C'est le genre de remarques un peu naïves qu'on entendait il y a 15 ans. Mais depuis il me semblait que c'était passé de mode. Un étude publiée dans Nature a comparé Wikipedia avec la vénérable encyclopédie d'outre manche Encyclopaedia Britannica. Finalement Wikipedia ne s'en sort pas si mal. Même mieux que la concurrence.
Outre le fait que je pense que Nature a aussi le don de publier tout et n'importe quoi, surtout ces dernières années, je pense que c'est une comparaison qui est un peu trompeuse. Je connais assez peu Wikipédia, en revanche j'ai grandi avec la Britannica et en ai lu religieusement les articles tous les jours étant plus jeune ; ce sont deux objets complètement différents.
La Britannica fait en général appel à un ou deux spécialistes par article/section d'article, et les articles se colorent généralement beaucoup des pensées de leurs auteurs. Je reconnais très souvent les noms des rédacteurs. Je la vois donc comme une collection d'articles rédigés par des spécialistes à une époque donnée.
Sur Wikipédia, les contributeurs sont par nature anonymes, et donc on voit moins la "patte" de l'auteur - Wikipédia a vocation à présenter ce qui est pensé comme étant "des faits objectifs", ce qui n'est pas l'ambition de Britannica (ou d'Universalis en France). Ce sont deux visions différentes de l'encyclopédie. Et toutes deux ont leurs limites bien spécifiques. Je pense qu'il est dangereux de chercher à en avoir le même usage.
Donc en gros je ne dois partager aucune anecdote puisqu'à part l'avoir vérifié de mes yeux en direct (un peu chaud pour les trous dans la corne du narval) il y'aura toujours plus ou moins un doute.
Pas de tes yeux, mais il y a une sorte d'hygiène intellectuelle à avoir, constamment. Par exemple : toujours se demander qui en est l'auteur. Je veux dire, concrètement, pas simplement son nom. Où sont les références ? Vers quel type de sources renvoient-elles ? Il faut éviter le prêt-à-penser, et se forger un esprit critique sur tout ce qu'on lit et, rapidement, les informations douteuses commencent à sauter aux yeux. Par exemple, ton pantalon en peau humaine, avant même de voir le lien vers le Daily Mail, ça m'a semblé extrêmement douteux (pour ne pas dire plus), aux vues de ce que je connaissais. Mais je ne suis en rien spécialiste de l'histoire de cette région du monde pour autant.
Pour reprendre l'exemple du pantalon, si j'avais lu cette anecdote au détour d'une page écrite par Régis Boyer (un spécialiste français de l'Europe du Nord), avec des références vérifiables et qui m'auraient parues assez fiables, j'y aurais sans doute donné davantage de crédit. J'aurais eu des doutes, parce que cette anecdote me semble correspondre assez peu à ce que je connais du monde, parce que je connais l'engagement politique de Boyer et que c'est typiquement le genre de thèmes que son orientation politique pourrait influencer. Mais dans l'ensemble, j'y aurais prêté davantage de crédit qu'un article du Daily Mail publié sur le Web avec des vues sensationnalistes. Plus important encore : dans le cas du livre, les références sont données, libres à moi de les vérifier, de me faire une idée de leur fiabilité, etc. Les notes de bas de page, c'est la vie.
Il va me falloir un doctorat ou un master par anecdote. 
Je ne connais pas ton niveau d'études, mais si tu crois qu'un master ou un doctorat apportent quoi que ce soit de ce point de vue là, détrompe-toi. Même dans les "meilleures" universités du monde, le niveau culturel est généralement affligeant. Ne te laisse jamais impressionner par ça, ce sont bien souvent des cache-misère. Au contraire, on peut faire des miracles avec une simple carte de bibliothèque.