Nous aussi, c’est avec un fort vibrato d’émotion dans la voix que l’on va « s’envoyer en l’air » une dernière fois avec Roro, pour son « final countdown » !
Saison pénible, 2017/2018 a été marqué par des blessures physiques trop nombreuses, et probablement des bleus à l’âme très douloureux, tenus secrets, sur lesquels on ne peut que supputer, qui ont désunis le groupe et tiré l’équipe, du moins ce qu’il en restait, vers le bas. Faisons confiance au club et à ses dirigeants pour poser les bons diagnostics et appliquer les bons traitements, afin d’éradiquer les affections et de prévenir les rechutes.
Comme beaucoup, j’ai pris une grosse paire de JIFF dans la gueule en apprenant les départs de Noa Nakaitaci et de Raphaël Chaume. Quand on pense aux trésors déployés par l’ASM, patiemment, pour former nos jeunes élus du centre de formation, dont seuls quelques rares d’entre eux arriveront à déployer entièrement leurs ailes afin d’atteindre le plus haut niveau. De longue date, on a misé sur eux, on leur a fait confiance, alors que, dans le même temps, d’autres se vautraient dans l’achat facile de champions planétaires clés en main pour obtenir des résultats rapides, au mépris de nos « Espoirs » abandonnés. Les mêmes qui, à grand renfort de pognon (« et merde au salary cap !»), après avoir fait leurs courses dans le reste du monde (notamment l’hémisphère sud), vont, alors qu’enfin des contraintes efficaces se mettent en place (à leur corps défendant), tenter de piller, sans vergogne, les meilleurs JIFF … couvés par d’autres ! Entre les futurs Lyonnais et leur club formateur, il n’existe peut-être pas de clause formelle, mais un contrat moral les lie. Le rompre constitue un acte de jeu déloyal. Cela dit, « nos » champions sont évidemment des hommes libres. Ils ont fait leur choix. L’appel des champs de lavande en Drôme Provençale et la chaleur des siens … On peut comprendre. J’espère seulement que ce n’est pas, en vérité, qu’une histoire d’argent. Il ne faudrait pas oublier qu’au dernier souffle, il ne nous restera rien - ni Porsche, ni villa vue sur mer à Carnon-Plage - … que notre honneur.
Comme de bien entendu, restons humbles cependant, en toutes circonstances, car en matière d’entorse au code de l’honneur, on peut sans doute nous en servir ! J’ai une sincère pensée émue, affectueuse, pour Scott Spedding et pour David Strettle, qui nous quittent et ne seront peut-être même pas dans le stade samedi soir … Quels joueurs extraordinaires, eux aussi. On ne peut oublier à quel point ils nous ont ravis. Ils voulaient travailler encore, travailler encore, franchir la ligne rouge … du RCT hardcore. Travailler encore, travailler encore, prendre les intervalles … dans notre maillot jaune or. Travailler encore, travailler encore, être sous les chandelles … et timbrer très fort. Travailler encore, travailler encore … cad-déb, passes en or … Mais ils ne rentraient plus dans les plans, et des choix, également douloureux, ont été formulés. Le coup a sûrement été rude et la potion amère pour des champions de France et vice-champions d’Europe, vieillissants certes, mais encore très en jambes et performants sur le terrain. Largement autant, sinon plus, objectivement, qu’un autre, plus âgé, qui, iconique, s’est vu offrir, et a accepté, non pas la porte mais une saison bonus. La différence de traitement, assurément maladroite, peut choquer. Je le comprends, m’en excuse, et souhaite avec force que Scott et David puissent rebondir dignement en trouvant une voie qui leur convienne et leur permette de continuer à s’épanouir.
Quelle profonde frustration de ne pouvoir supporter notre club, nos joueurs, face au Leinster à Bilbao. J’ai honnêtement espéré jusqu’au bout, malgré le délitement de l’équipe et de notre jeu, que c’était possible. Que le noyau dur, rescapé des tiraillements internes, se recentrant sur la coupe d’Europe (9 matchs), pouvait le faire. Mais les handicaps étaient insurmontables, surtout face au redoutable clan des Franciliens, boosté par la passe en avant « magique » de Don Carter. On se console en priant pour que ce soient tout de même des « jaune et bleu » qui l’emportent en Champions cup cette année …
Redescendus sur terre, si on se résigne à patienter pour le bouquet final (pourtant, bien qu’admiratif à son égard, sur le ring, on n’aurait pas fait de fleur à Ringrose !), on ne va pas se lamenter sur notre sort, et célébrer la « petite mort » de Roro comme il se doit, dans la joie, la bonne humeur, et aussi avec beaucoup de groove. Samedi soir, un seul mot d’ordre :
Quelle aubaine de pouvoir, pour l’occasion, faire la fête avec nos amis Toulousains, qui, pourquoi pas, nous succéderont le 2 juin. On leur souhaite de tout cœur.
Puis place à de nouveaux « casques d’or », passionnés, talentueux, soudés, loyaux, envieux de prendre et de donner du plaisir, de nous faire swinguer. Qu’ils nous fassent décoller, à leur tour, sur l’air d’ « Europe ». A force de travail et de persévérance, ils gommeront le plus de fausses notes possible. Et, si ça veut sourire, peut-être, tous ensemble, atteindrons-nous Vénus. La plus belle. Notre étoile !
ASM !!! ASM !!! ASM !!! ASM !!! ASM !!! ASM !!! ASM !!! ASM !!! ASM !!!
PS. : entre deux salves d’applaudissements de la foule en délire pour notre capitaine Arverne, on n’oubliera pas d’acclamer copieusement Aaron (forte implication, excellente progression en mêlée), Malietoa (le roi des plongeons au-dessus des rucks), et aussi des Toulousains ! Celui en « jaune et bleu » - Luke McAlister (joueur que j’adore mais qui, arrivé en plein marasme, malgré toute sa classe, n’a pas pu faire grand-chose pour nous tirer du bourbier) … et, si il nous fait l’honneur d’être de la partie, le fabuleux champion, l’immense « guerrier » … : MONSIEUR Florian Fritz (qui tire également sa révérence cette année) !