Pour la France, encore battue par la Nouvelle-Zélande, il n'y a plus d'illusion
Publié le samedi 23 juin 2018 à 19:51| Mis à jour le 23/06/2018 à 19:52 Les promesses n'ont pas été tenues. Les Français ont encore une fois craqué sur le dernier test de la tournée de juin, laissant apparaître l'écart immense qui les sépare de la meilleure équipe du monde.
DUNEDIN (NZL) - C'est un miroir sans fin qui renvoie l'équipe de France à ses immuables insuffisances. Elle pourra toujours se consoler, et nous avec elle, en se disant qu'ici, face aux All Blacks, quelle que soit la couleur du maillot que vous avez sur la peau, le tarif et la manière sont pratiquement toujours les mêmes. Il n'y a guère eu que les Lions britanniques et Irlandais pour créer, ici, l'année dernière, une sorte d'exploit (*). Mais les Lions sont autre chose : une entité et une idée à part, tout sauf une équipe nationale au sens où on l'entend. Ils n'ont pas la nécessité de construire, de progresser ou de durer. Par conséquent, il y avait peu d'inspiration à prendre chez ceux qui avaient précédé des Tricolores émargeant encore au huitième rang mondial et étrillés sans surprise à trois reprises par les doubles champions du monde.
Le film du match
Alors, comme souvent à la fin de ce genre de tournée, la tentation sera grande de se recroqueviller derrière de maigres lueurs d'espoir. De faire du second test, le moins sévère au score (26-13) et le plus rassurant dans l'esprit, l'engrais sur lequel semer pour récolter dans les mois à venir. Mais au bout de ce voyage interminable, le bilan reste implacable : le score moyen sur les trois rencontres (42-13) dessine le gouffre entre les deux équipes, quand le scénario du dernier match a entonné le refrain de toutes les fins de mois de juin.
Samedi, sous la verrière phosphorescente du Forsyth Barr Stadium qui semble éclairer toute la baie d'Otago une fois la nuit tombée, les Français ont pourtant réalisé un premier quart d'heure incandescent. Dans le sillage d'un Camille Chat intenable, ils posaient la main sur le ballon et leur empreinte sur la partie, enchaînaient les séquences avec une infinie impatiente, signe des enseignements tirés des sorties précédentes. Ils trouvaient des solutions notamment dans l'axe, avec du jeu après contact, des soutiens dans le timing et une redistribution efficace, jusqu'à ouvrir le score par Serin (12e).

Camille Chat, l'une des satisfactions françaises. (A.Mounic/L'Equipe)
«Je suis très satisfait de la première mi-temps. On a été dans le rythme, convenait d'ailleurs Jacques Brunel.
On était même bien. On a été entreprenants avec de la qualité dans nos mouvements et un bel état d'esprit avec plusieurs situations intéressantes que, pour certaines, nous avons conclues.»
Effectivement, du bel ouvrage made in France, malheureusement trop rapidement saccagé par la maestria all black. Ben Smith (17e) égalisait dans un fauteuil et Matt Todd donnait l'avantage aux siens (24e) sur un maul d'école derrière une touche jouée à la perfection. Fofana, à son tour, ramenait l'équipe de France à hauteur des Néo-Zélandais (29e) derrière un nouveau mouvement de qualité, jusqu'à ce que McKenzie décide de mettre un coup de reins dans la zone arbitre et d'envoyer son équipe au vestiaire avec un avantage de 7 points (21-14).
«Le score aurait même pu être de parité à la pause parce que je pense qu'il y a une obstruction de l'arbitre sur l'essai de McKenzie, se plaignait même Brunel tout en reconnaissant aussi avoir perdu la bataille de la vitesse.
Je pense que l'on a été en surrégime. Les All Blacks ont voulu accélérer et nous aussi alors qu'on aurait dû garder notre tempo.» L'équipe de France a surtout dilapidé une énergie folle en première période sur des séquences parfois à plus de vingt temps de jeu, encore une fois insuffisamment récompensée à la marque.
«Nous n'avons réussi à rivaliser que par moments. L'objectif sera d'être en mesure de le faire sur toute la durée d'une rencontre» Jacques Brunel
Les All Blacks, et c'est une constante de leur jeu, sont capables à chaque moment de vous sortir un grigri surnaturel à l'approche de la ligne, sinon sur un lancement autour Sonny Bill Williams ou dans le dos de leur bloc d'avants. Des choses simples réalisées avec une précision chirurgicale, où la vitesse des leurres comme des soutiens bat systématiquement des défenseurs contraints de faire dans le divinatoire, sous peine de se retrouver à plaquer un partenaire, à l'image d'Atonio juste avant sa sortie. Whitelock et sa bande ont même tordu le cou à l'idée trop répandue qu'ils ne jouaient jamais depuis leur camp en traversant le terrain à plusieurs reprises sans l'aide du pied de McKenzie, ce dernier n'étant pas encore aussi précis que celui du maître, Beauden Barrett.
Le sélectionneur reconnaissait d'ailleurs volontiers que la lourdeur de ce dernier score (49-14) constituait pour lui une forme de désillusion :
«Nous n'avons réussi à rivaliser que par moments. L'objectif sera d'être en mesure de le faire sur toute la durée d'une rencontre. Mais, sur cette tournée, nous n'en avons pas été capables.» Ces courses tranchantes, ces passes dans les petits espaces, la multiplicité des soutiens : ce serait presque magnifique, à regarder avec les yeux de l'amour et du désir, si ce n'était pas si cruel pour un rugby français dépassé, et qui rentre au pays, ce dimanche, dans le même état que quand il l'avait quitté il y a moins d'un mois.
(*) En tournée tous les quatre ans chez un géant de l'hémisphère Sud, les Lions britanniques et Irlandais étaient en Nouvelle-Zélande l'été dernier. Ils avaient perdu le premier test (30-15) à Auckland, avant de s'imposer à Wellington (24-21). Le dernier test s'était conclu par un match nul à Auckland (15-15)
Source : L'Equipe.fr
Modifié par Le Modérateur, 23 juin 2018 - 23:10 .