Visage buriné, regard bleu acier, ce colosse a fait vibrer Mayol bien avant Jonny Wilkinson. Capitaine, entraîneur puis président du RCT, André Herrero était un homme de convictions, intransigeant, parfois d'humeur volcanique. Tout au long de son existence, sur et en hors du terrain, il imposa sa différence. Ainsi, quand en 1967 les sélectionneurs choisirent son coéquipier toulonnais Christian Carrère pour endosser le rôle de capitaine tricolore, il tourna le dos, vexé, au XV de France.
Son père, d'origine espagnole, évoluait troisième-ligne et pilier à Puisserguier, dans l'Hérault. Approché par les dirigeants de la Seyne-sur-Mer, il s'installa donc avec toute sa famille dans le Var. Aîné d'une fratrie de quatre garçons (Francis, Daniel et Bernard seront eux aussi joueurs de rugby), André Herrero entra comme apprenti à l'Arsenal de Toulon et découvrit la balle ovale au Rugby Club Corse, avant de rejoindre le RC Toulon et débuter en Première Division à dix-neuf ans.
n 1971, une côte brisée et un traumatismeCapable d'évoluer en deuxième et en troisième-ligne, il fut pressenti en 1960 pour disputer la tournée tricolore en Argentine mais, victime d'une fracture tibia-péroné à Carmaux, déclara forfait. Il ne connaîtra sa première sélection internationale qu'en 1963. Victorieux des Springboks (8-6) à Springs lors de la tournée de 1964, il rayonna lors du succès face aux Gallois (22-13) la saison suivante dans le Tournoi des Cinq Nations.
Capitaine-entraîneur du RC Toulon, il disputa en 1968 une finale du Championnat perdue face à Lourdes avant de s'incliner trois saisons plus tard devant Béziers. Alors qu'il était au sol, un coup de pied biterrois lui brisa une côte. Soigné, il reprit sa place mais ne sut jamais qui l'avait ainsi agressé. Ce traumatisme le hanta toute sa vie durant.
Dans la foulée, dix des quinze titulaires de cette finale quittèrent la rade pour rejoindre Nice, alors en Deuxième Division. Avec ce corsaire à sa tête, Nice accéda à l'élite deux saisons plus tard. Après avoir raccroché les crampons en 1978, il revint à Toulon en 1981 et entraîna le RCT jusqu'en 1983, avant de prendre la présidence pour la saison 1991-1992, au terme de laquelle Toulon fut sacré champion de France.
Nommé manager du XV de France en 1992 à la demande de Bernard Lapasset, il démissionna trois ans plus tard pour marquer son désaccord avec les joueurs qui avaient fait grève durant la semaine, au motif qu'ils souhaitaient des compensations à l'heure où le rugby avait quitté sa gangue amateure. Il resta néanmoins président de la commission de sélection et membre de la FFR jusqu'en 2000.
Après avoir pris sa retraite il y a quelques années, ce grand-père atypique occupa ses journées à traquer le thon et l'espadon en Méditerranée sur son petit chalutier, puis s'adonna au bridge tout en restant fidèle à Mayol les soirs de match. À sa femme Roseline, ses deux filles et ses cinq petits-enfants, ses frères et ses proches, L'Équipe adresse ses plus sincères condoléances.






