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a propos des derbys


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#1 el landeno

el landeno

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Posté 17 avril 2021 - 12:37

En Top 14, des derbys moins violents que par le passé Le professionnalisme a éradiqué la violence sur les terrains et limité le folklore qui accompagnait les derbies.

Bon. D'accord. Avec les quatre affiches effacées de cette 21e journée, avec une pandémie qui ôte au derby sa substantifique moelle, c'est-à-dire le public qui nourrit son folklore, la passion - et ses débordements - s'estompe, forcément, même si les quelques illuminés des rives de l'Orb qui ont projeté jeudi soir des fumigènes sur la pelouse de la Méditerranée lors du Béziers-Perpignan de ProD2 (14-19) rappellent que les guerres entre voisins n'ont pas encore décrété un cessez-le-feu.

 

La violence dans les stades, plus encore lors des derbys, existe depuis toujours. Violence verbale. Violence physique. Brutalité sur le pré, parfois même autour. Si vous tapez « rugby bagarre de légende » sur la barre d'un moteur de recherche, vous tomberez sans doute sur cette compilation de Canal + datée de novembre 2015. Ce sont 3'33 d'une franche virilité rythmée par le son suave de John Deley and the 41 Players. Si vous fouillez un petit peu plus, vous trouverez forcément d'autres chamailleries, surtout si vous vous attardez sur les derbys. Les quarante-cinq secondes du Béziers-Perpignan de 2004 ou l'irruption sur la pelouse d'Aguiléra de Lucien Harinordoquy au soutien de son fils Imanol lors du Biarritz-Bayonne de 2011 figurent évidemment parmi les plus consultées.

 
 

« Il me semble que l'on est monté un peu trop haut dans les interdictions. Ce petit parfum manque au rugby et, franchement, on se fait un peu chier »

Michel Konieck, ex-talonneur de Perpignan

 
 
 


Depuis toujours, oui, les derbys génèrent de la tension, une ivresse qui a parfois débordé. Elle ne déborde plus aujourd'hui. « Le professionnalisme a mis de l'ordre dans tout ça, regretterait presque Michel Konieck, ex-taulier de l'USAP, et ce n'est sans doute pas plus mal parce qu'il y a eu des choses pas très belles, des excès, des blessures graves. Mais il me semble que l'on est monté un peu trop haut dans les interdictions, la retenue. Ce petit parfum manque au rugby et, franchement, on se fait un peu chier. »

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2011, derby basque entre Biarritz et Bayonne : Lucien Harinordoquy surgit des tribunes pour défendre son fils Imanol lors d'une bagarre. (Rafa Marrodan/Cooper Photographers / Panoramic)

 

Tout le monde est d'accord sur la première partie de l'analyse. Certains le sont sur la seconde. « Bien sûr que ça a évolué dans le bon sens, admet ainsi Yannick Nyanga, qui a vécu les derbys avec Béziers face à Perpignan, notamment le fameux de 2004. C'était la première fois que j'étais capitaine, se souvient-il, et je n'ai pas eu, nous n'avons pas eu la notion d'exemplarité adéquate. À 20 ans, je n'avais pas conscience de tout ça. Mais ça appartenait aussi au folklore de l'époque, et je ne le regrette pas. »

Cette bagarre du 21 mai à la Méditerranée est le symbole d'une époque révolue. La multiplication des caméras, l'apparition de la caméra opposée, dans la tribune d'en face, et les plus grandes prérogatives laissées aux juges de touche ont fait beaucoup pour éradiquer la violence et les excès de zèle. « La contrepartie, ironise Konieck, c'est que la virilité a été remplacée par des scènes de cinéma. Le mec qui est pris un peu haut, il se jette aussitôt par terre en hurlant. Je préférais notre manière d'entretenir la légende. »

Konieck était évidemment de la bagarre de la Méditerranée. Nyanga aussi. Les deux concèdent que les entraîneurs avaient conditionné les troupes au long d'une semaine tendue. « Olive (Saïsset) revenait chez lui, sourit Konieck, il nous avait préparés. »« Il faut bien se souvenir du contexte, enchaîne Nyanga. Béziers devait jouer en Deuxième Division et n'avait conservé sa place en première qu'au bénéfice de la rétrogradation de Bordeaux-Bègles. Quinze jours avant la reprise, on apprend que l'on va jouer en Top16 alors qu'on avait perdu des cadres comme Mignoni, Privat et quelques autres. Franchement, on n'était pas invités, mais on arrive malgré tout à se qualifier en play-offs. Jean-Pierre Élissalde nous avait remontés toute la semaine. On est rapidement menés (0-11). On se regroupe sous les poteaux et on se dit : les gars, il faut au moins mettre l'engagement que l'on s'est promis. »

« Ça partait d'un côté, ça s'arrêtait, ça partait d'un autre, il y avait des foyers partout »

Yannick Nyanga, ex-capitaine de Béziers, sur la bagarre face à Perpignan

 
 
 


Cette bagarre fut spectaculaire. « Par sa longueur, ses rebondissements, précise Nyanga. Ça partait d'un côté, ça s'arrêtait, ça partait d'un autre, il y avait des foyers partout. »« Le rugby était fabriqué comme ça, c'était sa culture, rappelle Konieck. Cette rivalité était entretenue par les anciens. Quand je suis arrivé à Perpignan de Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), en Reichel, on ne me parlait que du match contre Narbonne. Il fallait qu'on se batte. Avant. Pendant. Après. »

Michel Konieck n'était jamais le dernier à déclarer sa flamme parce que « tu ne voulais pas passer pour un con devant tout le monde, tu ne voulais pas t'échapper »« C'est vrai que j'aimais ça, que je préférais en mettre une gratuitement plutôt que d'attendre d'en recevoir une méritée, dit-il. Dans chaque équipe, tu avais des mecs plus ou moins truffés. Il suffisait d'actionner les leviers, de mettre le doigt dessus, et tu savais que le gonze allait dégoupiller. Mais ces trucs-là étaient tolérés, acceptés par l'arbitrage. Tu avais le droit de jouer avec tes hormones. »

Plus aujourd'hui. « Il faut savoir que tu as 99,9 % de probabilités d'être pris pour un mauvais geste, indique Éric Bayle, directeur de la rédaction de Canal + chargé du rugby. Si tu piétines une articulation ou balance un coup de poing discret dans un ruck, ça va se voir. La seule incertitude concerne l'appréciation de l'arbitre vidéo. »

« Les enjeux du rugby professionnels ont gommé la différence entre le derby et le match classique »

Eric Bayle, en charge du rugby chez Canal +

 
 
 

À Canal, on a très tôt misé sur les derbys. Le premier match retransmis fut un quart de finale entre Toulon et Nice au Vélodrome de Marseille en 1985, et le premier « prime » opposa Biarritz à Bayonne. D'ailleurs, lorsque le président bayonnais, Jean Grenet, avait été interviewé avant le match, il avait répondu : « Ça se présente toujours bien, maintenant est-ce que ça se finira bien ? Je l'espère... » À la mi-temps, Serge Blanco avait, lui, justifié les quelques échanges musclés d'un : « C'est histoire de se dire bonjour. On ne s'était pas vus depuis trois ou quatre mois, l'amitié se renforce avec quelques claques. »

Alors, l'amitié n'est plus aussi franche et les derbys plus aussi chaleureux, ce que Michel Konieck traduit d'un : « On ne connaît même plus les gonzes avec lesquels on joue. »« Je suis viscéralement attaché à notion de derbys, qui font toujours l'objet d'une diffusion sur un créneau majeur, souligne Éric Bayle, mais les enjeux du rugby professionnels ont gommé la différence entre le derby et le match classique. La tension, l'agitation sont presque communes à tous les matches. Le petit plus du derby est pour le supporter, mais tous les matches se sont hissés à la hauteur de la passion du rugby. »

Michel Konieck aurait-il encore sa place dans le rugby d'aujourd'hui ? « Je vais même aller plus loin dans la réflexion, répond-il. On savait qu'on avait un certain droit dans ces derbys, que l'arbitre était conditionné, qu'il ne pouvait pas tout voir et qu'il allait entretenir ce qui faisait le charme de cette époque. Les règles ont changé. Point. Le rugby est aseptisé, c'est comme ça. Tu tolères une agressivité saine, mais pas une brutalité. Alors qu'un balayage est bien plus dangereux qu'une poire dans la gueule. Est-ce que j'aurais ma place ? Il y a encore des mecs qu'il ne faut pas chatouiller. Le petit Reda Wardi (La Rochelle), un Forletta (Montpellier, ex-Perpignan), les Tao (Romain et Sébastien, à Toulon)Jedrasiak à Clermont, Charles Géli ou Mathieu Acebes à Perpignan sont dans cet esprit. Mais ils sont dans la retenue parce qu'ils sont intelligents et qu'ils pensent à leur carrière avant tout. Nous, on ne pensait qu'aux potes et à l'amour de notre maillot. »

Franck Maciello : « Les acteurs se donnaient rendez-vous »

Le directeur national de l'arbitrage à la FFR se souvient de derbys particulièrement musclés qu'il a dirigés.

« Avez-vous la sensation que la violence a totalement disparu des derbys ?
Le monde professionnel a transformé la nature même des derbys. La vidéo, notamment sur le jeu déloyal, a permis de clarifier certaines situations et d'éclairer le jeu du bon côté du système.

En tant qu'arbitre, appréhendiez-vous un derby différemment d'une autre rencontre ?
Je les abordais sans appréhension, mais avec une préparation, une concentration sans doute plus prononcées. Je savais que les acteurs se donnaient rendez-vous et que je me devais, moi également, d'être à ce rendez-vous.

Être au rendez-vous, ça signifie être un acteur fort du derby ?
Je devais surtout me monter précis, à la hauteur du moment, et assumer mes responsabilités.

Étiez-vous conscient des enjeux, des questions de suprématie, d'honneur même ?
Oui, mais je n'ai jamais eu d'idée préconçue avant un derby. Je laissais s'écrire le scénario, puis je m'adaptais, comme lors de n'importe quelle autre rencontre. Je facilitais le jeu si les acteurs avaient envie de jouer.

L'atmosphère était-elle différente, certains signaux vous alertaient-ils en amont de la rencontre ?
Les signaux, on les avait avant la rencontre, dans la ville, dans la presse. Il y avait bien sûr une ambiance souvent particulière, mais le match, lui, ressemblait la plupart du temps à tous les autres.

Avez-vous eu à subir des pressions avant un derby ?
Non, jamais. Certains de vos confrères ou collègues m'ont parfois sollicité avant un derby, sans doute pour faire monter la sauce, mais je n'ai jamais ressenti la moindre pression de la part de l'un ou l'autre des adversaires.

Pourquoi, alors, certains derbys semblent appartenir à la légende ?
C'est ce qui participe au charme ou à l'histoire de notre sport. Avant et après les rencontres, de grandes histoires d'amitié sont partagées. L'instant du match est une parenthèse. Et s'il y a des débordements, ils sont vite oubliés.

Ce fut le cas lors du fameux Béziers-Perpignan de 2004 que vous avez arbitré ? Quel souvenir gardez-vous de ce match ?
Je me souviens d'une entame assez musclée. Au-delà de la bagarre, ce fut un match très engagé. Mais qui a fini par se débrider. Les histoires se sont réglées dès le début du match, et il fut très intéressant à arbitrer.

Très engagé, ça veut dire violent ?
Non, et d'ailleurs, à l'issue de la bagarre, hormis les deux cartons rouges, chaque acteur est resté sur le terrain non ?

Pourquoi se souvient-on de cette bagarre, dix-sept ans après ?
Parce qu'elle a été spectaculaire. J'ai arbitré de nombreux autres derbys, les derbys basques notamment, mais aucun n'a été aussi musclé que le Béziers-Perpignan de 2004. » P. P.

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#2 Le Marseillais

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Posté 17 avril 2021 - 13:25

C'est vrai que j'aimais ça, que je préférais en mettre une gratuitement plutôt que d'attendre d'en recevoir une méritée

 

Celle là, elle est collector, je me la mets de coté.  :D 


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#3 Alex chocolatines

Alex chocolatines

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Posté 17 avril 2021 - 14:47

C'est vrai que j'aimais ça, que je préférais en mettre une gratuitement plutôt que d'attendre d'en recevoir une méritée

 

Celle là, elle est collector, je me la mets de coté.  :D 

Je suis sur qu'elle est pas de lui ! Il l'a piquée à RCV !!  :D  :D


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