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Nicolas Mas


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3 réponses à ce sujet

#1 el landeno

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Posté 29 avril 2021 - 21:39

Dommage , je n'ai pas le droit de vous copier les photos

 

Nicolas Mas, ses amours de Coccinelles

 

Quel imbécile a pu inventer l'expression « voie de garage » ? Devenu mécanicien après sa prolifique carrière de joueur de rugby (85 sélections), Nicolas Mas se voue à l'autre passion de sa vie : les Coccinelles Volkswagen de sa jeunesse.

 

Quand William Servat, Nicolas Mas et Jean-Baptiste Poux formaient la première ligne de l'équipe de France de rugby à la fin des années 2000, vous aviez, alignés dans cet ordre : « La Bûche », « Le Bus » et « Brad ». « La Bûche » rapport aux bras de bûcheron du premier, « Brad » pour la ressemblance imparable du troisième avec Brad Pitt, et « Le Bus » parce que, lancé au ras, le dernier pouvait faire de gros dégâts dans les défenses adverses. Des trois, celui dont le surnom se justifie plus que jamais en 2021, c'est bien « Le Bus ».

 
 

Car si Servat privilégie désormais la lecture au coin du feu à la musculation intensive, que le copier-coller entre Poux et Pitt ne saute plus aux yeux depuis que l'ancien pilier de l'UBB a changé sa raie de côté, Mas, qui a si souvent pris les clés du camion catalan (douze saisons à Perpignan pour un titre de champion de France en 2009) et a fait plus que dépanner à Montpellier (deux demi-finales de Top 14 et une victoire en Challenge Européen), officie désormais à 40 ans comme mécanicien chez Prestige Auto, à Perpignan. En cohérence avec lui-même, « Le Bus » a regagné l'atelier.

« À peine l'entraînement terminé, il était déjà sur les moteurs

Guilhem Guirado, son ancien coéquipier en équipe de France et à Perpignan

 
 
 

Depuis août 2018, Nicolas Mas joue de la valise électronique et de la clé de douze. Il bichonne les Renegade, les Wrangler et les Cherokee des clients de cette importante concession Chrysler et Jeep. Le joueur y a été embauché juste après avoir obtenu son CAP de mécanique automobile par le biais de la formation continue. Reconversion au rabais pour un international qui aurait pu faire jouer son carnet d'adresses ? Pas du tout. Le pilier droit le plus capé de l'histoire du Quinze de France (85 sélections de 2003 à 2015) a substitué à sa passion du rugby celle de la mécanique. « Vous n'entendrez jamais mon mari dire : "Ça va comme un lundi" parce que le lundi, ça signifie qu'il va à l'atelier et ça le rend heureux », confie Marjory Mas, conseillère en économie sociale et familiale à l'OPH Perpignan Méditerranée.

« Nicolas était voué à la mécanique et aux automobiles, confirme Guilhem Guirado, ex-capitaine du quinze tricolore et partenaire à l'USAP. C'est ça qui faisait sa force et qui le différenciait du reste des joueurs. À peine l'entraînement terminé, il était déjà sur les moteurs. Mais plus qu'entretenir des véhicules modernes, je pensais qu'il se lancerait dans le business des voitures anciennes tant les Coccinelles accaparaient son esprit. »

À sa grande époque, Mas n'était pas considéré comme un « bon client » par les médias. Voyons ça autrement et admettons que les journalistes auraient pu le brancher sur ce qui l'intéressait : les Coccinelles ! Il pourrait en discuter des heures, de ses « Cox ». Dans l'atelier qu'il s'est construit dans les environs de Perpignan et dont la surface augmente exponentiellement, on en dénombre trois en ce moment. Elles datent des années 1960 et 1970. Il y a une verte, une couleur sable et une bleue pâle (qui appartenait à sa cousine), sans parler d'un Combi de 1968 déglingué qui prend l'air en surface.

« Nicolas ne revend les voitures qu'il retape qu'à des gens qu'il aime et qui deviennent des amis

Marjory Mas, son épouse

 
 
 

« Sur celui-là, il y aura de la grosse carrosserie à effectuer. Il y a quelque temps encore, j'en avais un autre, un camping-car dont j'avais modifié le moteur à 1 835 cm3, raconte l'ancien pilier. Je lui avais ajouté des freins à disque et aménagé une boîte de vitesses plus longue pour pouvoir faire de l'autoroute. À son bord, on a passé de super vacances en famille, en Corse. Je l'ai cédé à une dame de 70 ans qui recherchait le même modèle que dans sa jeunesse. » « Nicolas ne revend les voitures qu'il retape qu'à des gens qu'il aime et qui deviennent des amis, précise son épouse. Il s'attache à ses anciennes, mais il faut aussi savoir s'en séparer. Nicolas en a acheté beaucoup à certaines périodes, parfois de façon impulsive. De mon côté, je valide. Enfin... il me fait croire que je valide. »

L'antre de l'ancien rugbyman prend des airs de stand du salon Rétromobile, odeurs d'huile et de sans plomb en sus car, ici, les voitures ne sont pas là pour parader. Toutes roulent au gré de la fantaisie du proprio. Rangées devant la fosse à vidanger, entre le poste de soudure et le compresseur pour regonfler les pneus, on note la présence d'une dizaine de mamies rutilantes qui ont débarqué ici dans leur jus, comme en témoigne la carcasse nue d'une Coccinelle en attente d'une seconde vie. Hormis ses trois consoeurs citées plus haut, on distingue une MGB de 1978, une Triumph TR3 de 1962, une 404 Peugeot de 1962...

Trône également un magnifique scooter, un Vespa GTR de 1971 racheté à un ouvrier salarié de son grand-père agriculteur à Banyuls-sur-Mer et qui paraît tout juste sorti des usines de Pontedera. Il le démarre d'un coup de kick. Le « pout, pout, pout » du deux-temps résonne façon old school. Il y a aussi deux morceaux de choix : une Porsche 911 vert sombre du milieu des années 1980 et une 944 rouge aux jantes téléphone caractéristiques.

« Au retour de l'école, qui n'était pas mon fort, je m'amusais dans les moteurs des engins de mon père maçon : tractopelle, camion, Manitou... C'est lui qui m'a transmis le goût du travail manuel

Nicolas Mas

 
 
 

La 911, le rugbyman l'a acquise en 2007 sur un coup de coeur, forçant un peu la nature familiale qui veut qu'un Mas ne roule pas des mécaniques. « Chez nous, on bosse et on est discret. Quand j'étais petit, je ne parlais pas beaucoup. Au retour de l'école, qui n'était pas mon fort, je m'amusais dans les moteurs des engins de mon père maçon : tractopelle, camion, Manitou... C'est lui qui m'a transmis le goût du travail manuel. » « Il est toujours à trafiquer, dit sa femme. Il a refait la salle de bain, il va poncer la terrasse en bois pour que Shelby (la petite chienne bouledogue française) ne s'enfonce pas d'échardes dans ses coussinets. Ses voitures, il y passe le plus clair de son temps libre. Lors du premier confinement, on ne l'a pas beaucoup vu. Il en a profité pour achever la Coccinelle verte. »

Achetée à ses 18 ans, elle est un peu l'oeuvre de la vie de Nicolas Mas. Sa restauration aura pris huit ans : « Je l'ai remontée de A à Z, de la position du châssis jusqu'à la pose des glaces. Pour installer les joncs chromés sur les joints, je me suis pété les doigts. » On ramène Marjory Mas sur l'iconique Porsche 944 à la rauque sonorité. « Il en est tellement fier. Il s'est fait violence en l'acquérant. C'était la première vraie voiture de valeur qu'il possédait. Il m'a dit : "C'est une folie, je sais. Après, j'arrête !" En réalité, ce n'était que le début de l'histoire. Il m'a inoculé le virus des voitures anciennes, ainsi qu'à nos trois enfants. »

La contagion a atteint jusqu'à Guilhem Guirado, régulièrement traîné par son ami dans les allées de Rétromobile quand les Catalans étaient convoqués en équipe de France, à Paris. L'ancien talonneur international est devenu propriétaire d'une Méhari Citroën blanche à la toile jaune de 1966 sur les conseils de son ancien collègue de première ligne. « Mais plus pour cruiser tranquille et profiter du soleil et des joies du bord de mer. Quand nous nous sommes mariés à Torreilles avec ma femme en 2011, Nicolas m'a fait l'honneur de nous prêter l'une de ses Coccinelles VW. On sentait qu'il était en stress. Il craignait la panne. Ça reste malgré tout un fabuleux souvenir. »

Ce n'était pas la première fois que cette Coccinelle beige de 1964 servait pour un mariage. Les Mas s'y sont engouffrés aussi pour gagner la mairie de Perpignan en 2007. Le couple pensait ne jamais arriver à destination. Nicolas Mas s'en veut : « La boîte de vitesses fonctionnait mal, l'embrayage, c'était pas ça non plus... » Alors, il a bossé... à la Mas. Méthodiquement. Il fait des recherches sur internet, se documente auprès de l'AutoMuseum de Volkswagen installé à Wolfsburg et parvient à obtenir une sorte de passeport génétique de ses « Cox », à partir du numéro de châssis.

« Ma première, une 1302, je l'ai achetée dans un état moyen. Je n'étais pas connaisseur à l'époque. Tu ne sais pas que toutes les pièces sont différentes, les phares, les clignotants, etc. J'essaie de les remettre dans leur état origine, n'apportant des modifications qu'en cas de besoin absolu. »

« J'ai vécu une carrière magnifique, mais je savais qu'une fois que ça serait fini, je voudrais avoir le même cadre de vie que tout le monde. Un boulot. Des horaires

 
 
 

Lors de notre passage à Perpignan, il n'a quasiment pas été question de rugby. À peine Mas nous a-t-il avoué un faible pour le pilier de Montpellier Mohamed Haouas, « un bon mec » qu'il a côtoyé là-bas. Mais il garde aussi un oeil bienveillant sur Clément Castets, du Stade Toulousain, histoire probablement de ne pas rester en marge de la confrérie des hommes forts. À vrai dire, Nicolas Mas se passionne beaucoup moins pour ce sport qui lui a beaucoup donné mais dans lequel il a du mal à se reconnaître.

« J'ai vécu une carrière magnifique, mais je savais qu'une fois que ça serait fini, je voudrais avoir le même cadre de vie que tout le monde. Un boulot. Des horaires. Je n'aurais pas pu rester sur mon canapé à attendre que ça se passe. » Et livre cette anecdote étonnante : « Quand j'étais joueur, en pleine bourre, et que je faisais entretenir la 911 chez Prestige Auto où je travaille, je demandais à chaque fois à Germain Vilar, le responsable d'atelier qui est devenu mon chef : "Quand est-ce que vous me prenez en formation ?" Il me regardait avec des yeux grands comme ça ! Une fois mon contrat achevé avec Montpellier (en 2016), de retour à Perpignan, je me retrouve une fois de plus face à lui : "Cette fois, ça y est. Est-ce que je peux venir faire des stages chez vous ?" Il a vu que c'était sérieux. »

Aujourd'hui, Nicolas fait partie d'une équipe de six mécaniciens, sans passe-droit ni salaire mirobolant eu égard à son ancien statut. « Les collègues savent d'où je viens, mais ils ne me le font pas sentir. Ça intrigue beaucoup de gens qu'un international de rugby puisse devenir mécano. » Il se remémore de rares mais cruelles mises à l'épreuve : « Un jour, un client qui possédait une Porsche 996 a tenté de me coincer sur le plan technique. Un autre m'a lancé : "Tu n'as pas gagné assez de fric au rugby pour faire mécano ?" Sur le coup, j'étais scié. J'ai pris sur moi, mais je lui ai fait comprendre poliment qu'il ne faudrait pas me dire ça deux fois. » Sous peine de se prendre un bus en pleine poire.

 
 
 
 

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#2 Buckaroo

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Posté 29 avril 2021 - 22:33

Très bel article. Merci beaucoup pour le partage !



#3 Bon Chasseur

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Posté 29 avril 2021 - 23:31

Merci pour l'article. Ses amours de coccinelles. Mon cerveau crétin s'attendait vraiment pendant une seconde ou deux à lire un article sur la passion de Nicolas Mas pour les insectes.

Le Bus aime les voitures, pas étonnant, il doit en monter de toute pièce pour les exploser en mêlée. Petit entraînement perso. Garder la forme un peu.

Personnage attachant. J'avais vu son interview sur YT, Midi Olympique. Super discret, voire timide. Le genre, on dirait, à n'emmerder personne, à faire son truc sans le crier sur le toit. Et dire qu'on risque de perdre des gens comme lui à une époque où avoir un compte Twitter est une normalité, et qui encourage l'étalage de sa personne.



#4 zeguest

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Posté 30 avril 2021 - 11:14

Merci pour cette belle histoire. Ca fait toujours chaud au cœur d'entendre parler d'un passionné. 






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