heure sont d'origine Bretonne (c'est largement documenté par plusieurs ouvrages).
Le pompon (si j'ose dire ) revient à l'ile de Sein qui dès le lendemain de l'appel du Général De Gaulle a vu la totalité des hommes valides embarquer pour le rejoindre en Angleterre. Celui ci venant d'ailleurs évaluer l'état de ses maigres troupes avait dit "si la population de La France libre est à l'image du peuple Français j'en conclus que le pays est peuplé de 50% de Sénans" ( là aussi c'est attesté par de nombreuses sources).
La libération arrive et le projet d'éradication du Breton et de la culture Bretonne reprend aussi sec. Pour ne parler que ce que je connais je me souviens très bien à l'école primaire me faire lourdement punir (même et y compris par des sévices physiques) pour avoir par inadvertance au cours d'un jeu avec des copains prononcé quelques mots ou phrases en Breton ..
Ma grand mère bien qu'ayant été une très très bonne élève ne parlait que le Breton, voir son petit fils humilié de la sorte la rendait folle de rage et ne comprenait pas pourquoi elle aussi était devenue une délinquante alors qu'elle ne faisait que parler la langue de ses parents (car oui, le Breton est une véritable langue et pas un dialecte ou un patois), le ressenti était énorme et le sentiment d'injustice largement partagé par toutes les générations.
Le Breton n'a pas dans ses gênes l'habitude d'être humilié sans rien dire et c'est alors que la résistance armée s'est à nouveau organisée, avec l'apparition de l'ARB mais cette fois ce n'était plus aux cotés de La France libre mais contre La France en tant qu'oppresseur du Breton . C'est ainsi que le dynamitage de préfectures est devenu une activité courante et en gros de tout ce qui représentait l'état.
C'est alors qu'au sommet de l'état on a fini par se rendre compte qu'on n'obtiendrait rien par la force avec ses têtes de con de Bretons et qu'il valait mieux mettre un peu d'eau dans son vin (un crime pour les Bretons).
Le Breton a donc de nouveau été enseigné dans les écoles, les panneaux routiers ont reçu une double indication en Français et en Breton, les fêtes culturelles Bretonnes ont de nouveau été tolérées voire même encouragées.....
Tout ceci relève d'un passé très récent et ces avancées sont très soutenues ,y compris, contrairement à ce que tu pourrais croire par les jeunes qui s'inscrivent en masse dans les écoles qui donnent des cours de Breton au point qu'il est actuellement très difficile d'y trouver une place .
J'ai un de mes petits fils qui va passer cette année son bac en Breton (pas une épreuve de Breton mais l'examen entier en Breton). Le résultat est qu'en situation de départ à environ 1,5 millions de locuteurs on était passé à quelques milliers pour être aujourd'hui environ 250 000 qui utilisent journellement Le Breton dans leur vie courante et les chiffres ne font qu'augmenter.
Mais l'humiliation infligée aux anciens reste très vivace et la jeunesse n'est pas aujourd'hui à la veille de l'oublier, c'est pour cela que Le Breton est toujours prêt à rappeler qu'on a voulu le tuer mais qu'il est toujours vivant , pour cela agiter le Gwen a Du est une très bonne manière de faire des piqures de rappel .
Il y aurait tant d'autres choses à dire mais il fallait respecter le petit texte que tu appelles de tes voeux, j'ai essayé de faire le plus bref possible mais sur un tel sujet il y a vraiment un minimum de choses à dire 