Bon allez, j'lance une idée comme ça : Et si le 11 mai devenait jour férié ? Le jour de déconfinement, ça se fête ! En plus, en mai, y en a pas tant que ça des jours fériés

T'as raison. Le 11 mai est un jour historique.
Cette année, peut-être un peu moins de personnes à la rue, mais patience
Médiapart
11 mai 1968
Dans la nuit du 10 au 11, la rue Gay Lussac, défendue avec acharnement contre la sauvagerie policière, est devenue "rue du 11 Mai". La radio a toute la nuit décrit l’ampleur de la résistance et les conditions très violentes dans lesquelles le camp retranché avait été conquis. Les assiégeants ont interdit pendant des heures que soit portée assistance à des blessés graves. La rumeur fait état de l’utilisation d’un gaz nouveau et redoutable, et même de plusieurs morts que les autorités auraient fait disparaître. Le fait n’a pas été démontré. Mais l’hypothèse semble alors à prendre en compte: entre tant de blessés graves, difficile qu’il n’y ait pas de mort, et surtout l’Etat est organisé pour le mensonge et la dissimulation. Chacun se rappelle les innombrables cas depuis l’assassinat du dirigeant anti-impérialiste marocain Ben Barka, trois ans plus tôt, jusqu’aux rafles de masse, tortures et massacres de 150 à 200 algériens seulement 7 ans plus tôt, en octobre 1961.
Jacques Le Glou . Il est cinq heures © oderf18
Depuis le premier jour de répression massive le vendredi 3 mai, les français éprouvent plutôt de la sympathie pour les étudiants. La sauvagerie policière de la nuit fait déborder le vase. L’émotion est très forte dans tout le pays. Des manifestations ont lieu un peu partout. La CGT, bien informée du climat social et des sentiments de la jeunesse ouvrière, donc des risques de débordement, ne perd pas une seconde. Tôt le matin, elle condamne « l’attitude inadmissible du pouvoir », exprime son entière solidarité aux étudiants, enseignants et universitaires » et propose une réunion unitaire pour organiser la riposte.
Suit le communiqué commun CGT, CFDT, FEN, SNSUP et UNEF qui condamne la répression policière et appelle à une grève de 24 heures le 13 mai avec manifestations dans toute la France pour « l’amnistie de tous les manifestants condamnés, les libertés syndicales et politiques. » FO s’y associe ainsi que la CGC. La démonstration de force devait faire oublier l’hostilité profonde manifestée vis à vis du mouvement et forcer le gouvernement à négocier avec sur les revendications étudiantes et ainsi mettre un terme à toute l’agitation. Aucune remise en cause du régime. Notons un bon point: le temps de préavis légal pour la grève n’est pas respecté...
Les étudiants n’attendent pas le lundi. L’université de Strasbourg se proclame autonome. Les locaux universitaires de Censier, annexe de la Sorbonne, sont occupés. À Strasbourg la faculté de Lettres est occupée. A Marseille 2 000 lycéens se massent à l'entrée de la faculté de sciences. Le Centre national des jeunes agriculteurs (CNJA) se déclare « solidaire des étudiants ». L’association française de critiques cinématographiques et journalistes TV réclame la suspension du festival de Cannes. (Ils l’obtiendront, et pas qu’un peu…voir article qui sera posté le 19 mai). Les professeurs, eux, dans chaque université, sont divisés. A Nanterre par exemple, du côté des demandes étudiantes se trouvent Pierre Goubert, Claude Willard, François Billacois, Denise Grodzynski, Anne Zink, Simone Roux ou Jean-Claude Hervé; en face s’expriment François Crouzet, Frédéric Mauro, Jacques Heers, André Chastagnol ou François Caron. Le Centre catholique des intellectuels français (CCIF), de René Rémond, également professeur à Nanterre, s'abstient lâchement.
Le premier ministre Georges Pompidou revient ce samedi d’Afghanistan. Il parvient à vaincre les doutes de De Gaulle et cède sur les trois revendications. Il donne l’ordre aux forces d’occupation de se faire plus discrètes…Il promet de rouvrir la Sorbonne le lundi 13 mai. Surtout, il fait libérer tous les étudiants emprisonnés. Comme toujours, le geste démontre que la justice est bien « indépendante », à condition toutefois de servir à tout moment, et par tous les moyens, les intérêts et manoeuvres de la classe dominante. Pompidou fait plus: il octroie les locaux de Censier, annexe de la Faculté des Lettres pour que la discussion concernant une réforme de l’Université y commence immédiatement. Ceci dès le dimanche, sans même tenir compte de la messe…Mais le but est atteint: les illusions, à Censier, dureront un moment...De Gaulle doute de l’habilité tactique de son obligé. Il n’aura pas tord.
Dans le même temps…
Après une assemblée générale qui s'est tenue en extérieur, les étudiants Nantais n’attendent pas la journée de grève et manifestation du lundi 13 mai. Ils sont dans les rue ce samedi 11 mai:
Nantes : manifestations d'étudiants © Ina Politique