Le meilleur joueur avec lequel vous avez joué ?
Quand j'ai signé à Mont-de-Marsan (2000), il y avait un centre fidjien qui s'appelait Viliame Satala. J'ai eu la chance de jouer avec plusieurs grands joueurs, mais lui, il m'a impressionné. Il était dur, agressif, très bon plaqueur avec aussi cette capacité à avancer, à casser les plaquages. Il était très complet. Parfois, il était même un peu à la limite (il sourit).
Le joueur le plus drôle ?
Julien Candelon. Il avait toujours le sourire. Il était très blagueur et toujours en train de faire des coups en douce. Je me souviens du stage avant la finale contre Clermont (2009). Il avait mis une chèvre dans la chambre de l'entraîneur, Franck Azéma. Il était très agréable dans la vie de tous les jours, même s'il a pris quelques marrons ! Il en faisait parfois un peu trop.
Le joueur le plus méchant ?
Avec Jamie Cudmore, on s'est un peu "frité". Ç'a commencé lors de la finale 2009 puis c'est monté crescendo. On n'est pas amis, mais collègue. Il a même parlé de moi dans son livre ! J'ai fêté mes 40 ans il n'y a pas si longtemps et Laurent Emmanuelli, mon ami, m'a montré une vidéo de Cudmore qui me souhaitait mon anniversaire ! Il y avait Philippe Benetton aussi à Agen. J'aimais bien jouer contre lui. Même si le rugby est devenu un peu plus aseptisé, c'est bien d'avoir encore des gars comme ça. C'était bien de se jauger.
« Jacques Brunel était proche des joueurs. Il n'a laissé personne de côté, malgré les choix. C'était un rassembleur. »
L'entraîneur qui vous a le plus marqué ?
J'ai eu beaucoup d'entraîneurs durant mon parcours qui m'ont marqué. Je peux citer le père de Pierre Mignoni, Dédé. Je dirais Olivier Saïsset. Je l'appréciais beaucoup. Quand je suis arrivé à Perpignan, il m'a apporté de la rigueur. Il avait un ego important, mais il préparait déjà très bien nos matches. Il y a Jacques Brunel aussi. Pendant six mois ça n'a pas bien marché. Il a accepté de travailler différemment. Il était surtout proche des joueurs. Il n'a laissé personne de côté, malgré les choix. C'était un rassembleur.

La chose la plus drôle vécue sur un terrain ?
C'était en cadets. Il s'appelait Gérard Paoli. Il avait tapé une chandelle, mais il s'était complètement loupé et la balle était revenue dans notre camp. C'était une chandelle rétro !
Un moment de gêne sur un terrain ?
Oui, je me souviens qu'à la mi-temps d'un match je m'étais chopé avec Narjissi. L'arbitre venait de siffler et je fais un truc qu'il ne fallait pas faire. Sauf que j'ai été pris par la vidéo et je prends rouge. Je n'en suis pas trop fier.
La fois où vous vous êtes senti le plus fort sur un terrain ?
En 2003, il y a cette épopée en Coupe d'Europe avec une défaite en finale face à Toulouse. En quarts de finale, on bat Llanelli et en demi-finales, on bat le Leinster à Lansdowne Road. À chaque fois, c'était quasiment l'équipe du pays de Galles et l'équipe d'Irlande. On avait fait deux matches de folie dans des ambiances de folie. C'était deux gros matches aussi bien individuellement que collectivement. On se sentait presque invincible.
« Damien Chouly, je ne sais pas comment il a fait pour avoir une carrière aussi longue. C'est un bon bringueur, ce n'est jamais le dernier à se coucher. »
La meilleure bringue ?
C'est en 2009 après le titre de champion de France. C'était une bringue de plusieurs semaines. C'était toujours plus. On avait atteint le Graal. Alors on en a profité. Et puis personnellement, j'avais failli arrêter le rugby. Pendant plus d'un an, j'étais blessé. Et je m'étais fait à l'idée d'arrêter. Brunel ne m'a pas lâché alors que l'équipe gagnait. Il me disait : on compte sur toi. C'est important. J'ai repris en janvier 2009 et je n'ai pas lâché jusqu'au titre. J'étais au fond du seau, j'étais prêt à arrêter mais au final, je suis champion de France. C'est ce cheminement qui m'a aussi fait tellement apprécier ce moment. Le Brennus, c'est le sommet. J'ai vécu plusieurs aventures fabuleuses comme en 2003, mais aussi 2004 (défaite en finale du Top 14). Mais 2009, c'est le summum. On était invité de partout. Quand on a repris la saison, Jacques Brunel a mis un coup de frein.

Le joueur le plus fêtard ?
Damien Chouly, je ne sais pas comment il a fait pour avoir une carrière aussi longue. C'est un bon bringueur, ce n'est jamais le dernier à se coucher. Il est surprenant. Je pense aussi à Henry Tuilagi.
Une anecdote que vous n'avez jamais racontée ?
(il sourit) C'était lors d'un match de Coupe d'Europe. On était à la mise au vert. C'était Olivier Saïsset l'entraîneur. J'étais avec Christophe Porcu et on se fait une séance de penalties. Ça nous arrivait souvent, mais là, on était dans la surenchère. On ne s'arrêtait pas. J'ai tiré plusieurs fois assez fort et je me suis déchiré la cuisse. Sur le coup, je ne m'en étais pas vraiment rendu compte. Mais le soir à l'hôtel, j'avais une douleur au quadriceps. Je courais et ça me faisait une pointe. Je me disais : mais qu'est-ce que tu as foutu. J'ai passé une échographie et le verdict est tombé le matin du match. Déchirure, je ne pouvais pas jouer.
Un regret ?
De ne pas avoir fait le doublé en 2010 (défaite contre Clermont en finale). On fait une phase régulière encore meilleure que l'année précédente. On bat Toulouse en demi-finales. On est clairement favoris. On retrouve Clermont. Et finalement, c'est l'année où il mérite le moins d'être champion. De notre côté, on a raté la préparation de notre finale. Il nous a manqué quelque chose. On n'est pas entré vraiment dans cette finale et au coup de sifflet final, tu te dis : Mais qu'est-ce qu'on a branlé ?
Depuis cette saison, il est manager général du RCHCC. « C'est un beau club, on se structure petit à petit et mon objectif est de créer du liant entre toutes les catégories », explique l'international qui n'a connu qu'une sélection avec l'équipe de France en 2007 lors d'une tournée en Nouvelle-Zélande. Il travaille aussi à la Métropole où il s'occupe de la maintenance de quatre sites sportifs (Leo-Lagrange, Vallon du soleil, le vélodrome de Hyères et l'Estagnol).